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  • 25/03/2025
Son oncle salafiste qui voulait lui laver le cerveau, le jour où il a accueilli un réfugié afghan, le scandale qui lui a donné sa chance… Karim Rissouli raconte les 3 moments qui ont changé sa vie.

Karim Rissouli présente, à partir de ce lundi 25 janvier, "C ce soir" à 22h30, du lundi au jeudi sur France 5.

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Transcription
00:00Ça se passe à l'été 1989, j'ai à peine 8 ans à l'époque,
00:05et je pars en vacances au Maroc avec ma grande sœur dans la famille de mon père.
00:09C'est une famille marocaine qui était à l'époque extrêmement joyeuse, ouverte, tolérante.
00:15Sauf que ce qu'on ne savait pas, en arrivant au Maroc avec ma sœur,
00:19c'est que l'un des frères de mon père avait basculé dans le salafisme quelques mois plus tôt
00:24et qu'il avait commencé à gangréner ma famille.
00:31Cet oncle a décidé que j'allais être sa proie à ce moment-là,
00:36et il a entrepris une sorte de lavage de cerveau sur moi.
00:40Concrètement, dès que je jouais aux cartes avec mes cousines,
00:43il m'appelait pour que j'arrête de jouer aux cartes.
00:45Il coupait la musique quand on écoutait de la musique.
00:48Il me disait que mon père irait sûrement brûler dans les flammes de l'enfer
00:52parce qu'il ne faisait pas la prière.
00:54Je rappelle que j'avais à peine 8 ans.
00:56Ça a été très très violent pour moi.
00:58Quand mes parents sont arrivés le mois suivant, je leur ai dit
01:01« Mon père a viré cet oncle de la maison familiale »
01:04et ça a été un schisme dans ma famille.
01:06Ce moment, il a été traumatisant pour moi en tant qu'enfant.
01:10Il est encore un peu douloureux pour moi aujourd'hui.
01:12Et en même temps, j'arrive à impuser une force et aussi une connaissance
01:18de cette idéologie-là, dont on parle beaucoup aujourd'hui.
01:21Comme quoi, on peut se nourrir de tous les événements de sa vie
01:24et en faire une force quand on devient adulte.
01:31Le moment qui a sûrement fait basculer ma carrière,
01:33ça se passe en janvier 2006.
01:35A l'époque, je suis un jeune journaliste.
01:37Je viens d'arriver à Europe 1.
01:39Je viens de terminer l'école de journalisme.
01:41Et à ce moment-là, j'en parlais à mon père.
01:45Et à ce moment-là, Jean-Pierre Elkabbach est le président d'Europe 1.
01:49Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur, est probable président de la République.
01:53A l'époque, Jean-Pierre Elkabbach cherche à recruter
01:56un chef de service politique pour Europe 1.
01:58Et un jour, il se retrouve dans un Falcon, un avion avec Nicolas Sarkozy,
02:03et il lui demande « Nicolas, toi, si tu devais recruter quelqu'un,
02:07qui est-ce que tu prendrais ? »
02:08Nicolas Sarkozy lui répond, lui donne trois noms de journalistes bien établis.
02:13Le problème, c'est qu'ils ne sont pas seuls dans l'avion
02:16et que cette conversation off va se retrouver dans le canard enchaîné.
02:20Et ça donne un article, la semaine suivante,
02:23titré « Nicolas Sarkozy, conseiller en recrutement pour Europe 1 ».
02:26Jean-Pierre Elkabbach est obligé de faire marche arrière.
02:28Il remet à plus tard la nomination d'un chef de service politique.
02:32Mais il faut trouver quelqu'un dans l'urgence pour suivre Nicolas Sarkozy,
02:35qui est le futur président, on le rappelle.
02:38Et ça va tomber sur moi.
02:40Parce que je parle beaucoup politique à l'époque, à la machine à café,
02:43et qu'ils savent que ça me passionne, mais j'ai que 23-24 ans.
02:46Et ça tombe sur moi, et c'est comme ça que je vais devenir journaliste
02:49au service politique d'Europe 1, très jeune.
02:55L'un des moments qui a le plus marqué ma vie d'adulte,
02:58c'est le jour où on a accueilli chez nous, pour la première fois, un réfugié.
03:02Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais début septembre 2015,
03:04il y a une photo qui a fait le tour du monde,
03:07et qui, moi, m'a retourné le bide à la mère de mes enfants.
03:12C'est la photo du petit Aylan, qui avait 3 ans.
03:15Et la photo de cet enfant a donné un visage au drame des réfugiés,
03:19et nous, nous a poussé à nous inscrire auprès d'une association,
03:22Singa, pour proposer d'accueillir des réfugiés chez nous.
03:26On l'a fait, et on a reçu, du coup, pour la première fois, un afghan,
03:30qui avait un parcours de vie évidemment terrible.
03:35Il s'appelle Nouri, il est encore à Paris d'ailleurs aujourd'hui,
03:38et ça a été la première rencontre très concrète avec le drame des réfugiés.
03:42Et ça a été extrêmement important pour moi, notamment en tant que journaliste,
03:46parce que quand on est dans des studios de télé, on parle beaucoup du drame des réfugiés,
03:51et là, ça permettait aussi de mettre des visages, des histoires sur des infos,
03:58et faire en sorte que les réfugiés ne soient pas uniquement une statistique.

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