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Les têtes coupées et les jambes sanguinolentes, c'est son métier.
Jean-Christophe Spadaccini a créé tous les maquillages et les effets spéciaux de "Coupez !", la comédie zombie de Michel Hazanavicius présentée en ouverture du Festival de Cannes. Il fait visiter son atelier à Brut… #Cannes2022
Transcription
00:00Et voilà, il va faut recharger.
00:12Aujourd'hui, pour Ruth, je suis dans l'atelier d'un maquilleur effet spéciaux
00:15qui va nous montrer comment il fabrique des têtes, des bras
00:18et comment il fait gicler plein de sang.
00:20Et là, du coup, j'injecte.
00:21Ah bah voilà.
00:22Tu vois donc, si tu veux faire un bon film gore,
00:25genre grand guignol, t'abuses un peu, t'en envoies plein.
00:30Et puis, il y a des effets où, des fois, c'est plus un film de Philippe Garrel
00:35avec Catherine Deneuve qui se suicide.
00:37Donc là, on fait juste une toute petite coulée parce que c'est un film d'auteur.
00:40Et puis, quand c'est un film d'Asa Navissus, on y va comme ça.
00:44Dans cette jambe, il y a des tuyaux.
00:46Oui, là, il y a des tuyaux.
00:48Là, tu branches tes seringues.
00:50Là, on a un petit mélange de sang.
00:52C'est du sang qu'on achète dans le commerce, qui sont faits pour le cinéma.
00:57C'est du colorant alimentaire avec de la glycérine ou du sirop d'érable, en général.
01:03C'est vrai, ça va dans la bouche des comédiens.
01:06Donc, il faut que ça ait un goût de sucre ou de fraise.
01:08On a tout un tas de fausses têtes qu'on a faites pour différents projets.
01:13Ici, on a un vieux Matt Damon qui date de Bourne Identity,
01:17le premier de la série des Bournes qui était tourné en partie en France.
01:21Donc, on avait moulé Matt Damon pour faire un mannequin qui est repêché au début du film.
01:25C'est surtout à l'artisanat, en fin de compte.
01:27La partie artistique, elle est de un quart, peut-être, dans ce qu'on fait,
01:31parce qu'il y a beaucoup de techniques, de moulages, les tirages, la peinture, etc.
01:36Nous, quand on fabrique des fausses têtes, on va jusqu'à l'implantation des poils de barbe, un par un.
01:40Ça, c'était une sorcière qui était mécanisée.
01:42Alors, à l'intérieur, je peux te montrer.
01:43Enfin, on ne verra pas à l'intérieur, mais il y avait des petits moteurs pour la faire hurler à l'écran, comme ça.
01:48Et on avait des télécommandes pour faire bouger sa mâchoire.
01:51Donc, toutes les petites veines que tu vois, c'est peint, en fait, par-dessus.
01:55La consigne de Michel-Athéna Vicious pour ce film, elle était un peu particulière pour toi ?
02:20Eh bien, la première réunion où je suis allé, le premier truc qu'il m'a dit, c'est...
02:24Tu sais, on fait un film, c'est le film, c'est Z, hein.
02:27Donc, il va falloir que tu les fasses mal, là, les mannequins.
02:30Donc, sur le coup, c'est un peu...
02:33Il faut se faire un peu violence pour faire les choses mal.
02:36Mais c'était super amusant, en fait.
02:38Au lieu d'implanter les sourcils, on les a peints.
02:40Et on a mis des perruques super cheap pour que ça fasse un petit peu cheap,
02:44vu que les gens qui font le film dans le film, ils n'ont pas d'argent, en fait.
02:47Mais on a la fausse hache qui pouvait se planter dans la tête.
02:51C'est pour ça qu'elle est tronquée.
02:52Donc, il y avait un système.
02:53Quand elle est plantée dans la tête de Bérénice Bégeau, on lui fixait sur un serre-tête.
02:58Et dans le film, d'ailleurs, on voit tous les effets se faire à l'image.
03:01Donc, là, on a encore une hache molle qui a servi pour le tournage,
03:05pour que les comédiens ne se blessent pas quand ils courent avec cette hache,
03:08une partie tout dessous.
03:10Attends, attends, on n'est sûr de rien, d'accord ?
03:13Justement, c'est pour ça.
03:14On fait couler du sang.
03:17Et cette couleur n'est pas si mal, finalement.
03:19Aujourd'hui, j'utilise de la glycérine.
03:21Puis après, il y a des colorants alimentaires.
03:23Évidemment, la base, c'est du rouge.
03:25On met un peu de brun aussi.
03:28Voilà.
03:29On va mélanger à vue d'œil un petit peu de poudre rouge.
03:35Là, on touille une première fois.
03:38Un autre, en rouge un peu différent.
03:41Un petit peu de brun.
03:45L'important, c'est de bien touiller
03:49pour ne pas faire de grumeaux.
03:50C'est un peu de la cuisine, en fait.
03:52Là, on a un truc un peu pâteux.
03:54Si on veut une victime toute récente,
03:57tu badigeonnes, pareil.
03:59Tu peux lui en faire couler de la bouche.
04:02Comme ça.
04:04Ça coule et c'est cool.
04:06Je vais vous montrer la partie technique, en fait,
04:08parce que c'est hyper important dans notre métier.
04:10On fait des moulages avec de la résine, du silicone.
04:13On a un moule
04:15qui va être un tentacule
04:18pour un personnage fantastique.
04:21Et puis ici, on a une autre partie du moule
04:24qui est faite avec toutes les petites ventouses.
04:26Là, en fait, c'est un gant qui s'enfile.
04:28Donc, il est en mousse.
04:29Une fois que c'est peint,
04:30ça, c'est la même matière.
04:32Ça peut faire une autre main de monstre.
04:34D'un coup, on a une espèce de patte de loup-garou.
04:37Et là, je voulais juste vous montrer la différence
04:39entre la mousse qui, elle, est un peu opaque
04:42par rapport à la lumière
04:43et puis un silicone.
04:45Ça, c'est une main qui avait été faite pour Barbak
04:49de Fabrice Eboué.
04:50Je te parlais des implantations de poils, etc.
04:55Il y a des petites tiges en fer
04:57pour pouvoir plier les doigts
04:59pour éviter qu'ils vibrent trop comme ça,
05:01parce que sinon, ça fait blop blop.
05:03Mais en l'occurrence, là, c'était une main
05:05qui passait dans un hachoir de boucher.
05:07C'est des trucs que j'ai appris, finalement,
05:11sur le tas, quasiment.
05:15Sous-titrage Société Radio-Canada

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