Pour Brut, Patrick Baud part à la découverte d'une ville sous la ville, les 300km de galeries souterraines interdites d'accès que l'on appelle les Catacombes de Paris.
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00:00J'aime, j'aime pas trop.
00:19Oh putain !
00:23Y'a des ossements partout par terre, on est vraiment obligé de passer par là ?
00:26On est avec Brut dans les anciennes carrières souterraines de Paris, qui sont plus connues
00:51sous le nom de catacombes.
00:52Alors si vous êtes prêts à découvrir la ville sous la ville, c'est parti !
00:56Le sous-sol de Paris, c'est plusieurs milliers de kilomètres de galeries qui contiennent
01:03notamment les égouts, le métro et les catacombes.
01:07Ce qu'on appelle les catacombes, en réalité, ce sont les anciennes carrières souterraines
01:11de la ville dans lesquelles on est allé chercher la pierre pour construire Paris.
01:14Et à elle seule, ces catacombes constituent près de 300 kilomètres de galeries.
01:19Alors parfois, au détour d'une galerie, on peut tomber sur ce genre de plaques qui
01:25nous indiquent en dessous de quelle rue on se trouve.
01:27Donc c'est vraiment comme si on était dans une version souterraine parallèle et inversée
01:33de la ville.
01:34Là, on voit vraiment le frontail.
01:46Ça, c'était vraiment les carrières à l'époque.
01:49Donc on voit la démarcation de Souchet, ici, qui est beaucoup plus meuble et qui permettait
01:55de détacher des énormes blocs de pierre.
01:57Ça et ça, on pourrait le détacher, là, si on voulait.
02:01Ça, c'est pas du tout de la consolidation ni rien, c'était vraiment le front carré.
02:06Ok.
02:07Mais il en reste encore un sacré paquet, hein ?
02:09Ouais.
02:10Ah, on ne pourrait pas finir à crever, là.
02:15Au XVIIIe siècle, il y avait tellement de galeries sous Paris que la ville menaçait
02:19de s'effondrer.
02:20Alors, on a créé l'Inspection générale des carrières pour consolider les sous-sols.
02:25Et la plaque que vous voyez ici marque la toute première consolidation, qui date de
02:291777.
02:30Et le « G » que vous voyez là, c'est pour Guillaumeault, qui était l'inspecteur
02:34général des carrières et qui, d'une certaine manière, a sauvé Paris de l'effondrement.
02:38Pendant la Seconde Guerre mondiale, on a construit des bunkers dans les catacombes.
02:52Et encore aujourd'hui, on peut en voir trois.
02:54Il y a un bunker de la Collaboration, un bunker de la Résistance et un bunker allemand dans
03:00lequel on se trouve actuellement.
03:01Donc, on peut encore voir les installations électriques, on peut voir de vieilles portes
03:05blindées comme celle-là.
03:06Et on trouve encore des inscriptions d'époque sur les murs.
03:09Contrairement à ce qu'on pourrait croire, l'eau qu'on peut voir dans ces galeries,
03:29ce n'est pas du tout l'eau des égouts.
03:31En fait, c'est une eau qui est très propre et les seules impuretés qu'on peut y voir,
03:34c'est le calcaire qu'on remue nous-mêmes en marchant.
03:37Donc là, vous voyez tous les petits escargots qu'on voit incrustés dans la roche, c'est
03:45des fossiles qui datent de l'époque où Paris était sous la mer, il y a environ 250
03:50millions d'années.
03:51C'est dingue.
04:22Toutes les œuvres qu'on peut voir dans les catacombes, toutes les installations, ça
04:44constitue une culture à part entière.
04:46Cette culture, elle est entretenue par une véritable communauté souterraine qu'on
04:53appelle les cataphiles.
04:54Alors, est-ce que tu peux nous dire ce que c'est que les cataphiles ?
05:00Je dirais que comme son nom l'indique, c'est ceux qui aiment les catas, donc on peut venir
05:05y chercher de la tranquillité, mais on peut venir aussi y faire la fête, y voir ses amis.
05:09Et tout ça, en effet, ça crée une grande communauté avec des gens très différents
05:13mais tous reliés par cette même passion des catas.
05:17On est coupé du monde extérieur, on n'a pas nos téléphones, on arrête d'être
05:23connecté en permanence, on est juste à l'instant présent avec les personnes qui
05:28nous entourent à ce moment-là.
05:29Avant Internet, les cataphiles se laissaient des messages sur papier qu'ils cachaient
05:46dans les catacombes, mais aujourd'hui la tradition continue et on peut parfois trouver
05:51des tracts.
05:52En général, il y a la date à laquelle le tract a été déposé, le nom du cataphile,
06:08et là c'est des actualités scientifiques.
