C'est l'idéologie raciste qui a conduit un terroriste blanc à tuer 10 afro-américains à Buffalo aux États-Unis. Mais au fait, c'est quoi le suprémacisme blanc ?
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00La suprématie blanche est un poison.
00:02L'idéologie de la suprématie blanche n'a pas de place en Amérique.
00:06Aujourd'hui, le nationalisme blanc est un thème de hausse dans le monde entier.
00:11Je ne pense pas vraiment, je pense que c'est un petit groupe de gens qui ont des problèmes très sérieux, je pense.
00:17Il y a la volonté de l'action violente terroriste, comme celle de Buffalo, pour déstabiliser les sociétés.
00:37C'est ce qu'on appelle l'accélérationnisme.
00:38C'est l'idée que, en provoquant des violences de masse, du terrorisme de masse,
00:43on va déstabiliser les sociétés et hâter, d'où le nom accélérationnisme,
00:47l'affrontement à venir, qui selon eux est inéluctable,
00:50entre les défenseurs de la race blanche et les races halogènes, selon eux étrangers.
00:56Le suprématisme blanc aux États-Unis a pour racine immédiate des Européens.
01:05On pense à la théorie, au mythe du grand remplacement,
01:09défendu tout d'abord par l'écrivain français Jean Raspail dans son roman Le camp des Saints,
01:14puis plus récemment, on en a aussi beaucoup parlé en France, le grand remplacement,
01:18défendu par Renaud Camus.
01:21Donc il y a des origines européennes, mais il ne faut pas cacher que le suprématisme américain
01:25a aussi de profondes racines aux États-Unis eux-mêmes.
01:29On peut penser au Ku Klux Klan, ce mouvement né après la guerre de sécession,
01:34qui voulait défendre une société de supériorité blanche comme celle qui préexistait auparavant avec l'esclavage.
01:42Au début du XXe siècle, avec l'arrivée de nombreux immigrants qui ne sont plus anglo-saxons aux États-Unis,
01:49il y a la naissance d'un nativisme raciste qui s'incarne dans la personnalité de Madison Grant,
01:55un penseur américain racialiste qui, en 1916, publiera un essai sur la disparition de la race blanche fondatrice selon lui anglo-saxonne,
02:06fondatrice des États-Unis, et sur la menace que faisait peser l'immigration.
02:10Vraiment dans les années 1970 que se forme le suprématisme états-unien,
02:16alors évidemment qui est au marge de la société.
02:19On parle vraiment, ce qu'on appelle, comment on dit en anglais, c'est fringe,
02:23c'est-à-dire que c'est vraiment des groupes marginaux, clandestins, souvent.
02:29On voit bien que cette idée diffuse, bien au-delà des marges dans lesquelles elle était enfermée depuis une quarantaine d'années.
02:53C'est tout l'enjeu depuis, effectivement, l'élection de Donald Trump.
02:58C'est l'ouverture qu'il a faite du Parti républicain conservateur traditionnel
03:03vers des thèses ou des symboles qui se rattachent au white power, au suprématisme blanc.
03:15Mais aujourd'hui, au-delà de Trump, c'est surtout le rôle du grand tribun médiatique Tucker Carlson
03:22qui anime chaque soir sur Fox News l'émission d'opinion la plus regardée sur le câble.
03:28Et Tucker Carlson, lui, n'a pas hésité à reprendre et à défendre la théorie du grand remplacement.
03:35L'histoire de la construction nationale des États-Unis est intimement liée avec une forme de suprématisme blanc,
03:42d'abord par l'esclavage, ensuite avec la ségrégation des populations africaines et américaines.
03:51Il faut comprendre là qu'il y a un écho très particulier de ces théories qui sont, évidemment,
03:57aujourd'hui, on le voit bien, diffusées à l'échelle internationale aussi grâce à internet.
04:02Mais elles prennent un écho très particulier aux États-Unis et avec aussi le fait que ce discours de haine,
04:10tant qu'il n'appelle pas à des violences ciblées particulières, est protégé aussi par cette spécificité américaine
04:17du premier amendement qui laisse quand même une grande marge de diffusion à ces idées haineuses.
04:25C'est une parole qui peut s'exprimer librement avec des manifestations également.
04:29On l'a bien vu à Charlottesville avec ce grand rassemblement de suprémacistes néonazis
04:35qu'on aurait du mal à concevoir en France parce que les lois et la tradition juridique sont différentes.