"Il y a quelques jours, j'ai créé une hotline anonyme pour recevoir les témoignages des gens sur le harcèlement. Honnêtement, je ne m'attendais pas à recevoir autant de messages. En une semaine, c'est presque un millier de personnes qui nous ont raconté ce qu'ils ont subi. Parmi elles, j'ai décidé de vous raconter l'histoire de Dinah."
Juliette Deshormes.
️ En cas de harcèlement, appelez gratuitement le 30 20.
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00:00Salut, c'est Juliette.
00:01Vous avez peut-être déjà vu mes messages passer sur les réseaux sociaux de Brut.
00:04En gros, j'ai lancé une messagerie et je demandais aux gens de témoigner anonymement
00:08par rapport au harcèlement qu'ils avaient subi.
00:10Bonjour Brut, je voulais vous appeler pour vous raconter mon histoire sur le harcèlement.
00:16Moi je m'attendais vite fait à recevoir quelques messages.
00:19Salut Brut, je vous appelle pour laisser mon témoignage.
00:21J'ai fini par faire une dépression à devenir la bête noire du lycée.
00:25Je ne m'attendais pas du tout au nombre de messages que j'ai reçus.
00:27Le téléphone n'a pas arrêté de sonner pendant une semaine
00:29et je pense qu'en tout j'ai reçu plus de 1000 messages.
00:31J'ai fait plusieurs tentatives de suicide.
00:33Aller à l'école avec la boule, avoir peur d'y aller le lendemain.
00:37Les chiffres officiels disent que 700 000 enfants se font harcèler en France.
00:41Ça ferait 5 à 6% des élèves.
00:43Mais en vrai, moi je pense que c'est encore beaucoup plus élevé
00:45vu la quantité de messages que j'ai reçus sur le répondant.
00:47Franchement, arrêtez de faire subir ça.
00:50C'est pas humain, c'est juste carrément pas possible en fait.
00:56Je trouve qu'on ne parle pas du tout assez du harcèlement en France.
00:58Du coup, aujourd'hui, je vais vous raconter l'histoire de Dina.
01:04Elle avait 14 ans et elle était méga proche de son grand frère Ryan.
01:09Vous cuisinez, madame, aujourd'hui ?
01:11Alors aujourd'hui, je cuisine un petit poulet barbecue.
01:14Un petit poulet barbecue et qu'est-ce que vous avez mis comme marmelade dessus ?
01:18Alors là, il ne va pas me demander.
01:24Merci, merci beaucoup.
01:29On avait 6 ans d'écart, mais je ne les voyais pas.
01:33Moi, les 6 ans d'écart, on était vraiment proches.
01:35Je lui parlais de tout, elle me parlait de tout.
01:37C'était vraiment, c'était assez fusionnel quand même.
01:40We'll never let you go this time.
01:46Je griffe.
01:47Miaou !
01:53Ryan, je sais pas ce que c'est.
01:56J'aimais bien aussi la taquiner.
01:58Du coup, la voir se vexer, ça me faisait rire.
02:01Du coup, elle rigolait au final, mais on rigolait pas mal.
02:12On a pratiquement les mêmes goûts musicaux.
02:14Du coup, on se retrouvait beaucoup dans ça.
02:16On s'envoyait des playlists, des chansons à écouter, etc.
02:18Et puis quand je rentrais à la maison, du coup,
02:20des fois, on faisait des petits duos sur des chansons d'Angèle,
02:23parce qu'elle aimait beaucoup Angèle,
02:24donc sur des chansons d'Angèle, par exemple.
02:29Soit comme on s'était dit, car tout le temps...
02:37Tu me rigoles, je me fais rigoler !
02:39Et comme on avait pris...
02:42Elle était très mature pour son âge.
02:44Elle avait déjà un regard sur des sujets, sur la politique,
02:47sur plein de choses qui étaient déjà bien ancrées en elle.
02:50Et ouais, elle était très très intelligente.
02:53Elle voulait être présidente de la République.
03:00Je suis très proche de ma mère.
