Le viol comme arme de guerre : des femmes syriennes racontent l’enfer qu’elles ont vécu.
Manon Loizeau les a rencontrées, elle raconte.
Manon Loizeau les a rencontrées, elle raconte.
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00:00J'étais à côté de la table et je me demandais ce qui se passait et ce qui m'attendait.
00:06Je n'ai vu qu'une personne qui m'a dit « c'est elle ».
00:11J'ai répondu « oui, c'est elle ».
00:13J'ai répondu « c'est vraiment magnifique ».
00:16J'ai répondu « bon, tu commences ou je commence ? »
00:22À ce moment-là, j'ai commencé à avoir plus peur.
00:29« Tu commences ou je commence ? »
00:32Il s'agit du viol comme arme de guerre.
00:34C'est une des armes les plus destructrices qu'il soit parce qu'on y survit parfois,
00:43mais on est détruit à jamais.
00:45La spécificité de la Syrie, c'est que le viol est un thème complètement tabou dans la société syrienne.
01:04On n'en parle pas.
01:08C'est comme si ça n'existait pas.
01:11Pour avoir pensé des plaies, ou filmées, ou s'être retrouvées à un endroit où elles n'auraient pas dû se retrouver,
01:17dans la rue, elles ont été raflées, emmenées en prison.
01:22Ce qu'on a découvert, c'est que c'est vraiment un système pensé par le régime,
01:30parce qu'il savait très bien, parce que le viol est un tel tabou dans la société syrienne,
01:34qu'une fois que ces femmes sortiraient de prison,
01:37elles seraient rejetées par la famille et détruites à jamais.
01:40C'était une arme pour les régimes, et c'est une arme pour les régimes,
01:43parce qu'ils savent très bien qu'en faisant ça, ils détruisent la famille, le clan,
01:48et donc à travers ça, ils voulaient aussi détruire l'élan de la révolution.
01:51Elles sont coupables d'être victimes à vie, quand elles sortent, rejetées par leur famille.
01:57Parfois, certaines ont été victimes de crimes d'honneur.
02:00C'est ça, c'est une arme parfaite de destruction de la femme et de la société.
02:31Très souvent, c'est un appel, dans la journée ou le soir,
02:35il y a un micro ou quelqu'un qui vient, qui donne leur nom,
02:39et puis elles savent que ça va être leur tour.
02:41La première fois, l'une d'entre elles nous dit qu'on ne savait pas ce que c'était,
02:43on s'était dit qu'enfin, un peu de répit,
02:45parce qu'avant ça, elles ont été suspendues par les bras, fouettées, violentées, insultées.
02:52Voilà, toute une série de tortures.
02:54Et puis arrive la nuit, et puis, comme elles disent parfois, les plus jolies sont emmenées.
03:01Et puis après, on bascule, on bascule dans l'indicible.
03:07Elles en reviennent fracassées, et puis les femmes commencent, ça c'est les premières nuits,
03:10elles commencent à comprendre le système de l'âme,
03:12de l'âme, de l'âme, de l'âme, de l'âme, de l'âme, de l'âme, de l'âme, de l'âme.
03:18Elles en reviennent fracassées, et puis les femmes commencent, ça c'est les premières nuits,
03:21elles commencent à comprendre le système de ce qu'elles vont vivre.
03:23Et puis ça dure.
03:25Ça dure des semaines, des mois.
03:27Et il y a des femmes qui sont encore en prison depuis 2011.
03:40Parce que la guerre s'installant, sans doute il était trop compliqué
03:44d'emmener des convois de femmes dans les prisons, finalement.
03:48Ces derniers temps, ils rentrent chez les femmes
03:53dont ils savent que les maris sont dans la résistance,
03:56les violent, les filment, et envoient ensuite les cassettes
04:00pour que les hommes se rendent.
04:02Mais pour les briser aussi.