Pendant ce temps-là, les pompiers aussi sont en colère.
Agressions, manque de moyens… Depuis lundi, quelques dizaines d'entre eux campent sur la place de la République à Paris pour dénoncer leurs conditions de travail.
Agressions, manque de moyens… Depuis lundi, quelques dizaines d'entre eux campent sur la place de la République à Paris pour dénoncer leurs conditions de travail.
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00:00Imaginez que vous êtes en train de boody-boody votre sang,
00:02ou quelqu'un approche, se vide de votre sang,
00:04et qu'il faut les secours très très très rapidement,
00:06et que vous les arrivez 20 minutes après.
00:08Vous n'avez pas un petit peu, un petit problème quoi ?
00:10Vous n'allez pas les accueillir en disant
00:12« Bienvenue, on venait boire un coup ! »
00:13Non, vous êtes énervé, vous êtes en colère.
00:15Et c'est qui que vous prenez ? Bah pas la direction,
00:17parce qu'ils ne sont pas sur les deux bouts.
00:18Vous prenez en face les pompiers, qu'on fait le plus vite.
00:20En même temps, comment on peut en vouloir à la population,
00:22quand on met 50 minutes, 40 minutes, une demi-heure
00:24à arriver sur une intervention pour une urgence,
00:26parce qu'on manque de monde.
00:28On a des magnifiques camions dans les casernes,
00:30ils sont tous pleins, les casernes sont remplies de camions.
00:32On n'a personne à mettre dedans, c'est pas qu'un problème.
00:34Pendant ce temps-là, à Paris,
00:36sur la place de la République,
00:38depuis lundi, quelques dizaines de sapeurs-pompiers
00:40ont établi un campement
00:42pour dénoncer leurs conditions de travail
00:44et les agressions qu'ils subissent au quotidien,
00:46une initiative du syndicat Sud-SDIS.
00:50On a organisé cette manifestation
00:52pour prévenir la population
00:55de l'état de détresse où se situe
00:57la profession de sapeurs-pompiers.
00:59Aujourd'hui, peut-être qu'il faut changer
01:01les façons d'agir
01:03et on s'est dit, pourquoi pas
01:05un rassemblement, une place de la République.
01:07C'est tout aussi honorable
01:09parce que
01:11simplement de faire une manifestation
01:13d'un point A à un point B,
01:15on se retrouve en bout de cortège
01:17d'un comité d'accueil qui peut-être
01:19n'est pas bienveillant
01:21alors que nous, on est dans un
01:23état d'esprit festif et sympa,
01:25on est pompiers, on n'est pas des gens
01:27qui viennent se battre.
01:29En 2018, les pompiers ont fait 4,5 millions
01:31d'interventions, soit une toutes les
01:337 secondes. 80% de ces
01:35interventions portent sur le secours aux personnes
01:37et 6% sur les incendies.
01:39On compte
01:41248 000 sapeurs-pompiers en France,
01:4316% sont des sapeurs-pompiers
01:45professionnels, 79%
01:47des sapeurs-pompiers volontaires,
01:49ils ont donc une activité professionnelle
01:51en parallèle, et 5% sont des militaires,
01:53ce sont les sapeurs-pompiers de Paris
01:55et les marins-pompiers de Marseille.
01:57De par leur statut, ils n'ont pas le droit
01:59de grève.
02:01Pendant les deux vagues d'inondations qui ont
02:03touché le sud de la France en novembre,
02:05près de 600 sapeurs-pompiers ont été
02:07mobilisés, dont deux tiers de
02:09volontaires.
02:11Des interventions qui ont coûté la vie
02:13à trois secouristes, dont un pompier
02:15plongeur de 44 ans dans un accident
02:17d'hélicoptère.
02:19À Roquette-sur-Sillagne, ces deux
02:21pompiers volontaires sont intervenus
02:23pour porter secours à un bébé bloqué
02:25avec ses parents par la montée des eaux.
