Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Elle a été élue Queen Trance World en décembre dernier à Madrid.
00:07Queen Trance World, c'est un concours de beauté comme Miss Monde, mais destiné aux
00:11personnes trans.
00:12Pourquoi je vous en parle ce matin ? Et bien parce que Queen Trance World est Montpellier-Rennes.
00:17Bonjour Johanna Caméjou.
00:18Bonjour.
00:19Vous avez 28 ans, vous êtes la première française.
00:2127.
00:22Il y a beaucoup d'articles qui me donnent 28 ans, maintenant j'en ai 27.
00:26Vous en avez 27, je crois que c'est important de le préciser.
00:28Vous êtes donc la première française à avoir été élue Miss Trance World, Queen
00:32Trance World.
00:33Pourquoi avoir participé à ce concours déjà ? Quel était votre objectif ?
00:36Alors on va dire que c'est un peu une passion.
00:39Je me suis un peu… J'ai voulu en fait baigner dans ça parce que ça arrivait très
00:45vite autour de moi.
00:46Et en fait, je pense qu'en fait, à mes yeux, ce genre de concours, et je pense que
00:53c'est grâce à ça que je l'ai gagné.
00:56Je ne l'ai pas vu que dans le côté de, en gros, je vais sur scène pour être la
01:00plus belle, pour arriver avec une ronde somptueuse, faire une performance incroyable.
01:06En fait, il faut le voir aussi d'un côté comme une plateforme sociale, un levier de
01:11changement social.
01:12Et c'était important pour moi aussi de mettre en avant des cosses, de les défendre.
01:17C'est du militantisme.
01:18C'est ça.
01:19Du 50% beauté et 50% militantisme.
01:22Et je pense que c'est grâce à ça que j'ai gagné parce que je me suis bien défendu
01:27et j'ai bien mis ce que je voulais en avant.
01:29Ensemble à volonté en tout cas, l'idée de Queen Transworld, c'est de rendre plus
01:33visibles les personnes transgenres.
01:35Il y a encore du boulot en 2025, j'imagine ?
01:37Ah bah oui, tellement ! En fait, le souci, c'est qu'aujourd'hui, on médiatise
01:46beaucoup les femmes transgenres, mais en mettant un côté qui soit superficiel.
01:52Donc, on reste banalisé sur les opérations, sur ce qu'il y a sous la culotte, qu'est-ce
01:57qu'elles ont fait sur leur visage, etc.
01:59Alors que ça ne représente pas qui on est dans l'entièreté.
02:02Moi, je sais qu'aujourd'hui, je suis allé jusqu'au bout de ma transformation.
02:05Je suis très heureuse.
02:06Aujourd'hui, c'est madame.
02:07Sur mes papiers, c'est Johanna.
02:09Donc voilà, maintenant, ça ne représente pas la totalité de qui je suis.
02:13Avant tout, je suis une femme.
02:15Je me suis battue pour être qui je suis.
02:16Alors oui, les opérations font partie de la bataille, mais socialement aussi.
02:20Il y a aussi tout cet aspect social.
02:22Et c'est ça que les gens oublient.
02:24Comment s'insérer dans la société, comment réussir à travailler normalement, comment
02:29aussi se recréer un cercle d'amis, se faire accepter auprès de sa famille.
02:33C'est un changement de modèle, de paradigme, en fait, c'est ça.
02:36C'est ça, voilà.
02:37Racontez-nous votre histoire.
02:38Quel était le point de départ de votre changement de genre ? C'était il y a des années.
02:41Vous avez 27 ans, vous l'avez dit aujourd'hui, ça a commencé à l'âge de 15 ans, en fait,
02:44c'est ça ?
02:45C'est ça, 15 ans.
02:47Et puis, petit à petit, j'ai avancé, tout ça.
02:50À mon époque, quand j'ai commencé, c'était pas autant médiatisé, donc on se débrouillait
02:55un peu.
02:56C'était dur, sans doute.
02:58C'était très dur.
02:59Vous vous êtes senti peut-être seul ? On prenait des traitements hormonaux illégalement
03:04parce que c'était pas médiatisé comme aujourd'hui.
