Marion Cotillard est actrice et écolo. Pour Brut, elle explique l’importance des mesures écologiques dans l’industrie du cinéma.
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00:00Je me souviens quand j'ai commencé le cinéma, à la fin de la journée,
00:06il y avait des poubelles entières de gobelets qui n'étaient pas du tout recyclées.
00:10À l'époque, je rouspétais énormément.
00:14Et c'était encore une époque où on prenait les gens qui se révoltaient contre ça,
00:23ou qui s'indignaient en tout cas, pour des gens un peu chelous.
00:28Bonjour Marion Cotillard. Cette année, vous êtes à Cannes pour présenter Frères et Sœurs d'Arnaud Desplechin.
00:33L'industrie du cinéma, on le sait, c'est une industrie qui est assez polluante,
00:35mais il y a plein de tournages qui commencent à essayer de mettre des choses en place.
00:38Est-ce que sur Frères et Sœurs, il y a des choses qui ont été mises en place ?
00:41Et comment ça s'est passé ?
00:42Alors effectivement, il y a le tri qui est très important,
00:47parce qu'on consomme beaucoup.
00:54De plus en plus, les tournages prennent conscience du gâchis.
00:59Il y a beaucoup de personnes dans une équipe,
01:02et si on se met tous, à chaque fois qu'on boit de l'eau, à prendre un gobelet en plastique,
01:06à la fin de la journée, ça fait vraiment beaucoup.
01:09Je me souviens, quand j'ai commencé le cinéma,
01:12à la fin de la journée, il y avait des poubelles entières de gobelets qui n'étaient pas du tout recyclés.
01:19Chaque production, maintenant, s'attache à avoir une action positive
01:27dans une industrie qui est assez polluante.
01:33Ça vous choquait, ça, à vos débuts ?
01:35C'est ma zama de poubelles dont vous venez de me parler ?
01:38Oui, oui.
01:40À l'époque, je rouspétais énormément.
01:45Et c'était encore une époque où on prenait les gens qui se révoltaient contre ça,
01:54ou qui s'indignaient, en tout cas, pour des gens un peu chelous.
02:00Mais aujourd'hui, on est tous dans le même bateau,
02:04et on se rend bien compte qu'il y a des choses à faire,
02:08et il y a des possibilités de réduire notre impact.
02:12Et vous, cette conscience-là, elle vous vient d'où ? Elle est née comment, chez vous ?
02:17Mes parents, de mon éducation.
02:20J'avais des grands-parents qui travaillaient dans les jardins,
02:25qui étaient maraîchers, qui n'ont jamais rien gâché.
02:28C'était aussi des gens qui avaient vécu la guerre,
02:30donc ils avaient, sans avoir conscience de ce qui se passait au niveau de la planète,
02:36au niveau du climat, au niveau de la biodiversité,
02:40c'est des gens qui ne gâchaient pas.
02:42Et j'ai vraiment été élevée comme ça.
02:45J'ai retrouvé une interview de vous que vous aviez donnée en 2012,
02:47au moment de la sortie de Royedos,
02:49et vous disiez au départ que vous n'aviez pas envie de faire ce film,
02:52que vous le trouviez rédhibitoire.
02:53C'est le mot que vous avez utilisé, parce que ça parlait des orques.
02:56Non, en fait, j'avais entendu parler du projet, on ne m'avait pas encore proposé le film,
03:00j'avais entendu parler de ce projet,
03:02et je m'étais dit, voilà, un film que je serais bien incapable de faire,
03:05parce que je n'aime pas les aquariums, je n'aime pas les eaux,
03:08j'ai beaucoup de mal avec les animaux en captivité.
03:11Et puis quand il m'a été proposé,
03:16j'ai trouvé le scénario magnifique.
03:19C'est difficile de refuser un film avec un artiste comme Jacques Audiard,
03:23mais ça a été compliqué pour moi, sur le tournage.
03:26D'ailleurs, je suis bannie du Marineland d'Antibes,
03:30parce qu'en promo, on m'a demandé de réagir par rapport à ces endroits,
03:34et même si j'ai rencontré des gens merveilleux,
03:37qui aiment leur métier, qui aiment les animaux,
03:39qui sont passionnés par ce qu'ils font,
03:41c'est quand même quelque chose que j'ai du mal à comprendre.
03:44Il y a quelques mois, j'ai un collègue de Brut qui est rentré au Marineland en caméra discrète
03:48pour filmer les orques, qui sont dans un état de santé vraiment très préoccupant.
03:52Aujourd'hui, si on vous proposait un film qui se passerait dans cet univers-là,
03:56est-ce que vous le feriez ?
03:58C'est une bonne question.
04:07Déjà, tout dépend de l'histoire, encore une fois,
04:10du metteur en scène, du réalisateur ou de la réalisatrice.
04:14Mais j'aurais du mal, je pense. J'aurais du mal.
04:18De toute façon, je ne pourrais pas retourner au Marineland.
04:21Je suis allée regarder un peu les commentaires sur les réseaux sociaux.
04:24Il y a un truc qui revient régulièrement,
04:27c'est la mise en opposition entre votre engagement
04:30et le fait que vous soyez et gérez d'une grande marque de luxe.
04:33Comment vous y répondez à ça ?
04:35Cette grande marque de luxe qui existe,
04:38qui est aussi un joyau, quelque part,
04:46de la France, de la culture française,
04:49et s'attache à être de plus en plus vertueuse.
04:56Ce sont des gens qui n'aiment pas communiquer
04:59et ils ne communiquent pas sur les choses formidables qu'ils font.
05:05Et ils font des choses vraiment formidables.
05:07Et aussi, dans les discussions que je peux avoir avec eux,
05:09on s'apporte chacun beaucoup de choses.
05:12Ils ont évidemment conscience qu'ils ont la nécessité
05:16de devenir aussi, quelque part, exemplaires.
05:21Et qu'à partir du moment où ils s'attachent à évoluer,
05:26j'ai envie de les soutenir aussi.
05:28Je comprends tout à fait que ça puisse choquer les gens
05:34et que ça puisse paraître incohérent.
05:38Mais dans ces cas-là aussi,
05:46je ne pense pas qu'on doit arrêter de faire des films
05:51ou de produire des produits de consommation.
05:56Mais avec cette idée que plus on est vertueux, mieux c'est.
06:02Et encore une fois, j'aime cette idée de faire du mieux qu'on peut.