"Black Blanc Beur, aujourd'hui, il n'est plus du tout positif ce slogan. C'est exclusif de tout un tas de personnes."
Brut est partenaire du Nikon Film Festival. Pour en savoir plus et participer jusqu'au 17 février : www.festivalnikon.fr
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00:00C'est de l'adrénaline, tu vois, c'est obligé le gars, c'est un tonque le machin, tu peux rien faire.
00:04Oh les gars, c'est raciste un vrai Black Blamber.
00:06On a réalisé Black Blamber dans le cadre du Nikon Film Festival, qui avait comme thème à cette époque une génération.
00:11Et nous, avec Princia, on est parti de l'idée de notre génération, la génération Black Blamber.
00:16C'est un slogan qui, il y a des années, était déjà une sorte de révolution,
00:21mais en fait aujourd'hui, les représentations changent en fait et s'ouvrent,
00:25mais il n'est plus du tout positif en fait ce slogan.
00:28Donc c'était Black Blamber, aujourd'hui c'est exclusif de tout un tas de personnes.
00:35C'est pas que moi qui ai exclu tout ça, c'est tous les asiates, tous les hindous, tous les autres.
00:39Mais pourquoi tu me parles en fait là ? Tu vois pas que je suis en train de raconter ma vie à Oussam là ?
00:43Respire mon frère là !
00:44Ah mon frère maintenant ? Tu m'as vu, je suis blanc, je suis black, je suis beurre ?
00:47Ah mais tu es jaune aussi.
00:48Et alors ?
00:49Et alors ? Black, blanc, beurre, jaune, t'es teubé, ça marche pas, tu l'entends pas ou quoi là ?
00:52Ah faudrait une couleur ambi.
00:54Banane !
00:55Je vous parle sérieux, bande de bâtards !
00:57Toi le bâtard, tu vois pas, nous sommes tous dans la même galère.
00:59On n'a pas eu l'euro pour s'acheter un ballon.
01:01Ouais, nous sommes tous dans la même galère, mais moi c'est encore pire.
01:03Moi je suis invisible.
01:04Revoyer la haine, par exemple, qui est le film qui représente vraiment Black Blamber,
01:08la génération Black Blamber, et où il n'y a pas de rôle féminin,
01:11où il y en a peut-être un qui est un rôle qui assigne la femme à une position assez faible.
01:17Et donc on est parti de cette génération,
01:20et on a voulu en deux minutes passer de celle-ci à celle d'aujourd'hui,
01:23qui pour nous est une génération beaucoup plus inclusive.
01:26Donc on a découpé vraiment notre film en deux traitements très différents.
01:31Le premier, qui représente la génération Black Blamber,
01:34on l'a enfermé dans un cadre plus serré, carré,
01:37un cadre fixe, noir et blanc, avec que des hommes à l'écran.
01:41Et ensuite, peu à peu, l'écran s'ouvre vers la nouvelle génération,
01:45en couleur, beaucoup plus en mouvement, avec des femmes,
01:49et avec des femmes qui sont dans une stature et dans une situation un peu de pouvoir.
01:56Quand on arrive sur cette nouvelle génération, qui se pose des questions d'inclusivité,
02:10mais d'inclusivité du coup, c'est les couleurs de peau, c'est les origines, c'est aussi les genres.
02:15Et ça pour nous, on s'est dit, ça a un joli clin d'œil au drapeau LGBT+,
02:19parce que ça parle de tout ce spectre qui s'ouvre aujourd'hui.
02:22Et ce qui est génial, c'est qu'aujourd'hui, les jeunes se posent ce genre de questions.
02:25Alors que nous, on ne se les posait pas.
02:28Et c'est normal pour eux. Pour nous, il y a encore un réflexe de,
02:32les personnes LGBT+, par exemple, ils sont différents, ou il y a une marginalité quelque part.
02:37Et dans la nouvelle génération, c'est comme si le sujet ne se pose même pas.
02:40Avec Mathieu, on a conscience qu'en fait, faire un film, ça crée un certain imaginaire,
02:49ça crée des traces, ça crée des manières d'appréhender la vie, donc c'est tout sauf anodin.
02:54On considère que toute œuvre d'art est politique, le geste est politique,
02:58comme disait Princea, on montre des images au monde,
03:00donc on a une responsabilité vis-à-vis de ces images,
03:02et autant s'en servir pour essayer de raconter quelque chose, d'énoncer ou de proposer.
03:08Qu'est-ce que vous répondez à la critique qu'on pourrait vous dire de,
03:11c'est bien gentil, des Blancs qui font des films sur des personnes racisées,
03:15c'est aux personnes racisées de raconter leurs propres histoires ?
03:17Alors nous, on peut raconter notre manière de faire, en fait.
03:20Ça fait 3 à 4 ans qu'on travaille avec des jeunes des quartiers,
03:23on apporte des sujets, un scénario préécrit, mais après c'est un vrai dialogue avec eux,
03:28on va dans un théâtre, et en fait on est tous sur scène, on improvise,
03:31et ils s'approprient en fait l'œuvre d'art, c'est vraiment un échange même au stade de l'écriture,
03:38donc c'est leur mot, en plus on a un lien avec eux qui remonte maintenant,
03:44un lien affectif, un lien de confiance, donc ils osent nous dire les choses,
03:48ils osent nous dire non ça ça nous dérange, ça ça nous questionne,
03:51on aimerait plus ci, on aimerait plus ça,
03:53donc nous on est Blancs, mais en fait c'est une vraie rencontre,
03:57donc notre travail c'est lié à une rencontre avec des Noirs, des Arabes, des Asiatiques,
04:05enfin des femmes, donc c'est une histoire de rencontre,
04:09donc moi j'ai aucun problème de faire des films sur la diversité.
04:12Et après il y a aussi une question qu'on s'est posée très tôt avec Princia,
04:15donc ça fait aussi partie de ce travail de déconstruction de cinéastes,
04:18c'est qu'on s'est rendu compte que jusqu'à un certain âge, à l'école par exemple de cinéma,
04:22on faisait des films de Blancs, on filmait des Blancs parce qu'on est Blancs,
04:25et en fait à un moment donné le cinéma il n'avancera pas si les Blancs font que des films de Blancs,
04:29parce qu'en plus c'est eux qui ont les positions de pouvoir,
04:31et si on attend seulement que les personnes racisées s'octroient leurs histoires,
04:34il faut qu'elles le fassent massivement,
04:36mais il faut que nous aussi on fasse des films qui représentent la société,
04:39et la société elle n'est pas blanche, et elle n'est pas hétéro, et elle n'est pas mec.