Il a reboisé des mangroves, créé des sanctuaires marins, lutté contre le trafic de bois en tant que ministre de l'Écologie de son pays natal, le Sénégal...
Ce combat, c'est celui d'un des écologistes les plus influents du continent africain. Voici la vie d’Haïdar El Ali.
Ce combat, c'est celui d'un des écologistes les plus influents du continent africain. Voici la vie d’Haïdar El Ali.
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00:29Pendant très longtemps, j'allais dans la brousse, j'allais en mer,
00:33et je découvrais la force de la nature, sa beauté, sa puissance.
00:38Et au fur et à mesure de cette découverte, de ces découvertes,
00:42aussi bien en plongée sous-marine qu'en me baladant dans les brousses,
00:47j'ai éprouvé le besoin de la protéger, de protéger l'environnement,
00:51parce que je voyais bien que les gens ne se rendaient pas compte
00:55des dégâts qu'ils causaient quand ils exploitaient la ressource soit aléatique, soit forestière.
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01:42A l'époque, dans les années 80-85, on pêchait encore à l'explosif au Sénégal,
01:47donc on jetait des bombes dans la mer, on récupérait le poisson,
01:50alors que sous l'eau, il y avait des centaines, voire des milliers de poissons qui étaient morts,
01:55et qui pourrissaient au fond.
01:57Donc j'ai filmé ça, je l'ai dénoncé, j'ai montré aux pêcheurs,
02:01et quand j'ai montré aux pêcheurs, il y a eu du résultat tout de suite,
02:06parce que je me suis rendu compte que les pêcheurs entendaient ce que moi je voyais.
02:11Alors une fois que je leur ai montré, ils ont arrêté ces techniques,
02:16mais bon, il y a eu des conflits assez violents entre pêcheurs pour faire arrêter cela.
02:52Je suis parti du principe que n'importe qui, n'importe quand, n'importe comment,
03:06pouvait pêcher n'importe quoi, et ça, ce n'était pas durable.
03:10Alors je me suis dit, il faut un sanctuaire où les poissons, quand ils sont dedans, ils sont protégés.
03:22Une de nos plus belles opérations, c'est qu'en Casamance, au sud du Sénégal,
03:44les populations étaient dans le désarroi, puisque leur champ de riz était gagné par le sel.
03:50Et ils nous ont demandé de l'aide.
03:52Alors on a fait une expérience, en 2006, on a planté 65 000 pieds de mangrove dans un village qui s'appelle Taubor.
04:13En 2010, on a planté dans 428 villages, en mobilisant 110 000 personnes.
04:1952 millions de propagules de mangrove.
04:21Donc au total, on a 15 000 hectares qui poussent et qui captent le CO2 en plus,
04:29parce que la mangrove, c'est connu, c'est un écosystème qui permet de capter le CO2.
04:34En fait, moi je suis plongeur à l'origine, donc j'étais souvent sous l'eau, et ça me faisait très mal au cœur de voir ces poissons qui étaient dans les filets.
04:54Donc au bout d'un moment, j'ai commencé à les libérer, et après j'ai dit, bon, il faut enlever les filets, et on a commencé à enlever les filets.
05:02Mais c'est vraiment parce qu'on a constaté que les poissons mouraient, et en plus pour rien,
05:07puisqu'ils étaient pris dans les filets et qu'il n'y avait aucun pêcheur pour profiter de cela.
05:14Et là, depuis ce temps, tous les ans, on nettoie les fonds marins.
05:32Quand j'ai vu que les politiques n'avaient pas de préoccupation pour l'environnement,
05:38j'ai décidé de créer un parti politique qui est un parti écologique.
05:49Quand j'ai été ministre de l'Environnement, on a revu tout de suite le code forestier,
05:53on a augmenté les amendes, et on a rendu pénal le fait d'attraper quelqu'un qui trafique du bois, il doit aller en prison.
06:02On a mis la loi plastique, donc une loi qui interdisait l'utilisation du sachet plastique.
06:08Je me souviens, j'étais un ministre qui n'était jamais dans son bureau, j'étais tout le temps sur le terrain,
06:12parce que les trafiquants étaient sur le terrain, et qu'il fallait lutter contre eux.
06:23C'est une question de survie.
06:25Ce n'est pas une question de surpêche, c'est une question de survie.
06:29Parce que ce sont des bateaux qui ont des techniques hautement dévastateurs,
06:35qui pillent la mer, ils viennent dans vos eaux sans permis,
06:39ils ne peuvent pas s'arrêter.
06:41C'est une question de survie.
06:43Parce que ce sont des bateaux qui ont des techniques hautement dévastateurs,
06:49qui pillent la mer, ils viennent dans vos eaux sans permis,
06:53ils pillent vos ressources et ils s'en vont tranquillement.
06:57Vraiment, c'est une terrible situation.
07:14On était présents sur le terrain et on luttait contre ça.
07:17On était vraiment, vraiment soucieux du résultat pour la protection de l'environnement,
07:23soit marin, soit forestier.
07:25Maintenant, quand vous êtes un ministre qui fait de l'action,
07:29plus de l'action que de la politique, vous ne restez jamais longtemps,
07:32parce que des intérêts qui sont en jeu sont très importants,
07:37et vous finissez par déranger des lobbies qui profitent du système.
07:41Et puis, on finit par vous dégager.
08:42C'est primordial, c'est capital, parce que dans la forêt,
08:47il y a tout l'écosystème, la biodiversité animalière,
08:51il y a toute la biomasse qui nourrit la terre.
09:06Ce que j'aurais envie de dire à un jeune, c'est que la planète souffre.
09:10Le monde est en train de mourir.
09:12Pourquoi ? Parce que le système économique l'a pris en otage.
09:18Le monde est pris en otage par le système économique, par la finance.
09:23Et il nous faut sortir de ça si nous voulons sauver notre monde.
09:27Alors, ce que j'ai envie de dire aux jeunes, c'est un mot, action.
09:32Agissez aussi de votre côté, comme si vous étiez votre propre gouvernant.
09:38Agissez aussi de votre côté pour planter des arbres.
09:41Agissez aussi de votre côté, quand vous consommez, pour refuser ce système
09:46qu'on nous vend à travers la pub et la télé,
09:49qui disent que tel produit est bon alors qu'il détruit la forêt.
09:54Donc, pour moi, j'ai beaucoup d'espoir avec les jeunes,
09:57parce qu'ils ont compris qu'ils devaient donner un sens à leur vie.
10:02Ils ne veulent plus être ces moutons qu'on embarque dans des histoires
10:06qui sont faux.
10:09Alors, peut-être qu'avec eux, nous avons l'espoir que le changement est possible.