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00:00Comment Dieu est-il mort ? Pas de théologie ce soir dans l'actu 360.
00:05Non, cette question, c'est celle qui va être au cœur du procès qui s'est ouvert ce mardi en Argentine, à San Isidro, en banlieue de Buenos Aires.
00:11Comprendre ce qui a conduit au décès, il y a 4 ans et demi, quasiment, de Diego Maradona.
00:16La légende mondiale du foot, l'icône argentine, s'est éteinte à 60 ans d'une crise cardio-respiratoire.
00:22Lui qui souffrait de multiples pathologies, son corps était-il à bout ? Y a-t-il eu négligence ?
00:277 professionnels de santé sont jugés. Jusqu'à juillet, ils risquent entre 8 et 25 ans de prison.
00:35Café, tatouage ou encore fresque à grande échelle.
00:39Plus de 4 ans après sa mort, Diego Armando Maradona vit toujours dans le cœur des Argentins.
00:45Le procès qui s'ouvre en banlieue de Buenos Aires, pour éclaircir les circonstances de la mort de la star du foot, ravive les passions.
00:53J'espère que la justice sera rendue, car ils l'ont tué.
00:57Diego devrait être en vie. Ils n'ont pas pris soin de lui. Ils lui ont volé son argent.
01:03J'espère qu'il y aura un procès pour savoir plus clairement ce qui est arrivé à Diego.
01:08S'il y a quelqu'un au-dessus de nous, ou si Diego lui-même veut révéler ce qui lui est arrivé, afin que la vérité éclate.
01:16Diego Maradona est mort le 25 novembre 2020 d'une crise cardio-respiratoire après avoir été opéré d'un hématome à la tête.
01:24Quelques mois plus tard, une expertise médicale à Cabland suggère que le traitement prodigué était inadéquat, déficient et imprudent.
01:32Au cours du procès, 120 témoins doivent être entendus pour déterminer la responsabilité des sept accusés.
01:40Sept personnes sont accusées, dont son neurochirurgien, son psychiatre, son psychologue ou encore ses infirmières.
01:47Tous nient tout acte répréhensible et expliquent plutôt que Maradona était un patient difficile qui ne voulait pas être soigné.
01:54La famille Del Pibedeoro, le gamin en or comme il était surnommé, affirme que le personnel médical savait que si rien n'était fait, il mourrait.
02:02Elle les accuse aussi d'avoir été uniquement intéressé par son argent.
02:06Le procès devrait durer jusqu'à mi-juillet. Les accusés en courent entre 8 et 25 ans de prison.
02:12Le journaliste Hubert Arthus est avec nous. Bonsoir à vous, tout comme notre correspondante à Buenos Aires, Mathilde Guillot.
02:19C'est d'ailleurs avec vous que je vais commencer, Mathilde. Bonsoir.
02:21Vous étiez à San Isidro, il y avait foule ce mardi devant le tribunal alors qu'on découvre à l'antenne le livre de Hubert Arthus, Galaxy Foot.
02:30Peu de doute, Mathilde, que ce procès va être suivi de très près par les Argentins ces quatre prochains mois.
02:35Oui, tout à fait. Il y avait beaucoup de journalistes d'abord, de caméras argentines et puis du monde entier, et puis des dizaines de fans, bien sûr.
02:44Certains pleuraient, beaucoup chantaient. C'est pour toi, Diego, c'est pour toi qui nous regarde depuis le ciel qu'on est là.
02:51Il y avait même une fanfare dont les cuivres ont pu s'entendre jusque dans la salle d'audience,
02:55parce que ça fait très précisément quatre ans, trois mois et quinze jours depuis le décès de Diego Maradona que les Argentins attendent ce procès.
03:03Et ça, c'est Juan qui me le disait ce matin devant le tribunal. Juan, il considère Diego Maradona comme un membre de sa famille.
03:10Il habite dans un bidonville situé de l'autre côté de l'agglomération de Buenos Aires.
03:14Et comme beaucoup, ce matin, il est parti très tôt de chez lui à quatre heures du matin pour venir,
03:19parce que c'était important d'être là, de réclamer justice pour Diego.
03:24Parce qu'ici, tout le monde reste vraiment traumatisé par la triste fin de vie de celui qui était une idole.
03:30Il est mort seul, dans la nuit, sans sa famille, sans ses médecins.
03:34Il agonisait sur un lit précaire de convalescence.
03:37Alors une femme, ce matin, Marisa, me disait que jamais elle ne pourrait pardonner qu'on ait abandonné celui qui avait donné tant de joie à tant de personnes à travers le monde.
03:47Et elle n'est pas seule. Il y a une condamnation sociale très forte en Argentine contre l'équipe médicale
03:53qui va être sur le banc des accusés pendant les trois ou quatre prochains mois.
