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En 1988, les Ladie’s night marquent les débuts de la culture hip-hop française. Pascale Obolo, ancienne membre, nous raconte.

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Transcription
00:00Ici, on est à l'esplanade de la Tour Montparnasse.
00:03C'est là qu'on squattait, c'est là où on venait répéter.
00:05Ça a vachement changé maintenant, c'est plein de vélos de bobos.
00:09C'est mortel.
00:12C'est dommage qu'on ne connaisse pas très bien l'histoire des Ladies Night.
00:15Il y a aussi ce modèle de femmes féministes qui revendiquaient leurs droits.
00:20Là, sur la photo, on a Naomi, Daland et Ruth
00:25qui sont en train de répéter une chorégraphie de danse.
00:31Je me présente, je m'appelle Pascale Ogbolo.
00:32Je faisais partie du groupe de double dutch et de rap Les Ladies Night
00:38qui a été créé en 1988 par Tony Mascotte.
00:44J'ai toujours aimé la danse.
00:46Et quand le hip-hop est arrivé en France, tout de suite, je me suis reconnue.
00:55Et j'ai monté un des premiers groupes de danse.
00:58Et j'ai monté un des premiers groupes qui s'appelait Dutch for System.
01:01Il y avait des garçons qui faisaient du break.
01:05Et ils se rendaient compte de la difficulté qu'était cette discipline
01:08de pratiquer de la danse à l'intérieur de deux cordes
01:11qui tournent l'une dans le sens inverse de l'autre.
01:13Et après, Tony est venu me voir en me disant
01:15« Voilà, je voudrais créer un groupe de danse avec que des filles. »
01:20Et du coup, j'aimerais t'inviter à intégrer le groupe Les Ladies Night.
01:28On s'entraînait pendant la semaine à faire des chorégraphies de danse.
01:33Et puis, on était un groupe de nanas et on aimait être ensemble.
01:37On aimait rigoler, on aimait s'entraider.
01:40On aimait travailler ensemble et on avait envie de réussir ensemble.
01:43Et c'est l'ensemble que je garde beaucoup dans ma mémoire
01:46parce que la sororité, c'est vraiment quelque chose qui nous a toujours unis
01:52dans nos paroles de rap.
01:54C'était vraiment concentré sur les violences faites aux femmes, sur le sexisme.
02:00En fait, sur les problématiques que les jeunes filles issues d'immigration,
02:06issues des quartiers populaires, avaient envie de questionner.
02:10On avait cette volonté de transmettre notre pratique artistique
02:13et aussi d'être comme des gardiennes un peu.
02:15On avait fait la première partie de Cune Latifa.
02:19Je suis tout à droite et j'ai en fait un foulard sur la tête qui est attaché.
02:24C'est important de transmettre cette histoire pour montrer aussi
02:29qu'au départ, quand le hip-hop est arrivé en France,
02:32il y avait aussi des femmes qui officiaient dedans,
02:35qui pratiquaient différentes disciplines.
02:37On a eu quelques propositions de maisons de disques,
02:40mais en fait, on a refusé souvent.
02:45Et je crois que c'est peut-être ça aussi qui a fait qu'à la fin,
02:48le groupe s'est arrêté.
02:49Je n'ai que des bons souvenirs.
02:50Il y avait tout à faire, donc on ne savait pas où on allait.
02:53On vivait au jour le jour, on apprenait au jour le jour.
02:56On ne savait pas ce que cette culture allait devenir.
02:59On ne savait pas que ça allait être la culture mainstream.
03:02Quand on est pionnier ou pionnière,
03:06et qu'en plus c'était une discipline qui était décriée par les médias à l'époque,
03:09que ce soit pour les mecs qui faisaient du hip-hop,
03:12que ce soit pour les mecs qui faisaient du graffiti,
03:15on les considérait plutôt comme des actes de vandalisme,
03:19que les danseurs, que les rappeurs,
03:23on trouvait que c'était vulgaire,
03:25que certains des parents disaient que ce n'était pas bien
03:28que nos gosses écoutent certains des textes, etc.
03:31Il y avait une forme de censure de cette culture-là.
03:33Quand on a démarré au début,
03:35personne ne gagnait sa vie avec cette culture-là.
03:37C'était vraiment la passion,
03:39c'était vraiment l'envie de s'exprimer aussi.

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