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00:30Et bien bonsoir à toutes et à tous.
00:48Merci de nous retrouver pour ce grand entretien de Ciel & Espace enregistré à la Cité Internationale Universitaire de Paris en public
00:57et en partenariat avec le Club des chercheurs de la Fondation Victor Lyon, avec le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche et la ville de Paris.
01:08Et c'est à l'occasion de la première édition des Nuits de l'équinoxe qui sont initiées par l'association française d'astronomie,
01:17avec le soutien du ministère de la culture aussi, où sur plus de 120 sites animés par des clubs et des associations d'astronomes amateurs,
01:27le grand public est invité le week-end du 21 et 22 mars à découvrir le ciel d'hiver et celui du début de printemps,
01:37que nous allons parler d'astronomie avec un grand A, il n'y a pas de petit A d'habitude, mais d'espace et de temps en compagnie de notre invité.
01:48Bonjour Christophe Leponce à la FIT.
01:50Bonsoir.
01:51Bonsoir. Vous êtes astronome, vous êtes le premier et le nouveau directeur du laboratoire temps-espace qui a été inventé en janvier 2025,
02:04donc il y a quelques semaines, à l'observatoire Paris-PSL, au CNRS et à Sorbonne Université.
02:13Et je dirais que vous commencez fort par une lettre d'information, que je recommande d'ailleurs beaucoup,
02:20et qui diffuse plein d'informations pratiques sur notre lien avec le ciel, dont évidemment l'équinoxe puisqu'on va parler.
02:29Et quand on lit ce bulletin, moi je me suis beaucoup amusé, j'ai lu l'équinoxe le jeudi 20 mars à 9h01min 30,18s UTC.
02:43C'est l'équinoxe de printemps. Pourquoi une telle précision ?
02:48Ça c'est une très bonne question. Pour éviter de la rater déjà, c'est la réponse basique.
02:54La précision est un élément important en astronomie, important en positionnement dans l'espace, important en positionnement temporel.
03:05Pourquoi une telle précision ? Et bien parce qu'en général, quand on est métrologue, parce que derrière c'est de la métrologie,
03:11c'est-à-dire du temps ou de l'espace, et bien on aime être précis. Plus exactement, on aime être exact ou être stable,
03:18qui sont les vrais termes de la métrologie.
03:21Ça veut dire quoi ?
03:23La précision c'est, dans le langage courant, qu'on veut tous être précis. Je vais vous donner un exemple.
03:30On veut faire une seconde. Qu'est-ce qu'une seconde ? L'inverse, c'est le Hertz.
03:35Je peux avoir un étalon qui va vous donner le Hertz trait avec une grande exactitude.
03:41Malheureusement, on ne sait pas faire des instruments qui sont de très bonne qualité, même s'ils le sont en réalité,
03:48mais il va donner 1 Hertz, 1,00001 Hertz.
03:53Donc il peut être très exact à un moment donné, mais il ne va pas être stable.
03:57Ou alors, je vais avoir un instrument qui va donner 0,9 Hertz, mais lui, il va le faire de façon stable.
04:05Assez redoutable. Et donc pour faire quelque chose de précis, quelque part, il faut être à la fois exact et à la fois stable.
04:11Aucun instrument ne peut être les deux.
04:14Donc il va falloir les combiner pour arriver à avoir une exactitude et une stabilité.
04:19Alors pour être précis, qu'est-ce que c'est que l'équinoxe ?
04:22L'équinoxe, c'est un effet géométrique en réalité.
04:26Vous savez tous qu'on tourne à peu près autour du Soleil, sur une ellipse.
04:31Il y a peu de discussion sur le sujet aujourd'hui.
04:33Discussion a priori. La Terre a le bon goût de tourner sur elle-même également.
04:39Et l'axe de rotation de la Terre n'est pas perpendiculaire au plan de l'orbite.
04:45Donc il y a une petite différence d'angle par rapport à la normale entre 23 et 24 degrés.
04:52Donc ça veut dire que de temps en temps, si je représente l'axe de rotation de la Terre comme ça,
04:58autour de sa révolution, il y a un moment donné où une partie de l'hémisphère sud va être bien ensoleillée,
05:06et pas de nord, ça correspond à l'hiver pour nous.
05:09Et puis de l'autre côté, l'inverse, parce qu'on a cet effet géométrique.
05:15Tiens, ça ce sont les solstices.
05:18Et puis à un moment donné, dans le plan de l'orbite, on va avoir cet axe qui va être pile dans l'axe du Soleil.
05:25C'est-à-dire en gros, le Soleil va traverser le plan de l'équateur terrestre.
05:30En vision géométrique, ça va être ça l'équinoxe.
05:33C'est ça l'équidoxe.
05:34C'est ça l'équinoxe.
05:35À ce moment-là, on va avoir l'équivalence en termes de durée entre jour et nuit.
05:40L'équinoxe, égalité du jour et de la nuit.
05:43C'est ça.
