C'est l'histoire d'une rencontre entre un jeune homme tétraplégique et son auxiliaire de vie. Une histoire d'amour.
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00:00Même moi, une fois au bar, il y a une femme qui me demandait si j'avais des érections.
00:03Je la connaissais pas, je l'ai été en soirée avec des copains et elle me vient me parler.
00:07La première question, à un froid, c'est ça.
00:09Moi, ça me fait rire, j'adore tous ces conneries.
00:11En fait, j'aime bien, quand je l'ai dit, d'entendre les raisons de toutes ces bêtises,
00:15moi, ça m'en fait rire. Peut-être que d'autres, ça les frasse, mais je sais que moi, ça me fait marrer.
00:18Tu sais, moi, au début, ça me faisait chier, concrètement,
00:20parce que quand tu vois que c'est la première question qu'on te pose, c'est dommage.
00:24Il y a quand même d'autres choses un peu plus intéressantes que ça.
00:27Mais souvent, c'est ce qu'ils se demandent en premier, en fait.
00:29Il y en a qui se disent, attends, t'es avec lui, mais vous couchez ensemble, vous ne couchez pas ensemble.
00:34Ça se passe comment, quoi ?
00:35Je couche avec mon voisin, tu ne couches pas avec ton voisin.
00:46Pour être aplégique, moi, je dépends d'auxiliaires de vie.
00:49Et à ce moment-là de ma vie, j'en avais une qui était pesante, on va dire.
00:54Et je le changeais, et on m'a présenté lui.
00:57Et je me suis dit, putain, terrible, ça va être chouette.
01:01Ça va être une bonne pote, on va bien rigoler et tout.
01:04Et puis du coup, au fil du temps, elle m'a vraiment plu.
01:07Et en fait, je me suis rendu compte que pour moi, c'était bien plus qu'une pote.
01:11Dans la tête de Messie, j'étais principalement habituée à m'occuper de personnes âgées, déjà.
01:16Donc je suis très âgée avec les personnes âgées, mais je ne m'attendais pas à ce qu'il ait 30 ans.
01:21Du coup, la proximité déjà de bien, il m'avait stressée un peu.
01:2630 ans, elle est vraiment très beau aussi.
01:30Je m'intéressais à lui, je commençais à avoir des sentiments.
01:33Mais lui, il ne s'en doutait pas, je faisais tout pour le cacher.
01:36Ah, je n'ai rien vu.
01:37Non, parce que moi, j'étais conditionnée, je me suis dit, je ne peux pas.
01:40Je ne peux pas tomber amoureuse de lui, je n'ai pas le droit, en fait.
01:42Et puis le problème, c'est vrai que quand on est en situation de handicap,
01:45on ne sait jamais vraiment les regards de la personne en face sur la situation.
01:50Du coup, ce n'est pas tout le temps facile à gérer ça.
01:54Un soir, au moment où je le couchais, je lui ai dit, écoute, on va mettre les choses quand même à plat
01:59parce que je vois un peu ce qui se passe et j'aimerais qu'on en parle
02:02parce qu'on ne peut plus rester justement dans cet entre-deux et puis...
02:06Dans cette ambiguïté.
02:08Et moi, je ne supportais plus. De toute façon, je ne supportais plus, ça devenait trop pesant.
02:12Et puis c'est elle, par contre, qui a eu quand même le courage de faire le tour de la porte en disant,
02:16Anthony, il faut qu'on parle.
02:19La phrase est stressante, tu sais, tu vois ce que je veux dire ?
02:21Quand la femme a dit ça, toi, tu fais, oui, oui, on va parler.
02:27Et tu sais que je savais que je devais lui dire mes sentiments et tout ça et ce n'était pas facile.
02:32Il a dit qu'il est tombé amoureux de moi et qu'il n'espère pas.
02:36Il m'a dit, je n'espère pas que tu me dises oui, mais au moins, tu le dis et je te le dis et tu le sais.
02:43Et c'est là que je lui ai répondu, ben non, je ne peux pas à cause de mon travail.
02:47Je travaille pour toi, je ne peux pas me mettre avec toi.
02:49Et puis il m'a dit, mais non, si c'est juste ça, je ne peux pas l'entendre.
02:52Il m'a dit, je peux entendre n'importe quoi, mais je ne peux pas entendre ça.
02:56Oh non, juste le travail, ce n'était pas une bonne excuse.
02:59Du coup, il m'a dit, mais concrètement, je te plais aussi.
03:02Et je lui ai dit oui et il m'a dit, ben viens, embrasse-moi.
03:05À chaque problème, sa solution.
03:07Avec mon fils, c'était dur au début.
03:10C'était compliqué parce qu'on était très fusionnels tous les deux.
03:15Donc déjà, de rentrer quelqu'un avec nous, déjà, ça a été, je pense, compliqué.
