• hier
Transcription
00:00J'étais super mignonne à cette époque-là quand même, je ne le savais pas, mais quand je me vois là...
00:04Marielle Lequenois, c'est une dame de la bourgeoisie provinciale, catholique, mère de cinq enfants, je crois.
00:13La vie est réglée comme du papier à musique, jusqu'au jour où on découvre qu'il s'est passé quelque chose d'assez terrible dans le passé de cette famille.
00:30Comme tu voudras, Maurice. Mais réfléchis quand même. Tous tes frères et sœurs ont un livret de caisse d'épargne.
00:36Et puis le petit Majimel, petit trésor, j'ai adoré ce garçon. Je l'ai aimé beaucoup, beaucoup. Oui, vraiment.
00:45Après ce film-là, avant j'avais fait deux, trois jours de tournage par-ci, par-là dans des films, mais franchement pas grand-chose.
00:54Après, on a commencé à me proposer des choses au cinéma, des rôles. La plupart du temps, les rôles ne me plaisaient pas du tout.
01:02J'étais déçue que l'on ne me propose pas des choses plus intéressantes, dignes de ce que j'avais fait dans le film d'Étienne Châteliez.
01:13Ah, là, oui. Ça, c'est Dupontel, ça. Ça, c'est Berni. Ah là là là là là là. Quelle folie ce film-là. Quelle folie.
01:25On avait, on mourait de froid dans un studio pas chauffé, mais il y avait une telle énergie sur le tournage,
01:37une telle folie que, en fait, ça nous tenait chaud au cœur.
01:43La scène finale où on se bat avec Roland Blanche qui jouait le père de Berni, et donc censément mon mari,
01:57commence une scène de bagarre mortelle où tous les coups sont permis.
02:02Et moi, je le tue en lui foutant la tête dans le four à micro-ondes.
02:09Et ça a été, on a tourné trois jours cette séquence-là.
02:14Trois jours dans le froid, trois jours avec de plus en plus de faux sang.
02:19J'avais du sang partout, sur ma robe, dans mes mains, dans mes cheveux.
02:23C'était très oppressant, mais en même temps, c'était jubilant de faire un truc comme ça.
02:44Et heureusement qu'on s'aimait beaucoup, qu'on s'estimait beaucoup, Roland et moi,
02:51et Albert, bien sûr, parce que sinon, ça aurait pu être difficile à vivre.
02:57Mais là, on était tellement copains et partants pour défendre le film que ça s'est passé très bien.
03:04On change complètement de climat, puisque ça, c'est une photo de quelques heures de printemps de Stéphane Brisé.
03:16Ce rôle a beaucoup compté pour moi et j'ai été très fière de le jouer.
03:21Et j'ai été très heureuse de travailler avec Vincent.
03:33Vous avez parlé à quelqu'un de la démarche que nous allons entreprendre ensemble ?
03:37Oui, j'en ai parlé à M. Lalouette, c'est un voisin, puis j'en ai parlé à mon fils, bien sûr.
03:44Votre maman nous a dit que vous étiez d'accord de l'accompagner ?
03:49Oui.
03:51C'est très bien.
03:53Moi, je trouve très bien que les proches soient présents, je trouve ça vraiment essentiel.
03:56Il y a dans ce film une séquence que je n'oublierai jamais,
04:00où tout à coup, mère et fils se supportent très très mal,
04:07et tout à coup, sur un souvenir,
04:10il y a une colère qui s'empare de Vincent Ladon,
04:16et la colère se contamine à sa mère, la colère monte,
04:21et on est tout près des coups.
04:25Et cette séquence-là, qui allait crescendo,
04:29elle s'est complètement improvisée.
04:32Elle dure je ne sais pas combien de minutes,
04:35c'est très dangereux, c'est très violent.
04:38Vincent freinait pour y aller,
04:42je pense qu'il redoutait l'émergence de sa propre violence.
04:46Moi, j'avais un peu les pétoches.
04:49Donc, on n'a pas répété, on l'a lu,
04:53et tout à coup, Stéphane a dit « bon, maintenant, on la tourne ».
04:56Moteur.
04:58On est parti, et on a été jusqu'au bout,
05:04non-stop, sans s'arrêter,
05:06jusqu'à, ça se finit par une crise de panique
05:10et de pleurs chez la maman que je jouais.
05:14Et, à la grande surprise de Vincent,
05:18à la mienne aussi d'ailleurs,
05:20mais à mon grand soulagement,
05:22Stéphane a dit « bon, là, la scène, c'est fini ».