05:44On lit aussi sur le bulletin d'information que l'équinoxe de printemps, c'est la durée de l'hiver aussi,
05:54mesure la durée de l'hiver, qui est de 48 jours.
05:57J'adore, 23h40min54,77sec.
06:03On nous dit que l'hiver actuel est actuellement la plus courte saison dans l'hémisphère nord.
06:09Et ce n'est pas tout le temps vrai.
06:10Non, ça évolue.
06:12Ça évolue ?
06:13Oui, un petit peu, oui.
06:14Déjà, c'est pas stable.
06:16Alors, c'est pas stable.
06:17Il y a des perturbations planétaires.
06:18Il y en a une.
06:20Là, toutes les lois de la mécanique céleste vont s'appliquer.
06:23La Terre n'est pas seule autour du Soleil.
06:24On a d'autres planètes.
06:25On a notre petite lune autour de nous.
06:27Tout ça va impacter le mouvement de la Terre.
06:31Ça va impacter aussi sa rotation.
06:33La rotation n'est pas fixée.
06:37Par exemple, la lune dure un couple sur la Terre.
06:40La Terre n'est pas sphérique.
06:42Elle n'est pas plate.
06:43Mais elle n'est pas sphérique non plus.
06:46C'est un professionnel qui nous le dit.
06:49Il y a des montagnes.
06:50Il y a des océans.
06:51Il y a des endroits où c'est plus dense en matière, d'autres où c'est moins dense.
06:56Les corps célestes vont avoir une force et ça va faire bouger l'axe de la Terre.
07:02Il va y avoir une réaction, évidemment.
07:05Si on met tout ça ensemble, on arrive à des choses qui ne sont pas pires.
07:12Toujours à la même date, mais à la même heure, évidemment.
07:15Ce qui est fascinant dans l'histoire et dans le laboratoire qui s'est créé,
07:22c'est qu'on retrouve dans l'histoire toute l'astronomie qui est d'essayer de mesurer
07:29la vitesse de rotation, les distances, etc.
07:32Et on se rend compte que c'est un casse-tête absolument épouvantable.
07:35Vous êtes d'accord avec ça ?
07:37Oui, je ne peux pas contredire.
07:39Finalement, la Terre ne tourne pas rond complètement.
07:42Elle tourne rond.
07:43Elle tourne rond.
07:44Mais des fois elle accélère, des fois elle freine.
07:46La Lune, combien de termes faut-il dans l'équation qui décrit le mouvement de la Lune actuellement ?
07:55Vous posez une grave question.
07:57Il y a deux méthodes.
07:59Il y a la méthode numérique.
08:01On prend les équations du mouvement, on les intègre numériquement.
08:04Là, ce que vous faites référence, c'est qu'on essaie de résoudre à la main,
08:08par série perturbative, les équations du mouvement de la Lune.
08:11Ça veut dire qu'il y a une quantité d'effets.
08:14Plus d'un millier, d'après ce que j'ai pu lire.
08:17Oui, au moins.
08:20Je ne suis pas théoricien, je n'ai pas les chiffres exacts.
08:24Je calcule les termes à la rigueur, les uns après les autres,
08:27mais je ne veux pas savoir le nombre exact de termes qu'il y a.
08:30C'est une série, on l'utilise.
08:32Par exemple, en ce mois de mars, il y a deux éclipses.
08:36Il y a une éclipse de soleil qui est partiellement visible en France.
08:42Il y a une éclipse de Lune qui n'est pas franchement pour nous,
08:45mais en tout cas, il y a deux éclipses.
08:47Et là aussi, on se rend compte que le travail de l'Institut de Mécanique Céleste,
08:52ex-IMCCE, Institut de Mécanique Céleste et du Calcul des Éphémérides,
08:56ex-Bureau des Longitudes, ça consiste justement à nous dire,
08:59paf, top, à ce moment-là, vous allez voir la Lune passer devant le Soleil,
09:03en tout cas le début.
09:05Et on se rend compte que c'est compliqué
09:07et que vous ne cessez de travailler à essayer d'améliorer ça.
09:11Oui. Alors, il y a deux façons de faire.
09:14Déjà, il y a le calcul par lui-même.
09:17Il y a les observations.
09:19Vous avez évoqué que la Terre ne tournait pas complètement en haut.
09:22Oui.
09:23Oui, on peut voir les choses simplement.
09:26On peut voir la Terre comme étant...
09:28On oublie qu'il y a des océans.
09:30C'est un caillou, rigide.
09:33Ça, c'est l'ordre zéro.
09:35Ça, c'est la première approximation.
09:37C'est là où il y a quelques milliers de termes.
09:40On pourrait avoir une rotation à peu près parfaite.
09:42Oui.
09:43Et puis, il y a des océans.
09:45Et puis, il se passe des choses en dessous de nos pieds.
09:47Il y a de l'activité.
09:49Et tout ça, c'est de la géophysique qui arrive.
09:51Donc, ça frotte.
09:53Ça frotte, ça dissipe.
09:56Il y a des marées.
09:58Il y a de la tectonique.
