• il y a 3 jours
Ces endroits ont marqué sa mémoire. Dans son livre "Paris Émois", Michel Field raconte ses souvenirs parisiens. Brut l'a suivi dans les rues de la capitale.
Transcription
00:00C'est le quartier qui a été martyrisé par les attentats.
00:03On est à deux pas du siège de Charlie.
00:05Quand on perd quelqu'un, un être très cher,
00:08on a un mal fou à revenir ou à même être dans le quartier qui l'incarnait.
00:14Et quelquefois, on se voit faire des détours, même inconscient,
00:17juste pour paraviver la douleur de l'absence.
00:21Le 11e, pour moi, c'est un peu ça.
00:23Il y a un truc, je trouve, comme dans l'atmosphère du 11e,
00:28quelque chose qui sent la mort encore.
00:34Je pensais ne jamais pouvoir remettre les pieds dans cette salle
00:37que j'ai beaucoup fréquentée.
00:39Puis le hasard de la télé, pendant le confinement et tout,
00:43on a pu enregistrer un concert de Ninho et c'était au Bataclan.
00:47Et donc, j'ai pénétré ce lieu pour la première fois depuis les attentats.
00:52Et j'étais, mais noué de partout, j'étais mâle.
00:56Je t'emmène ?
00:59Bon, ben là, vous voyez, c'est les bureaux du ministère de la Culture.
01:03Il n'y a plus mal placé.
01:05Ce qui est très amusant avec les colonnes de Buren,
01:08c'est qu'on n'imagine pas un espace aussi apaisé et pacifique.
01:13La guerre civile verbale que ça a constitué,
01:19ce geste-là d'art contemporain,
01:22il y a eu des menaces de mort sur Buren, sur Django,
01:26des insultes.
01:27Mais à chaque fois qu'il y a eu une innovation comme ça dans Paris,
01:29ça a été le cas.
01:31On ne le sait pas, mais quand la Tour Eiffel était érigée,
01:33il y a eu une pétition d'intellectuels et d'écrivains,
01:36excusez du peu, signée par Zola, par Maupassant,
01:40par Alexandre Dumas, fils et tout,
01:44et qui parle de la profanation de Paris par la Tour Eiffel.
01:48Vous voyez, à chaque fois, c'est toujours le même délire
01:51avec quelque chose de l'esprit,
01:54avec quelque chose de l'espace tel qu'il est, sacré,
01:57il ne faut pas y toucher.
01:59On n'est pas obligé de tout aimer,
02:01mais essayons aussi de nous projeter sur ce que sera la ville
02:04dans 50 ou 70 ans.
02:07Et le geste audacieux d'un moment devient le patrimoine
02:10de la génération d'après.
02:12On va croire que Brut a les moyens de payer des figurants
02:15pour ce limonaire, je suis tellement parisien.
02:18Et voilà, on arrive à Saint-Austache et à ce parvis des Halles.
02:22Ça n'a pas arrêté de changer, c'est ça qui est...
02:25Moi, quand j'ai habité les Halles,
02:26j'ai habité une dizaine d'années juste de l'autre côté.
02:30Le quartier était à peine remis du traumatisme,
02:32et c'est là que j'ai trouvé l'idée d'un quartier
02:34qui est un quartier qui est un quartier qui est un quartier
02:37qui est un quartier qui est un quartier qui est un quartier
02:39qui est un quartier qui est un quartier qui est un quartier
02:41de la destruction des bâtiments en Baltas.
02:44Imaginez que tout cet espace-là n'était qu'un énorme trou
02:48et un énorme chantier.
02:50Et puis, petit à petit, il y a eu la construction du Forum numéro un.
02:54C'était encore dans la mémoire vivace des habitants des Halles.
02:58Nouveau projet, on refait le Forum des Halles.
03:00Et puis, ça a donné ce qu'on va découvrir là, en marchant,
03:03c'est la canopée.
03:04Alors, pourquoi c'est un endroit magique ?
03:08D'abord parce que c'est vraiment le coeur de Paris
03:10et son ventre, enfin, son coeur battant.
03:14Depuis que Paris existe, les Halles,
03:16c'est le lieu où tout se jouait.
03:18Bien évidemment, à cause de l'alimentation.
03:21Mais au-delà même, c'est toujours le lieu
03:24où Paris a accueilli ses autres.
03:26Et ce qui est génial avec l'ERER, c'est que,
03:29j'allais dire, tous les samedis, c'est ça.
03:31C'est-à-dire que tous les samedis, toute la jeunesse de banlieue vient.
03:34Et t'as donc le noyau dur de Paris, le vieux souvenir des Halles,
03:38des Ford et Halles et tout, qui sculptine avec la...
03:42et qui percute avec ce qu'est aujourd'hui la réalité de Paris,
03:45c'est-à-dire une jeunesse qui est à la fois dans la ville et hors la ville.
03:54Alors là, on est rue Aux Ours, c'est le centre de Paris.
03:57Le boulevard Sébastopol est à deux pas.
03:59Et puis, on est devant un monument de la communauté homo-parisienne.
04:04C'est le Dépôt.
04:05C'est une des grandes boîtes qui a inauguré un petit peu
04:10la visibilité des courants homos dans le monde de la nuit.
04:14J'y avais fait une émission il y a très longtemps, au début des années 2000.
04:20Et c'était assez drôle de voir l'équipe qui venait de province,
04:25l'équipe technique, dans ce lieu désert,
04:27mais où il y avait plein d'images, évidemment, de gays dans des positions
04:31plus que suggestives, être un peu tétanisés.
04:35Dans le livre, vous racontez que la spécialiste du parkour dans Paris,
04:38c'était votre mère.
04:39Qu'est-ce qu'elle aurait pensé du parkour qu'on a fait aujourd'hui ?
04:42Je pense qu'elle nous aurait béni de façon laïque.
04:47Et je pense qu'elle nous aurait emmerdé sur l'itinéraire qu'on a pris
04:51parce qu'elle en aurait eu un bien meilleur, un peu plus court.
04:55C'était le grand jeu quand j'étais gosse ou ado,
04:59parce qu'elle avait une connaissance absolument incroyable.
05:02Je pense qu'elle m'a beaucoup communiqué cet amour-là.
05:05Et du coup, on disputait, comme on disait Naguère,
05:08on disputait des parkours et des itinéraires, on se marrait bien pour ça.

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