Pour continuer son combat pour une alimentation locale et vertueuse malgré la fermeture des restaurants, le chef Florent Ladeyn a transformé son estaminet en épicerie. Il raconte.
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00:00Il y a des éliantis, c'est un cousin du top nombre.
00:03C'est beaucoup plus facile à éplucher, mais vous n'êtes pas obligé de les éplucher.
00:06Il n'y a pas de chimie dessus.
00:08Vous les retirez au four au tel quel ou vous les mettez à bouillir.
00:11C'est bien des panées ça ?
00:13Non, ça c'est l'éliantis.
00:16C'est un cousin du top nombre.
00:18D'accord.
00:19Là c'est la grande découverte des produits.
00:22C'est bien que les gens...
00:24Parce qu'en fait quand on va au magasin, on connaît 20 légumes,
00:2720 légumes, 20 fruits et c'est tout.
00:30Parce qu'au magasin ce ne sont toujours que les mêmes produits.
00:33Où tout se ressemble.
00:36Là aujourd'hui on voit que les clients ne connaissent plus tous ces produits qu'on a là.
00:41Et c'est normal, il n'y a plus d'éducation qui est faite à ça.
00:44Il n'y a plus de pédagogie là-dessus.
00:46Donc on rattrape un peu le temps perdu.
00:49Pendant ce temps-là, depuis la fermeture des restaurants
00:52pour continuer son combat pour une alimentation locale et vertueuse,
00:56le chef Florent Ladenne a transformé son estaminé lillois vierbuic en épicerie.
01:02Là en ce moment on n'est plus restaurateur, on est épicier.
01:05Épicier bénévole.
01:10Mais on s'est réorganisé parce qu'il le fallait.
01:17On n'est pas obligé de faire ça.
01:19En fait parce que ça nous plaît.
01:21Et parce que...
01:24Parce que déjà nos voisins peuvent avoir des bons produits.
01:27Parce que ça fait vivre nos producteurs.
01:31Je dis bénévole parce qu'on ne fait pas de business là-dessus en fait.
01:33On vend tout à prix coûtant.
01:36Notre caisse est fermée, donc on a besoin de venir et de régler en espèces.
01:40En fin de journée de vente, Kevin fait les caisses de tous nos producteurs.
01:48Et chacun repart avec son enveloppe.
01:50Deux fois par semaine, il vend les produits des producteurs avec qui il travaille.
01:53Une partie des ventes finance des repas pour le personnel soignant.
01:59L'idée c'est de faire continuer à vivre un terroir malgré tout.
02:02Et que les entreprises continuent de rentrer de l'argent.
02:05Parce que si ces mecs là disparaissent, c'est une grosse partie de mon travail qui disparaît.
02:09Moi je travaille que des produits locaux dans mes restos.
02:11Et si demain j'ai plus de maraîchers, ou si j'ai un maraîcher qui a dû mettre tout le monde au chômage technique.
02:16Et qui ne peut pas faire ses semis pour le reste de l'année.
02:19Je vais vendre des salades.
02:22En moyenne, par semaine, j'offre 200 plats de repas au CHRU de Lille.
02:27Plus une bonne centaine de paniers de légumes.
02:30Plus du pain.
02:31La fois passée, il y avait du miel aussi.
02:33Je mets des oeufs.
02:34Je mets ce que j'ai en fait.
02:36Les ventes servent à financer ce qu'on offre au CHRU.
02:40En gros, tout ce qu'on avait gagné ces dernières années, sert à compenser un peu.
02:48Toutes les pertes qu'on aura.
02:50Je pense que c'est trois ans de trésorerie qui vont disparaître en quelques mois.
02:57Mais si nous on est encore là, qu'on peut encore bosser demain.
03:00Que les entreprises avec qui on bosse depuis autant d'années sont encore là demain.
03:06On n'aura perdu que de l'argent.
03:18L'économie de l'avenir
03:30Je trouve que c'est pas mal dans le sens où on peut continuer à...
03:33On montre au moins qu'on change un peu notre manière de consommer.
03:36Et dans des moments comme ça, il faut réussir à trouver de nouvelles alternatives
03:41dans notre manière de fonctionner au quotidien.
03:45Ça permet de continuer à vivre notre petit producteur.
03:48C'est important pour nous.
03:50Et on s'est dit, il faut faire quelque chose.
03:52Dès le lendemain, on a passé notre première commande.
03:54On a joué le petit bras au début.
03:56On a pris 100 paniers.
03:57Ça a dégagé en 20 minutes.
03:59Là aujourd'hui, on avait une livraison de 295 paniers, je pense.
04:03Et samedi, on a déjà pré-commandé 340.
04:07Donc ça vole, on fait plus de 600 maintenant la semaine.
04:10J'espère qu'on ira vers ça.
04:12On a un mode de consommation beaucoup plus direct et plus vertueux.
04:15Je l'espère vraiment.
04:17Après, il ne faut pas s'attendre à des miracles non plus.
04:20Hier, il y a des gens qui ont fait la queue pendant 3 heures
04:23pour aller bouffer un McDo en région parisienne.
04:28C'est même pas une question d'argent.
04:30Parce que là, on fait des repas à 3 balles.
04:33Donc c'est juste une question de priorité.
04:35De savoir ce que les gens veulent.
04:37C'est quand même fou de se dire qu'aujourd'hui,
04:39parce que les gens ne consomment plus ce dont ils ont besoin.
04:43L'économie mondiale est en PLS.
04:46Parce qu'on consomme juste ce dont on a besoin.
04:48C'est quand même un sujet cinglé, quand je pense.
04:51Bonjour !
04:52À nous !
04:55Tout va bien ?
04:56Oui, ça va nickel.
04:57Ça va, oui.
04:58J'en peux plus comme ça.
05:00C'est pas là pour déconner.