10:00Il y a un nombre assez incroyable d'effets physiques à prendre en compte
10:06qui ne sont pas forcément contrôlés par les astronomes.
10:09On va demander aux géophysiciens.
10:11Par exemple, à des gens à l'Institut de Physique du globe.
10:14Ce sont souvent des choses très internationales.
10:16On discute tous ensemble.
10:18Et on essaie de reconstruire ce signal.
10:22Donc, comment on fait ?
10:25On a plusieurs techniques.
10:27Vous avez tous entendu parler du GPS.
10:30Alors, on va prendre le terme savant, les GNSS,
10:32parce qu'il n'y a pas que les Américains.
10:34Il y a l'IDEO en Europe.
10:36On a cette constellation de satellites autour de nous.
10:39On a les grandes antennes radio
10:42que l'on peut voir dans les films quelquefois.
10:44Donc, ça, c'est ce qu'on appelle l'interférométrie à très longue base.
10:47Donc, on va avoir un radiotélescope en Europe,
10:50un autre aux États-Unis,
10:52qui vont regarder les quasars,
10:54les objets les plus lointains qu'on connaisse,
10:57qui, a priori, sont tellement loin qu'on ne les voit pas trop bouger.
11:01Avec la précision des observations,
11:03maintenant, évidemment, on commence à voir
11:05qu'ils ne sont pas complètement immobiles, évidemment.
11:08Mais on n'avait pas accès à ce mouvement.
11:11On a le laser satellite.
11:13Donc, c'est les petites boules qu'on a autour de la Terre
11:15qui sont recouvertes de petits miroirs.
11:17On tire au laser avec certaines stations au sol
11:20pour avoir l'aller-retour,
11:23pour savoir où est la petite boule.
11:26Si vous combinez tout ça,
11:28vous allez pouvoir reconstruire la Terre.
11:31C'est-à-dire où sont les stations au sol
11:33et comment elles bougent.
11:35Et autrement dit, comment ça évolue.
11:38La station laser va vous donner,
11:40très précisément sur la reconstruction
11:42du champ de gravité de la Terre,
11:44elle va vous donner le centre de masse de la Terre,
11:47avec une précision très bonne.
11:49Les grandes stations VLBI,
11:51en regardant les étoiles, les quasars,
11:54si vous avez plusieurs quasars tout autour de nous,
11:57qui servent de référence,
11:59et que vous considérez que, globalement,
12:02ce système de quasars ne bouge pas,
12:05vous pouvez faire passer trois axes dedans.
12:08Vous fixez x, y, z. C'est notre référence.
12:11Vous voyez bien que si vous observez continuellement,
12:15tous les jours, quelques heures par jour,
12:18vous allez voir le mouvement relatif
12:20de ces deux radiotélescopes par rapport à ces quasars.
12:23Donc, en gros, vous reconstruisez la rotation de la Terre.
12:27Bien.
12:28Donc ça, ça vous donne la rotation pure et dure de la Terre.
12:31Revenons à notre exemple de la Terre comme un caillou.
12:35C'est la rotation rigide.
12:37Vous faites la différence.
12:39Vous avez tous les effets géophysiques
12:41qui sont cachés là-dedans.
12:43Là, vous avez l'information.
12:45Après, il y a les modèles géophysiques
12:47pour savoir qui fait quoi,
12:49et là, c'est tout un débat scientifique qui est derrière.
12:52Mais grosso modo, ça vous donne
12:54que ça tourne en 23 heures, 59 minutes,
12:5759 secondes et quelques fois.
13:01Juste qu'il se passe à l'intérieur,
13:03il y a soit un ralentissement,
13:05soit une accélération.
13:06C'est plutôt du ralentissement.
13:08Et ça donne mieux à avoir une correction,
13:10le fameux saut de seconde de temps en temps
13:12que vous entendez parler.
13:13Il y a toutes les choses qu'on ne contrôle pas scientifiquement,
13:16qu'on sait que c'est de la géophysique,
13:18et puis de temps en temps, on dit qu'il faut rajouter une seconde.
13:21Et donc, c'est là où on opère le fameux saut de seconde
13:24qu'en général, à fin décembre ou mi-juin.
13:27Quand vous parlez de précision,
13:29ça veut dire quoi dans votre esprit ?
13:31Être précis ?
13:33Je ne vais pas tirer sur la Lune avec un laser
13:35et voir...
13:37Depuis qu'Apollo, l'émission Apollo,
13:39a mis des miroirs sur la Lune,
13:41on sait qu'on peut tirer, etc.
13:43Ça veut dire quoi être précis dans cette affaire-là ?
13:46C'est le mètre, le décimètre, le centimètre, le millimètre ?
13:50Encore depuis l'émission Apollo,
13:53les technologies ont évolué.
13:55À cette époque, c'était quelques décimètres.
13:58Maintenant, on sait que nos capacités techniques,
14:03c'est plutôt le millimètre,
14:05c'est-à-dire en dessous du millimètre.
14:07Ça a évolué comme ça dans le temps.
