"Ce documentaire, c'est sûrement mon dernier reportage sur l'État islamique."
Pour son dernier documentaire, il est reparti en Syrie : Charles Villa raconte l'envers du décor de son travail de reporter.
Pour son dernier documentaire, il est reparti en Syrie : Charles Villa raconte l'envers du décor de son travail de reporter.
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00:00Salut tout le monde, j'espère que vous allez bien.
00:02Je suis hyper content de vous retrouver pour cette vidéo
00:04parce que je pense que ça fait longtemps que je voulais la faire.
00:06Et j'en ai vraiment ressenti le besoin
00:08en juin dernier, quand j'étais en Syrie
00:10et que je tournais mon dernier documentaire
00:12pour la plateforme Brutix qui s'appelle
00:14Stade Noir et qui vient de sortir.
00:16Je vous mets tout de suite le teaser pour que vous voyez
00:18de quoi ça parle.
00:20On vient d'arriver au
00:22stade de Raqqa.
00:24C'est un endroit qui a été
00:26transformé pendant la règne de Daesh en prison.
00:30Il y a encore des traces de Daesh.
00:34Toutes les douches,
00:36les toilettes qui étaient en dessous du stade
00:38ont été transformées en cellules.
00:42Et ils ont tous été
00:44transformés en cellules.
00:46C'est un endroit qui a été
00:48transformé pendant la règne de Daesh
00:50en prison.
00:52C'est un endroit qui a été
00:54transformé pendant la règne de Daesh
00:56en cellules.
00:58Et ils ont tous
01:00des expériences
01:02dans la torture.
01:04Si on ne les trouve pas,
01:06c'est parce qu'on a déjà vécu
01:08ce genre de choses.
01:16Ce documentaire, c'est sûrement
01:18mon dernier reportage sur l'État islamique
01:20et dans cette vidéo, je vais essayer
01:22de vous expliquer pourquoi.
01:28Pour bien comprendre l'histoire
01:30que je vais vous raconter, il faut forcément
01:32que je vous parle du contexte au début de la guerre
01:34en Syrie et du danger d'être reporter
01:36dans cette région à ce moment-là,
01:38bien avant que moi j'y aille. Je vous préviens, c'est pas un sujet
01:40facile, mais je pense que ça va vous intéresser
01:42donc accrochez-vous. En 2011,
01:44au début de la révolution dans le pays, j'étais tout jeune,
01:46j'avais 21 ans et j'étais en train
01:48de finir mes études de journalisme. Je savais
01:50déjà que je voulais travailler plus tard en zone de conflit
01:52donc je suivais de très près ce qui se passait
01:54là-bas. Et c'est rapidement devenu une des guerres
01:56les plus violentes de l'histoire contemporaine, d'abord
01:58pour les populations civiles, mais aussi pour les
02:00journalistes syriens et étrangers. Et dès
02:02janvier 2012, un grand reporter français
02:04a été tué à Homs, il s'appelait
02:06Gilles Jacquet.
02:08Un mois plus tard, dans la même ville,
02:10c'est le photographe Rémi Hochkis
02:12qui meurt à cause d'un missile,
02:14avec une autre reporter américaine très connue
02:16qui s'appelait Marie Colvin. C'était
02:18que des reporters confirmés, je suivais
02:20leur travail, donc ça m'avait marqué.
02:22Aujourd'hui, la plupart des enquêtes sérieuses qui ont été menées sur
02:24leur mort disent que c'est le régime de Bachar
02:26Al-Assad qui a commandité ces attaques.
02:28Pourtant, pendant longtemps, le régime déclarait
02:30que c'était le camp d'en face, l'armée syrienne libre,
02:32son principal opposant au début de la
02:34révolution, qui avait lancé ces missiles.
02:36Si je vous parle de ça, c'est pour vous planter un peu
02:38le décor et vous montrer à quel point les journalistes
02:40peuvent être des cibles stratégiques
02:42dans les zones de conflit. Et ça pour plein de raisons
02:44différentes, la première étant évidemment pour
02:46empêcher d'informer sur les crimes de
02:48guerre, mais aussi parce qu'on peut instrumentaliser
02:50la mort d'un reporter pour
02:52affaiblir un adversaire. Et ça, quand je vais
02:54sur le terrain, je l'ai toujours en tête. Je me demande
02:56à chaque fois à quel point je peux être
02:58utilisé ou ma mort peut être utilisée par les différents
03:00belligérants pour faire de la propagande.
