Un déjeuner à l'hôpital : le désarroi de soignants face aux doutes sur les vaccins

Brut

25/03/2025

Le désarroi de soignants face aux doutes sur les vaccins, y compris chez certains de leurs collègues.

Notre journaliste Benoît Le Corre était avec eux lors de leur pause déjeuner et a pu filmer leur conversation dans un hôpital d'Île-de-France.

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00:00Je suis professionnel de santé, donc au contraire, si je dois me faire vacciner, je le ferais, mais là, je me sens pas au confiant.

00:05Je me dis, on n'a pas assez de recul, tout le monde défend ça comme si c'est la solution, le truc, etc.

00:11De par le fait qu'on soit à l'hôpital tout le temps et donc ultra confrontés au Covid,

00:15on est des sources énormes de Covid et en même temps, on est tellement...

00:20Enfin, majoritairement, on est jeunes, on n'a pas de comorbidité, donc il y a aussi des chances qu'on soit asymptomatiques

00:26et ou qu'on fasse des petits Covid pas très graves.

00:30Mais donc, pour nous, ce sera pas grave. Égoïstement, pour nous, il y a peu de chances que l'un de nous en meurt, quoi.

00:36Le problème, c'est que si tu le donnes à une personne qui a 65 ans, des comorbidités, qui a de l'hypertension,

00:41ou si tu le donnes à quelqu'un qui a 70 ans, de toute manière, tu vas faire partie de la propagation et pour moi, c'est inadmissible.

00:48De me dire que je fais médecine pour sauver des gens, mais que potentiellement, je vais le filer à quelqu'un

00:53parce que j'ai trop peur de faire un vaccin alors qu'il y a très, très, très peu d'effets envisageables, c'est pas possible.

00:58Je sais pas pour vous, mais pour moi, c'est pas possible.

01:00Il y a des incohérences, par exemple, quand on revoit les images de Olivier Véran, il y a un an, où il dit

01:05« le port du masque en population générale n'est pas utile », un an plus tard, ça nous fait rigoler, on est bien d'accord.

01:12C'est pour ça que les gens, je pense, aujourd'hui, les gens sont vachement réticents, sont vachement méfiants.

01:18Et que ça se trouve, en fait, dans trois semaines, bah le vaccin, bah merde, en fait, il y a plein d'effets secondaires,

01:23on n'est pas au courant, on sait pas, donc vous avancez sur un truc que, effectivement, on n'a pas trouvé.

01:29Il y a quand même pas un an de test, un an d'essai clinique sur les vaccins, c'est quand même pas mal.

01:35Mais après, je trouve l'erreur qu'on fait en tant que médecin, c'est de dire à ces gens-là « n'oubliez pas, vous pouvez le vacciner,

01:40c'est n'importe quoi », et de ne pas leur expliquer, tu vois, l'erreur qu'on fait, c'est de...

01:43Mais je crois pas qu'on fait ça, on fait ça ?

01:44Mais je pense qu'il y a des gens...

01:46Je pense qu'il y en a qui le font...

01:47Je pense qu'il y en a qui l'ont fait, mais je sais pas ce qu'ils l'ont fait.

01:49Non ! Moi, j'explique quand je peux expliquer.

01:52Donc j'explique toujours tout. Et c'est pareil pour le vaccin, c'est pareil pour l'acnéomopathie Covid.

01:57Le problème, c'est que face à des arguments irrationnels, c'est de la magouille, il y a eu un complot,

02:04mais tout de même, c'est le gouvernement, ça se trouve, ils ont payé, je sais pas, peut-être qu'il y a des riches

02:10qui ont décidé de créer un vaccin dans un laboratoire. En fait, ils ont le vaccin depuis des années et tout.

02:15Mais t'as aucune prise !

02:18Non, franchement, je...

02:20T'as aucune prise ? T'es là ?

02:21Non, je pense plus, je suis fatigué.

02:23Moi, je soins, je fais tout ce que je peux.

02:27En fait, l'hôpital, c'est comme une mini-représentation de la société, tu vois.

02:31T'as différentes classes sociales.

02:33Quand tu vas du bas de l'échelle jusqu'au cadre, jusqu'au médecin, c'est une représentation de la société.

02:38Et on voit qu'on a exactement le même modèle que la société, c'est-à-dire que les personnes qui font le plus d'études se font vacciner,

02:43et après, plus t'arrives dans les mains d'oeuvre des classes inférieures, moins t'es convaincu.

02:50Ils sont pas confrontés à des gens qui leur expliquent spontanément, parce qu'eux, ils vont pas comprendre directement les études,

02:56et puis ils vont pas les chercher, etc.

02:58Donc en fait, les seules voix qu'ils entendent, c'est les voix les plus dissidentes, c'est ce qu'on entend le plus dans la presse,

03:04c'est les gens qui disent, mais qu'est-ce que vous, machin, et c'est pas nous qui passons notre temps à dire aux gens,

03:11bah écoutez, voilà, c'est comme ça que ça marche, y a pas de risque, parce que, machin, machin, machin.

03:17Mais moi, je me suis déjà pris la tête dans les équipes des stages précédents sur la grippe.

03:23La grippe, c'est un truc que j'arrive pas à comprendre.

03:25Je suis quand même une pro-vaccin-grippe, et ça c'est pareil, j'étais pas forcément pour avant de rentrer à l'école,

03:31et je me suis fait convaincre un jour par un médecin qui m'a expliqué, qui réfutait tout ce que je disais sur les effets secondaires,

03:40sur, oui, mais on attrape la grippe quand même, on est malade, tout ce que pense la population lambda, d'ailleurs.

03:46Y a des explications à tout, en fait, non, le vaccin ne donne pas la grippe, oui, on peut attraper la grippe en étant vacciné,

03:53pourquoi ? Parce que le virus mute, tous les virus, enfin, voilà, j'ai compris ça, et je pense que c'est un devoir, en tout cas en tant que médecin,

04:02en tant que soignant, de faire le vaccin contre la grippe, et il en sera de même, je pense, pour la Covid.

04:11C'est quelque chose, le vaccin, dont vous parlez entre vous ?

04:14Tous les jours, on en parle, tous les jours.

04:17Parce que très souvent, on vient nous demander, effectivement, quand il reste des vaccins, voilà, et quand il reste des doses en fin de journée,

04:24qui veut se faire vacciner ?

04:26Il y a celui qui fuit, et il y a ceux qui sont déjà vaccinés.

04:29Très très souvent, c'est des noms radicaux.

04:34Ça va être obligatoire.

04:36J'y crois pas.

04:37On a cette conversation tous les jours.

04:40Tous les jours, au moment du repas, c'est comme la famille, on se dispute au moment du repas.

04:46Ça te frustre ?