Quentin Tarantino, le festival annulé en mai 68, La Vie d'Adèle, Lars Von Trier, Jane Campion…
Le Festival de Cannes raconté en quelques petites histoires par son délégué général Thierry Frémaux…
Le Festival de Cannes raconté en quelques petites histoires par son délégué général Thierry Frémaux…
Catégorie
🎥
Court métrageTranscription
00:00Je vous parle de solidarité avec les étudiants et les ouvriers et vous me parlez de travail et de gros plans !
00:07Vous êtes en dehors !
00:17Le Festival de Cannes, c'est l'histoire de plusieurs histoires.
00:20Celle des années d'espérance de l'après-guerre,
00:24celle des années de croyance dans l'idée que le cinéma allait changer le monde
00:29et celle de la perpétuation de cette croyance, car nous pensons toujours que le cinéma va changer le monde.
00:38Pour trois semaines, Cannes est devenue la capitale du cinéma international
00:43et le festival, projeté avant-guerre, a rendu à Cannes l'animation des temps heureux.
00:52Il s'agit de manifester avec un retard d'une semaine et demie
00:56la solidarité du cinéma sur les mouvements étudiants et ouvriers qui se passent en France.
01:02La seule manière pratique de le faire est d'arrêter immédiatement toute projection.
01:13Quand on dit que le festival est politique, ce sont les artistes qui le sont.
01:17Et encore heureux, les artistes ne se vivent pas hors du monde et mettent leur discipline au service de convictions.
01:27C'est la première fois qu'une femme obtient la Palme d'Or.
01:31Je pense qu'il faut dire qu'il y a un sexisme inhérent dans l'industrie.
01:36Je suis une championne à tous les attributs. C'est la première réalisatrice à avoir été Palme d'Or.
01:42La première réalisatrice à avoir été présidente du jury.
01:46Elle a gagné la Palme d'Or du court-métrage et la Palme d'Or des longs-métrages.
01:53L'initiative est une première, alors les projecteurs ont un peu de mal à s'habituer à l'air du port.
01:58Le directeur du festival retrousse les manches de son smoking pour faire quelques réglages.
02:02Et le film de Coppola commence vraiment.
02:05C'est très surprenant parce que le lieu est complètement artisanal, presque improvisé.
02:10Et les gens sont venus là comme s'ils allaient à un concert de rock.
02:13C'était l'année où Gilles Jacob m'a appelé à ses côtés et j'apprenais le métier comme le petit scarabée.
02:19Il m'a appris ce métier-là et je suis toujours là alors que je ne pensais pas que je resterais très longtemps.
02:26J'étais un grand festivalier et j'aimais bien être festivalier, être à l'intérieur de la machine.
02:33Ça me faisait un peu peur.
02:34Vous avez ressenti quoi quand vous avez eu ce fameux coup de téléphone ?
02:37J'ai pensé que c'était un grand privilège et je le pense toujours.
02:50Je comprends Hitler. Je pense que je comprends l'homme.
02:55Il n'est pas ce que vous pourriez appeler un brave type, mais oui, je comprends beaucoup du personnage.
03:04C'est génial. Ce qui nous arrive, c'est génial. Et puis on a tellement donné sur ce film.
03:08Je sais pas si vous savez, mais il y a un film qui s'appelle « L'Homme ».
03:12C'est un film qui s'appelle « L'Homme ».
03:14C'est génial. Ce qui nous arrive, c'est génial. Et puis on a tellement donné sur ce film.
03:18Je suis au courant que le film plaît énormément aux jurys.
03:22Le jury est au courant qu'il n'est pas question de donner un prix d'interprétation aux actrices s'ils donnent la palme d'or au film,
03:28puisque le règlement l'interdit.
03:30Et Steven Spielberg me dit qu'il faut qu'on trouve une solution.
03:35Et la solution fut celle qu'on a eue, c'est-à-dire pour la première fois et la seule fois,
03:40car il n'y a de bonnes exceptions que quand elles sont uniques.
03:43Le réalisateur a eu la palme d'or.
03:46Et ces deux actrices considéraient comme, d'une certaine façon, les co-auteurs du film.
04:13Il était important de donner cette parole, de donner la possibilité à ce que le tapis rouge puisse servir à une idée exprimée par celles qui souhaitaient le faire.
04:31Et en effet, toutes ces femmes sont venues.
04:34Les 82, c'était aussi une critique en creux du festival, puisque c'est le nombre de femmes venues en compétition.
04:42Très peu, très très peu.
04:48Les marches du Palais des festivals désespérément immaculées, orphelines de leur emblématique tapis rouge,
04:53cannent vite un mois de mai.
04:55Son festival, c'est une première depuis mai 68.
04:58La traditionnelle affiche qui orne le toit du Palais a été remplacée par une immense banderole d'hommages aux soignants.
05:04On n'a pas mal vécu ça parce que la situation épidémique française et mondiale était grave
05:09et qu'il y avait donc des choses plus graves que de se lamenter que le festival de Cannes, le plus grand festival de cinéma au monde, soit-il, n'avait pas lieu.
05:19C'est les conséquences qui nous ont attristés pour cette ville, pour les artistes, pour un certain nombre de gens qui perdaient leur travail.
05:33C'est une renaissance, ce sont les retrouvailles.
05:39Marion Cotillard, il y a un an, alors qu'on pensait que Cannes aurait quand même lieu,
05:44elle me disait si Cannes a lieu, ça va être une de ses fêtes.
05:48Et on s'est parlé il y a quelques jours et on s'est dit, on se dit la même phrase,
05:52mais un an plus tard, Cannes a lieu, il faut que ça soit une de ses fêtes.