14:09Maintenant, on est capable d'avoir la distance Terre-Lune
14:13de l'ordre du millimètre.
14:15Mais dans les modèles, on n'y arrive pas encore.
14:18La donnée, on sait qu'elle est millimétrique,
14:21mais quand on le confronte au modèle,
14:24aux équations du mouvement,
14:26comme on a ces problèmes où on ne comprend pas
14:28tout ce qui se passe sur la Terre,
14:30il nous manque un petit truc.
14:32En fait, on est de l'ordre de quelques centimètres.
14:35De quelques centimètres.
14:37Mais vous essayez aussi de reconstituer le passé.
14:41Oui.
14:43Vous n'en tentez pas seulement d'observer
14:45pour faire des prévisions.
14:47Vous vous dites, on a peut-être les moyens
14:49de reconstituer ce qui s'est passé avant.
14:51Je pense en particulier...
14:53Vous avez un programme de recherche sur le climat,
14:56par exemple, qui considère les cycles de Milankovitch,
14:59c'est-à-dire les mouvements de la Terre,
15:02un peu chaotiques, si je puis dire, autour du Soleil.
15:07Et là, vous allez chercher aussi des informations
15:10pour essayer de reconstituer,
15:12des dizaines de millions d'années auparavant,
15:14ce qui s'est passé.
15:16Oui. C'est une des spécialités de ce laboratoire.
15:19C'est l'équipe de Jacques Lascar,
15:22qui est spécialisée dans ce genre de calcul.
15:26Jacques est quelqu'un qui est capable
15:28de faire des simulations numériques très long terme
15:31des systèmes planétaires, en particulier du système solaire.
15:34C'est lui qui, dans les années 90,
15:36avait démontré que le système solaire
15:38n'était qu'un système numérique.
15:40Effectivement, il a monté un programme de recherche
15:43où on regarde dans le passé.
15:45Il travaille avec des géophysiciens et des géologues.
15:49Ils vont in situ sur les paléoclimats.
15:54Ils ont des données.
15:56Ils regardent dans les sédiments.
15:58C'est ça qui est assez intéressant.
16:00Ils calculent dans le passé.
16:03Ils voient les quantités, par exemple,
16:05la solution de la Terre, comment elle a évolué
16:07dans le temps.
16:09Ils le comparent avec les données sédimentaires.
16:12Ils arrivent à dire des choses très intéressantes
16:15sur ce qui s'est passé dans le passé.
16:17C'est plus facile d'aller dans le passé
16:19que dans le futur.
16:21On n'a pas de données dans le futur, par définition.
16:24C'est très intéressant de pouvoir faire dans le passé.
16:29Si on est capable d'avoir des éphémérides
16:31très long terme dans le passé,
16:33l'extrapolation dans le futur,
16:35où on n'a pas de données pour contraindre les modèles,
16:38est d'autant meilleur.
16:40C'est fiable.
16:42Vous faites une science absolument fascinante.
16:44Je vais un peu vous charrier,
16:46mais ce que vous demande l'État,
16:48c'est de dire à quelle heure se lève le Soleil,
16:52à quelle heure se couche la Lune,
16:54quand est-ce qu'il y a une éclipse,
16:56qu'est-ce qu'on vous demande encore,
16:59le lever, coucher des planètes, etc.
17:02En fait, c'est d'être le gardien du ciel
17:05et de nous dire ce qu'il va se passer.
17:07Oui, on peut le voir poser le point comme ça.
17:10Vous publiez des éphémérides.
17:12Vous publiez des agendas.
17:14Ça, c'est ce que vous voyez.
17:16L'État va nous demander aussi des choses
17:19qui peuvent paraître étonnantes.
17:22On a un système de réquisition judiciaire.
17:25Il arrive que des gens ont des accidents,
17:28voire pire, et des juges d'instruction demandent
17:31est-ce que la personne a dit qu'elle a été éblouie
17:34à tel endroit, à telle heure ?
17:36Est-ce que c'était bien vrai ?
17:38Vous faites le calcul pour...
17:40Vous êtes expert pendant les tribunaux.
17:43On n'est pas expert pendant les tribunaux,
17:45mais ils nous demandent de faire ce genre de calcul.
17:48Le directeur ne prête pas ce serment.
17:51Ça annonce, mais on fait ce genre de calcul
17:54d'expertise pour les tribunaux.
17:57Donc, il y a une utilité sociétale très forte.
18:00De ce point de vue-là.
18:03Pour l'heure du jour et le coucher.
18:06Et il y a une autre utilité sociétale pour le temps légal.
18:09C'est certain que l'horloge parlante
18:12n'existe plus maintenant.
18:15On l'a arrêtée récemment.
18:18On a tous un téléphone dans notre poche.
18:21Le téléphone est beaucoup plus précis
18:24que votre montre qu'on a au poignet.
18:27Il est loin le temps de mes grands-parents
18:30où on appelait le dimanche soir l'horloge parlante
18:33pour régler la montre.
18:36Maintenant, on l'a sur le téléphone, donc on ne le fait plus.