03:57C'est une condamnation bien réelle, une condamnation par la justice que réclamaient tous les fans présents devant le tribunal ce matin.
04:03Hubert Rattus, parce qu'évidemment, Maradona, c'est une icône pour les Argentins, qui va d'ailleurs bien au-delà des terrains de foot.
04:10On se souvient de ces trois jours de deuil qui avaient été décrétés, de ces larmes, de ces veillées, de ces rassemblements qui avaient aussi parfois tourné à l'hystérie.
04:17Comment expliquer cette aura, cette vénération même ?
04:22C'est un des trois plus grands joueurs de l'histoire du football dans un pays qui, même si c'est un peu moins que le Brésil, respire, vit le football.
04:33Et en plus, la carrière de Maradona, le début de son aura, c'est juste après la Coupe du Monde 1978.
04:42Il était alors remplaçant de la Coupe du Monde 1978 qui se déroule dans un pays alors en dictature, sous dictature militaire.
04:48Et la grande victoire de 1986, il est capitaine de l'équipe d'Argentine, la Coupe du Monde au Mexique.
04:55C'est peu après la défaite argentine dans ce qu'on a appelé la guerre des Malouines.
05:03Donc, il y a tout un ressentiment national, une fierté, en plus que c'était un vraiment, comme son nom l'indique, un joueur en or.
05:10À mon sens, un des deux ou trois plus grands joueurs de l'histoire, toujours aujourd'hui.
05:14Et qui a été joué en Europe, qui a été joué à Barcelone, ça s'est mal passé, puis à Naples, où il est aussi un dieu.
05:22C'est vraiment un des premiers grands joueurs du début de l'ère mondialisée, où il a été après une grande icône, alpermondialiste aussi.
05:32Mathilde Hubertatus le rappelait, c'est vrai que comme au Brésil, en Argentine, le football c'est une religion finalement.
05:45L'équipe nationale, et on sait comme les fans argentins la soutiennent.
05:49Il y a deux ans, on se souvient bien de l'impact gigantesque qu'a eu la victoire de l'Argentine à la Coupe du Monde.
05:55C'était des millions et des millions de personnes dans la rue pendant des jours et des jours.
06:00C'était une nièce contagieuse, vraiment bonne enfant, absolument incomparable.
06:05Mais l'Argentine, c'est surtout un pays de club.
06:08Pour vous donner une petite idée, ici quand on rencontre quelqu'un, on ne lui demande pas d'abord ce qu'il fait dans la vie.
06:13On lui demande de quel club il est fan.
06:16C'est un marqueur d'identité extrêmement fort, parce qu'être fan d'un club, c'est faire partie d'une histoire, d'une tradition, d'un quartier aussi.
06:24C'est quelque chose qui se transmet vraiment de génération en génération.
06:28Il y a 18 stades de foot professionnel à Buenos Aires, c'est la ville au monde qui en compte le plus.
06:34Et puis au-delà du foot professionnel, il y a le football amateur, le football entre amis, qui est aussi une religion.
06:41Les enfants, les adultes, les hommes, les femmes aussi.
06:44Beaucoup dernièrement, énormément d'Argentins jouent toutes les semaines sur les dizaines de milliers de canchas,
06:52ces terrains de foot qu'il y a partout dans le pays.
06:55C'est vraiment un sport qui transcende toutes les classes sociales.
06:59On joue sur des terrains sathétiques dans les quartiers chics.
07:02Et puis on joue aussi dans les potreros, ces terrains vagues, des bidonvilles,
07:06où les gamins jouent jusque tard dans la nuit à jouer au football.
07:10On va revenir au procès Uberatus. Un mot de l'ampleur.
07:134 mois d'audience, 120 témoins, 7 accusés actuellement puisqu'il y aura une infirmière qui sera entendue en juillet.
07:19Ça va considérablement marquer l'histoire récente de l'Argentine.
07:22Il s'agit en plus de savoir tout simplement, j'ai envie de dire,
07:26si son équipe médicale a laissé volontairement l'état de santé se dégrader de Diego Maradona
07:32parce qu'il y a derrière aussi des enjeux financiers évidemment.
07:35C'est ça, c'est toujours un peu gênant, vraiment moralement gênant,
07:38quand il faut aller rejuger une affaire sur un cadavre, pratiquement exhumer un cadavre.
07:44Mais c'est vrai que dès les jours d'après la mort, il y avait eu des suspicions,
07:48puisqu'on savait que la mort était due à un oedème pulmonaire et à une insuffisance cardiaque.
07:52Mais l'autopsie directement a révélé une ribambelle de pathologies,
07:56problèmes bréneaux, foie, insuffisance cardiaque, détérioration neurologique,
08:01dépendance à l'alcool et aux psychotropes.
