C'était en 1975. Face au désastre écologique annoncé, l'explorateur et ethnologue Paul-Émile Victor définissait 3 catégories de population : les aquoibonistes, les obscurantistes sécurisants et les optimistes. Lui avait choisi son camp. #tbt
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00:00Il y a trois positions qu'on peut prendre devant les problèmes généraux qui ne sont pas seulement ceux de la pollution mais ceux dont nous parlons ce soir, c'est essentiellement la pollution.
00:08D'abord, une position que j'appellerais aquaboniste, c'est-à-dire de dire, à quoi bon ? On n'y peut rien. Qu'est-ce que je peux faire, moi, dans un monde pas comme celui-là ?
00:17C'est une position, à mon avis, inadmissible parce que c'est une position de perdant, de battu d'avance.
00:24Et puis, il y a une position qui me paraît, celle dont vous venez de parler, qui me parlait beaucoup plus dangereuse, beaucoup plus inadmissible encore,
00:32c'est celle de gens que j'appelle, et parmi mes amis, il y en a, les obscurantistes sécurisants.
00:38Ceux qui disent, il y a toujours eu de la pollution, après tout, il y en a peut-être un peu plus aujourd'hui, il ne se passera rien de catastrophique.
00:45Vous autres, parlant de mes amis et de moi, et quelques autres qui luttons comme nous le pouvons le plus possible contre ces problèmes, contre la pollution en particulier,
00:54ils disent de nous, nous sommes des sinistrosés, nous sommes atteints de sinistroses.
00:59La position prise par les sécurisants est dangereuse car il est évidemment beaucoup plus facile de les croire, du fait même que c'est facile de ne rien faire.
01:10Elle est dangereuse parce qu'on donne l'impression qu'on n'a pas besoin de faire quelque chose.
01:15Et puis enfin, il y a tout de même la position d'un certain nombre de gens dont je suis, dont mes camarades Cousteau, Tassief, Le Prince Ringuet, Bombard, et beaucoup d'autres.
01:28Nous sommes des optimistes à savoir que nous pensons qu'il n'est pas trop tard pour faire quelque chose.
01:33Et alors, j'ajouterai ceci, si on croit les gens que j'appelle des obscurantistes sécurisants, si on les croit et qu'on ne fait rien,
01:42c'est qu'on s'aperçoive dans 15 ans qu'ils ont eu tort, qu'ils se sont trompés.
01:49Ils auront pris une responsabilité, et nous avec eux, terrible vis-à-vis de ceux qui nous survivront, de nos enfants en particulier,
01:56car il sera trop tard dans 15 ans pour revenir.
01:59Il n'y a pas de doute que si c'est vrai ce qui est en train de se faire, dans moins de 25 ans, il sera trop tard pour revenir en arrière.
02:06Et ces gens, les sécurisants, ne pourront pas avoir d'autre position que de dire
02:12« Ah ben nous nous sommes trompés, nous sommes navrés, nous nous sommes trompés, mais on y sera dans le merdier ! »
02:16Alors que, si on nous croit, nous, ceux que les autres appellent des sinistrosés,
02:23c'est-à-dire si dès maintenant on agit, et pas seulement ponctuellement, pas seulement localement, régionalement, nationalement,
02:31mais sur un plan planétaire, car c'est sur un plan planétaire qu'il faut aussi agir,
02:35mais il faut également agir du point de vue ponctuel, là où on peut.
02:38Si on nous croit, et si on agit dès maintenant, et que dans 15 ans on s'aperçoive que nous nous sommes trompés,
02:45eh bien il n'y aura pas de mal de fait.
02:47Tout ce qu'on aura eu comme résultat, c'est qu'on sera revenus à quelque chose de plus rationnel, de plus raisonnable,
02:53on aura peut-être dépensé un peu plus d'argent, mais il n'y aura pas de mal de fait.
02:57Et en tout cas, il y a une chose qui me paraît fondamentale, c'est de dire qu'il faut essayer,
03:02car la seule chose dont on soit sûr au monde de l'échec à l'avance, c'est celle qu'on ne tente pas.
03:08Et par conséquent, il faut tenter, chez nous comme ailleurs, tout ce qu'il faut, il faut faire tout ce qu'il faut
03:13pour que des maladies de Minamata, comme celles que vous avez vues au Japon, ne viennent pas chez nous.