18:39Mais cela dit, le téléphone portable,
18:42l'heure, vient bien de quelque part.
18:45Il vient des laboratoires de métrologie, dont le nôtre.
18:48Ça, c'est le deuxième labo.
18:51Le premier laboratoire,
18:54c'est un laboratoire d'astronomie,
18:57d'observation des astres, du positionnement, etc.
19:00Le deuxième, il s'appelle...
19:03Je ne sais pas s'il s'appelle toujours encore, mais il s'appelle CIRT.
19:06On peut reprendre. Le premier laboratoire, c'était l'IMC.
19:09L'IMC, c'est une mécanique céleste et de calculs éphémérés.
19:12Le deuxième laboratoire, c'est le CIRT,
19:15système de référence temps et espace.
19:18Ça, c'était un laboratoire où on faisait la rotation de la Terre.
19:22Il y a quelques astronomes, comme moi,
19:25et des physiciens qui font de l'atome.
19:28Des gens qui font de la mécanique quantique.
19:31On m'a toujours dit...
19:34Je vais y venir.
19:37On m'a toujours dit que c'était à Paris qu'on conservait le temps.
19:40Oui. On le fabrique même.
19:43Il faut que vous nous expliquez comment on fabrique le temps
19:46et pourquoi Paris est l'endroit où on garde un temps de référence.
19:50On le garde à Paris pour le temps légal français.
19:53Il faut bien imaginer que nos amis allemands ont un endroit
19:56où ils font de même.
19:59Les Italiens, apparemment.
20:02Les Italiens, c'est l'INRIM. Dans la région de Turin.
20:05Les Allemands, c'est dans une forêt bien gardée.
20:08Ça s'appelle l'APTB.
20:11Les Américains, c'est pas loin de Boulder. C'est l'UNIST.
20:14Chaque grand pays a un laboratoire de métrologie qui fait ça.
20:18Historiquement, ça a été fait à Paris.
20:21Là, on pourrait remonter encore plus dans le passé,
20:24donc il y a 20 ans,
20:27où le CIRT était lui-même une fusion de laboratoires.
20:30Comment on fabrique le temps ?
20:33Il faut des horloges.
20:36Ça, c'est le basique.
20:39Ce ne sont pas les horloges que vous avez à la maison ni au poignet.
20:42Ce sont des horloges d'un type un peu particulier
20:45qui peuvent prendre toute une pièce comme celle-ci, par exemple.
20:48On utilise les atomes.
20:51Comment ça se passe ?
20:54On a une cavité de vide.
20:57Le meilleur qu'on peut.
21:00Et on essaie de piéger des atomes là-dedans.
21:03Qu'est-ce qu'un atome ?
21:06C'est une petite boule.
21:09On veut qu'elle soit froide, qu'elle ne bouge pas.
21:12Un atome, ça vibre.
21:15Dans votre monte, vous avez un quartz, vous avez un cristal qui vibre.
21:18Ça vibre bien, mais ce n'est pas très exact.
21:21Il n'est pas très stable non plus.
21:24Tandis qu'un atome, c'est une propriété fondamentale de la matière.
21:27Ça a des transitions extrêmement exactes.
21:33Si on arrive à utiliser ce qui se passe dans les transitions atomiques
21:36et à les maîtriser,
21:39on peut produire la seconde avec une précision assez redoutable.
21:42C'est ce que les gens font dans les sous-sols de l'Observatoire de Paris.
21:47On prend des atomes, on les refroidit.
21:50Vous allez me dire, comment on refroidit des atomes ?
21:53On les bombarde de lasers.
21:56On les bombarde de lumière dans toutes les directions.
21:59Si vous avez une petite boule,
22:02toutes les directions, vous les bombardez.
22:05Ça les énerve, ça les excite.
22:09Comme toute personne énervée veut se dé-exciter,
22:12l'atome va ré-émettre un grain de lumière, un photon,
22:16et va perdre de l'énergie.
22:19Au fur et à mesure, il va finir par bouger de moins en moins.
22:22Quelque chose qui ne bouge plus en physique,
22:25ou qui bouge peu, se refroidit.
22:28C'est pour ça qu'on parle d'atomes froids, voire d'atomes ultra-froids.
22:31Et quand les atomes sont extrêmement froids,
22:34et qu'on les a bien piégés avec des pièges optiques,
22:37on peut juste les énerver comme il faut, à la bonne fréquence,
22:40et quand ils vont se dé-exciter,
22:43ils vont produire le Hertz.
22:46Ou un multiple du Hertz, qui après, on va réutiliser.
22:49Régularité et exactitude.
22:52Certaines horloges sont très exactes.
22:55Et d'autres, plus stables.
22:58Donc ce qu'on va faire, c'est qu'on va avoir des masères
23:01et des horloges à césium,
23:04l'atome qui a été choisi pour la référence de la seconde,
23:07qui sont commerciaux,
23:10qui sont très stables,
23:13donc on va en avoir plusieurs,
23:16parce que ce sont des appareillages qui sont quand même compliqués,
23:19et ce n'est pas comme une couche poussière que vous achetez dans un magasin.
