Arnaud Vialle est gérant du Cinema Rex de Sarlat. Pour lui, l'avenir de son cinéma fondé par ses grands-parents est menacé par la crise. Il témoigne.
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00:00Les établissements recevant du public dont nous avions prévu la réouverture au 15 décembre
00:07resteront fermés trois semaines de plus.
00:10Aujourd'hui, on se sent tellement triste et désavoué au sein des cinémas et de la culture.
00:14Je suis devant mon cinéma et on est vraiment abattu de cette décision
00:19qui est une décision catastrophique pour tout le domaine de la culture et pour tous les cinémas de France.
00:24C'est un vrai drame et on ne comprend pas cette décision-là.
00:29On aurait bien voulu être mis à l'épreuve parce que dans nos cinémas,
00:32on a l'impression de pouvoir respecter les règles sanitaires.
00:34Aujourd'hui, ça fait quand même 165 jours de fermeture.
00:38On va cumuler 165 jours de fermeture.
00:40On est accroché à notre cinéma et on y est tout le temps, tous les jours.
00:43Donc, de ne pas pouvoir travailler, de ne pas pouvoir accueillir les spectateurs,
00:47c'est vraiment troublant et c'est un déchirement.
00:51Là, ils nous font fermer pendant les vacances scolaires.
00:53On va réouvrir en janvier et puis on va refermer pour les vacances de février,
00:56c'est-à-dire les périodes qui sont les plus de fréquentation
00:59où les gens peuvent le plus venir se mettre dans les salles de cinéma.
01:03C'est une catastrophe.
01:05Là, moi, je ne comprends pas cette stratégie en fait.
01:09C'est évidemment très difficile pour moi de porter un jugement.
01:13Je pense que tout le monde fait de son mieux,
01:16mais là, en l'occurrence, je trouve que c'est injuste.
01:19Ce qui me semble vraiment injuste, c'est qu'en fait, on n'est plus consulté.
01:24On n'existe même plus.
01:26C'est-à-dire que la culture est bafouée.
01:28On n'a plus de relation avec ni le gouvernement, ni le ministère.
01:33Et du coup, c'est terrible de ne pas pouvoir se sentir essentiel.
01:51C'est encore un coin de ma tête.
01:53Je vais en discuter avec mes équipes.
01:56Je n'ai pas envie de prendre une décision seule,
01:59avec une tête baissée et foncée dans le tas.
02:02Je veux qu'on réfléchisse et que l'on ne prenne pas de risques inconsidérés.
02:08Mais en même temps, qu'est-ce qu'on a à perdre ?
02:11Fermer pendant trois semaines.
02:13Si on prend trois semaines de fermeture, ça ne changera pas grand-chose.
02:26Il sera en péril dans un an ou deux ans.
02:29Parce qu'aujourd'hui, on vit sur le prêt garanti par l'État.
02:31C'est le prêt garanti par l'État qui nous permet de rester à flot
02:36et de continuer pendant des mois à ne pas travailler
02:39ou à travailler partiellement,
02:41en mettant l'ensemble du personnel en chômage partiel.
02:44Mais je pense qu'à court terme,
02:46on va perdre des films qui vont aller sur les plateformes.
02:48Les plateformes prennent un essor considérable.
02:51On a en plus des nouvelles.
02:53On a tous été sous le choc avec l'annonce de Warner et de HBO Max
02:58de diffuser les films en direct au cinéma et sur la plateforme.
03:02Ça va continuer et ça ne va pas s'arranger en 2021.
03:05Je pense qu'à court et moyen terme,
03:09on va perdre entre 20 et 30 % de fréquentation à l'année,
03:12si on rouvre normalement.
03:14Ça veut dire qu'il va falloir revoir nos modèles économiques,
03:17mais ça veut dire aussi qu'il va falloir rembourser le prêt garanti par l'État.
03:20Comment on va faire pour les cinémas qui ont déjà investi
03:23pour rénover son cinéma où on a des emprunts qui sont très lourds ?
03:27Il y a une situation à moyen terme
03:30qui risque de vraiment mettre beaucoup de cinémas en péril.