02:27Quand on est arrivé, la seule obsession qu'on
02:29avait, c'était d'aller sortir
02:31ces gens, sortir ce bébé,
02:33et une fois qu'on a terminé
02:35que tout le monde était en sécurité
02:37dans le camion, qu'on a commencé à
02:39repartir et tout,
02:41c'est là qu'on s'est dit, on a
02:43quand même pris beaucoup de risques.
02:45Le quotidien des pompiers, c'est aussi ça.
02:47C'est ce qu'ils racontent dans une vidéo diffusée
02:49par les cèpeurs-pompiers des Alpes-Maritimes.
02:51On a voulu s'approcher avec le CCF
02:53pour faire descendre,
02:55comme les personnes étaient au premier étage,
02:57pour les faire descendre sur la cabine du CCF.
02:59Et à ce moment-là, quand on a commencé à s'approcher,
03:01le sol était tellement meuble et il y avait tellement
03:03de courant que le CCF a commencé à s'enfoncer.
03:05On a tout arrêté,
03:07on s'est dit, là, on a vite réfléchi
03:09et l'instinct de père de famille, tout ça,
03:11on est allé, on est allé
03:13parler, il y avait des jardinières,
03:15et on a sorti le bébé en premier.
03:17La maman, qui pleurait peu cher,
03:19nous a dit, faites très attention
03:21à mon bébé.
03:23Et à ce moment-là, après, je suis reparti
03:25sur le CCF, j'ai passé le bébé à Yanis,
03:27qui l'a rentré à l'intérieur au sec.
03:29Ah oui, moi, j'ai vu le soulagement
03:31dans son regard quand elle nous a vus
03:33et aussi la peur
03:35quand le bébé passait par la fenêtre.
03:37C'est le changement de visage
03:39total, mais elle avait confiance en nous,
03:41elle nous l'a dit.
03:43Mais oui, elle avait très peur
03:45et elle était à la fois soulagée.
03:47Le soir, après, en rentrant à la maison,
03:49quand je suis arrivé et que j'ai vu
03:51mes enfants, que j'ai vu mon épouse,
03:53j'ai ressenti quand même une fierté.
03:57Parfois, cette année encore,
03:59j'ai dû déposer plainte pour des personnes
04:01qui ont essayé de me jeter des objets,
04:03essayé de me frapper.
04:05Peut-être pas dans leur état normal,
04:07mais
04:09ces gestes sont intolérables.
04:11Des paroles qui sont déjà désagréables
04:13et que l'on commençait à avoir l'habitude d'entendre,
04:15malheureusement,
04:17il faut que ça cesse.
04:19Au début janvier 2018,
04:21on partait pour quelqu'un ayant des problèmes cardiaques.
04:23La personne était allongée au sol,
04:25presque inconsciente.
04:27Après l'avoir stimulée,
04:29celle-ci est devenue très agressive rapidement.
04:31Elle s'en est prise à moi
04:33verbalement.
04:35Elle a décidé de passer par
04:37tous les mots les plus désagréables
04:39possibles, que je ne citerai pas.
04:41Et dans son regard,
04:43on lisait la haine.
04:45Je ne sais pas si c'est envers
04:47l'uniforme, envers moi,
04:49du fait de l'avoir dérangée.
04:51Et à chaque fois qu'elle s'excitait, qu'elle s'énervait,
04:53elle reprenait
04:55une pointe de douleur
04:57dans sa poitrine et se rallongeait
04:59et repartait presque inconsciente.
05:01Il a fallu l'intervention
05:03de la police
05:05pour pouvoir maîtriser cette personne, car celle-ci
05:07en est venue à
05:09jeter des objets envers moi
05:11et mes collègues, en me
05:13visant, ils me sont passés
05:15à côté de justesse.
05:17L'un d'eux a blessé
05:19un de mes collègues.
05:21Et la police
05:23a dû le maîtriser pour finir
05:25l'intervention à l'hôpital,
05:27escortée également de l'équipe
05:29médicale.
05:31Il se trouve que ce n'est
05:33plus exceptionnel.
05:35Nous avons de plus en plus d'interventions
05:37comme celle-ci.