23:22Elles sont toutes pareilles.
23:25Il n'y a pas de problème.
23:28Ces équipements-là, ils ont toujours un défaut, de toute façon.
23:31Soit il y a un vide qui n'est pas parfait,
23:34soit il y a un champ magnétique qui n'est pas bien contrôlé,
23:37et donc il y a une perturbation.
23:40Vous pouvez lister un nombre d'effets assez incalculable,
23:43et aucune horloge n'a zéro défaut.
23:46Donc vous allez en avoir plusieurs.
23:49Ça, c'est aussi une base de la métrologie.
23:52Vous en avez plusieurs, et en gros, vous faites la moyenne.
23:55Et en gros, vous moyennez les défauts.
23:58C'est une précision.
24:01Les effets vont être très exacts, et vous allez utiliser leurs fréquences
24:04pour piloter et pour forcer des horloges stables
24:07pour faire d'une fréquence un Hertz
24:10qui soit à la fois stable et exacte dans le temps.
24:13Je vais vous reposer aussi la même question que pour l'astronomie,
24:16c'est pourquoi une telle précision ?
24:19La dérive de cette seconde, c'est quasi nulle.
24:22J'imagine que sur des milliards d'années,
24:25on peut perdre une seconde sur l'âge de l'univers.
24:28Donc on peut...
24:31Pourquoi une telle précision ?
24:34Et pourquoi chercher encore toujours à faire mieux ?
24:37C'est une question qui paraît simple,
24:40mais elle est extrêmement compliquée.
24:43Je peux faire une réponse simple.
24:46C'est parce qu'on a envie de comprendre la nature.
24:49Quelque part, quand on manipule ces atomes,
24:53ça va être la réponse vraiment degré zéro,
24:56le physicien qui veut comprendre la nature
24:59et il ne regarde pas ce qui se passe autour de lui.
25:02Evidemment, si vous arrivez à produire une horloge
25:05qui vous donne une certaine exactitude,
25:08une certaine stabilité,
25:11vous allez avoir des théoriciens qui gravitent autour,
25:14comme moi, qui vont dire,
25:17on va pouvoir faire des choses avec ça.
25:21Si j'ai une déviation de quelques secondes sur l'âge de l'univers,
25:24vous voyez bien que je peux regarder tout de suite la stabilité
25:27des constantes fondamentales.
25:30Les constantes ne sont pas censées varier.
25:33La vitesse de la lumière est censée avoir une certaine valeur.
25:36Un théoricien peut imaginer une théorie où ces constantes varient.
25:39Si maintenant j'ai un appareillage
25:42qui me permet de sonder sur l'âge de l'univers,
25:45fatalement je fais de la physique avec.
25:49Là, c'est le degré 1,
25:52mais on reste dans le cadre des scientifiques.
25:55Après, vous donnez cette possibilité à un État
25:58ou à des gens dans la société civile,
26:01ils vont vous trouver des applications tout de suite.
26:04La boucle va se mettre en route.
26:07Les télécommunications,
26:10elles ont évolué depuis le siècle dernier,
26:13ça va de plus en plus vite.
26:17L'un des éléments clés,
26:20ça va être d'avoir un temps extrêmement précis.
26:23Vous avez des opérations à la bourse.
26:26Vous avez des gens qui nous contactent quelques fois
26:29parce qu'ils font des choses à la nanoseconde, à la picoseconde.
26:32Là, c'est 9 décimales après le zéro,
26:35ou 12.
26:38Il faut une échelle de temps qui tienne la route à ce niveau-là.
26:41Plus prosaïquement, quand les Américains ont lancé
26:44les satellites GPS,
26:47c'est la triangulation,
26:50et c'est basé sur le temps.
26:53Vous avez un signal qui part d'un satellite,
26:56et derrière, c'est une triangulation avec un temps de parcours.
26:59On s'est aperçu qu'il fallait des oscillateurs
27:02qui soient très stables.
27:05Galiléo, c'est encore mieux, et ainsi de suite.
27:08C'est une course comme ça,
27:11lequel va être le premier à vous demander quelque chose.
27:14C'est le scientifique qui amène quelque chose,
27:17et puis ça peut être les applications qui nous disent
27:20un géophysicien qui va vous dire
27:23si j'ai une horloge extrêmement précise,
27:26vous donnez cet exemple-là.
27:29Donc à 10.18.
27:32Aujourd'hui, les états longs qu'on a,
27:35on parle toujours en 10. quelque chose, pour faire simple.
27:38On parle d'avoir cette fréquence fondamentale de l'horloge,
27:41et on ne se trompe pas en la comparant à autre chose,
27:44à la 15e, 16e, ou 18e décimale.
27:47Le temps atomique international,
27:50c'est de l'ordre de 10.15 en fraction de fréquence.
27:53Là, on développe des états longs,
27:56qui n'est pas du césium, mais qui est sur des fréquences optiques,
27:59qui sont en 10.16, 10.17, on veut aller vers le 10.18.
