Notre reporter Charles Villa s'est infiltré au Yémen et a ramené des images rares d'une guerre qui embarrasse le gouvernement français.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00La crise au Yémen est la pire crise humanitaire au monde.
00:14Les besoins d'aide humanitaire et de protection des civils n'ont jamais été plus élevés.
00:21Quelques 17 millions sont totalement insécurisés, ce qui fait que c'est la plus grande crise de faim du monde.
00:42Si le monde ne regarde pas le Yémen, le Yémen va devenir un abysse de crises, de maladies et de pandémies qui n'ont jamais pu être réparées.
00:58Nous avons une guerre très sale au Yémen, il n'y a pas de contrôle international sur cette guerre.
01:08Ça aboutit à la terreur, ça aboutit à la destruction des hôpitaux, des écoles.
01:20Le système sanitaire est complètement au point mort. La situation est vraiment très alarmante ici.
01:38L'Arabie saoudite contrôle toute entrée dans le Yémen.
01:44C'est un pays qui est cadenassé, c'est très difficile de s'y rendre, d'obtenir des visas, de travailler, d'enquêter.
01:50Et c'est une vraie volonté d'empêcher que de l'information sorte de ce pays.
01:58Il y a beaucoup de journalistes qui ont été tués, beaucoup de journalistes emprisonnés.
02:03Pour un journaliste occidental, la mission est quasiment impossible.
02:08C'est un pays dangereux, oui, les journalistes risquent leur peau quand ils vont là-bas.
02:12C'est évident et c'est nécessaire en même temps.
02:19Salut tout le monde, je suis pour Brut au Yémen.
02:21J'ai réussi à pénétrer dans le pays le plus inaccessible au monde, particulièrement pour les reporters occidentaux.
02:26Et je suis venu pour vous expliquer comment la guerre impacte le quotidien des civils,
02:30mais aussi pour vous montrer leurs conditions de vie.
02:38Là on est avec Shamsen, il a 22 ans, il vivait à Sanaa et il a été victime d'une balle perdue.
02:44La balle est rentrée par ici et elle est ressortie par là.
02:49Donc il se retrouve avec tout ce côté-là paralysé.
02:51Là il a une demi-paralysie et son œil aussi il ne voit plus avec.
02:55On peut dire que c'est un miraculé, parce que pour que la balle ait traversé ton cerveau et qu'il soit encore vivant,
02:59on peut dire que ce n'était pas son heure.
03:01Sur place, pour aller à la rencontre des Yémenites, j'ai rejoint un humanitaire français qui travaille depuis plus de 15 ans
03:06dans des zones de conflit avec différentes ONG et qui a l'habitude de venir en aide aux déplacés.
03:14C'est un garçon, c'est un petit garçon.
03:17Sa peau commence déjà à être attaquée, tu vois.
03:19C'est un petit garçon.
03:21C'est un petit garçon, c'est un petit garçon.
03:23C'est un garçon, c'est un petit garçon.
03:25C'est un garçon, c'est un petit garçon.
03:27C'est un garçon, c'est un petit garçon.
03:29C'est un garçon, c'est un petit garçon.
03:30Il commence à être attaqué, tu vois.
03:32Il commence à avoir des signes de problèmes de peau.
03:35Il faut savoir que si un enfant est infecté par des matières fécales,
03:38il peut se déshydrater très très rapidement par une gastro-entérite.
03:42En l'espace de 24, même pas 24 heures, il peut décéder.
03:45Donc le principal problème, c'est surtout l'eau et l'hygiène pour ces enfants-là.
03:55Ici, la plupart des habitations sont faites avec des morceaux de bois
03:58ou ce sont des petites tentes.
03:59Et ce qu'il faut bien réaliser, c'est que ce sont des gens qui ont fui
04:02des zones de combat où ils avaient des maisons en dur
04:05dans lesquelles ils habitaient depuis plusieurs années,
04:07voire des dizaines d'années.
04:08Donc ils ont vraiment tout perdu.
04:12Je vais vous faire visiter une maison
04:13pour que vous puissiez voir les conditions
04:15dans lesquelles vivent la majorité des personnes déplacées au Yémen.
04:19Il n'y a pas d'électricité, il n'y a pas d'eau, il n'y a pas de toilettes.
04:22Les conditions de vie sont vraiment très précaires.
04:26As-salamu alaykum.
04:30C'est là où les enfants dorment.
04:33Avec la chaleur qu'il fait, c'est complètement étouffant.
04:35Donc ils ne peuvent pas rester à l'intérieur.
