Pendant 2 mois, les parcs parisiens ont été préservés du public, et la biodiversité s'y est développée comme jamais. Aujourd'hui, certains souhaitent la protéger. Voilà comment…
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00:00On est dans un des plus belles endroits de Paris, dans le 14e, le parc Montsouris,
00:10qui a été fermé pendant deux mois et avec nos écologues on réfléchit à comment est-ce
00:16qu'on tire parti de ce confinement pour laisser la biodiversité qui a éclaté,
00:21voilà la laisser et la protéger et modifier encore plus nos pratiques écologiques pour
00:28pour que nous vivions mieux.
00:32Quand on a commencé à travailler sur la réouverture des parcs,
01:00la première question que je me suis posée c'est, on a passé deux mois de confinement,
01:06la nature a passé deux mois en confinement avec une température très clémente et donc
01:12qu'est-ce qui s'est passé dans nos parcs et jardins et comment est-ce qu'on peut regarder
01:18ce qui s'est passé et puis en tirer un certain nombre de conclusions pour améliorer cette
01:25gestion écologique que nous avons depuis maintenant des années, de manière à préserver
01:30la biodiversité qui s'est développée de manière assez extraordinaire dans nos parcs et jardins.
01:40Donc nos naturalistes, l'observatoire parisien de la biodiversité, nos écologues sont venus,
01:48ont regardé, ont examiné un petit peu ce qui s'est passé, ont fait des diagnostics.
01:55Bonjour, c'est exactement ce qu'on a dit, ça correspond à ce que vous aviez dit.
02:06Oui, pour nous c'est un beau résultat en tout cas, parce que j'ai surdifférencié confinement,
02:13on peut dire que là on a un bel aboutissement.
02:14Moi j'ai rarement vu, si vous voulez, les abords du lac avec cette végétation qui est
02:22extraordinaire. Alors il faut expliquer aux parisiens qui vont venir s'asseoir sur les bancs
02:29pourquoi c'est important effectivement de laisser cette biodiversité aux abords du lac en ce moment,
02:36notamment parce qu'on est en fin de période de nidification et qu'il faut laisser les oiseaux
02:41poursuivre leur nidification. On devrait avoir cette année des portées importantes,
02:47des portées aussi des hérissons, des amphibiens, parce que c'est les périodes de migration en ce
02:55moment, parce qu'il n'y a pas eu de circulation automobile pendant très longtemps. Et donc
03:00on pense qu'on va avoir effectivement une croissance importante de faunes.
03:06On a vu des abeilles charpentières, de nombreux abeilles qui sont revenues,
03:19on a quand même vu aussi des papillons. Mais on pense vraiment que le fait que les plantes,
03:24la straterbassée soit vraiment poussée, que oui ça a dû avoir un impact sur les espèces
03:29d'insectes et autres, tous les arthropodes. Et puis on peut s'imaginer que les oiseaux,
03:36quand même, ont pu vraiment élever leurs jeunes dans de bonnes conditions. Donc là,
03:40ça ne sera pas trop tôt peut-être pour avoir un décompte, mais on sent qu'il y a quelque chose qui
03:44s'est passé. On voit l'intérêt de la lisière, en plus au soleil, avec les coquelicots et toute
03:50une straterbassée, on voit volter déjà les insectes. Et là, c'est vraiment la plus-value
03:54de cette gestion différenciée. On entend les oiseaux, les oiseaux viennent sur les pelouses,
04:00les insectes sont sur les fleurs en plein soleil et on peut s'imaginer que tout le cycle de la vie
04:06se met en place. Là, c'est un canard colvert qui profite que les pelouses ne sont pas fréquentées,
04:23et qui vient se nourrir de plantes, d'insectes. Et là, il profite un peu de la non-fréquentation.
04:34Ça, c'est des comportements qu'on ne verrait pas en temps normal. Donc sur les pelouses,
04:39en ce moment, on voit les poules d'eau, les canards qui sortent, qui sont des animaux aquatiques,
04:44mais qui viennent se nourrir sur les pelouses. Ici, on pourrait voir le pic vert aussi venir
04:51se nourrir sur les pelouses. Et ce qu'on entend aussi derrière, c'est les étourneaux.
04:56Les jeunes étourneaux sont sortis du nid et sont en plein apprentissage avec leurs parents.
05:00Donc ça, c'est vraiment des beaux moments qu'on peut observer en ce moment.