28:02Vous allez me dire, pourquoi le 10.18 ?
28:05Vous avez deux horloges qui seraient exactes
28:08de l'ordre de 10.18.
28:11Vous les mettez à deux endroits différents,
28:14et c'est capable de quantifier très précisément
28:17une différence d'altitude de l'ordre du centimètre.
28:20Comment on calcule un champ de gravité ?
28:23Aujourd'hui, on envoie des satellites dans l'espace,
28:26qui tournent autour de la Terre.
28:29En fonction de leur orbite, on reconstruit le champ de gravité.
28:33On a une résolution spatiale qui n'est pas énorme.
28:36On a des coefficients du champ.
28:39Par contre, localement, ce n'est pas très bon.
28:42Maintenant, imaginez que vous coupliez ça
28:45avec une horloge extrêmement précise.
28:48Vous avez une détermination de l'altitude extrêmement bonne.
28:51Et là, tout de suite, vous avez une application qui se crée.
28:54Ça s'appelle la géodésie chronométrique.
28:57La géodésie, c'est l'étude de la Terre.
29:01Ça a une petite dizaine d'années et c'est en plein développement.
29:04Les besoins de cette nouvelle science
29:07motivent aussi les collègues à développer des horloges de meilleure précision.
29:10C'est ce cercle qui se met en route.
29:13Vous parliez des horloges.
29:16Galileo a des horloges atomiques extrêmement précises.
29:19Quelle incidence, en termes de positionnement d'un véhicule,
29:24si vous avez une toute petite fraction,
29:27une amélioration, on en est à quoi au maître ?
29:30Comment on se positionne ? Quelle est l'impact ?
29:33Si on prend mal en compte les effets,
29:36on peut avoir une erreur qui est assez grande.
29:39Ça dérive même puisqu'on est dans un domaine
29:42de relativité générale,
29:45puisque le temps est relatif.
29:48Si on ne prend pas cet effet-là en compte,
29:51il se cumule dans le temps et on peut être dans l'échou assez rapidement.
29:54C'est un peu la même histoire que...
29:57Attention, prends tout le clavillon !
30:00Voilà, j'y viens.
30:03C'est un peu la même histoire que les déterminations de longitude
30:06et les marins.
30:09Si on dérive, on n'arrive pas du tout à destination.
30:12Là, ça va être pareil.
30:15Si le temps n'est pas bon, s'il y a une dérive là-dedans,
30:18votre positionnement n'est pas renvoyé.
30:21Aujourd'hui, on est à quelques centimètres.
30:24En positionnement ?
30:27Quelques centimètres.
30:30Comme vous dites, les GPS, ça inclut Galileo.
30:33D'accord, ma précision est de quelques centimètres.
30:36Pour l'aviation civile, effectivement, ça a un impact.
30:39Pour nous, même en voiture, on ne va pas très vite.
30:42Donc ça n'a pas un grand impact.
30:45Pour un avion, ça vole vite.
30:48On est en train de parler de quelques dizaines de kilomètres.
30:51Il faut faire attention.
30:54D'ailleurs, on certifie au laboratoire
30:57les signaux GPS qui arrivent à l'aviation.
31:00Dans quelques semaines,
31:03devrait décoller une expérience
31:06qu'on attend tous depuis très longtemps,
31:09qui s'appelle Pharao.
31:12C'est une horloge atomique
31:15qui devrait être positionnée
31:18à bord de la Station Spatiale Internationale.
31:21Elle a beaucoup de retard.
31:24Elle était prête depuis plus de 10 ans.
31:27Pourquoi installer des horloges atomiques
31:30à bord d'une Station Spatiale ?
31:33Et à quoi ça nous sert par rapport au référent terrestre ?
31:39Effectivement, dans les satellites
31:42tels que les GPS ou les GNSS,
31:45on a ce genre d'équipement d'horloge.
31:48En fait, ce n'est pas tout à fait.
31:51La précision est de l'ordre de 10-13, 10-14.
31:54La Pharao, c'est une fontaine à atomes froids.
31:57Pour reprendre ce que j'évoquais tout à l'heure,
32:00c'est une piège des atomes.
32:03On va vraiment les interroger.
32:06C'est vraiment une fontaine atomique
32:09qu'on met dans l'espace.
32:12C'est la 1re fois.
32:15Pourquoi on le fait ?
32:18On veut avoir un étalon primaire dans l'espace
32:21pour pouvoir communiquer
32:24avec les étalons primaires au sol.
32:27Imaginez que la Station Spatiale Internationale
32:30est à 800 km d'altitude.
32:33Vous avez cet étalon qui est là.
32:36Il va pouvoir voir plusieurs laboratoires
32:39de métrologie en même temps.
32:42Il peut imaginer qu'il peut voir en visibilité
32:45aussi bien Paris que l'Allemagne.
32:48On peut imaginer un lien entre une horloge
32:51dans le laboratoire qui va communiquer avec Pharao
32:54qui va elle-même communiquer avec une horloge
32:57en Allemagne ou en Italie.
