Alors que les laboratoires sont débordés avec les tests du Covid, leurs salariés sont nombreux à dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail. Agressé par un patient excédé, Rémi témoigne.
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00:00Il m'a arraché le téléphone des mains,
00:03en même temps il a arraché une vitre en plexiglas qui servait de protection avec la queueille.
00:08Et puis là, il a pris mon téléphone, il a balancé à deux reprises par terre,
00:11mais vraiment violemment, le téléphone est complètement détruit.
00:14Et puis après, il m'a donné une claque monstrueuse qui m'a mis à terre.
00:17À Lyon, Rémi est biologiste dans un laboratoire débordé par les tests du Covid-19.
00:23Il a été agressé physiquement par un patient excédé par les délais d'attente.
00:28C'est vrai que ce n'était pas évident parce que moi, je n'ai pas l'habitude dans le cadre de mon travail,
00:31surtout dans le quartier où je travaille, d'avoir affaire à la violence.
00:34Et c'est vrai que c'est assez difficile, surtout en ce moment,
00:38parce qu'on est quand même à fond depuis un petit moment,
00:40de subir des agressions physiques.
00:43Ça a été surtout dur psychologiquement.
00:45Il dénonce son agression et le quotidien difficile du personnel dans les labos depuis le mois d'août.
00:52J'avoue que j'ai perdu 7 kilos à ce moment-là.
00:56Un moment de stress, j'avais des grosses insomnies pour rendre des résultats rapidement,
01:00pour valider la nuit, pour avoir des résultats,
01:02parce que je savais qu'il y avait des personnes qui avaient des vols
01:04et que s'ils ne les avaient pas, ça allait être compliqué.
01:07Donc tout ça, oui, franchement, c'est très dur.
01:12Pendant ce temps-là, dans les laboratoires,
01:16ils sont nombreux, comme Rémi, à dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail.
01:20Plus d'un million de tests sont réalisés en France chaque semaine depuis début septembre.
01:24C'est considérable.
01:26Et la France est ainsi devenue le troisième pays qui teste le plus en Europe.
01:34Pour être dépisté, il n'y a pas besoin d'ordonnance ni d'être malade.
01:37À l'heure actuelle, on est complètement engorgé sur le monde.
01:39La demande dépasse nos capacités analytiques.
01:43Et ce n'est même plus une question de bras.
01:45C'est une question aussi qu'on ne tient pas derrière.
01:48On n'a plus des couvillons.
01:49Parfois, on n'a plus de réactifs.
01:53Ces dépistages massifs entraînent des files d'attente qui grossissent
01:56et des résultats qui prennent plus de temps.
02:07Je sais l'effort inédit que nous leur demandons, la pression qu'il a l'heure.
02:11Je sais l'effort qu'ils réalisent dans des conditions qui sont devenues difficiles.
02:16Des salariés d'une vingtaine de laboratoires se sont mis en grève
02:18et demandent à être revalorisés et davantage considérés par les pouvoirs publics.
02:24Le système est en train de saturer parce qu'on se retrouve à avoir
02:27les laboratoires d'analyse médicale qui, pendant plusieurs semaines,
02:30ont été arrêtés pendant la crise sanitaire.
02:32Les laboratoires étaient en chômage partiel pendant la période de confinement.
02:35Quand ils ont repris, ils ont du retard sur les analyses qu'ils devaient faire
02:38pendant cette période.
02:39Les analyses normales qu'ils doivent faire pendant une période aussi actuelle
02:43avec les cliniques et les hôpitaux qui ont réouvert.
02:45Et on se retrouve aussi à avoir tout ce qui est les analyses Covid.
02:48Ça met une pression sur le personnel aujourd'hui qui est inacceptable
02:52et sur les conditions de travail qui sont inacceptables.
02:54Aujourd'hui, par rapport aux conditions de travail ou conditions techniques,
02:57on est très limité finalement.
02:58On arrive à un plafond de ce qu'on peut faire sur cette technique-là.
03:01Soit on arrive à avoir des techniques, comme j'entends qu'il y a des techniques salivaires
03:06qui sont en train de être mises en place là, où on avait des rendus sur 24 heures.
03:09Soit sinon, on a quand même une procédure sanitaire qui ne porte pas ses fruits
03:15et qui n'est pas à l'attente des utilisateurs et de la population.