06:10On peut voir que c'est le numéro 34 sur 50, donc il y en a encore 49 qui sont disséminés
06:17dans les catacombes.
06:18C'est ouf ! Il y a une espèce d'agglomération d'ossements qui ressemble un peu à un nid
06:43de guêpes.
06:44On dirait un peu une espèce d'installation artistique là aussi, très macabre et flippante.
06:50On n'a vraiment pas envie que ça nous tombe sur la gueule.
06:54Au XVIIIe siècle, les cimetières de Paris débordaient littéralement, en particulier
07:02celui des innocents, qui était devenu un vrai problème de salubrité publique.
07:06Il y avait des odeurs cadavériques insupportables pour la population, donc on a transféré
07:11les ossements dans les catacombes, en sous-sol.
07:14Aujourd'hui, on peut voir des ossements de milliers de Parisiens qui se sont retrouvés
07:21entassés ici, dans l'anonymat le plus total.
07:24Les catacombes sont visitées depuis des siècles, et on y trouve des traces de toutes les générations
07:34qui s'y sont succédées.
07:35Ici par exemple, on peut voir un dessin au Fusain qui date de la révolution de 1848,
07:40avec ici un garde national, et devant lui, un insurgé.
07:43Parfois, en sortant d'un passage très exigu, on peut déboucher sur une salle immense,
08:02comme celle-ci, une des salles les plus mythiques des catacombes, qu'on surnomme la plage,
08:07à cause du sable qu'on peut voir sur le sol.
08:09Les catacombes, on l'a vu, peuvent être considérées comme un musée historique,
08:14puisqu'il y a des traces de toutes les époques sur les murs, mais c'est aussi un musée
08:18d'art, puisqu'on peut y trouver tout un tas de créations, comme des sculptures,
08:22comme ce golem qui soutient le plafond, qu'on appelle le ciel, ici.
08:26Et ce n'est pas tout, il y a aussi énormément de fresques et de peintures qui datent de
08:30toutes les époques.
08:31Pour faire un petit récapitulatif historique, ce lieu, au départ, c'était une carrière,
08:36puis c'est devenu la cave d'une brasserie, ensuite, ça a été converti en abri de
08:41défense passive, et dans les années 70, on a recouvert le sol de sable pour remblayer
08:48le sol, pour augmenter un petit peu la hauteur.
08:50Et bon, je vous parlais de peinture tout à l'heure, la peinture, la fresque la plus célèbre
08:55de ce lieu, plage oblige, cette superbe reproduction de la vague de Okuzaï.
09:06Ici, on peut voir une des fresques les plus spectaculaires des catacombes, c'est une adaptation
09:20du célèbre tableau de Böcklin, Lilomor, et elle a été peinte en une année par l'artiste
09:25Lonsloane.
09:26Alors, à la base du tableau, on peut voir un palindrome en latin qui dit « nous tournons
09:32en ronde dans la nuit, et nous sommes consumés par le feu ».
09:36Comme elle représente la face sombre et cachée de la ville, les catacombes ont toujours suscité
09:45des tas de fantasmes ésotériques, et au XIXe siècle, par exemple, il y avait des charlatans
09:50qui faisaient descendre les gens de la bonne société dans les sous-sols pour leur présenter
09:55le diable.
09:56Il y avait toute une mise en scène, on faisait venir des boucs, il y avait des complices
10:00qui faisaient des bruits un petit peu flippants, c'était un spectacle son et lumière, et
10:04ce qui est intéressant, c'est qu'encore aujourd'hui, on peut croiser le diable au
10:07détour d'un mur.
10:08Quand je suis sous terre, je me sens sereine, apaisée, je me sens bien.
10:24Et pour moi, c'est aussi un endroit dans Paris, sous Paris, qui est le plus grand endroit
10:32naturel de cette ville, on est entouré de pierres, alors ça ne ressemble peut-être
10:37pas de la nature pour tout le monde, mais si, on est entouré de nature brute, il n'y
10:44a pas d'animaux, il n'y a pas de plantes, mais il n'y a pas d'endroit plus naturel
10:48pour moi à Paris qu'ici.
10:50Alors je tiens à préciser que cette vidéo a pour but de vous faire découvrir le monde
10:58souterrain des catacombes, mais pas du tout de vous inviter à y descendre, d'abord
11:02parce que ce n'est pas cible d'amende, et ensuite parce que ça peut être très
11:05dangereux, personnellement je ne serais jamais descendu si je n'étais pas accompagné
11:09par une équipe de gens habitués et entraînés.
11:11Donc si vous voulez découvrir le Paris souterrain, je vous conseille plutôt de visiter les catacombes
11:15officielles qui se trouvent place d'enfer Rocheron.