05:24Et Vincent aurait aimé qu'on recommence.
05:27Il est allé au combo pour voir,
05:32Vincent, il est rarement satisfait de ce qu'il fait.
05:36Donc, il avait envie de recommencer.
05:38Moi, j'étais là, je me disais « mon Dieu, pourvu qu'on ne recommence pas,
05:40je ne pourrais pas deux fois, deux fois revivre ça,
05:42je n'y arriverais pas, et Stéphane a dit « non,
05:44non, non, j'ai ce que je veux,
05:46allez, on change de séquence ».
05:48Quel bonheur !
05:50C'est une séquence magnifique dans le film.
05:52« Tu penses que c'est mieux de rester là,
05:54chercher des boulots de merde ? »
05:56« C'est pas parce que tu parles comme ton père,
05:58il faisait que tu as raison. »
06:01« Qu'est-ce qu'il y a ? Merde ! »
06:03L'origine du monde,
06:05quand je me vois là,
06:09premier long-métrage de Laurent Laffitte,
06:11il jouait le rôle principal et il réalisait.
06:13Et je jouais sa maman.
06:15Alors, ce personnage-là,
06:17c'est un personnage très intéressant,
06:19parce que c'est une petite vieille mémé,
06:21on lui donnerait le bon Dieu son confession,
06:23elle a une petite voix,
06:25légèrement boitante, etc.
06:28Mais elle est,
06:30à l'intérieur d'elle-même,
06:32totalement toxique.
06:34C'est une mère terrible.
06:36« Il n'y a pas la moindre pulsation,
06:38c'est extraordinaire. »
06:42« Votre cœur bat, Jean-Louis. »
06:44« Non, justement, c'est ça le problème. »
06:46« Pas votre cœur physique. Nous avons deux cœurs,
06:48le cœur physique et le cœur cosmique. »
06:50« Voilà. »
06:52« Valérie, vous avez un problème avec votre mère. »
06:54« Ah bon ? »
06:56« Vous voulez voir ma mère ? »
06:58« La source de votre mère. »
07:00« La source de ma mère ? »
07:02« C'est quoi ça, la source de ma mère ? »
07:04Il y a des gens qui m'ont dit
07:06« Mais Hélène, pourquoi vous avez accepté de faire ça ?
07:08C'est un film,
07:10vraiment, pas du tout,
07:12c'est misogyne, complètement misogyne,
07:14pourquoi ? »
07:16Mais c'était une situation,
07:18c'était une relation,
07:20c'est tellement puissante,
07:22on peut raconter, on n'est pas obligé de raconter tout le temps,
07:24il y a des gens qui adorent leurs petits-enfants,
07:26qui les adorent en retour. Là, c'est la guerre.
07:28Il y avait dans ce film
07:30la rencontre
07:32avec Vincent McCain
07:34que je trouve un acteur prodigieux.
07:36« Si tu enlèves ça,
07:38hein ? »
07:40« S'il te plaît, s'il te plaît.
07:42S'il te plaît. »
07:44« Allez, retiens-moi cette robe. »
07:46« Non, pas maintenant, pas maintenant. »
07:48« Vas-y, la vie est tellement courte, en ce moment tout la tienne.
07:50»
07:52« S'il te plaît, Michel.
07:54Arrête.
07:56Arrête. Pas ici. »
07:58« On s'en fout. »
08:04« Tout va bien ? »
08:08J'ai adoré les séquences que j'ai tournées avec lui.
08:10Vraiment.
08:12C'était...
08:14Presque j'en aurais oublié de jouer pour le regarder jouer.
08:16J'aime ça, regarder
08:18les gens avec qui je joue.
08:20Et quand je suis émerveillée,
08:22c'est un bonheur total.
08:24Là, c'est une des photos que j'adore
08:26de « Quand vient l'automne ? »,
08:28le film de François Ozon
08:30que j'ai eu l'honneur
08:32et le bonheur d'interpréter.
08:34Et le petit,
08:36merveilleux petit, mon Dieu.
08:38C'est beau cette...
08:40J'ai aimé jouer aussi cette relation d'amour
08:42entre une grand-mère et son petit fils.
08:44Je suis grand-mère, d'ailleurs.
09:08J'adore
09:10cette photo de moi
09:12parce que je suis là,
09:14posée dans l'image.
09:16Ni ceci, ni cela,
09:18ni je ne sais pas quoi.
