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"Je vais vieillir, je vais avoir des cheveux blancs… Qu’est-ce que vous voulez que je contrôle ?"

Éloge du lâcher prise par Sophie Marceau.
Transcription
00:00Mais le jeu, à un moment donné, on n'est pas en contrôle de soi tout le temps.
00:05C'est un peu le contraire du selfie, à un moment donné...
00:08Non mais c'est vrai, aujourd'hui, tout le monde se contrôle,
00:10on met des filtres, on met machin et tout.
00:12Ouais, mais à un moment donné, il faut lâcher,
00:14parce qu'on ne pouvait pas être dans le contrôle, ce n'est pas possible.
00:18On ne peut pas être dans le contrôle tout le temps.
00:19Je suis connue, on gère une image de soi,
00:23mais au final, on se rend compte, quelle image ?
00:26Qu'est-ce qu'on gère, au final ?
00:28Il y a tellement de photos, il y a tellement de réseaux aujourd'hui...
00:31Qu'est-ce que vous voulez contrôler ?
00:33La seule chose que je peux contrôler, c'est l'intériorité,
00:35c'est ce que j'essaye de dire, c'est ce que j'essaye de faire passer,
00:39c'est de contrôler, en m'écoutant parler,
00:42d'être au plus près de ce que j'ai envie d'exprimer.
00:46Ce n'est pas du contrôle, c'est d'essayer de faire passer
00:51quelque chose d'authentique, de vrai.
00:54Mais ça, après, je ne peux pas contrôler ce qu'on va faire de tout ça.
00:58Je n'ai pas envie de contrôler ma vie à ce niveau-là, non.
01:02Les jeunes acteurs, actrices et créateurs sont extrêmement présents sur les réseaux sociaux.
01:07C'est peut-être aussi une manière de contrôler un peu ce qu'ils donnent.
01:09Vous, vous êtes peu présente sur les réseaux sociaux.
01:12Quel rapport avez-vous avec les réseaux sociaux ?
01:14J'ai un peu le réflexe contraire,
01:19parce que, comme très très jeune, j'ai été représentée par d'autres.
01:27Dans un film, on m'a identifiée dans la petite victe du film La Boum.
01:31On m'a mis une image dessus.
01:33Donc, les gens contrôlaient tout pour moi, en fait, un peu.
01:36Et puis, moi, j'ai aussi contrôlé un peu ma carrière,
01:39qu'est-ce que je dois faire, etc.
01:42Et aujourd'hui, je suis plutôt dans le lâché, moi.
01:46Tout ça, c'est bon, parce que je me rends compte que créer une image,
01:54les choses bougent, les choses ne sont pas statiques.
01:58On bouge soi-même, on change, on vieillit, on évolue.
02:02Chaque jour amène quelque chose ou enlève quelque chose,
02:06mais les choses ne sont pas figées.
02:08Moi-même, je m'échappe.
02:10Je vais vieillir, je vais avoir des cheveux blancs.
02:13Je contrôle quoi ?
02:15Oui, contrôler une bonne santé, essayer de mourir en bonne santé,
02:18mais qu'est-ce que vous voulez que je contrôle ?
02:20Non.
02:21Puis, il faut faire confiance aussi aux choses.
02:26C'est-à-dire, si on est dans le contrôle,
02:28c'est qu'on a peur de l'extérieur, de l'autre.
02:31Moi, je n'ai pas peur.
02:34Je n'ai pas peur.
02:36Au contraire, je suis curieuse.
02:38Contrôler, c'est se fermer à tout.
02:40La cinémathèque vous consacre une belle perspective.
02:43Ça fait 40 ans que vous vous voyez.
02:45Comment vous voyez votre place dans le cinéma français ?
02:48Dans le cinéma mondial, dans l'étranger aussi ?
02:51Je ne sais pas. La mienne ?
02:54Est-ce que j'ai une place ?
02:57En fait, je me suis plus rendue compte,
02:59plutôt que de ma place dans le cinéma,
03:01je me suis rendue compte de la place énorme
03:04qu'avait le cinéma dans ma vie.
03:06Je suis contente d'être habitée par ça.
03:08Parce que c'est, en même temps,
03:10complètement intangible, on va dire.
03:14Et en même temps, ça ne parle que de nous,
03:16des hommes, des êtres humains,
03:18des sentiments, de la beauté des choses,
03:21de la tragédie aussi.
03:23Vous êtes dans la presse, parfois,
03:24à titre « Le mythe, c'est du marteau ».
03:26Oui, on va se calmer.
03:28Vous savez, les mots.
03:29À un moment donné, les journalistes,
03:30il faut aussi qu'ils trouvent des nouvelles formules
03:32ou je ne sais pas quoi.
03:33Et puis, il faut du spectaculaire,
03:34toujours du spectaculaire.
03:36Le mythe, il faudrait déjà que je sois morte
03:38depuis longtemps,
03:39et qu'il y ait plusieurs générations
03:41qui soient passées derrière.
03:42Qu'est-ce qui fait encore rêver ce film-ci ?
03:46Je ne suis pas quelqu'un qui rêve beaucoup.
03:48Je n'ai pas de rêve.
03:51Je suis assez grégaire,
03:55comment dire, assez concrète.
03:58Je ne sais pas si c'est mon éducation, mon milieu.
04:00On n'était pas trop dans le rêve,
04:02on était dans le faire.
04:05Vas-y, bouge ton cul,
04:06si tu veux faire quelque chose,
04:07tu y vas, tu te lèves, tu vas bosser.
04:09Ce n'est pas très romantique,
04:11ce n'est pas très...
04:13Mais en fait, mon rêve,
04:15ce serait de pouvoir toujours faire.
04:18C'est-à-dire de garder une mobilité,
04:20une curiosité,
04:22et de ne pas avoir peur.
04:26Mon rêve, ce serait finalement
04:29de vivre très très vieille
04:30et en bonne santé.
04:33Faire du cinéma ?
04:34Non, peut-être pas faire du cinéma.
04:36Non, non, non, non, non.
04:37Peut-être pas, non, c'est fatiguant le cinéma.
04:41Non, non, très égoïstement, j'ai envie de dire.
04:44Oui, mon rêve, ce serait de kiffer
04:46ma dernière partie de vie, franchement.
04:48Puisque c'est la dernière,
04:49autant en profiter et d'être
04:54en harmonie avec soi,
04:56avec les gens autour de soi qu'on aime.
04:59J'ai envie d'harmonie,
05:00j'ai envie d'amour,
05:04de connexion,
05:05j'ai envie de choses simples, en fait.

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