08:03Et ça, ça n'aurait pas été suffisamment, sérieusement hospitalisé.
08:08Et il y a eu très tôt des suspicions sur le fait que l'hospitalisation à domicile
08:13avait été mal sagotée, mal suivie et donc suivie par les mauvais médecins.
08:19Est-ce qu'ils l'ont fait volontairement, sciemment ou pas ?
08:21Voilà, c'est vrai que c'est d'une ampleur phénoménale.
08:24Jusqu'à mi-juillet de procès à raison de trois jours par semaine,
08:28avec en tout à priori 120 témoins, experts, familles proches qui vont être convoqués,
08:34ça va rouvrir un trauma dans la société argentine.
08:38Une question qui se pose aussi, c'est qui décidait finalement ?
08:41Dans quelle mesure la famille de Diego Maradona avait son mot à dire ?
08:44C'est justement ça, entre autres, qui devrait être éclairci lors du procès,
08:50puisqu'il avait été dit au début que la famille avait décidé,
08:53puis finalement pas complètement, alors qu'elle n'avait pas toutes les informations,
08:56qu'elle avait été privée d'informations.
08:59Est-ce que c'est le joueur lui-même qui avait caché à sa propre famille ?
09:04Ce sont des choses que l'on saura en partie, totalement, on verra à la fin du procès.
09:10Et si on ne les sait pas, si on reste dans ce flou,
09:13là pour le coup ça laissera le trauma, la cicatrice encore plus ouverte.
09:18Rapidement, toujours est-il que la famille plaît de la négligence,
09:21une famille qui a peur, c'est ce qu'a fait savoir récemment la fille de Maradona,
09:25qui a peur de la menace que représente la mafia.
09:28Est-ce que, selon vous, c'est une crainte justifiée ?
09:30On sait que ce procès est lourd d'enjeu, on sait aussi qu'il génère des fantasmes.
09:34Oui, alors ça, moi je n'ai pas d'éléments qui permettent de confirmer ou d'infirmer.
09:40C'est un peu joué sur la figure de Maradona, époque napolitaine,
09:47avec l'expulsion de mafia, etc.
09:50Ça, je pense qu'il est trop tôt pour le dire aujourd'hui, au premier jour du procès.
09:54On va voir si tous les témoins cités, appelés, se présentent bien,
09:59comment ils se présentent.
10:01Ça, pour le coup, c'est la suite du procès et c'est pour ça qu'il va falloir le suivre,
10:05parce que ça, la suite du procès va permettre de le déterminer.
10:07Mathilde Guillaume, le dernier mot vous reviendra, puisque le temps, malheureusement, file.
10:13Les filles de Maradona ont-elles aussi eu droit à leur lot de critiques
10:17depuis la mort de Diego Maradona ?
10:22Oui, tout à fait.
10:23C'est surtout le fait qu'elles ne soient pas allées voir leur père
10:26durant ces deux semaines de convalescence entre l'opération et son décès,
10:30qui restent en travers de la gorge de beaucoup d'Argentins.
10:33Elles, Dalma et Giannina, disent que c'est l'équipe médicale
10:36qui leur avait interdit l'accès à cette maison qui avait été louée pour l'occasion.
10:40Mais un fan, ce matin, résumait ce que beaucoup d'Argentins pensent.
10:43Il me disait que si ça avait été son père, il n'aurait pas eu de barrière suffisamment haute
10:48pour l'empêcher de se rendre à son chevet.
10:50Il y a ici une tradition familiale très forte.
10:53Alors, pour beaucoup, c'est difficilement compréhensible
10:55qu'elle n'ait pas fait plus d'efforts pour aller le voir,
10:58qu'elle l'ait, en quelque sorte, abandonnée, elle aussi.
11:01Par exemple, elles n'ont pas sollicité à entrer dans le complexe résidentiel
11:04où il était.
11:05Et puis, une autre personne soulignait que le neveu de Diego Maradona, lui,
11:09était présent.
11:10Alors, pourquoi lui et pas les filles ?
11:12Mais ce sont des critiques qui se font un petit peu à demi-mot,
11:15un peu à voix basse, parce que le respect qui impose la figure de Maradona
11:19est immense, absolument.
11:21Donc, on disait que ce sont les filles de Dieu.
11:23Alors, on peut presque tout leur pardonner, au final.
11:26Merci beaucoup, Mathilde Guillaume.
11:27Je suis malheureusement contraint de vous interrompre, faute de temps.
11:31Merci également à Hubert, à Thuss tout de suite.
11:34C'est le Journal de l'Afrique sur France 24.
11:36Restez avec nous.

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