"On avait des solutions, des vraies, pas une écologie pour les riches."
Comme elle, des milliers de personnes ont manifesté dans toute la France ce 9 mai. Porte-parole de On Est Prêt, Camille Étienne raconte pourquoi elle aimerait que l'État ait plus d'ambition écologique.
Comme elle, des milliers de personnes ont manifesté dans toute la France ce 9 mai. Porte-parole de On Est Prêt, Camille Étienne raconte pourquoi elle aimerait que l'État ait plus d'ambition écologique.
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00:00On parle beaucoup de problèmes, toujours, du point de vue des écolos, on dénonce beaucoup,
00:03et là on avait des solutions, des vraies, 149 mesures,
00:06et qui ne mettaient personne de côté, qui n'étaient pas une écologie pour les riches.
00:09On pensait à une justice sociale et climatique intimement liées.
00:13Et qu'est-ce qu'on a vu ? On a vu encore une fois un manque de volonté politique,
00:16un manque d'ambition, et des lobbys, des lobbys industriels, de l'automobile, de la publicité,
00:20qui ont fait pression sur cette loi.
00:21Nos représentants, ils ont pris une loi et des décisions loin de nous, loin des gens,
00:25et ils ont oublié que derrière les chiffres, les graphiques, derrière les courbes, les amendements,
00:28il y avait des gens, et que quand on parle de rénovation thermique des bâtiments,
00:31on parle de gens qui aujourd'hui appellent le SAMI parce qu'il fait trop froid chez eux.
00:34Quand on parle de manger sain dans les cantines,
00:36on parle de paysans qui aujourd'hui sont la profession où il y a le plus de suicides.
00:40Ils ont oublié les gens, l'essentiel, la démocratie, et nous on était là pour rappeler ça.
00:59Aujourd'hui, c'est quelque part une forme d'extrême urgence face au réchauffement climatique.
01:03On est en fait à ce qu'on appelle des points de bascule.
01:05Comme pour vous, vous imaginez, c'est comme un toboggan.
01:07Quand on est en haut d'un toboggan, on scie en scie en scie,
01:10et à un moment donné, au-delà duquel, on glisse inexorablement vers le sol.
01:13On en est là. En fait, on va atteindre ce qu'on appelle des limites planétaires.
01:17On en a déjà atteint 4 sur les 9.
01:19Mais c'est extrêmement grave parce que dès qu'on les dépasse,
01:21les scientifiques sont incapables de prédire ce qui va se passer.
01:24Et c'est ça qu'on est en train de dépasser.
01:25Donc c'est pas pour faire peur. La réalité, elles sont là.
01:27Elles sont physiques, biologiques, chimiques.
01:29Il faut qu'on agisse. On est dans la décennie qui peut faire changer les choses.
01:32Et si on se trompe, on s'en voudra, je pense, toute notre vie.
01:34On sera incapable de se regarder dans un miroir et de regarder nos enfants dans les yeux.
01:37On voit aujourd'hui une jeunesse qui s'empare de plus en plus de ces sujets-là.
01:41C'est assez récent, mine de rien.
01:42C'est vrai que ces marches climat, ces mobilisations,
01:45quand il y a des débats politiques à ce sujet-là,
01:47il y a eu une vraie prise de conscience dans la société, dans la jeune génération.
01:51Je pense que c'est la génération qu'on a appelée la génération Z,
01:53comme si on savait d'avance qu'elle allait être la fin à la fois de l'alphabet et de l'humanité.
01:57Elle n'a pas envie, justement, de s'asperger de ce parfum de fin du monde.
02:00Elle a réalisé qu'elle avait devant elle un vide béant,
02:03qu'en fait, demain, nous, on nous parle de 2050 dans des rapports comme d'un monde super loin,
02:08mais moi, en 2050, je reste 52 ans.
02:10Et à ce rythme-là, on parle de la moitié de la forêt amazonienne qui aura disparu,
02:13plus de plastique que de poissons dans les océans,
02:15un monde à 4 degrés, des gros mammifères comme les éléphants, les girafes,
02:19qui appartiendront aux livres d'enfants.
02:21On ne veut pas de ce monde-là.
02:22On en a très conscience et on est vraiment prêts à tout,
02:25parce que c'est une pulsion de vie, ce n'est pas un choix.
02:26On ne se réveille pas un matin en disant je vais être activiste et je vais aller marcher tous les vendredis,
02:29je vais être dans des ads, je vais signer des pétitions.
02:31C'est une pulsion de vie et vous ne pourrez rien contre ça.
02:34Aujourd'hui, qu'est-ce que vous direz, justement, à ceux qui seraient encore aujourd'hui climato-sceptiques ?
02:38Il y en a encore, on le voit à travers le monde,
02:40il y a même parfois des politiques d'envergure qui le sont,
02:42qui disent voilà, le réchauffement climatique, ça n'existe pas, c'est quoi votre réaction ?
02:46J'ai envie de leur dire n'ayez pas peur, parce que je suis persuadée que c'est que de la peur.
02:49Je suis persuadée qu'il faut qu'on fasse ce deuil de ce vieux monde
02:52et que le deuil, on passe par plusieurs étapes.
02:53D'abord le déni, donc les climato-sceptiques sont peut-être bloqués là,
02:56donc j'ai envie de leur prendre la main et leur dire venez,
02:58on va y aller, ça va aller, si on le fait ensemble,
03:007 milliards à se faire la courte échelle, on pourrait voir sacrément loin devant.
03:03Donc je pense qu'on peut y arriver.
03:05Et après la phase de deuil, il y a la phase de colère, il y a la phase de tristesse.
03:09Toute cette éco-anxiété qu'on vit, elle est normale.
03:11Et après on va vers l'action et l'acceptation.
03:13Et il faut le plus vite possible qu'on passe cette courbe
03:15pour qu'ensemble on soit massif et qu'on change les choses.