04:37Comme vous voyez, c'est vide.
04:38Une grande partie des réfugiés vivent dans des conditions vraiment insupportables.
04:45Ici, c'est la chambre des parents.
04:47Voilà le lit.
04:48Vous pouvez voir l'intimité et la qualité de l'endroit où ils vivent.
04:55Ils n'ont même pas la place pour se lever.
04:58Il faut savoir qu'il y a plus de 3 millions de Yémenites
05:00qui ont été déplacées et qui vivent dans des conditions aussi précaires que celles-ci.
05:04C'est bien pour cette raison qu'on dit que la crise au Yémen
05:07est la pire crise humanitaire au monde.
05:24Pour comprendre comment ces civils se sont retrouvés dans ce camp de déplacés,
05:28il faut que je vous explique la guerre qui se déroule actuellement au Yémen.
05:31Je vous préviens, ce n'est pas simple. Il faut s'accrocher un peu.
05:34Les causes du conflit yéménite reviennent à la révolution de 2011.
05:38La guerre a commencé à Yémen en 2011.
05:41La guerre a commencé à Yémen en 2011.
05:43La guerre a commencé à Yémen en 2011.
05:45La guerre a commencé à Yémen en 2011.
05:47La guerre a commencé à Yémen en 2011.
05:49La guerre a commencé à Yémen en 2011.
05:51Les causes du conflit yéménite reviennent à la révolution de 2011.
05:54Comme dans d'autres pays arabes, il y a eu aussi une révolution en 2011
05:57pour mettre fin à l'autoritarisme de l'ex-président Ali Abdallah Saleh
06:00qui a gouverné le Yémen de 1978 à fin 2011.
06:04Cet ex-président n'a pas supporté le fait que son vice-président,
06:07Abdarrabo Mansour Hadi, qui est aujourd'hui le président du Yémen,
06:11lui succède.
06:12Il s'est allié à ses anciens ennemis, les Russies,
06:15pour prendre le pouvoir dès septembre 2014
06:18avec la prise de Sanaa, la capitale du Yémen.
06:21Il y a la guerre au Yémen parce que les Saoudiens ont constitué une coalition
06:25avec les Emirats Arabes Unis et toute une série de pays arabes sunnites
06:29face à une rébellion qui est chiite et soutenue par l'Iran.
06:33Parce que l'Iran, c'est le grand fantasme des Saoudiens,
06:35ils en ont une trouille terrible.
06:37L'Arabie Saoudite considère le Yémen comme son arrière-cours.
06:40Tout ce qui se passe au Yémen, ça les emmerde.
06:43La situation au Yémen aujourd'hui est très complexe, bien sûr,
06:46puisqu'on a au nord un pouvoir rebelle, le pouvoir des Russies,
06:50qui tient fermement ces régions du nord.
06:53Et puis on a un pouvoir légitime qui réside principalement à Riyad,
06:58dans la capitale saoudienne, et qui ne peut exercer ses prérogatives
07:01dans les régions du Yémen qu'il est censé contrôler.
07:04Et puis on a une autre force politique extrêmement puissante
07:08qui est représentée par le mouvement séparatiste au sud,
07:11qui essaye d'étendre son influence dans les gouvernorats du sud
07:15avec l'aide des Émirats arabes unis qui ont soutenu
07:18et créé des milices séparatistes au sud.
07:21L'une des conséquences dramatiques de cette guerre pour les civils,
07:24c'est une énorme pénurie alimentaire dans tout le pays.
07:27Et ça concerne environ 80% de la population du Yémen.
07:36Pour que vous ayez un aperçu un petit peu de l'urgence alimentaire,
07:39dans ce camp par exemple, les enfants que vous avez derrière,
07:42ils ne mangent exclusivement de ça.
07:44C'est du pain qui est cuit dans de l'huile,
07:46et comme vous pouvez le voir, l'huile est carrément noire.
07:49Une fois que l'huile est frelatée, bien entendu, les enfants tombent malades
07:52et il n'y a pas de structure médicale pour les prendre en charge.
07:55Il n'y a pas de nutriments suffisants pour pouvoir participer
07:58à la croissance des enfants.
08:00Sur l'ensemble du territoire du Yémen, la situation alimentaire
08:03est vraiment catastrophique et il faut vraiment se mobiliser
08:06pour leur apporter un soutien d'urgence.
08:12On a eu de la chance d'arriver au moment où une ONG est passée en même temps que nous,
08:15elle leur a donné un sac de riz, comme celui-là,
08:18et c'est l'essentiel de l'aide qu'ils reçoivent.