03:19Et puis en plus, il avait un handicap et puis ses mains qui sont un peu abîmées.
03:24Donc le tien avait peur au début de ses mains.
03:26Il ne pouvait pas lui serrer la main, il ne pouvait pas le checker.
03:29C'était un peu difficile ça au début.
03:31Je ne savais pas comment faire en fait.
03:33Et après, j'ai su trouver un peu des petites failles et le petit est réceptif.
03:37Et puis maintenant, on est hyper complices.
03:39Quand je revois les débuts et maintenant, c'est la folie.
03:43C'est ça, et puis je pense qu'en plus, il faut le dire aussi,
03:45c'est que tu n'espérais pas avoir un enfant un jour.
03:47Parce qu'il avait peur justement d'être rejeté par rapport à son handicap.
03:51Il avait peur de ne pas savoir gérer,
03:54de ne pas être en position physique en fait pour s'occuper d'un enfant.
03:59Des fois, il y a quand même des moments frustrations
04:01parce que j'aimerais bien lui montrer des trucs de bricolage.
04:05Oui, je trouve tout le temps des solutions pour faire des trucs avec lui.
04:07Du coup, non, je ne travaille pas parce que...
04:11On ne peut pas réellement dire ça.
04:13Je m'occupe de tous les soins déjà
04:15parce que le matin, il faut que je le lève, qu'il prenne sa douche.
04:18Il faut qu'il fasse ses besoins parce qu'il ne les fait pas tout seul.
04:20Il faut qu'il y ait quelqu'un pour le faire aussi.
04:23Il y a tous les soins.
04:25Je ne mets pas de couche.
04:26Non, non, non.
04:27Pas de couche, parce que j'ai peur.
04:29Je le change parce que des fois, il y a des petites catastrophes.
04:32Donc du coup, il faut changer.
04:33Parce qu'on est tellement complices
04:35que je pense qu'on fait abstraction de tous les deux qu'elle fait l'acte en fait.
04:40On est tout le temps en train de rigoler, stackiner, se charrier.
04:43Elle fait les choses correctement avec automatisme
04:46et je pense qu'elle fait même abstraction de ce qui se passe.
04:49On est tout le temps en train de rigoler et tout ça, c'est hyper...
04:52C'est des gestes qui ne m'ont jamais gêné non plus.
04:55Je veux dire, tout le monde fait caca, tout le monde fait pipi.
04:59Ce n'est pas un truc qui me gêne.
05:00C'est vrai que le matin, on rigole beaucoup.
05:02Moi, c'était dur pour moi au début ça, par rapport à mon...
05:07Ma fierté de mâle.
05:08Je n'aimais pas, mais après, elle m'a dit
05:11mais t'es bête, de toute façon, ça soit moi ou une autre.
05:13Je sais très bien comment ça se passe, que c'est.
05:15Et du coup, elle se met à la raise.
05:17Moi, je suis fait abstraction et c'est vrai que du coup, les matins sont fun.
05:21On rigole l'un et l'autre, on rigole tout le temps.
05:32Le problème, c'est ça, c'est que les aides en France, elles sont encore trop mal faites.
05:36Et par exemple, moi, je serais tout seul en appartenant.
05:39Il faudrait que je paye quelqu'un pour me faire mes lessives.
05:41C'est ça.
05:42Et ça, c'est ça qu'il faudrait changer.
05:45Il n'y a pas juste le besoin d'habiller ou de faire des toilettes.
05:49Le quotidien de la personne, ce n'est pas très vite pour moi,
05:51mais c'est qu'au bout du compte, elle a...
05:53Son cerveau, il a tout le temps une pensée que c'est pour moi.
05:57Il y a une pensée que c'est pour moi.
05:59Elle a tout le temps une pensée que c'est pour moi.
06:02Elle pense tout le temps à mon bien-être.
06:05Même si elle est là en train de faire quelque chose, elle se dit,
06:07est-ce qu'il n'y aurait pas besoin de quelque chose de boulot ?
06:09Et du coup, son cerveau, je pense que mentalement, c'est quand même coûteux.
06:14Au niveau de la fatigue.
06:15Elle a des fois l'impression que quand on est handicapé,
06:18on n'a pas le droit d'avoir une vie de famille.
06:19Moi, je le dis comme ça.
06:20Moi, c'est ça.
06:22C'est pour ça que je ne voulais plus, parce que je me disais que c'était impossible.
06:25Mais en fait, avec persévérance et la bonne personne, ça marche.
06:30Quand il y a de l'amour, il faut y aller et puis c'est tout.
06:33Il ne faut pas s'arrêter à des obstacles.
06:35Il faut réfléchir aux choses à mettre en place pour que ça marche
06:39et vivre avec une vie.