03:02Ma sœur aussi était très proche de ma mère.
03:04À la maison, on parle vraiment de tout.
03:05Il n'y a pas de tabou, c'est très ouvert.
03:08On a une confiance absolue en nous tous.
03:14En 2020, Ryan y quitte Mulhouse pour faire ses études loin de chez lui.
03:17Et du coup, loin de sa petite sœur.
03:19Dina, elle est en quatrième.
03:20Sa mère commence à sentir que Dina ne va pas trop bien.
03:23Mais au début, Dina ne lui dit rien.
03:25Finalement, elle lui avoue qu'elle a des petits soucis avec ses copines.
03:28Son comportement commence à changer.
03:29Elle ne veut plus aller à l'école.
03:31Elle fait genre qu'elle est malade pour rater les cours.
03:33Et le soir, elle laisse des messages sur l'oreiller de sa mère
03:36en la suppliant de ne pas l'amener au collège le lendemain.
03:38Les premières causes de son harcèlement,
03:40c'était parce que c'était une très très bonne élève.
03:42Elle avait des super bonnes notes.
03:44Et elle posait beaucoup de questions en classe.
03:46Ça, ça avait le don d'agresser certaines personnes.
03:48Mais je pense qu'on a tous déjà vécu ça.
03:49Enfin, on connaissait la personne qui posait trop de questions.
03:51Et après, on souffle quand elle pose trop de questions.
03:53Ça nous garde dans la classe.
03:54À la fin, on lui dit, attends, à la sortie, tu vas voir.
03:55Mais à elle, c'était ça.
03:56Elle n'arrivait pas à s'exprimer en classe.
03:58Parce que dès qu'elle ouvrait la bouche,
04:00ça sifflait de partout, en fait.
04:02Tout le monde l'envulait.
04:03Tout le monde l'insultait.
04:04Tout le monde la traitait.
04:05Tout le monde disait, ah merde, encore toi.
04:07Encore elle.
04:12On la prenait en photo en cachette.
04:14Ou quelqu'un qui est assis derrière elle,
04:15il va taper sur sa chaise pendant une heure,
04:17mais sans s'arrêter.
04:18Et ça, tous les jours.
04:19Elle ne m'a jamais dit que ça durait toute l'heure du cours.
04:24Et pour changer de place aussi,
04:27en fait, je suis allée voir un prof.
04:29C'était pendant la rencontre par un prof.
04:32Et je lui ai dit, est-ce qu'elle peut changer de place ?
04:35Vous l'avez mis entre deux personnes qui l'empêchent de...
04:38Et il m'a dit, oui, mais vous savez,
04:41nous, on fait un roulement tous les trois mois ou tous les six mois.
04:43J'ai dit, oui, mais d'accord.
04:45Mais là, c'est moi qui vous le demande.
04:46On ne parle pas de roulement, vous l'enlevez, elle en a marre.
04:49Ah, mais Dina, il fallait le dire.
04:51Mais Dina, elle a dit, mais je vous l'ai dit.
04:53Et après, il l'a changé de place.
04:56Dans les couloirs, on va la bousculer.
04:58On va la frapper.
05:00On va l'insulter.
05:06Même quand elle rentrait,
05:08ça continuait, vu qu'il y avait les réseaux.
05:09Il y avait WhatsApp, il y avait Snapchat.
05:11Il y avait tous ces réseaux-là.
05:12Donc, ma mère, ce qu'elle a dû faire,
05:13c'est qu'elle a dû bloquer les appels et les messages
05:15pendant une certaine heure.
05:17Et elle lui débloquait juste le soir,
05:20après avoir fait ses devoirs,
05:22et dans un laps de temps précis.
05:24Et elle a bloqué tous les contacts.
05:26Enfin, on ne pouvait pas l'appeler dans la journée.
05:28Il n'y avait que les numéros de mon père, ma mère et moi
05:30qui pouvions la contacter dans la journée.
05:34Hé, hé, hé !
05:36Hé, hé, hé !
05:37Pourquoi tu as peur comme ça ?
05:38T'as vu, il ne t'aime pas.