08:20Ils ne reçoivent ni légumes, ni viande, ni quoi que ce soit.
08:22En général, c'est simplement du riz.
08:24Ce sac lui permet de nourrir ses enfants pendant 10 jours,
08:27mais il n'y a pas de cycle de distribution régulier,
08:29donc c'est vraiment très, très, très aléatoire.
08:31Je vais rentrer dans un hôpital pédiatrique de Mareb
08:33pour vous montrer comment la pénurie alimentaire
08:35et les blocus sur la nourriture impactent les enfants.
08:43Donc là, je suis avec la petite Rama, qui a seulement 7 mois.
08:46Elle pesait moins de 4 kilos quand elle est arrivée dans l'hôpital,
08:50alors qu'elle devrait en faire au moins 7.
08:52Elle souffre de malnutrition,
08:54et c'est parce qu'elle arrive de Sana, la capitale du Yémen,
08:57qui est sous contrôle outil,
08:59où le prix des denrées alimentaires est très élevé.
09:01Les médecins lui donnent du lait thérapeutique,
09:03et ses jours ne sont pas en danger.
09:05Comme vous le voyez, ma fille a bien progressé,
09:09et nous le remercions.
09:11Nous sommes des humains.
09:14C'est elle qui a résolu nos défis,
09:17qui a défendu notre guerre.
09:19J'espère que ma fille et tous les enfants
09:23seront en bonne santé.
09:33La guerre a entraîné
09:34économique du pays, le prix des denrées alimentaires a augmenté de 150%, celui du
09:38carburant de près de 200% et cette explosion des prix a eu un impact très
09:42négatif dans le domaine des transports, de la santé, sur l'agriculture mais aussi
09:46sur l'électricité et l'eau. En dehors de la question de la nourriture, il y a aussi
09:50le problème de l'eau. Vous pouvez voir que là, ils emmagasinent des bidons mais
09:53ça c'est de l'eau salée qui sort d'un puits qui est à peu près à deux
09:56kilomètres d'ici, donc c'est les enfants principalement qui vont le chercher, qui
09:59viennent avec des bidons sous le soleil. Et pour ce qui est de l'eau potable, c'est
10:02une demi-journée de marche. Les enfants font une demi-journée de marche pour
10:06aller chercher de l'eau potable et revenir. Donc vous pouvez voir qu'à tous
10:09les niveaux, il y a vraiment tout à faire. En 2019, l'ONU estime que 16 millions de
10:13yéménites n'ont pas accès à l'eau potable. Cette situation a entraîné une
10:16terrible épidémie de choléra et depuis début 2016, au moins 2 900 personnes sont
10:20mortes à cause de la maladie et dans le pays, 1,1 million de personnes ont été
10:24infectées par le choléra.
10:27Ce qui m'a particulièrement touché dans la situation de ces 3 millions de
10:31déplacés, c'est le sort des enfants. Pour la plupart, ils n'ont pas école et ne
10:36font pas grand chose de leur journée. Il y a plus de 3 500 enfants qui ont besoin
10:40d'éducation et il y a seulement 400 places disponibles. Et les écoles, c'est
10:45ce que vous voyez derrière moi, c'est de simples tentes avec quelques tables et
10:49quelques chaises. C'est très important que malgré la guerre, on puisse maintenir
10:52un système éducatif parce que c'est justement par l'éducation que la
10:56population va pouvoir reprendre le dessus. C'est ce qui va permettre aux enfants de
11:00voir d'autres horizons et notamment de sortir de ce cycle de violence qu'ils
11:04n'engagent pas dans les milices ou dans les différentes factions qui sont
11:07actuellement en guerre. Donc pouvoir leur donner des perspectives d'avenir autres
11:10que combattre, tuer et mourir pour des raisons qu'ils ignorent eux-mêmes.
11:30On est venus du pays de la guerre pour venir ici.
11:35Vous êtes venus de la guerre.
11:37J'espère que vous reviendrez mieux que d'habitude, n'est-ce pas?
11:40Mais je veux que vous appreniez pour que vous soyez plus intelligents et que vous reviendriez à vieillir, n'est-ce pas?
11:46Qu'est-ce qui se passe quand vous allez grandir?
11:47J'ai besoin d'un docteur.
11:49Un docteur?
11:51J'espère.
11:54Vous prenez des pierres sur la terre, vous les rassemblez pour faire des oies.
11:59Et puis, la terre se fait exploser.
