A man delivers a speech before an unseen audience. As he revisits the key moments of his life he realizes that it is deep sorrows that have shaped him particularly those tied to absence and heartbreak. Gradually he takes ownership of the phrase One being alone is missing you exploring it through an intimate lens beyond the realm of mourning. As his speech unfolds a revelation emerges what if the very meaning of life lay in this pain of absence one that we are bound to inflict upon the other
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00:00Bonjour, bonjour, bonjour à tous, ça me fait vraiment
00:29plaisir que vous soyez là. Je ne savais pas trop comment résumer tout ça et puis je me suis dit
00:39que ça pourrait être... Ah, ce lettre vous manque.
00:59Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Je crois que c'est Lamartine qui avait écrit ça
01:12dans son poème Isolement. En général, les romantiques ne sont pas une connerie près,
01:19mais là je dois dire que c'est assez juste. Encore que, j'aurais plutôt dit un seul être
01:26vous manque et il n'en reste plus que lui. C'est comme si l'univers tout entier rétrécissait
01:33et prenait l'apparence de celui qui n'est plus là. C'est assez ironique d'ailleurs de se dire
01:42que l'infini peut se résumer à du vide. Et si tout ça n'était finalement qu'un égoïsme voilé,
01:56on croit aimer l'autre, mais on aime surtout ce qu'on ressent à travers cet autre. Notre bonheur,
02:07nos manques, nos blessures deviennent notre seul horizon et tout ce qui n'appartient pas
02:14à cet univers est effacé. C'est assez amusant d'ailleurs de relever que cet univers peut se
02:22construire autour, débannant aussi chutie qu'un trauma d'enfance ou un amour de vacances. Mais
02:30pour tous ces cas, il y a un point commun, l'intensité de l'instant. Marqué par cette
02:40saveur singulière que revêt l'absence, un goût amer et troublant presque envoûtant qui semble
02:48fait pour séduire tous ceux qui trouvent une étrange délectation dans la douleur des adieux.
02:53Faites-en l'expérience par vous-même, demandez-vous si cette saveur si particulière se vide presque
03:00enivrant cette intensité ultime vous l'avez déjà ressenti dans des moments heureux.
03:05Au temps suspends ton vol, on a tous eu envie de le crier, vous savez pour prolonger cet instant
03:16heureux. Mais cet instant il existe, il est là, et même s'il passe, il laisse un souvenir doux,
03:23une trace lumineuse. A la rigueur il y a de la nostalgie, mais pas de dévastation,
03:29c'est qu'un soutien face à l'éternité. Alors que la plaie profonde, elle, égravera votre âme
03:41à tout jamais d'une cicatrice ineffaçable. C'est souvent avec du sang et des larmes que se forge un
03:48être, bien plus que dans l'éphémère clarté des jours heureux. Évidemment, vous avez bien compris
03:58que je n'évoque que les sentiments amoureux, contrairement à la Martine. La Martine...
04:04Ah, c'est pas grave. Bonjour Elise, je t'en prie, prends place. Oui, la Martine évoque le décès de
04:21son amour Julie, mais pour ma part je ne peux pas évoquer la mort, je n'y ai jamais été confronté.
04:31Je tousse du bois ? Je ne connais pas la mort. Alors vous devez vous en douter, j'exagère
04:40quelque peu. J'ai bien sûr été confronté à la mort au fil de mon existence, mais voyez-vous,
04:47il s'agissait de ces disparitions que l'on qualifie volontiers de conformes à l'ordre
04:52naturel des choses. Un peu comme si un pacte tacite avait été scellé avec la grande faucheuse stipulant
04:59qu'à un tel moment précis, fixé par une main invisible, tout devait s'interrompre. Et bien que
05:08simple spectateur, il n'empêche qu'en un seul regard, j'ai compris ce que ressentait la Martine.
05:18Ce vide, ce tout qui n'est plus là, je l'avais devant moi, gravé au plus profond de moi,
05:27à tout jamais. Un jour, un ami m'a confié quelque chose de très juste au sortir des
05:37obsèques de son épouse. Il m'a dit « Je crois que je n'ai jamais autant subi la vie. » Subir la
05:46vie. Comme je n'atteignais pas l'intensité de son chagrin, je me disais que je ne pouvais pas
05:53comprendre. Je trouvais les mots très forts. On ne subit pas la vie, on a toujours le pouvoir.
05:59Pourtant, il y a un élément sur lequel on n'a aucune emprise. Et là je m'adresse à vous. Alors
06:10évidemment, je ne parle pas de la mort, c'est notre terminus à tous. Encore que, on peut très
06:17bien décider de l'anticiper ou de faire tout ce que l'on peut pour la repousser, le plus tard
06:23possible. Mais il y a un élément sur lequel nous n'avons absolument aucun consentement, ni aucun
06:31pouvoir. Vous ne voyez pas ? Et pourtant, nous y sommes tous passés. Eh bien, vous êtes-vous
06:43déjà demandé de quel droit vous existez ? Pardonnez-moi si je suis un peu provocateur,
06:50mais avez-vous donné votre consentement pour vivre ? Parce que quand on y réfléchit bien,
06:57personne n'a choisi le moment, le lieu, ni les bras qu'il accueillerait. On est jeté dans
07:04l'existence comme une feuille portée par le vent, sans voix ni décision. Alors oui,
07:10en quelque sorte, on subit la vie. Ou plutôt, on subit l'existence. Mais ce qui est frappant,
07:18c'est que si l'on est sans choix, on vit avec de nombreux choix. On peut décider de traverser la
07:30vie en spectateur, ou bien s'y jeter tout entier, si pourri, si attaché, à ce l'être vous manque.
07:39Et si c'était ça, au fond, le sens de la vie ? Vivre avec une telle intensité, aimer avec une
07:46telle ardeur, imprimer son absence avec une telle force, que lorsque viendra le jour où nous ne
07:51serons plus, nos infligions se supplicent de devenir l'être qui manque. Un passage de relais,
08:00en quelque sorte. Comme si toutes ces souffrances, toutes ces peines, ces douleurs intenses et
08:07profondes qui ont façonné votre propre existence, vous deviez les transmettre dans un final en
08:12apothéose à votre tour. Voilà, j'en ai fini. Je voulais juste partager avec vous cette réflexion
08:24sur mon terrestre séjour.
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