• il y a 3 jours
“Mon challenge, c’est de jongler entre toutes ces vies.”

Jérémy est atteint d’un handicap invisible qui l’empêche de coordonner ses gestes et altère sa concentration. Allers-retours entre son travail et l’école, rendez-vous médicaux, télétravail... Sa mère Catherine peut aménager son emploi du temps avec le soutien de son entreprise. Elle raconte son quotidien de parent aidant.
Transcription
00:00Vous le voyez là, il était assis, il sentait important, mais c'est un enfant tout à fait classique quand on le voit.
00:04À ce moment-là, est-ce que vous saviez déjà qu'il était malade ?
00:07Je ne savais pas qu'il était dyspraxique, je ne l'avais pas encore posé le diagnostic.
00:11J'avais peur qu'on le mette dans une case, j'avais peur de tellement de choses et je n'étais pas prête.
00:30Quand le mot est tombé, je comprenais mieux en fait. Pourquoi il avait marché trop tard ? Pourquoi il tombait ?
00:37Il marchait, il tombait. Il ne savait pas faire de vélo, les lacets de sondier n'en parlons pas, même encore aujourd'hui.
00:43Moi, on m'a toujours dit en fait, Jérémy pouvait redoubler, peut-être trois fois, quatre fois, dix fois, ce n'est pas grave.
00:48Il fallait qu'il s'accroche et que je m'accroche. À chaque sortie de classe, je demandais en fait à son maître d'école où il en était,
00:53est-ce qu'il avait... Bon, il me dit il manque ça. Ok, c'est bon, il n'y a pas de souci, je reprends les mots.
00:57Donc je me suis amusée, moi, cours par cours quand même.
00:59Maintenant, ça va un peu plus vite, mais quand il était petit, c'était peut-être, allez, deux heures par jour minimum.
01:06L'enfant dyspraxique apprend dans l'action. Il jouait avec ça. Moi, j'en faisais deux, trois par jour.
01:11Je disais, bon voilà, tu me donnes mes résultats. J'ai joué, joué, joué, joué, joué.
01:15Et puis un jour, vous ne savez pas pourquoi, ben hop, ça sort. En fait, il l'a mémorisé, mais vous ne savez pas quand,
01:20vous ne savez pas comment, vous ne savez pas ce qu'il a mémorisé et laquelle, parce que vous essayez plein de choses.
01:26Vous ne savez pas ce qui a fonctionné, mais bof, à un moment, c'est l'étincelle.
01:30Donc ça valait le coup de se battre ?
01:32Donc il faut se battre.
01:35Je suis maman solo, je suis parent isolé.
01:37Quand on m'a demandé d'être parent aidant, ça a été dur parce que je ne savais pas.
01:42On ne n'est pas aidant, on le devient. Et on apprend. Et on fait des erreurs.
01:47On fait aussi des, voilà, on a peut-être des petits mots qui ne vont pas.
01:51Alors, on s'améliore. Et on essaye de donner toujours le meilleur de soi.
01:56En dehors de ceci, j'ai d'autres vies. Je suis maman, je suis femme et je suis salariée.
01:59Donc je travaille dans une entreprise des télécommunications. Je travaille chez Orange.
02:03Quand je pars au travail, je sais qu'à tout moment, je peux être appelée pour gérer mes vies.
02:06J'en ai tout à fait conscience. Je vis avec ça.
02:09Et oui, ça m'est arrivé et ça a été très difficile de gérer ces urgences, je dirais scolaires,
02:15où il fallait, dans les 10 minutes, tout laisser, reprendre mon sac à dos,
02:20repartir très vite pour aller chercher Jérémy parce qu'il y avait un souci, parce qu'il y avait un problème.
02:25Et à chaque fois, je me disais, mais j'en voulais à la terre entière.
02:28Orange m'accompagne en tant que parent aidant en me donnant des jours supplémentaires.
02:32C'est selon le cas personnel. Moi, j'ai 24 jours pour accompagner mon fils chez tous les professionnels.
02:38Alors, mon challenge à moi, c'est de jongler entre toutes ces vies, entre ma vie personnelle et puis ma vie professionnelle.
02:45J'ai la chance d'avoir des horaires modulaires, c'est-à-dire que quand j'ai effectivement des rendez-vous qui se greffent,
02:51mettons un après-midi, qui sont vers chez moi, avec Jérémy, donc je reste en télétravail.
02:57C'est cette particularité qui est très, très bien et ce serait bien que ce soit donné à beaucoup de parents aidants.
03:02La vie professionnelle, elle est très importante. Et quand on est bien, là, il est difficile de partir de là où on est
03:09parce qu'on a trouvé un cocon aussi protecteur. C'est important.
03:14Je suis considérée comme n'importe laquelle de mes collègues et ça, c'est essentiel. Voilà, c'est ma soupape.

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