• il y a 3 jours
Cette influenceuse et ancienne accroc au cannabis parle de son addiction sur Tik-Tok. Pour Brut, elle témoigne.
Transcription
00:00Je pense que le pire moment de mon addiction, c'était vraiment il y a 3 mois quand j'ai arrêté.
00:04Parce que, en fait, c'était vraiment je fumais 10-12 joints toute seule par jour.
00:10C'est-à-dire dès que je me réveillais, je fumais. Parfois je pouvais me réveiller dans la nuit, je fumais.
00:13Et puis, ça m'a tout changé en fait.
00:30Comme tout le monde au collège, j'ai déjà essayé de tirer sur un joint.
00:33Mais j'ai vraiment commencé, c'était au premier confinement.
00:36J'ai malheureusement perdu une amie à moi qui est décédée du Covid.
00:39Du coup, je fumais.
00:41Et c'est vrai qu'au début, c'était un de temps en temps et j'étais bien pendant toute la journée.
00:46Et après, plus ça avançait, c'était genre 2, 3.
00:50Et après, plus les mois avancent, c'est genre 4, 5.
00:53Après, en soirée, c'était avec des amis, parfois une trentaine à tous se partager.
00:57Ça m'a tout changé en fait. Je me suis rendu compte que je me trouvais beaucoup moins joyeuse et drôle qu'avant par exemple.
01:02Et là vraiment, je me suis rendu compte que j'étais molle, j'avais la flemme de tout.
01:05J'allais prendre des Uber pour aller au intermarché à 600 mètres de chez moi.
01:09Ou alors des fois où j'avais des événements à Paris, j'avais la flemme.
01:12Donc j'étais en mode non, non, je suis malade, je peux pas y aller.
01:14Je me couchais à 6, 7 heures du matin. Je me levais, il était 18, 19 heures.
01:19Du coup, ma journée était finie. Du coup, c'était plus non plus les heures adaptées au réseau.
01:23Et c'est quand même mon métier. Donc pendant des mois, je postais plus.
01:26Je gagnais plus d'argent. Je devenais parano. Je faisais des crises dès que j'avais plus de quoi fumer.
01:31Je devenais folle dans le sens, je pleurais. Je pouvais pleurer d'un coup, être heureuse.
01:35Après, re-être énervée. Même en fait, quand tu fumes, t'oublies tout.
01:39Moi, ça me faisait ça aussi. J'oubliais tout.
01:42D'un coup, je parlais avec ma mère et je vais être en mode, attends, je disais quoi là ?
01:45Je disais quoi ? Enfin, ça me faisait vraiment tout oublier petit à petit.
01:48Je me suis rendu compte que ça devenait une addiction. J'arrivais plus à dormir sans.
01:52C'est-à-dire que c'était impossible pour moi de dormir sans.
01:56Au début, tu le fais et après, tu n'arrives plus à te passer de cette sensation d'être justement ailleurs
02:01et d'être défoncée, parlons français.
02:04J'ai dépensé énormément, 150 euros par semaine, soit 20 euros par jour, parfois 30.
02:11Et en fait, ce qui a inquiété vraiment mes proches, c'est que je faisais des crises
02:15et que vraiment en une semaine, il y a eu plusieurs fois les pompiers qui ont été appelés ou qui ont dû venir.
02:19En vrai, quand on m'a annoncé que je devais aller en clinique, j'ai eu peur et j'étais en mode, c'est mort.
02:23En fait, j'imaginais vraiment le stéréotype de la clinique, genre des fous qui gueulent partout,
02:28accrochés à mon lit, sans téléphone, sans rien.
02:32Et j'ai dit, bon, je vais y aller, je vais voir. J'ai eu des témoignages des proches de moi.
02:36J'ai dit, je vais y aller. Du coup, j'y suis allée.
02:38Au début, j'ai fait une vidéo qui a très bien fonctionné d'ailleurs.
