Alors que la réélection de Donald Trump a ravivé les craintes d'un désengagement américain de l'Otan, BFMTV a enquêté sur la capacité de l'armée française à entrer en guerre en cas de conflit. Chars de dernière génération en nombre réduit, véhicules militaires peu adaptés, manque de poudre à canon, retard dans le programme de livraison de drones: les points faibles de la Défense nationale sont légion. Un document Ligne Rouge signé Benoît Sarrade, Juan Palencia et Nicolas Duchêne.
Catégorie
📺
TVTranscription
00:00Le secteur regroupe plus de 2 000 entreprises.
00:04Leur activité se structure autour des commandes passées par les 10 géants de l'armement,
00:10parmi lesquels Naval Group, qui produit les sous-marins,
00:14Dassault, le constructeur du Rafale,
00:17ou KNDS, qui fabrique à Bourges tous les canons de l'armée française,
00:22à partir de ces tuyaux d'acier.
00:24Vous avez ici du 30 mm qui est le canon du Rafale,
00:27du 20 mm qui est décliné pour les applications hélicoptères ou tourelles marines.
00:32Vous avez ici du 40 mm qui équipe notre fleuron, le Jaguar, actuellement.
00:41Détenu à 50 % par l'État,
00:44le groupe franco-allemand KNDS a acquis une renommée internationale,
00:48grâce à ce canon.
00:52Une fois installé sur un camion, il prend le nom de canon César.
00:5630 ont déjà été livrés aux Ukrainiens.
00:59Un calvaire pour les Russes.
01:07Il peut tirer 6 coups sur des cibles à 40 km en moins de 3 minutes
01:11et quitter les lieux, rendant les tirs de contre-batterie quasi inefficaces.
01:21Les soldats ukrainiens ont eu un coup de foudre pour ce canon,
01:24au point de lui déclarer leur flamme.
01:48Pour livrer les Ukrainiens et l'armée française,
01:50KNDS a quadruplé sa production de César,
01:53passant de 2 à 8 par mois.
01:56Mais actuellement, la France ne dispose que d'une soixantaine de César,
02:00loin des 5000 canons russes qui seraient actuellement déployés sur le front.
02:06On est très très bon en France en termes d'industrie de défense,
02:09mais cette industrie a été depuis 30 ans formatée pour produire,
02:14presque comme de l'industrie du luxe,
02:16on produit des choses d'extrêmement bonne qualité, très chères,
02:22lentement et en relative petite quantité, comme l'industrie du luxe.
02:27Et tout d'un coup, on se dit, il faut changer de modèle,
02:30il faut repasser à un modèle, on va passer du luxe au prêt-à-porter.
02:39Sur un autre site, voici la machine qui produit les munitions de 155 mm du César.
02:45Elle tourne 24 heures sur 24.
02:48L'objectif, c'est de faire 100 000 obus par an sur l'ensemble des 3 unités
02:52que nous avons sur le site de KNDS Amo-France.
02:5820% de ces obus sont destinés à l'armée française,
03:01le reste partira pour l'Ukraine.
03:03De quoi tenir 4 jours sur le front,
03:06pas de quoi livrer une guerre de haute intensité.
03:10Si vous voulez monter à 500 000 obus, qu'est-ce qu'il faudrait faire ?
03:15Multiplier par 5 toutes les installations qu'on a chez nous sur le site.
03:19Ça serait possible ?
03:20Tout est possible, mais encore une fois, c'est une question d'investissement et de financement.
03:27KNDS a déjà dépensé 300 millions d'euros pour augmenter ses capacités de production,
03:32mais refuse d'investir davantage sans financement de l'État.
03:37À cette impasse financière s'ajoute une autre difficulté,
03:40l'industrie peine à recruter.
03:45Vous avez des postes vacants ?
03:47A peu près 18-20 postes qui sont vacants à date
03:50et sur lesquels on a des difficultés à trouver du personnel qualifié,
03:54dans le domaine de la mécanique notamment.
03:57Une fois usinés, ces obus doivent être chargés en poudre à canon.
04:01Nouvel obstacle, comme les masques pendant la Covid,
04:05la France découvre qu'elle a abandonné cette production
04:08et qu'une des composantes essentielles de la poudre à canon vient de Chine.
04:14Hier, sans conséquence, on réalise que la défense de notre territoire
04:18dépend aujourd'hui d'un allié majeur de la Russie.