"J'ai toujours envie de pleurer lorsque je regarde mon village."
Pendant ce temps-là, à Breil-sur-Roya, plus d'un mois après le passage de la tempête Alex, les habitants se sentent abandonnés par les autorités. Voilà à quoi ressemble leur village…
Pendant ce temps-là, à Breil-sur-Roya, plus d'un mois après le passage de la tempête Alex, les habitants se sentent abandonnés par les autorités. Voilà à quoi ressemble leur village…
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00:00Je vous présente donc mon village ou du moins ce qu'il en reste.
00:07Déjà dans un premier temps, je vais vous montrer le lac.
00:14Vous pouvez constater que c'est un peu le bordel.
00:18Et en fait, tout le village est quasiment dans le même état.
00:23Nous n'allons pas reprendre une vie normale, nous ne l'avons pas reprise.
00:26Et je ne sais pas d'ailleurs si nous pourrons dans le village de Breil-sur-Roya
00:29avoir à nouveau ce qu'on appelle une vie normale, c'est-à-dire oublier ce qui s'est passé.
00:33Vous voyez ici, je suis dans les locaux de ce qu'était il y a un mois
00:37le syndicat d'initiative de Nice où nous recevions le public
00:40et où les touristes étaient accueillis.
00:43Quelle est la situation sur place ? Une désolation.
00:46Une désolation qui vous serre le cœur parce que nous avions un village,
00:49il n'y a plus rien, tout est détruit.
00:52Pendant ce temps-là, à Breil-sur-Roya,
00:57plus d'un mois après les pluies diluviennes de la tempête Alex
01:01qui ont ravagé l'arrière-pays niçois le 2 octobre et fait au moins 7 morts,
01:05voilà à quoi ressemble encore aujourd'hui ce village.
01:08Vous allez voir derrière moi le boulevard Clémenceau, on appelait ça.
01:14Bon ben voilà, c'était un boulevard, enfin un boulevard de village,
01:17mais c'était un boulevard quand même.
01:19Et là, il y avait toutes les voitures garées là,
01:22et les gens se circulaient et là, on ne circule plus.
01:26L'immeuble là que vous voyez, il y a eu une mise en péril,
01:29tout le monde a été évacué.
01:32Après, les maisons qui sont des maisons, des villas,
01:37elles aussi, elles ont toutes été évacuées.
01:40Et là, vous voyez, on marche dans la boue.
01:43Il y a tout à faire, il y a tout à reconstruire.
01:46Là, on se trouve à Breil-sur-Roya, mais toute la vallée est pareille.
01:50La route nationale, en fait, ce qui se passe,
01:53c'est que c'est comme si un missile était tombé sur la route nationale
01:56tous les 500 mètres, et bien tout est détruit.
01:59Si depuis la catastrophe, les habitants ont retrouvé l'eau courante ou l'électricité,
02:03les routes sont toujours en travaux.
02:05Certains petits villages de la vallée de la Roya restent toujours isolés.
02:08Leurs habitants doivent marcher plusieurs kilomètres
02:10pour rejoindre la gare de Breil-sur-Roya,
02:12depuis laquelle un service minimum est assuré.
02:15Sur place, les habitants se disent délaissés par le gouvernement
02:18et attendent davantage de renforts du génie civil et des travaux publics
02:22pour reconstruire un chantier qui pourrait prendre plusieurs années.
02:25On ne va pas y arriver et on n'a pas envie de faire la révolution.
02:28On a juste envie de vivre et de travailler
02:31et que la vallée, elle ne soit plus isolée et oubliée.
02:35Voilà, il y a des gens qui ont tout perdu.
02:37Il y a des gens qui ont de gros problèmes psychologiques
02:42parce que c'est vrai qu'il faut être assez costaud pour encaisser tout ce qu'on encaisse.
02:46Alors en plus, maintenant, il y a le confinement.
02:49Bon, imaginez-vous qu'ici, le confinement,
02:52franchement, on n'a pas le temps d'y penser.
02:54Et puis bon, après, chacun fait comme il peut.
02:57Les habitants de la vallée de la Roya peuvent compter sur le soutien de plusieurs bénévoles
03:00venus de France ou de Belgique,
03:02dont les arrivées ont été financées par des cagnottes de soutien.
03:05Je suis venue à la rencontre de personnes
03:09qui ont construit un fameux pont,
03:12qui est d'ailleurs très solide puisqu'il y a un monsieur qui passe dessus.
03:16On s'est bien rendu compte que par nos métiers que l'on a,
03:20nos métiers respectifs qu'on a en Belgique,
03:22on pouvait vraiment aider.
03:24Vous faites quoi comme métier ?
03:25On est menuisier, on est maçon, on est cordiste, on est bûcheron.
03:31Maintenant, il y a le monsieur qui a sa propriété là au-dessus,
03:36qui peut maintenant accéder à sa maison.
03:38Je m'imaginais que la France avait des capacités incroyables
03:42et qu'un truc comme ça arrivait chez nous en France en 2020.
03:47Il y aurait l'intervention directe de l'armée, des entreprises,
03:50que tout le monde serait là, présent, pour évaluer, pour aider,
03:53pour faire en sorte que tout soit réparé en un temps record.
03:57Et je me rends compte, là, aujourd'hui,
03:59je me rends compte que c'est un rêve,
04:03mais ce n'est pas un rêve qui va s'exaucer de suite.
04:05L'État, comme la région et le département,
04:07ont annoncé début octobre le déblocage de plusieurs fonds face à l'ampleur des dégâts.
04:11Les travaux de reconstruction dans l'ensemble des vallées
04:14touchées par la tempête Alex sont estimés à au moins un milliard d'euros.
04:18J'ai toujours envie de pleurer lorsque je regarde mon village,
04:20lorsque je regarde son lac, lorsque je regarde ses routes défoncées,
04:24lorsque je regarde ce qui nous reste de ce que nous aimions
04:26et de ce pourquoi nous étions là.
04:28Mais c'est vrai que la première des leçons,
04:31c'est que lorsque vous croisez les habitants du village,
04:33c'est unanime, ils vous disent « nous reconstruirons notre vallée ».
04:37Et c'est vrai qu'il y a une espèce de rage à se dire qu'on ne va pas se laisser abattre,
04:40qu'on ne va pas se laisser meurtrir et abandonner.
04:44Et qu'on va reprendre les choses en main et qu'on va se reconstruire.