05:11Donc là, on est passé d'une prairie à caractère naturel à vraiment une prairie,
05:15on va dire une friche, on va dire quasiment en sous-bois,
05:18on va dire une prairie qui a mis longtemps à évoluer. Et puis, qui dit prairie ayant évolué,
05:25c'est des nouvelles espèces végétales. Et pour nous, vraiment le symbole de cette
05:29végétation-là, c'est les orchidées. Alors à Paris, on en trouve. En général,
05:32on trouve vraiment dans ce genre de milieu, les prairies qui ne sont pas trop fréquentées,
05:38parce que là, effectivement, il ne faut pas que le public vienne piétiner. D'où l'importance
05:42de mettre un peu en défense, de mettre une petite clôture, de mettre un petit panneau,
05:45éventuellement. Alors après, est-ce qu'on signale une orchidée ou pas ? Ça, c'est une autre
05:48question. Il ne faut pas qu'elle soit accueillie. Dans nos inventaires, quand on prend une base sur
05:53une petite dizaine d'années, on a repéré plus de 3000 espèces animales et végétales et de
05:58champignons sur Paris. Quand je parle d'espèces, c'est des espèces sauvages, spontanées, naturelles,
06:02qui sont venues naturellement à Paris. Les oiseaux, c'est le plus courant, les insectes,
06:06on les voit en plein jour. Et lorsqu'on a cette chance de faire des inventaires la nuit,
06:10on peut voir des espèces, on va dire, beaucoup plus patrimoniales ou plus symboliques. L'espèce
06:14de chauve-souris, il y a une dizaine d'espèces de chauve-souris qui vivent à Paris, entre les
06:18grands espaces verts, les trames vertes que sont les voies de chemin de fer et les bois. Et puis,
06:23on peut aussi trouver, et là, le parc Montsouris, c'est un excellent exemple, c'est une belle
06:27population de hérissons, une belle population de fouines aussi, et puis de temps en temps aussi,
06:31des renards qui passent. Le but des diagnostics, c'est de faire documenter cette période,
06:40voir si c'est vraiment passé quelque chose, on verra un peu plus tard, et puis là, déjà,
06:46d'avoir engagé un dialogue avec les équipes de jardinage. On a pris un certain nombre de
06:53décisions pour effectivement préserver cette biodiversité. Par exemple, ici, il y a des pelouses
07:04où l'herbe a effectivement poussé, alors on ne va pas tondre la totalité de la pelouse,
07:10on va en laisser certaines en prairie, parce que vous avez par exemple des pâquerettes qui ont
07:17poussé et qui servent effectivement pour les insectes pollinisateurs. Sur les berges,
07:26on va laisser vraisemblablement la biodiversité qui s'est développée ici et tondre plus tard,
07:35parce que là, ce sont des zones de nidification extrêmement importantes.
07:41Vous avez aussi des zones, par exemple, comme sous les arbres, où rien n'a été tondu,
07:57où on va laisser les branchages à terre, où on a vu que les vers de terre peuvent ressortir,
08:03aérer la terre, donc on va mettre des panneaux d'explication pour que, notamment sur toutes les
08:09parties de sous-bois, les Parisiens évitent d'y aller. On va avoir par exemple ici aussi des
08:14arbustes qui n'ont pas forcément été taillées parce que c'était le confinement, l'idée c'est
08:21de ne pas les tailler maintenant, de les laisser pousser, parce que ça sert aussi de zone de
08:26nidification. Quand on va replanter, on va en profiter pour planter des espèces qui ne sont
08:33pas des espèces invasives. Quand on va avoir des arbres morts, on va les laisser parce que ça
08:41sert de zone de refuge pour les insectes. Après, ça va nécessiter un travail d'explication
08:48envers les Parisiens, parce que certains aiment bien les parcs à la française, au cordeau,
08:57les pelouses tondues, mais on est aussi à un moment dans notre société où on a vraiment
09:03besoin d'être extrêmement prudent avec la biodiversité qui va de paire avec le
09:10changement climatique et c'est essentiel pour la vie. Je crois qu'on ne peut plus penser les
09:22villes comme on les a pensées pendant 50 ans. Avec Anne Hidalgo, ce qu'on s'est dit depuis six
09:28ans, c'est que la nature ne doit plus être confinée à l'intérieur des parcs et jardins,
09:32mais qu'elle doit être partout et qu'on doit la laisser s'exprimer.