12:01Où est-ce qu'il y a des pierres?
12:03Je ne sais pas comment.
12:05J'ai coupé les pieds ici.
12:07Vous devez prendre soin des pierres quand vous les voyez.
12:11Mais, Dieu merci, tout va bien pour vous.
12:14Vous avez eu de la chance que la terre ne vous a pas touché.
12:19Sinon, par le dieu, vous n'auriez pas pu bouger vos pieds.
12:23Malheureusement, nous ne pouvons pas sauver les civils et les enfants.
12:29C'est pour cela qu'il y a de l'arbre.
12:31Il y a beaucoup d'arbres dans ces terres, autour de cette zone.
12:36Ils ont déjà été plantés pour éviter les civils de partir.
12:42C'est pour cela qu'ils sont allés travailler ou construire autre chose à l'extérieur de la campagne.
12:52Ils sont allés récolter de l'arbre dans les fermes qui sont à l'extérieur de la zone.
12:58Nous nous battons pour l'évacuation de l'arbre.
13:01Nous nous protégerons pour la prochaine génération.
13:08La guerre au Yémen, ça nous concerne nous aussi les Français.
13:11La France vend des armes à des pays qui font la guerre sur place,
13:15l'Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis.
13:17Pourtant, le président de la République et le gouvernement
13:20ont toujours nié que du matériel de guerre français
13:23ait pu être utilisé dans le conflit au Yémen.
13:25Nous sommes complètement fidèles dans les ventes d'armes
13:27au traité du commerce des armes que nous respectons totalement.
13:30Nous respectons aussi la procédure européenne qui nécessite des contrôles nécessaires.
13:35Mais en ce qui concerne la guerre du Yémen,
13:37l'action de l'Arabie Saoudite s'effectue essentiellement par voie aérienne
13:40et nous ne fournissons rien à l'armée de l'air saoudienne.
13:44Je n'ai pas connaissance du fait que des armes soient utilisées
13:49directement dans ce conflit.
13:51Il y a un certain nombre d'armes qui sont des armes de protection.
13:55À ma connaissance, c'est que je n'en ai pas connaissance.
14:01Les mots ont un sens.
14:02La France a une politique extrêmement rigoureuse en la matière,
14:05avec une commission interministérielle justement de contrôle des armements
14:09qui est présidée par le Premier ministre
14:11et qui est justement très scrupuleuse sur ce point.
14:14Et nous ne faisons pas partie des fournisseurs sur ces matières-là
14:18de l'Arabie Saoudite sur justement ce conflit.
14:21Sauf que depuis, le média en ligne Disclose a révélé un document confidentiel
14:25remis au président de la République et aux principaux membres du gouvernement
14:29le 3 octobre 2018, donc avant les déclarations qu'on vient d'entendre.
14:33Et cette note classée Secret Défense prouve qu'une partie de l'armement français
14:37est bien utilisée dans la guerre au Yémen.
14:39Il y a donc de fortes probabilités pour que des armes françaises
14:42aient servi à tuer des civils.
14:44C'est un scandale d'État parce que ces documents classés confidentiels Défense
14:50dévoilaient en fait les mensonges du gouvernement français.
14:53Ce qui est scandaleux, c'est qu'un président de la République
14:56mente aussi effrontément.
14:57Ils avaient connaissance que les armes françaises étaient utilisées au Yémen
15:01contre des civils.
15:02Qu'on a vraiment un gouvernement qui couvre une guerre sale au Yémen.
15:08La France a du mal à reconnaître que ces armes qui sont vendues en Arabie saoudite
15:14aux Émirats sont utilisées au Yémen de manière offensive.
15:17Évidemment, elles peuvent être utilisées pour tuer des civils
15:20du fait de bombardements indiscriminés.
15:23La France est mêlée à une guerre inadmissible.
15:26Les Saoudiens et les Émirats arabes unis sont bien incapables de mener cette guerre
15:30s'il n'y a pas le renseignement américain, le renseignement français
15:34et le matériel américain et le matériel français.
15:37C'est une cobelligérance, c'est-à-dire la forme la plus grave de guerre
15:42pratiquée par intermédiaire.
15:44Moralement, politiquement, c'est indéfendable.
15:48Pour avoir révélé cette note classée secret défense,
15:51les journalistes de Disclose ont été convoqués
15:53par les services de renseignement français.
15:55On a été auditionnés par la DGSI.
15:58C'est un service de renseignement intérieur
16:01qui s'occupe généralement des affaires de terrorisme.