03:02Et il faut aussi savoir qu'on est des cibles
03:04de choix pour les enlèvements, parce
03:06qu'on peut servir de monnaie d'échange pour faire
03:08libérer des prisonniers dans certains
03:10cas, ou pour récupérer des grosses sommes d'argent
03:12dans d'autres. Et c'est ce point qui m'amène à
03:14l'État islamique. Entre la fin de l'année 2012 et
03:16le courant de l'année 2013, plusieurs journalistes
03:18français et étrangers sont capturés
03:20par l'organisation terroriste en Syrie.
03:22Les français sont libérés après
03:24presque un an de détention, un an en
03:26enfer, mais beaucoup d'autres n'ont pas cette chance
03:28et sont assassinés. Je pense évidemment
03:30à James Foley et Steven Sotloff,
03:32des reporters américains.
03:34Il y aura aussi, un peu plus tard,
03:36Kenji Goto, un journaliste japonais.
03:38Les vidéos de leur décapitation
03:40ont fait le tour du monde pour servir
03:42la propagande de terreur de l'État islamique.
03:44Et ça a marché parce que
03:46pendant une longue période, il n'y avait
03:48quasiment plus aucune rédaction française qui
03:50voulait envoyer de reporters sur le terrain
03:52parce qu'ils trouvaient que c'était beaucoup trop risqué.
03:54La grande majorité des journalistes étaient
03:56terrorisés à l'idée d'essayer de retourner là-bas.
03:58Et je me rappelle de conversations à l'époque
04:00avec des collègues,
04:02vraiment, on était
04:04tous là à se dire, il y a plus de chances qu'on soit
04:06enlevés ou qu'on se fasse buter
04:08que l'on puisse ramener les images
04:10de nos reportages. Je précise aussi parce que c'est
04:12hyper important que la plupart des journalistes
04:14qui ont été tués par l'État islamique là-bas,
04:16c'était des Syriens et des Irakiens.
04:24Parmi les reporters français qui ont été
04:26pris en otage à cette époque-là,
04:28il y en a un que j'ai rencontré complètement par hasard
04:30quelques mois seulement après sa libération
04:32dans un stage avec l'armée.
04:34Il s'appelle Edouard Elias. En gros, pendant une semaine,
04:36on était avec des commandos pour apprendre
04:38des rudiments de survie, pour
04:40manipuler certaines armes et mieux
04:42comprendre leur fonctionnement,
04:44mais aussi pour avoir des retours d'expérience
04:46de militaires qui avaient déjà été déployés
04:48en zone de conflit. Certains avaient travaillé
04:50sur le terrain avec des journalistes et ça ne s'était
04:52pas forcément très bien passé,
04:54donc l'idée c'était aussi de se parler
04:56pour voir comment on peut bosser ensemble
04:58d'une façon qui ne met pas en danger la vie
05:00des uns et des autres. Pendant ce stage,
05:02on était une quinzaine de reporters
05:04et on s'apprêtait tous plus ou moins soit
05:06à partir dans une zone de conflit, soit
05:08on travaillait régulièrement
05:10sur des crises humanitaires dans des endroits
05:12difficiles. Et parmi eux, il y avait
05:14ce photographe de 23 ans,
05:16Edouard Elias, qui était le plus jeune
05:18du groupe avec moi. Et du coup, il nous avait
05:20raconté l'enfer de ce qu'il avait vécu
05:22pendant sa prise d'otage, la torture
05:24physique, psychologique,
05:26et je sais que ça m'avait énormément marqué
05:28parce qu'on avait le même âge
05:30et je me demandais forcément
05:32comment moi j'aurais vécu une situation
05:34pareille, même si en vrai c'est impossible
05:36de se mettre à la place d'un otage.