09:20Posée dans une espèce d'accord
09:22de mon corps dans l'espace,
09:24de moi dans la nature.
09:26Et ça,
09:28ça me ressemble.
09:30C'est moi, aujourd'hui.
09:32Il y a quelque chose de moi que j'ai pu,
09:34avec bonheur, mettre dans ce film.
09:36Ce corps qui se donne comme ça à la caméra,
09:38eh bien, c'est ça.
09:40C'est ça qui me
09:42déclenche.
09:44J'apprends le texte.
09:46Je suis comme une infamée.
09:48Cette séquence-là,
09:50j'ai envie
09:52qu'on y soit.
09:54Je me dis, en voyant ça,
09:56je peux jouer encore 3-4 fois.
09:58Je peux faire encore 3-4 films.
10:00Les Petits Derniers, c'est le film d'Enya Barou.
10:02Nous quatre,
10:04dans le Rapido.
10:07Là, c'est la construction
10:09d'une famille.
10:11Au départ, il n'y a pas de famille.
10:13Au départ, il y a bordel partout.
10:15Tout le monde ment.
10:17Et puis, petit à petit,
10:19sur le chemin qui mène
10:21mystérieusement
10:23Marie à la fin de sa vie,
10:25des vraies rencontres,
10:27des vrais regards s'échangent.
10:29L'amour se dit.
10:31C'est l'occasion d'un chemin
10:33qui les rassemble,
10:35où ils s'épanouissent,
10:37où ils peuvent dire
10:39« je t'aime ».
10:41Il y a de la légèreté,
10:43il y a de l'émotion,
10:45il y a des blagues
10:47comme des gamins.
11:05Marie, elle part
11:07pour
11:09réaliser le dernier geste
11:11de sa vie.
11:13Alors que
11:15la femme, la maman,
11:17dans le film de Stéphane Brisé,
11:19la vie a été
11:21certainement tellement dure pour elle,
11:23tellement,
11:25n'a tenu aucune de ses promesses.
11:27Elle part pour en finir,
11:29mais avec quelque chose
11:31de plus.
11:33Avec quelque chose de
11:35tragique.
11:37C'est très différent.
11:39Là, c'est sûr que Marie,
11:41les gens qui vont s'identifier
11:43à Marie,
11:45en pensant à cette fin de vie
11:47possible, se diront
11:49« en fait, c'est vrai.
11:51On peut parler de la mort
11:53de façon
11:55profonde
11:57et en même temps légère.
11:59On peut,
12:01il n'est pas
12:03obligé qu'on meure de façon
12:05dans des souffrances terribles
12:07et dans un désamour de la vie
12:09absolue. On peut partir
12:11comme ça avec ses enfants.
12:13Enfin, c'est l'élégance incroyable
12:15d'Enya Barou. C'est son premier
12:17long-métrage. Et Enya,
12:19elle fait un film là
12:21qui pourrait être casse-gueule,
12:23parler de ça, de ce sujet,
12:25de la fin de la vie.
12:27Et
12:29elle raconte ça avec une
12:31élégance, une
12:33légèreté et en même temps
12:35une profondeur
12:37absolument stupéfiants.
12:39Elle raconte ça et je me dis
12:41« waouh ! »
12:43Il y en a là.
12:59Ah,
13:01vous êtes une experte en communication, vous !
13:03Entre celle qui n'ose pas dire
13:05ce qu'elle va faire en Suisse, celle qui n'ose pas dire
13:07qu'elle a ses règles et l'autre qui ne comprend rien toute la journée,
13:09c'est les plus belles vacances de ma vie.
13:11Elle vit sa best life, là.
13:13Putain, c'est quoi ça ?
13:15C'est quoi ça ?
13:17Ah, mais ça c'est les notes !
13:19Mais dégagez-moi ça !
13:25J'oublie les médicaments,
13:27je confonds les patients,
13:29c'est un peu un miracle que j'ai déjà eu personne.
13:31Avec vous, c'est pas pareil parce que...
13:33mourir.
13:35Ouais, voilà.
13:37Parce que moi, je me dis que si je fais une connerie,
13:39ben du coup, ben je...
13:41c'est pas très grave.
13:45Ah, il est carrément mort, le camion.
13:47On dirait qu'il y a un dérangeur qui a mangé tous les fils.
13:49Non, non, c'est pas Lennon.
13:51Lennon, il ne mange que des céréales.
13:53Ne commencez pas avec Lennon.

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