03:07Et puis, c'était compliqué, on jouait avec nos santés, malheureusement.
03:11Et aujourd'hui, il y a des choses qui ont avancé socialement, comme par exemple pour
03:16les prises en charge des opérations, du traitement hormonal, etc.
03:20Prises en charge par la Sécurité Sociale, aujourd'hui, si je ne m'amuse pas ?
03:23Alors, attention, pas à tout, parce que moi, pour ma part, il y a pas mal de choses que
03:26j'ai payées.
03:27Mais voilà, la société nous donne un petit coup de pouce parce qu'ils savent qu'au quotidien,
03:35on est beaucoup harcelé, on est beaucoup susceptible de vivre de la discrimination,
03:41d'être rejeté, d'être agressé.
03:42Vous avez été victime vous-même de ça ?
03:46Il y a juste à avoir ma cicatrice, j'ai vécu des violences conjugales, des agressions.
03:51Et au final, même aujourd'hui, en m'étant mise à nu au Queen Transworld, en ayant parlé
03:58de mon histoire, au final, on va dire qu'en rentrant en France, j'ai été pas mal soutenu.
04:05Mais encore aujourd'hui, je suis harcelé massivement et je reçois des menaces de MORT.
04:10C'est-à-dire, surtout sur les réseaux, on imagine que c'est là où ça devient...
04:14Dans le quotidien, quand on est dans la rue, de toute manière, on n'y fait pas forcément
04:18attention, mais par contre, sur les réseaux, c'est compliqué.
04:19Moi, des menaces de mort, du harcèlement par mail, de me dire « tu resteras toujours
04:24un homme », « il faut que t'ailles te faire soigner en hôpital psychiatrique ».
04:29Est-ce que ça atteint encore aujourd'hui ou est-ce qu'on se dit « ce sont des haters
04:33», comme on dit, des gens qui détestent par principe, et on fait fi de ça ou est-ce
04:37que ça affecte ?
04:38Non, ça touche.
04:39Parce qu'à la base, non, j'ai les épaules assez robustes, mais quand c'est des causes
04:44que j'ai vécues, parce que j'ai décidé, comme je l'ai dit, de mettre en avant les
04:48violences que j'ai vécues, des combats qui sont...
04:50C'est encore des plaies un petit peu ouvertes, et de m'attaquer sur ça et de dire « tu
04:55l'as mérité dans tous les cas », c'est qu'on m'a sorti ça.
04:59C'est le premier châtiment avant les flammes de l'enfer, c'est un signe de la fin du monde.
05:03Les gens comme vous méritent la tombe.
05:08C'est une violence rare.
05:09Oui, c'est déjà que dehors, on vit dans la peur, parce qu'on manque de sécurité.
05:15Alors en plus, même sur les réseaux, ça se retranscrit en fait sur nous, et au final,
05:20au bout d'un moment, j'ai fait comme un espèce de burnout, j'étais à deux doigts d'écrire
05:26à mon directeur et de dire « on arrête tout, je me destitue », parce que c'est par milliers
05:30tous les jours.
05:31Mais au final, non.
05:32Au final, j'ai décidé que ces personnes-là n'arriveraient pas à faire taire ma voix
05:36et qu'aujourd'hui, il ne faut pas oublier que c'est moi qui ai la couronne sur la tête.
05:41Et c'est aussi pour ça qu'on vous reçoit, pour parler de ce sujet.
05:44Vous êtes donc « Queen Trans World 2024 », c'était l'année dernière, en fin d'année.
05:49Je suis toujours en sacre.
05:51Vous êtes toujours en sacre, c'était en fin d'année dernière, mais ça va durer
05:55surtout 2024.
05:562024 pour 2025.
05:57Vous êtes la première Française à décrocher ce titre, et vous êtes montpolairaine, voilà
06:00pourquoi vous êtes avec nous.
06:01Vous vous appelez Johanna Kamejo.
06:03Merci d'avoir passé ces quelques minutes avec nous, et très belle journée.
06:06Merci d'être là.
06:07Eh bien merci, par ailleurs.
06:08Merci de m'avoir invitée.
06:09À très bientôt.
06:10Au revoir.