05:38C'est aussi à cette période-là qu'il y a les attentats
05:40en France contre Charlie Hebdo, à Montrouge
05:42et à l'Hypercacher.
05:50Et ça, c'est mon premier contact direct
05:52avec le terrorisme, c'était à Paris
05:54devant l'Hypercacher parce que j'y étais
05:56pour filmer l'assaut du RAID et de la BRI.
05:58J'étais arrivé sur place très vite
06:00avant que les forces de police ne bouclent
06:02complètement le quartier et j'étais monté
06:04dans un immeuble.
06:06Je précise que je ne filmais pas du tout la scène en direct,
06:08le reportage que j'ai tourné a été diffusé
06:10après pour ne pas mettre en danger
06:12ni les otages ni l'opération de police.
06:14Et du coup, entre ce qui se passait dans mon pays
06:16et au Moyen-Orient,
06:18en Irak et en Syrie, clairement
06:20je trouvais ça beaucoup trop dangereux d'aller sur place
06:22à ce moment-là en fait. Donc j'ai continué
06:24à enquêter à distance et à préparer le terrain
06:26pour pouvoir y aller un jour. Et ce n'est qu'en
06:28juin 2017, environ deux ans
06:30et demi plus tard, que je me décide enfin
06:32d'aller sur place parce que la coalition
06:34gagne du terrain et récupère des territoires
06:36à l'État islamique en Irak
06:38et en Syrie.
06:45Je me suis rendu là-bas pour réaliser deux documentaires.
06:47Le premier sur les charniers
06:49du groupe terroriste. Un charnier, c'est
06:51une fosse, un trou où on entasse
06:53des cadavres sans leur donner de sépulture
06:55décente. Et le second
06:57sur les hôpitaux de guerre de la bataille de Mossoul.
06:59Le jour où j'ai atterri en Irak,
07:01le 19 juin 2017,
07:03deux reporters français, Stéphane Villeneuve
07:05et Véronique Robert,
07:07ainsi que leur fixeur
07:09irakien, Bakhtiar Haddad,
07:11sont morts sur la ligne de front de la bataille de Mossoul
07:13en marchant sur une mine.
07:15Un autre journaliste était avec eux à ce moment-là,
07:17il s'appelle Samuel Fauré. Il a été blessé
07:19mais il a survécu. Et Samuel,
07:21c'était un reporter qui était au stage
07:23de l'armée trois ans plus tôt avec moi.
07:25C'est peut-être un détail parmi d'autres
07:27mais si je vous raconte tout ça,
07:29c'est pour essayer de vous montrer à quel point
07:31à l'époque faire ce taf sur le terrain,
07:33dans ces endroits-là,
07:35c'était d'une violence folle.
07:37Clairement, je savais pertinemment en allant là-bas
07:39qu'il y avait des chances que je ne revienne pas.
07:41Et donc, je me conditionnais
07:43mentalement à ne pas avoir droit
07:45à l'erreur. Dans ma tête,
07:47j'avais pas le droit de me retrouver dans une
07:49situation avec mes fixeurs où on pouvait être pris en otage.
07:53Et si c'était le cas,
07:55je préférais mourir
07:57que de me retrouver dans une vidéo de l'État islamique.
07:59Du coup, je pense qu'il y en a forcément parmi vous
08:01qui doivent se dire pourquoi aller là-bas
08:03dans ce cas-là. Parce que je pense sincèrement
08:05et profondément que ce travail
08:07d'information, il est primordial
08:09parce qu'on a envie
08:11que le monde sache ce qu'il se passe là-bas,
08:13que les victimes puissent
08:15obtenir justice et qu'on
08:17ne les oublie pas.
08:19Et je pense aussi dans une certaine
08:21mesure que c'est aussi parce qu'on
08:23a envie
08:25ou on espère changer les choses.
08:27En tout cas, moi, c'est ma vision de mon métier.
08:29Je sais pas si on a tous
08:31la même, mais je pense qu'on est quand même
08:33beaucoup à le faire pour ça. C'est ce qui explique
08:35super bien Paul Conroy,
08:37un photographe qui était avec Marie Colvin
08:39quand elle a été tuée à Holmes. Et je trouve
08:41qu'il a des mots assez justes pour comprendre
08:43pourquoi c'est aussi important que des reporters
08:45continuent d'aller sur le terrain.
