En Seine-Saint-Denis, on s’organise pour faire face au confinement, comme ici, à Clichy-sous-Bois, où a eu lieu une distribution organisée par ACLEFEU et le centre social Toucouleurs, avec le soutien de la Fondation Abbé Pierre.
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00:00Nous, ça fait 50 ans qu'on est dans le confinement, dans des bâtiments de 20 étages, à 5 familles.
00:05Moi, je connais des étudiants, ils font leur études tranquillement dans les escaliers,
00:10parce qu'ils se retrouvent avec leurs frères, sœurs, la fac est fermée, l'université, la bibliothèque.
00:15Aujourd'hui, vous allez dans les escaliers, vous rencontrez tous les étudiants.
00:17Quand on dit que les gens ne respectent pas nos couvre-feux dans les banlieues,
00:22on n'a pas vraiment le choix.
00:24On doit continuer à vivre, on n'a pas 100 mètres carrés.
00:27La Seine-Saint-Denis, c'est le premier département qui est plus touché qu'à Paris.
00:31On n'a pas de maison en province.
00:33Moi, je n'ai pas de résidence secondaire.
00:35J'habite dans une barre de 17 étages, mon ascenseur ne marche pas, je dois rester à 5 familles.
00:39Il y a 2000 personnes dans mon bâtiment.
00:41Ce n'est pas facile de regarder la télé et d'avoir la présidence, d'entendre que c'est la guerre, etc.
00:57La Seine-Saint-Denis, c'est le premier département qui est plus touché qu'à Paris.
01:00On n'a pas de maison en province.
01:02Moi, je n'ai pas de résidence secondaire.
01:04J'habite dans une barre de 17 étages, mon ascenseur ne marche pas, je dois rester à 5 familles.
01:07Ce n'est pas facile de regarder la télé et d'avoir la présidence, d'entendre que c'est la guerre, etc.
01:19Le circuit, il est là, donc il faudrait des personnes à la distribution.
01:24Donc, on mettra les femmes en premier, bien entendu, pour la distribution,
01:30et derrière, une deuxième personne pour ravitailler.
01:33On tient tous à vous remercier, à toutes les bénévoles et à tous ceux qui sont venus.
01:37On est tous au même niveau.
01:39Je crois que là, on va être obligés d'y aller, ça descend jusqu'en bas.
01:42Pour gagner du temps tout à l'heure, quand les gens vont rentrer,
01:44on a essayé de tout préparer pour que les gens puissent arriver,
01:48suivre, regarde si tu vois bien, le métrage de sécurité,
01:52pour éviter qu'on se contamine les uns les autres.
01:56Et puis, ils vont suivre un peu la flèche, terminer, sortir par là-bas,
02:00et puis rentrer tranquillement chez eux.
02:02Parce que le message qu'on a à leur faire passer aussi, c'est de rester chez eux après.
02:13Ça va, il y a la police municipale et la SGP qui nous aident à gérer les distances à 1 mètre.
02:18Là, comme tu vois, ils notent leur nom.
02:22Excusez-moi, on essaie de respecter 120 mètres.
02:27Là, ils notent leur nom.
02:29Et après, ils avancent à la chaîne.
02:31Ça commence par les boissons, les fruits, et ça va jusqu'au fromage, au yaourt, au produit laitier.
02:41Beaucoup de gens vivent au jour le jour, par exemple, dépensent leur salaire,
02:45ne mettent pas de côté, ne la polisent pas.
02:47Et d'autres qui, malheureusement, sont nombreux dans le sein de la famille
02:52et n'ont pas les moyens de se nourrir.
02:54Ça me peine énormément, d'où ma place ici.
02:57Le souci, c'est qu'aujourd'hui, il n'y a plus de marché.
03:00Les gens qui avaient un petit budget pour faire en course au marché ne peuvent plus.
03:04Et les prix ont augmenté dans les grandes surfaces.
03:07Quand vous payez pour jeter 1 euro au marché et que vous allez à un centre commercial,
03:11il y a 4 euros, ce n'est pas possible pour une famille monoparentale d'ouvrir à ses enfants.
03:15Donc tous les prix flambent et malheureusement, les gens n'y arrivent plus.
03:19Ils doivent payer l'électricité, leur loyer, garder les enfants à la maison.
03:25Donc voilà, ce n'est pas facile aujourd'hui.
03:29Les familles, malgré ce qu'on leur a dit, en 11 heures, ils sont venus à 9 heures.
03:41Dans les quartiers populaires, il y a une super grosse précarité.
03:44Cette précarité se ressent de plus en plus.
03:46Plus le confinement est dans la durée, plus on s'aperçoit qu'aujourd'hui,
03:50les inégalités ressurgissent encore plus.
03:53Donc on a aujourd'hui tous ceux qui travaillaient sur le travail au chômage partiel,
03:57ceux qui sont licenciés,
03:59ceux qui faisaient des petits ménages pour arrondir leur fin de mois
04:02et ceux qui ont leurs enfants à la maison parce qu'ils ne sont plus à la cantine.
04:05Donc ils se sont mis bout à bout, ça fait un coût supplémentaire.
04:09Et les gens ne peuvent plus arriver à payer tout ça.
04:12Alors, le confinement aujourd'hui, il n'est pas le même pour certains.
04:17Quand on voit les gens sortir dehors, ce n'est pas pour aller se balader,
04:20c'est par nécessité alimentaire.
04:22Contrairement à certains qui ont le temps d'aller faire du vélo ou de promener leur chien.
04:26Là, les gens sortent vraiment par nécessité alimentaire.
04:29Donc il y a ce confinement dans des petits logements
04:32où les familles vivent à 8, à 9,
04:35parce qu'on n'a pas réglé la situation du logement.
04:40C'est-à-dire qu'en gros, il y a des familles qui s'agrandissent
04:44et continuent à rester sur des appartements de 3 pièces au lieu d'avoir un 4 pièces, et ainsi de suite.
04:48Je ramène la bouffe.
04:50J'ai 4 enfants à la maison.
04:53Comme je n'ai rien à la maison pour les enfants,
04:55je vais essayer de passer pour voir s'il y a quelque chose.
04:58Quand j'arrive, je voyais qu'ils donnaient à manger.
05:01Je viens, comme ça.
05:03Parce que les enfants, ils sont à la maison, ils restent à la maison, enfermés à la maison.
05:07On doit les nourrir, donner à manger, faire tout pour les enfants.
05:12Voilà.
05:13C'est les gens qui sont les plus vulnérables,
05:15parce qu'ils ont été très mal soignés à la base,
05:17parce qu'effectivement, il y a cette question d'obésité.
05:20Il y a une partie de maladie dans ces quartiers,
05:24parce que les gens qui y vivent, malheureusement,
05:26n'ont pas les conditions comme les autres de pouvoir vivre dignement.
05:29Et les habitants des quartiers populaires, bien sûr, c'est des travailleurs.
05:32C'est aussi eux qui, aujourd'hui, sont et font le ménage,
05:35qui sont caissières, qui sont chauffeurs, livreurs,
05:38qui sont coursiers, qui sont éboueurs,
05:41qui clairement n'ont pas la possibilité de travailler chez eux, de faire du télétravail.
05:44Et l'après confinement, j'espère, honnêtement, qu'on repensera différemment
05:49et qu'on prendra à bras le corps ce qu'on dénonce depuis 30 ans dans ces quartiers.
05:53Tant qu'on ne remettra pas de justice sociale dans ces quartiers,
05:55on se retrouvera, malheureusement, à gérer ce genre de situation.