05:41Elle se refermait dans sa chambre.
05:43Elle ne parlait plus trop.
05:45C'était bizarre.
05:46Enfin, ce n'était plus la Dina qu'on avait connue.
05:51Ryan et sa mère s'inquiètent beaucoup pour Dina.
05:53Et quand elle entre en troisième,
05:55son harcèlement devient encore plus violent.
05:57Elle avait un groupe de copines de base.
05:59Elles étaient, ouais, six, sept, je pense.
06:01Elle a commencé à dire qu'elle s'intéressait
06:03au courant LGBT,
06:05que peut-être qu'elle aimait les filles
06:07et les garçons en même temps,
06:08et que, ben voilà, c'était elle.
06:13Donc elle s'est confiée à son groupe de copines.
06:16Il y a deux de ce groupe-là
06:18qui lui ont fait croire qu'elle était amoureuse d'elle.
06:25Je pense qu'ils ont soufflé le chaud et le froid avec Dina.
06:28C'était « je t'aime, moi non plus ».
06:30Et Dina tombait toujours dans le piège.
06:33Et comme ils connaissaient son point faible,
06:36et son point faible, entre guillemets,
06:38c'était sa sensibilité,
06:40donc elles ont joué de ça.
06:42Au bout de quelques semaines, ils ont dit
06:44« mais tu crois vraiment qu'on était amoureuse,
06:46toi et moi, jamais de la vie ?
06:50Tu es une ignominie de la société. »
06:52Et du coup, ce groupe-là
06:54a propagé au sein de la classe
06:56et du coup, ça s'est propagé dans le collège.
06:58Je trouve que c'est rapide.
06:59À partir de là, il y avait déjà le fait
07:01que ce soit l'intello,
07:02le fait que ce soit la lesbienne.
07:04En fait, après, tout ce qu'elle faisait,
07:06c'était critiquer, on parlait dessus.
07:08Elle pouvait mettre un jogging et se faire insulter.
07:10Elle pouvait mettre un pantalon et se faire insulter.
07:12C'était vraiment pour tous ces faits et gestes
07:14qu'elle se faisait critiquer.
07:22Allez, j'y vais.
07:24Bonne chance.
07:25Merci.
07:28Elle a fait une première tentative en mars.
07:30Elle avait pris des médicaments
07:31et du coup, elle est restée à l'hôpital
07:32une ou deux semaines, je crois.
07:36Je suis rentré le jour où elle,
07:38elle est rentrée aussi à la maison.
07:39Et du coup, je l'ai vue.
07:40Je l'ai vue quand je suis rentrée.
07:42Je lui ai beaucoup parlé.
07:44Et elle m'a dit, oui, mais t'inquiète pas,
07:45je referai plus ça.
07:47Je sais pas pourquoi j'ai fait ça,
07:48je le referai plus.
07:49Ses copines étaient au courant
07:50parce qu'on a appris aussi
07:52très récemment que
07:54ma sœur, elle leur disait
07:56pendant qu'elle faisait sa tentative de suicide,
07:58elle leur disait,
07:59je vais faire ma tentative de suicide,
08:00je suis en train de la faire.
08:02Et quand elle s'est réveillée après ça,
08:08elle a reçu aucun message.
08:10Rien.
08:11Ses copines n'ont rien fait.
08:12Elle m'avait montré un message
08:14où elle parlait sur WhatsApp
08:16et Dina parlait avec
08:17et puis les filles se parlaient entre elles
08:19mais elle faisait comme si,
08:21comme si Dina n'existait pas en fait
08:23dans cette conversation.
08:25Et elle m'a montré son téléphone
08:26et elle m'a dit,
08:27qu'est-ce que tu lis,
08:28qu'est-ce que tu comprends ?
08:30Et je lui ai dit,
08:31je comprends qu'elles te lisent
08:33mais elles ont décidé entre elles,
08:35peut-être qu'elles ont un groupe à côté
08:36que tu ne connais pas
08:37et qu'entre elles,
08:38elles se disent,
08:39venez, on fait ça.