08:53Je pense que Marie Colvin a
08:55l'intention d'éliminer
08:57le sentiment d'assassinat
08:59que nous avons vécu.
09:01Elle pensait qu'elle changerait le monde.
09:03Oui, c'est pour ça qu'elle était là.
09:05Finalement, c'est pour ça qu'elle était là.
09:07Nous pensions que si nous avions l'histoire
09:09que le monde allait dire
09:11que l'armée allait détruire
09:13les civils,
09:15nous aurions des gouvernements,
09:17des structures internationales,
09:19les Nations Unies,
09:21mais tout ce que nous pouvons faire
09:23c'est prendre l'histoire et dire
09:25« Voici le monde, qu'est-ce que vous allez faire ? »
09:27Et nous croyons sincèrement,
09:29je pense que la plupart des journalistes
09:31croient qu'ils n'écrivent pas
09:33ou tirent ou font ce qu'ils font
09:35avec l'espoir de faire une différence,
09:37d'affecter un résultat,
09:39d'affecter l'opinion.
09:41Et c'est ce que nous pensions faire.
09:43Juin 2017.
09:45Mossoul, la capitale irakienne
09:47de l'Etat islamique est sur le point
09:49de tomber.
09:51Des nuages de fumée noire se dégagent
09:53des combats entre les soldats de l'armée irakienne
09:55et les derniers djihadistes de Daesh
09:57retranchés dans le quartier de la vieille ville.
09:59Donc j'arrive à un moment extrêmement
10:01violent de la bataille de Mossoul
10:03et je pars directement dans les hôpitaux de la ville
10:05pour filmer les victimes civiles
10:07et militaires de cette guerre.
10:09Qu'est-ce qui s'est passé exactement ?
10:11Une mine ou une bombe ?
10:13Une bombe de l'air.
10:15Une bombe de l'air ?
10:17Une bombe de l'air.
10:47Des familles qui arrivaient
10:49avec leurs enfants déchiquetés dans les bras
10:51après un bombardement qu'on avait entendu.
10:53La violence de certaines
10:55blessures par balles. C'était vraiment un tournage
10:57difficile et pourtant j'avais déjà vu
10:59des blessures de guerre en Palestine,
11:01en Afrique. Mais là avec tout le contexte
11:03que je viens de vous donner
11:05de l'Etat islamique je pense que c'était encore plus
11:07traumatisant à vivre. Et pourtant c'était
11:09que le début du voyage en enfer parce que
11:11quelques semaines plus tard je suis parti
11:13filmer les charniers de l'Etat islamique.
11:15Ils tuaient les martyrs ici.
11:17Ils les alignaient là.
11:21Ça ce sont les bandeaux pour les yeux.
11:25Et on voit bien les trous des balles
11:27et des taches de sang.
11:35Après les avoir exécutés,
11:37ils les jetaient dans le trou ici.
11:39Pour ce documentaire je suis allé dans plusieurs régions
11:41d'Irak et j'ai notamment pu filmer dans
11:43le charnier de Spiker qui est sûrement
11:45le plus grand massacre de l'Etat islamique
11:47en Irak. On dit Spiker parce que
11:49c'est le nom d'une ancienne base américaine
11:51dans la ville de Tikrit et c'est
11:53à cet endroit qu'a eu lieu la tuerie.
11:55En juin 2017, en seulement deux jours,
11:57l'organisation terroriste a tué
11:59plus de 1700 jeunes soldats de l'armée
12:01irakienne sur les bords du Tigre.
12:051700 ça paraît complètement irréel.
12:07C'est hyper difficile d'imaginer
12:09ce chiffre dans la réalité.
12:11Je ne vais pas vous montrer
12:13les images de ce massacre puisqu'ils ont tout filmé
12:15mais c'était vraiment
12:17un abattoir humain.
12:23J'étais là quand ils ont commencé à déterrer les corps.
12:27Vous voyez, c'est encore
12:29en cours de décomposition.
