• il y a 3 jours
Lionel aussi est prof d'histoire-géo. Lui aussi enseigne à ses élèves la liberté d'expression à travers les caricatures. Et il continuera à le faire.

Brut l'a rencontré à Conflans-Sainte-Honorine lors de l'hommage à Samuel Paty.

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Transcription
00:00Je pense que l'erreur serait de dire, finalement, notre liberté d'expression, on doit la limiter.
00:05Je pense que si on fait ça, on perd notre liberté pédagogique, en fait, on perd notre cœur de métier.
00:09Moi, si j'ai fait ce métier, c'est pour susciter, évidemment, une interaction avec les jeunes.
00:14Si je n'ai pas envie d'avoir cette interaction-là, je ne fais pas ce métier-là.
00:18Nous, on traite en histoire, géographie, UMC, des sujets qui sont toujours sensibles,
00:22parce que ce sont des sujets de société, tout simplement.
00:25Donc, que ce soit ancien ou présent, il faut amener l'élève par le biais de notre liberté d'expression
00:32et leur montrer qu'on est dans un pays où on peut s'exprimer librement, mais qui a évidemment un cadre.
00:36Et vous montrez-vous ces caricatures ?
00:38Oui, tout à fait.
00:39Et comment ça s'est passé avec vos élèves ? Vous avez été confrontés aussi à des difficultés ?
00:42Vous avez des élèves qui vont vous dire, mais ça ne se fait pas, en fait.
00:45En effet, là, on leur explique qu'en effet, ça fait partie de la liberté, évidemment, d'expression.
00:50De ne pas être pour une caricature, d'être marqué ou choqué.
00:54Alors, souvent, je leur montre un peu une évolution des caricatures de Charlie Hebdo,
00:58pour leur montrer qu'en fait, il n'y a pas que l'islam.
01:00Parce que derrière, on peut avoir un discours qui serait réducteur que sur l'islam caricaturé.
01:03Je leur montre une caricature des rabbins, des prêtres, le pape, etc.
01:08Donc, je leur montre qu'en effet, pour le croyant, ça pose un problème.
01:11Pour le croyant, on dit souvent que c'est blasphème, mais en France, il n'y a plus de blasphème.
01:14Alors, je leur explique un petit peu pourquoi, en fait, le blasphème a disparu.
01:17Donc, souvent, quand on met du contexte, c'est qu'on les laisse aussi argumenter, expliquer.
01:23Parce que le but d'un débat, ce n'est pas que tout le monde soit d'accord.
01:26Sinon, ce n'est qu'un débat.
01:28C'est d'essayer de comprendre pourquoi telle ou telle personne n'a pas les mêmes idées,
01:31et essayer de leur faire comprendre qu'on peut avoir des idées différentes,
01:34mais on peut quand même vivre ensemble.
01:36Et que si on est blessé par quelque chose, on peut faire des actions en justice, des actions légales.
01:40C'est-à-dire débattre, mais pas abattre.
01:42Donc, ça, c'est important.
01:44En général, c'est des débats qui sont passionnés.
01:46Moi, j'en fais vraiment sur beaucoup de thématiques.
01:48Alors, c'est la liberté d'expression.
01:49Ça peut être sur la question, justement, de l'intolérance religieuse, des discriminations raciales,
01:54ou bien des décolonisations dans le cadre des Troisième, par exemple.
01:58Donc, c'est des débats qui ne sont jamais simples,
02:00parce que ce sont des sujets qui sont très complexes en soi, en fait.
02:03Ce n'est pas simple pour nos jeunes, parce qu'ils n'ont pas forcément toujours les codes de communication
02:07ou les bons outils pour comprendre tout ça.
02:09Donc, nous, notre rôle en tant que professionnels, c'est de les amener à avoir ça.
02:13C'est ça, la mission la plus difficile et la plus ambitieuse, en fait, de notre métier.
02:18C'est de les amener à avoir un esprit critique, d'interroger la source, d'interroger leurs émotions,
02:23de faire la différence entre l'émotion, donc un jugement, et finalement une analyse factuelle.
02:28Voilà, c'est tout ça qu'on essaie de travailler.

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