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  • 25/03/2025
"La vie est plus forte que la mort, c'est ainsi que je vivrai et que je raisonnerai."
C'est avec ces mots que Robert Badinter partageait, en 2003, sa vision du temps qui passe.
Connu comme "l'homme qui a aboli la peine de mort", ancien ministre de la Justice, il est mort dans la nuit de jeudi à vendredi, à l'âge de 95 ans.

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Transcription
00:00À mon âge, à l'anniversaire, on se dit encore un.
00:04Encore un, on fait le calcul, on compare ce qui fut à la marge qui demeure
00:14et qui par définition est problématique, se rétrécit de plus en plus.
00:18Il n'y a pas de quoi, disons-le, exulter.
00:21Quand vous vieillissez, le vrai problème, c'est d'arriver à la fois à se détacher,
00:31il faut du détachement, parce que la vie s'en va, rien ne peut changer cela.
00:37Donc il faut vous en détacher, notamment, je trouve que toutes les courses, tous les hochets,
00:42toute la vanité, tout ça, non, non, il faut se libérer absolument, craindre, c'est ça comme des poisons.
00:50Mais en même temps que vous vous détachez, et ça veut dire se détacher de soi-même,
00:55il faut demeurer attaché à la vie, à la vie des autres, à la vie qui se passe, à ce qui advient.
01:03Il faut être à la fois très présent et très attentif à ce qui est,
01:09et en même temps, vous libérez de vous-même, vous préparez, parce que le départ approche.
01:17On le craint ?
01:19Il fait partie de l'ordre de la vie, moi j'ai toujours considéré que la mort faisait partie de la vie.
01:29Vous voyez ? Et j'ai là-dessus une vision, une vue très précise.
01:36Je pense que le souvenir ou l'idée de la mort ne doivent jamais prévaloir sur la vie elle-même,
01:46que la vie est plus forte que la mort.
01:47Et je me souviens, la première fois que j'ai été à Auschwitz, c'était il y a très longtemps, c'était en 1956,
01:57c'était le printemps, j'étais allé là parce que c'était un devoir à mes yeux de mémoire à piéter,
02:05et il n'y avait personne à l'époque qui visitait les camps de concentration.
02:10Je suis resté longtemps, et là à l'entrée, elles y ont tout fait sauter au moment où ils sont partis,
02:18à l'entrée, là où il y avait les blocs de béton des chambres à gaz, des crématoires de jadis,
02:25entre les interstices des blocs de béton, j'ai vu des petites fleurs qui avaient poussé.
02:34Et je suis resté longtemps à les regarder, et je me suis penché, j'en ai cueilli deux.
02:41Et le soir même, quand je suis revenu à l'hôtel, j'ai écrit à ma mère,
02:47et je lui ai envoyé une de ces fleurs en lui disant, j'ai compris, en regardant ça,
02:55que la vie était toujours plus forte que la mort.
02:58Et dorénavant, c'est ainsi que je vivrai et que je résonnerai.
03:04La vie est plus forte que la mort.

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