08:40On fait comme si elle n'était pas là.
08:41Après ça, on l'a beaucoup surveillée.
08:46Après, je suis resté à la maison
08:47quand même assez longtemps
08:49et on l'a beaucoup surveillée
08:50parce qu'on avait peur.
08:51Moi, je sais que
08:52quand j'étais en bas,
08:53je mettais une alarme
08:54et je montais toutes les 20 minutes
08:56ou alors j'appelais dans les escaliers
08:57pour voir si elle était toujours là.
08:59Et encore une fois,
09:00j'avais l'impression de la punir
09:01parce qu'elle était constamment surveillée.
09:03Et je pense que ça devait être
09:04encore une pression pour elle
09:05mais c'était pour elle
09:06et c'était pour sa sécurité.
09:13Elle est restée à la maison
09:14je crois une ou deux semaines
09:15après son hospitalisation
09:16et le jour même
09:17où elle est retournée au collège,
09:18on nous a appelé pour nous dire
09:19de venir la chercher.
09:20Elle ne voulait plus trop aller en cours.
09:21Enfin, à chaque fois,
09:22elle essaie de trouver des excuses
09:23et elle essaie d'esquiver un peu l'école.
09:25Alors qu'elle adore ça,
09:26c'est juste que les gens
09:27ne voulaient pas les voir en fait.
09:32Ma sœur a reçu une lettre.
09:33En fait, elle leur a fait une lettre
09:35pour leur dire
09:36reprenez-moi dans le groupe.
09:37Je me sens mal d'être toute seule.
09:39Je m'excuse de ce que je vous ai fait
09:40même si je ne sais pas
09:41ce que je vous ai fait.
09:42Je veux juste...
09:43Elle n'aimait pas être seule, ma sœur.
09:44Elle aimait être entourée.
09:45Ces personnes-là
09:46ont répondu par une lettre.
09:47Jamais de la vie
09:48on ne te reprendra dans le groupe.
09:50Tu as essayé de te tuer une fois,
09:51tu n'as pas réussi.
09:52La prochaine fois,
09:53on te donnera des liens
09:54pour te montrer
09:55comment tu peux réussir à te suicider.
09:57Ne t'inquiète pas.
09:58Tu ne mérites pas de vivre.
09:59Que des choses comme ça,
10:00c'était vraiment horrible.
10:05Finalement, en juin 2021,
10:07Dina termine le collège.
10:08C'est les vacances.
10:09Elle part au Maroc.
10:10Elle a l'impression
10:11que ses soucis sont derrière elle.
10:18En septembre,
10:19elle va recommencer dans un nouveau lycée
10:20où elle ne serait pas
10:21avec ses harceleuses.
10:26Elle fait sa rentrée.
10:27Elle est super excitée
10:28de retourner en cours.
10:29Mais un jour,
10:30elle recroise ses harceleuses.
10:32Personne ne sait exactement
10:33ce qu'il se dit ce jour-là.
10:34Mais en tout cas,
10:35le 5 octobre,
10:36Dina n'en peut plus de sa vie.
10:40Vers 2h, 3h du matin,
10:43je reçois un appel de ma mère
10:46qui me dit
10:47« Salut Ryan, ça va ? »
10:48« Oui, ça va. »
10:49« J'espère que tu vas bien. »
10:50« Oui, ça va. »
10:51« J'espère que tu vas bien. »
10:52« Oui, ça va. »
10:53Qui me dit
10:54« Salut Ryan, ça va ? »
10:55avec une voix bien réveillée.
10:56Et je lui dis
10:58« Mais il est quelle heure là ? »
10:59Elle me dit « Il est 3h. »
11:00Je lui dis
11:01« Mais pourquoi tu m'appelles ? »
11:02Elle me dit « Mais tu dors ? »
11:03Je lui dis « Bah oui, il est 3h. »
11:04Et elle me dit
11:05« Bah rendors-toi. »
11:06Je lui dis
11:07« Mais normalement, tu m'appelles
11:08à 3h du matin,
11:09c'est qu'il y a un problème. »
11:11Et là, je sens que sa voix,
11:12elle tremble.