02:40J'ai dit, est-ce que vous voulez que je vous parle d'une addiction ?
02:42Là, j'ai réussi à en passer. C'était mon addiction, mais je me sens prête à en parler.
02:46Et il y a eu genre 200 000 personnes qui ont liké, qui ont dit genre, oui, oui, oui, on veut savoir.
02:50J'ai beaucoup d'abonnés qui ont fait un retour, qui m'ont du coup mis dans des groupes, qui m'ont envoyé,
02:54mais j'ai reçu, mais franchement, sans mentir, au moins genre 5000 messages qui me parlent de drogue,
03:00qui me parlent de, ouais, moi, je suis pareil. Mon copain, il est pareil. Je suis inquiète.
03:04C'est très difficile. On a l'impression qu'on peut s'aider soi-même, mais c'est très compliqué de s'aider soi-même.
03:08Et d'aller parler à un professionnel et de voir un professionnel pour son addiction, ce n'est pas une honte.
03:14Et moi, par exemple, ça m'a sauvé la vie d'aller en clinique. Ça m'a vraiment aidée.
03:18Et même d'en parler autour de moi, même si au début, je ne voulais pas en entendre parler.
03:21J'étais en mode, non, ne me parlez pas de ça. Je m'en fous de votre avis.
03:23Mais vraiment, sur le long terme, je me rends compte que ça m'a aidée.
03:32Nous avons des enquêtes qui sont diligentées initialement par l'Inserm et qui, avec le même instrument,
03:39depuis des années, mesurent le niveau d'usage chez les jeunes du cannabis en distinguant finalement trois niveaux d'usage.
03:47Un, l'expérimentation, le fait d'aller goûter, d'aller tester.
03:50Un autre niveau d'usage qui est l'intégration de l'usage, c'est-à-dire, au-delà de l'expérimentation,
03:55d'intégrer d'une manière plus ou moins fréquente le produit.
04:00Et puis, un usage qui, lui, peut engendrer ce qu'on appelle réellement une addiction
04:05ou, en tout cas, un usage problématique dans lequel on va avoir, en règle générale,
04:10un usage soutenu en ce qui concerne la quantité et la fréquence du produit.
04:15Et nous, on met le seuil à plus de dix fois par mois.
04:19Ceux qui vont intégrer un usage, c'est que 20%.
04:22Et parmi ceux qui vont intégrer un usage, on en a un peu moins de la moitié.
04:27On a 7% de ceux qui ont un usage régulier, soutenu et probablement problématique.
04:33On a une stabilisation aujourd'hui, avec plutôt même une tendance à la diminution de la consommation.
04:39On restait, à un niveau européen, le pays le plus consommateur.
04:44Au point, le message que j'ai vraiment envie de faire passer aux jeunes consommateurs,
04:49c'est que ce n'est pas une fatalité, ça, c'est la première chose.
04:52Aux parents de ces jeunes consommateurs qu'on arrête avec « c'est un drame »,
04:57et en particulier des idées qui courent, qui continuent de courir,
05:00que nous, on appelle la théorie de l'escalier.
05:03Pour le cannabis, ça voudrait dire, attention, si vous commencez à prendre du cannabis,
05:08c'est la première marche pour aller prendre des drogues dites plus dures.
05:12Le deuxième conseil que je donnerais, c'est d'aller se livrer à une équipe
05:15et discuter avec cette équipe pour savoir comment on peut orienter cet usage, voire l'arrêter.
05:24L'idée, c'est juste de poser des mots sur ce qu'on ressent,
05:27sur la façon dont on va avoir dans le temps un usage plus ou moins important de ce produit,
05:34et comment finalement réduire les risques.
05:37On n'est pas forcément un grand addict, on n'a pas forcément besoin d'une cure,
05:42c'est-à-dire d'une hospitalisation, mais simplement d'un lieu dédié,
05:46les CJC pour pouvoir discuter, parler, et éventuellement se débarrasser du produit.

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