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Claude Leblanc, journaliste au service international, revient sur les mutations en cours au sein de l’armée chinoise

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Transcription
00:00L'approche militaire de la Chine à l'égard de son armée est assez claire.
00:10C'est-à-dire qu'elle est aujourd'hui dans une phase de modernisation
00:13qui a été entamée bien avant la guerre en Ukraine.
00:20Mais qui s'est accélérée ces derniers mois, ces dernières années,
00:23parce que la Chine sent que, de toute façon,
00:26les tensions internationales l'obligent à disposer d'une armée moderne
00:31et surtout moins dépendante de l'étranger.
00:36Parce que pendant très longtemps, dans un certain nombre de domaines,
00:38notamment dans les moteurs d'avion, les hélicoptères,
00:42voire même la marine, pendant assez longtemps,
00:45elle était dépendante de l'étranger, essentiellement de la Russie.
00:48Et donc, ces dernières années, elle a mis en place un programme de modernisation
00:54en mobilisant à la fois des moyens importants en termes d'argent,
00:57en termes de scientifiques, pour faire en sorte que l'armée soit plus moderne,
01:02qu'elle soit facile à être mobilisée dans des interventions rapides.
01:09Par exemple, on a pu voir au moment où les États-Unis,
01:13notamment à travers la visite de Nancy Pelosi en août 2023 à Taipé,
01:20on a vu en quelques jours la possibilité pour les Chinois de se mobiliser
01:24et de pratiquer un blocus de Taïwan en très peu de temps.
01:28Donc, la mobilité est quelque chose de très important ces derniers temps.
01:31Et puis surtout, effectivement, d'utiliser des technologies très modernes,
01:34l'intelligence artificielle, les recherches dans le domaine de l'hypersonique.
01:39Dans tous ces domaines-là, la Chine a pris un ascendant sur d'autres pays
01:44et donc elle doit être à ce moment-là prête à toute éventualité.
01:51Les États-Unis sont, pour les Chinois évidemment, aujourd'hui les principaux rivaux,
01:59de la même manière que les États-Unis ont placé la Chine comme principale rivale.
02:03Donc, les Chinois savent très bien que s'il y a un conflit à venir avec un autre pays,
02:10ce sera sans doute avec une grande puissance, probablement les États-Unis,
02:14parce que ce sont eux qui, depuis notamment Barack Obama avec le pivot asiatique en 2011,
02:20a fait naturellement, j'allais dire,
02:23que la Chine, placait la Chine comme le rival principal des États-Unis.
02:28Donc à partir de là, les Chinois mettent en place une stratégie militaire,
02:33à la fois dans le renforcement de leur armée, notamment dans la marine,
02:37avec une capacité aujourd'hui de projection qui est beaucoup plus importante qu'elle a été par le passé,
02:42de se placer dans une perspective où effectivement les États-Unis pourraient être le principal rival.
02:48Cela dit, ça ne veut pas dire que la Chine cherche absolument à entrer en guerre avec les États-Unis,
02:53mais les Chinois manifestent effectivement aujourd'hui de manière plus certaine leur ambition, leur force.
03:01On a vu notamment les avions et les navires chinois patrouiller au large de l'Alaska, par exemple,
03:10ce qui ne se faisait pas il y a encore quelques années.
03:12Aujourd'hui, les Chinois ont moins peur de s'affirmer,
03:15et c'est ça qui, en quelque sorte, envoie un message aux États-Unis pour leur dire « attention, nous sommes là ».
03:26La Chine, par rapport à un éventuel conflit entre l'Europe et la Russie,
03:30est, à mon avis, une position plutôt assez neutre,
03:35même s'ils ont un accord stratégique très fort avec la Russie.
03:40Les Chinois ne souhaitent pas de toute façon, de manière générale, la confrontation,
03:44quelle qu'elle soit, qu'elle soit directe entre la Chine et un autre pays.
03:48Mais quand elle a lieu avec un allié, en l'occurrence la Russie,
03:53il n'y a pas d'intérêt, d'autant plus que les Chinois ont beaucoup d'intérêt économique en Europe,
03:58et donc se mettre à dos les Européens serait un mauvais calcul.
04:02Donc je pense qu'ils seraient plutôt dans une perspective de négociation et d'ouverture
04:08pour permettre éventuellement un règlement pacifique d'un conflit.
04:12Ensuite, si vraiment on rentrait dans une guerre à proprement parler entre Russes et Européens,
04:19il est probable que les Chinois choisissent, évidemment, la Russie,
04:23pour des raisons, j'allais dire, de proximité,
04:26parce qu'ils ont bâti ces dernières années, effectivement, des relations beaucoup plus soudées avec Moscou.
04:31Et puis il y a une tentation, j'allais dire, de bloc,
04:35qui fait qu'effectivement, Russie et Chine ensemble forment, effectivement, un bloc assez compact
04:41qui serait difficile à mettre à bas, par les Européens en tout cas, voire avec les Etats-Unis,
04:46parce qu'évidemment, on ne peut pas imaginer un conflit Russie-Europe sans que les Etats-Unis soient partie prenante.
04:53Et donc là, la dimension, j'allais dire, Troisième Guerre mondiale,
04:56comme peut le brandir de temps en temps Donald Trump, serait vraiment à l'ordre du jour.
05:01Ce n'est pas du tout dans l'intérêt de la Chine.
05:03Il faut avoir à l'idée, quand même, que globalement, les Chinois sont des commerçants avant tout,
05:08qu'ils ne sont pas des légérants au fond d'eux-mêmes,
05:11même s'ils ont des intérêts et des revendications territoriales qu'ils entendent défendre.
05:16On l'a vu en mer de Chine méridionale, on le voit avec Taïwan.
05:19Il est très clair que les Chinois n'ont pas intérêt à vouloir entrer dans un conflit,
05:25j'allais dire, de dimension internationale.
05:27Ils feront tout, je pense, pour éviter ce genre de conflits.

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