11:13Et instinctivement,
11:14j'ai tout de suite compris
11:15qu'il y avait un problème
11:16avec ma soeur.
11:17Et elle me dit
11:18« C'est Dina. »
11:19Et c'est exactement le même schéma
11:20que sa première tentative de suicide.
11:22Et elle me dit
11:23« Avant de raccrocher,
11:24il faut que tu rentres à la maison.
11:26J'ai besoin de toi. »
11:28Et là, en fait,
11:29mon père, il venait de lui dire
11:30qu'il m'avait dit
11:31que son cœur, il l'avait lâché.
11:33Et du coup, ma mère,
11:34elle m'appelle
11:35et là, elle hurle le téléphone.
11:43Elle répétait « J'ai plus de fille. »
11:45« J'ai perdu ma fille.
11:46J'ai plus de fille, Ryan.
11:47Il faut que tu rentres à la maison. »
11:49Et là, je lui répète
11:50« Tu as raison. »
11:51Je me fais voir !
11:52Je me fais voir !
12:14Elle devrait pas être là.
12:16Elle devrait pas être là,
12:17c'est pas possible.
12:18Ça m'en rend vraiment fou.
12:21Elle n'a rien à faire ici.
12:39Même les cours, je n'arrive plus du tout à suivre.
12:41C'est horrible.
12:43Je n'y arrive plus.
12:44Pourtant, j'ai toujours voulu faire psycho
12:46et je me suis donné pour venir à la fac de psycho de Bordeaux.
12:50Et c'est hyper intéressant.
12:51C'est juste que mon esprit, il n'est pas...
12:53Je n'y arrive pas.
12:54Je n'y arrive vraiment pas.
12:55Je n'y arrive plus à rien du tout.
12:57Vraiment.
12:58De base, je voulais être psychologue dans l'armée.
13:00Mais là, au vu des événements,
13:02je pense que je vais me tourner vers
13:04psychologue dans la protection judiciaire de la jeunesse.
13:07Je ne sais pas.
13:09Ryan.
13:12Du coup, là, je vais partir à Bordeaux.
13:14Et en fait, la première fois que j'ai rencontré Ryan pour faire ce reportage,
13:17c'était aussi à Bordeaux.
13:18Donc, ça fait un peu une boucle qui se termine.
13:20Et là, ce soir, on va dîner avec ses collègues qui sont aussi en psychologie.
13:23Et du coup, ça m'intéresse un peu d'avoir leur point de vue
13:25par rapport à ce qu'ils pensent qu'il devrait être fait
13:27sur le harcèlement en France.
13:28Et pour éviter qu'une autre tragédie comme celle de Dina se reproduise.
13:33Si les deux côtés, on ne parle pas
13:34et si ce n'est pas sensibiliser des deux côtés,
13:36parce qu'on sensibilise beaucoup pour le harceler,
13:40ce qui est très bien.
13:41Mais il faut aussi, je pense, sensibiliser les harceleurs
13:46comme quoi ce n'est pas normal, en fait.
13:47Il n'y a rien de normal à mettre à part quelqu'un.
13:50Il n'y a rien de normal.
13:51Et je pense que tant que des deux côtés,
13:53il n'y a pas la prévention qu'il faut,
13:55ça va continuer.
13:57Qu'ils fassent la prévention dès le début,
14:00enfin, dès l'apprentissage,
14:01qu'ils fassent la prévention dès le début,
14:03enfin, dès la première alerte,
14:04en vrai, ça peut éviter beaucoup de choses.
14:09Il ne doit pas attendre qu'une famille en deuil
14:12passe à la télé, en fait, pour...
14:14Si seulement ce n'était qu'une famille.
14:15Ma soeur, c'était la 19ème.
14:18Et il y en a eu après.
14:19Il y en a eu trois autres après, encore.
14:20Le pire, c'est qu'il y en a eu après.
14:21Il y en a encore eu après ?
14:22Après tout ça.