12:35C'est très dur de découvrir des cadavres
12:37d'enfants dans les charniers.
12:41Ceux des femmes enceintes qui portent encore leur fœtus.
12:43Ou tomber sur des têtes décapitées,
12:45jetées à part.
12:49Nous devons être très solides et forts.
12:51Mais il faut parfois se faire violence
12:53pour ne pas craquer.
12:55C'est un documentaire qui m'a beaucoup marqué à l'époque
12:57parce que j'avais vraiment la sensation
12:59d'être allé au bout de l'inhumanité
13:01et que je ne pourrais pas voir
13:03quelque chose de plus dur après.
13:05Et quand je suis rentré en France,
13:07j'ai eu besoin d'aller voir un psy
13:09pour parler de ce que j'avais vu
13:11et je continue encore d'y aller quand je vois des choses trop difficiles.
13:13Après, ça ne m'a pas empêché
13:15de continuer à documenter des crimes
13:17un peu partout dans le monde
13:19parce que je pense que c'est important
13:21de les dénoncer. Et c'est pour ça que quelques mois plus tard,
13:23j'étais parti aux Philippines
13:25pour parler des nouveaux territoires
13:27où l'État islamique essayait de s'implanter.
13:35Amène ton équipe.
13:37On va jusqu'à l'église.
13:39Les autres, vous couvrez l'arrière.
13:51C'est ici que la tuerie s'est produite.
13:55Les otages étaient agenouillés
13:59et les bourreaux les avaient habillés en orange.
14:01Ils les avaient menottés.
14:05Ils les ont abattus un par un,
14:07juste ici.
14:11En mars 2019, l'État islamique
14:13perd la bataille de Baghouz.
14:15Ça marque la fin territoriale de Daesh en Syrie.
14:17Et quelques mois plus tard,
14:19j'ai pu pénétrer dans une des prisons
14:21où étaient retenues et enfermées
14:23la plupart des djihadistes du groupe terroriste.
14:31Je dois toujours laisser passer le garde en premier.
14:37Je ne peux pas m'avancer plus.
14:41Peut-être qu'ils nous ont expliqué
14:43que plus on va loin dans la salle,
14:45plus c'est difficile
14:47de revenir vers la porte d'entrée.
14:49La vidéo avait fait le tour
14:51des réseaux sociaux à l'époque
14:53et j'avais l'impression d'avoir
14:55bouclé la boucle en rencontrant
14:57des membres de cette organisation
14:59qui terrorisait le monde.
15:23Et finalement, j'en viens à ce documentaire
15:25que j'ai réalisé en juin dernier pour Brutix,
15:27qui s'appelle « Le Stade Noir ».
15:33Le Stade Noir, c'était en fait
15:35la prison haraka des djihadistes de l'État islamique
15:37où ils torturaient et tuaient leurs prisonniers.
15:39Et pendant ce tournage,
15:41j'ai eu le sentiment que
15:43c'était peut-être la dernière fois que je travaillais
15:45sur l'organisation terroriste
15:47parce que c'est extrêmement difficile
15:49humainement
15:51et parce que
15:53je ne sais pas si j'ai envie de revivre
15:55encore ça, encore des tournages
15:57sur des crimes aussi violents,
15:59aussi inhumains.
16:05Quand je suis sorti de prison,
16:07j'ai dormi pendant un mois
16:09sur les genoux de ma mère.
16:13Au début, je dormais seul
16:15et je me réveillais terrifié.
16:17Je les voyais dans mes rêves
16:19venir me chercher et m'enlever à la mosquée
16:21ou à la maison.
16:23Je suis quand même content d'avoir filmé ce documentaire,
16:25de l'avoir fait.
16:27Mais je pense que la prochaine fois que je retournerai
16:29dans cette partie du monde,
16:31j'aimerais bien que ce soit pour raconter autre chose.
16:33Voilà, j'espère que cette vidéo vous a plu.
16:35Elle est un peu plus longue que d'habitude
16:37mais je me suis dit que ça pouvait vous intéresser.
16:39J'ai hâte de vous montrer la suite de ce que je prépare.
16:41Merci pour votre soutien et à très vite.