Après avoir perdu ses capacités à courir, elle s'est mise au vélo. Quatre ans plus tard, Marie Patouillet devient championne du monde de paracyclisme sur route. Aujourd'hui, elle vise une médaille aux Jeux de Paris 2024 tout en combattant le sexisme et l'homophobie dans le sport.
Catégorie
🥇
SportTranscription
00:00Je savais qu'un jour, je n'arriverais plus à courir,
00:02donc j'ai été voir tous les sports possibles, imaginables, qui me donnaient envie.
00:05Et aujourd'hui, grâce au vélo, je garde quand même cette sensation de vitesse
00:09et les pics d'endorphine qu'on sécrète aussi en faisant du sport.
00:12Je m'appelle Marie Patouillet, je suis athlète paralympique en cyclisme sur piste et sur route.
00:23En fait, en paracyclisme, il y a différentes catégories de handicap.
00:26Ça va de C1 à C5.
00:28Moi, je suis dans la catégorie C5,
00:29c'est-à-dire qu'on va dire que c'est la catégorie qui est la moins touchée fonctionnellement par le handicap.
00:33Donc moi, c'est un handicap au niveau du pied,
00:35ce qui entraîne une différence de puissance entre ma jambe droite et ma jambe gauche.
00:39Je fais du vélo, enfin du cyclisme, que depuis 2018.
00:42Je suis médecin généraliste aussi.
00:43Je fais mes études de médecine.
00:44J'ai fini en 2017-2018.
00:46Dans la même période, j'ai perdu mes capacités de pouvoir courir définitivement.
00:52Et donc, c'est là où je me suis retrouvée devant un choix
00:54entre soit faire de la natation, soit faire du cyclisme.
00:57Et je suis partie dans le cyclisme parce qu'on peut voyager avec,
01:02parce que, mine de rien, c'est quand même plus agréable d'être à l'extérieur
01:04que d'être dans une piscine enfermée.
01:08Je pars du principe que quand on est sportif ou sportive de haut niveau,
01:12on a une visibilité et que cette visibilité-là,
01:15je trouve ça dommage qu'elle ne serve pas à autre chose que de montrer une performance.
01:19C'est vrai que les coupes de cheveux, je me suis dit,
01:21on ne parle pas des perfs paralympiques.
01:24OK, on va essayer de faire autre chose et de parler des couleurs de cheveux.
01:26Visiblement, on parle plus de ma couleur de cheveux que de mon titre de championne du monde.
01:29J'avais fait championnat du monde sur piste où j'avais le drapeau LGBT sur la tête.
01:35J'ai été assez surprise et agréablement surprise
01:39par toutes les personnes qui sont venues me voir pour me prendre en photo.
01:42Et en fait, c'était que des messages bienveillants.
01:43En plus du sport, j'ai d'autres engagements, surtout dans les discriminations.
01:48Et j'en ai deux en particulier qui me tiennent à cœur.
01:51C'est le sexisme dans le sport,
01:53et donc la féminisation du sport et l'homophobie dans le sport.
01:57Et en fait, concernant le sexisme dans le sport,
02:00pour moi aujourd'hui, dans le haut niveau,
02:02quand on demande à une femme de performer,
02:05elle a plus de pression qu'un homme, elle a moins de confort.
02:07Il faut plus qu'elle trouve sa place.
02:10Et ça, c'est une charge supplémentaire
02:13qu'elle doit supporter avant d'aller chercher une perf.
02:17Et du coup, pour moi, c'est important d'essayer de faire un peu bouger les choses.
02:20Quand, au cours de mes Jeux paralympiques à Tokyo,
02:23on me dit que si je ne voulais pas un sport sexiste,
02:24il fallait que je fasse un sport de filles.
02:26Je trouve que ça illustre bien
02:29le fait que visiblement, il y a des sports d'hommes et des sports de filles.
02:32Aujourd'hui, je prends la parole.
02:33Je sors des tables rondes dans des institutions,
02:35parler en essayant de le faire avec plus de pédagogie que de colère ou de rancœur.
02:41Et essayer de faire changer les choses sur ce type-ci.
02:43Finalement, il y a quand même des choses qui bougent.
02:44Là, depuis cette année, en tout cas en Équipe de France,
02:46on a un staff avec des femmes, ce qui n'était pas le cas auparavant.
02:50Je trouve que c'est quand même une belle progression.