14:23Là, c'était la semaine dernière.
14:25Il y a une petite qui s'est aussi...
14:28Mais tu te dis, ça ne s'arrête jamais.
14:31Avec les réseaux sociaux,
14:32il y a un moyen de, entre guillemets,
14:34continuer à harceler,
14:35même quand tu n'es pas physiquement avec la personne.
14:37Tu ne peux jamais bloquer une personne entièrement.
14:39Si elle veut recréer un compte,
14:40elle recrée un compte.
14:41Donc, ça ne s'arrête pas, en fait.
14:43Je me demande si...
14:45Des fois, parfois, je me demande
14:46l'état d'esprit des gens
14:48qui ont harcelé ma soeur à l'heure actuelle.
14:50Qu'est-ce qu'ils se disent ?
14:51Est-ce qu'ils dorment correctement ?
14:52Est-ce qu'ils ont envie de venir chez nous
14:55pour s'expliquer ?
14:56Est-ce qu'ils sont totalement indifférents ?
14:58Est-ce qu'ils s'en veulent ?
14:59Est-ce qu'ils ont conscience
15:00de tout ce qu'ils ont fait ?
15:02Je ne sais pas.
15:12Pour nous,
15:14c'est trop tard
15:15vu que Dinal est plus là.
15:17Mais pour les autres,
15:18il faut qu'il y ait des choses qui soient mises en place.
15:20Il faut qu'il y ait des lois
15:22qui soient votées contre le harcèlement.
15:23Il faut que les équipes pédagogiques
15:26des établissements soient formées.
15:28Il faut limite mettre des personnes
15:30qui sont formées spécialement,
15:32des psychologues ou je ne sais pas,
15:34qui sont formées spécialement
15:36pour ce genre de problèmes de harcèlement
15:38dans les établissements
15:39et qui ne s'occupent vraiment que de ça.
15:41Il ne faut vraiment pas que ce soit...
15:42C'est un sujet encore trop tabou en France
15:44et je ne comprends pas pourquoi c'est un sujet tabou,
15:46le harcèlement scolaire.
15:47Le 24 février 2022,
15:49le Parlement a enfin adopté une loi
15:51reconnaissant le harcèlement scolaire comme un délit.
15:53La peine pourrait grimper à 10 ans de prison
15:56si les faits conduisent la victime à se suicider.
15:58Par contre, rien ne change pour la famille de Dina
16:01car les faits se sont passés avant le vote de la loi.
16:08Ton visage, ton sourire me hantent
16:11Tes câlins, tes mots doux me manquent
16:15Le son de ta voix qui m'appelle
16:19Je sais bien que c'est pas réel
16:23Ton odeur sur tous mes vêtements
16:26Tu sais bien ce que tu me piquais tout le temps
16:30Nos disputes, nos fourrures, nos peines
16:34Nos messages, nos appels, tes « je t'aime »
16:37Tes blagues qui ne voulaient rien dire
16:41Moi, elles me faisaient toujours sourire
16:45La douleur qui me consume maintenant
16:49Me rappelle à chaque instant que
16:52Je n'entendrai plus jamais ta voix
16:56Mais mon cœur ne veut pas le comprendre
16:59Il me crie qu'il voudrait te revoir
17:03Et chaque nuit je t'attends
17:06Tu sais, j'aimerais tellement savoir
17:10Si de là-haut tu pouvais me voir
17:13Si de là-haut tu pouvais comprendre
17:17Que sans toi, plus rien n'a de sens
17:22Si vous ou un de vos proches sont en train de se faire harceler,
17:24il y a un numéro gratuit que vous pouvez appeler.
17:26C'est le 3020 pour recevoir du soutien.
17:29Le harcèlement est encore trop tabou en France.
17:31C'est pour ça que vous avez probablement été si nombreux
17:33à me laisser des messages vocaux.
17:35Et c'est aussi pour ça que je voulais faire cette vidéo aujourd'hui.
17:37N'hésitez pas à m'envoyer un message
17:39si vous voulez que je parle d'autres sujets qui vous tiennent à cœur.