16:04On est sous enquête pour avoir compromis le secret de la défense nationale.
16:10Ça veut dire qu'on aurait porté atteinte aux intérêts supérieurs de la nation
16:14en dévoilant ces informations d'intérêt public.
16:16Donc on utilise le secret défense pour poursuivre les journalistes.
16:21Si à chaque fois il y a une convocation, non mais on rêve, non ?
16:25Confidentiel défense n'a pas à être respecté.
16:28C'est une façon de cacher les choses.
16:30On met le cachet confidentiel défense, comme ça on ne répond pas.
16:33Aujourd'hui, le gouvernement français, l'État français estiment
16:37que le commerce des armes avec l'Arabie saoudite
16:40est plus important que les vies de milliers de civils au Yémen.
16:51Il y a très peu d'informations qui sortent du Yémen.
16:53C'est donc très difficile d'avoir un bilan exact du nombre de morts et de blessés.
16:57Là, je suis dans un ancien centre de formation
16:59qui a été réquisitionné par les autorités pour devenir un hôpital de campagne
17:03où il y a des centaines de blessés qui sont soit amputés,
17:06soit dans un état végétatif, dans le coma,
17:08parce qu'ils ont été blessés au front.
17:25Il y a certains blessés qui dorment parfois entre deux lits
17:28pour vous dire à quel point il y a très peu d'espace ici
17:30et à quel point ils sont en surnombre.
17:34Pareil, dans cette pièce, elle doit faire à peine huit mètres carrés
17:37et il y a cinq patients qui dorment et qui vivent ici.
17:46La plupart ont été blessés par des éclats d'obus, des balles ou des mines.
17:50Il n'y a pas de lits médicalisés, il n'y a pas de matériel orthopédique,
17:53un grand manque de personnel, un grand manque d'hygiène,
17:56c'est-à-dire des risques d'infection.
17:58Donc vraiment, la situation est vraiment très alarmante ici.
18:03C'est un endroit où il y a un manque de personnel,
18:05c'est un endroit où il y a des blessés,
18:07c'est un endroit où il y a des blessés qui sont en train de se produire.
18:10C'est le cas ici.
18:21Il manque certaines choses, comme les bouts de fer.
18:24On ne peut pas en avoir assez,
18:26parce qu'il y a des bouts de fer qui ne sont pas parfaits.
18:29Il peut y avoir des maladies.
18:34Vous pouvez voir l'état du matériel.
18:36C'est représentatif de tout le reste.
18:38Ce fauteuil-là n'est plus utilisable.
18:40La plupart sont abîmés à ce niveau-là, au niveau des roues.
18:43Ce n'est pas du tout fonctionnel.
18:45Il y a des salles remplies de matériel cassé.
18:47Ils n'ont aucune réserve.
18:49Il y a plus de 800 personnes amputées
18:51ou dans l'incapacité de se déplacer,
18:53de personnes en situation de handicap très lourde.
18:55Le système sanitaire est complètement au point mort.
18:57Sans l'aide humanitaire, ces gens-là ne recevront aucune aide.
19:15Ce conflit n'a plus aucun sens.
19:17Il est difficile d'être optimiste,
19:19puisqu'on voit que l'unité yéménite est menacée.
19:22L'état de belligérance continue toujours,
19:25au détriment de la population civile qui souffre de plus en plus.
19:29Et on n'a pas l'esquisse d'une solution qui émerge.
19:33Ce qui est important aujourd'hui, c'est de véhiculer cette information,
19:36de la partager, de partager le plus possible
19:38l'information qui tourne autour du Yémen.
19:42Il faut que la question des ventes d'armes au Yémen
19:46continue d'être au cœur de l'actualité
19:49pour qu'on puisse exercer notre rôle de citoyen, de contre-pouvoir.
19:54Le Yémen, pire catastrophe humanitaire au monde,
19:57ça commence à toucher la société civile en France.
20:00En mai dernier, des dockers du port du Havre, soutenus par des ONG,
20:04ont refusé d'accueillir un navire qui devait charger des armes
20:07à destination des pays du Golfe,
20:09justement pour éviter qu'elle tue des civils yéménites.
20:12Il faudrait qu'on passe à un stade supérieur,
20:15c'est-à-dire à un moment donné qu'il y ait des manifestations publiques.
20:20J'ai connu des manifestations contre la guerre d'Algérie,
20:24contre la guerre d'Indochine, contre la guerre du Vietnam,
20:28et depuis, plus rien.
20:49Nous, les humains, nous voulons vivre comme le monde le veut.