33:00On fait communiquer l'horloge à Paris,
33:03à la référence qu'on a dans le ciel.
33:06Vous m'avez parlé de relativité générale
33:09et de physique quantique.
33:12Expliquez-moi ce qui se passe à cet endroit.
33:15Là, vous avez un petit secret.
33:18Il y a des secrets de famille
33:21que je vais devoir dévoiler.
33:24Sur Terre, qu'est-ce qu'une fontaine ?
33:27Pourquoi on appelle ça une fontaine ?
33:31Pour les interroger,
33:34il faut les bouger de ce piège.
33:37On leur donne une piche nette avec un laser.
33:40Ils montent dans un tube.
33:43L'effet de la gravité finit par arriver.
33:46C'est pour ça qu'on parle de fontaine.
33:49Dans l'espace, ce n'est pas tout à fait pareil
33:52parce qu'on est en micro-gravité.
33:55On ne va pas pouvoir faire
33:58ce qu'on veut.
34:01C'est la même chose au départ.
34:04On va avoir un tube,
34:07on va piéger les atomes
34:10et on va les faire rentrer dans ce tube.
34:13Mais ils sont en micro-gravité.
34:16L'appareillage et les atomes
34:19vont être en chute libre
34:22ensemble autour de la Terre.
34:26Plus on va être exact.
34:29C'est pour ça qu'on va monter à 10-16,
34:32on l'espère, en fraction de fréquence,
34:35sur cet appareillage.
34:38Et à ce niveau, on a un effet de relativité générale
34:41qui est bien connu des théoriciens.
34:44C'est le redshift, le décalage gravitationnel
34:47vers le rouge des fréquences,
34:50prédit par la relativité générale.
34:53On l'espère.
34:56Vous êtes finalement un physicien
34:59qui passe son temps à essayer d'interroger
35:02avec des nouveaux outils
35:05la solidité de la relativité générale,
35:08peut-être même la solidité de la gravitation.
35:11Avec ces nouveaux outils,
35:14vous pouvez interroger
35:17la puissance, la force
35:20de ces forces.
35:23On le fait quotidiennement.
35:26Ce type d'horloge
35:29est un appareillage extraordinaire pour un théoricien.
35:32C'est un jouet fantastique.
35:35On espère arriver à faire ce test.
35:38La première fois qu'il a été fait avec précision,
35:41c'est dans les années 70.
35:44C'était l'expérience Gravity Probe A des Américains.
35:47C'était une roquette avec un étalon dedans,
35:50interrogée avec le sol.
35:53On va refaire ça plus de 40 ou 45 ans plus tard
35:56dans la Station Spatiale Internationale,
35:59plus exactement à l'extérieur.
36:02C'est une palette qui va être accrochée
36:05à l'arrière du module Columbus
36:08de la Station Spatiale.
36:11C'est un des objectifs.
36:14Au laboratoire, on peut faire des tests de gravitation
36:17avec tout.
36:20Avec le laser lune,
36:23on va pouvoir tester la gravitation
36:26parce que la Terre et la Lune tombent dans le champ du Soleil.
36:29Donc il y a un effet de relativité.
36:32Si vous testez, c'est que vous avez des doutes ?
36:35Ce qui est terrible,
36:38c'est que la théorie est très robuste.
36:41Elle passe tous les tests dans le système solaire avec brio.
36:44Oui, pour l'instant.
36:47Oui, on a des doutes.
36:50Ce n'est pas qu'on a des doutes,
36:53c'est que c'est une certitude qu'une théorie ne décrit pas la nature.
36:56Une théorie, c'est une représentation
36:59avec vos yeux,
37:02ça peut être nos yeux réellement ou des moyens d'observation
37:05de ce qu'on voit.
37:08C'est une description de la nature et de notre perception de la nature.
37:11Vous avez de meilleurs instruments, vous voyez des choses plus fines,
37:14vous découvrez de nouveaux effets.
37:17Donc une théorie, elle est valide, elle n'est pas vraie.
37:20Elle est valide jusqu'à temps qu'on ait trouvé quelque chose
37:23où elle ne tient plus.
37:26La théorie de Newton a très bien tenu
37:29jusqu'à Mercure.
37:32On avait tout le débat
37:35après le verrier de la planète entre Vulcain
37:38parce qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas dans la précession de Mercure.
37:41La théorie de Newton tenait
37:44jusqu'à ce moment-là.
37:47Après, on a eu des doutes et la relativité est arrivée.
37:50Premier truc vérifié.
37:53La précession de Mercure.
37:56Donc ça l'explique.
37:59Ça ne fait pas une statue de théorie pour l'instant.
38:02Finalement expliqué et rendu compte par la théorie,
38:05valide.
38:08Mais une théorie, ça doit prédire aussi.
38:11Donc là, c'est la déviation des rayons lumineux,
38:14l'éclipse de 1919.
38:17Et là, une prédiction, vérification.
38:20Là, la relativité devient une théorie et devient la théorie de la gravitation.
38:23Ça vous étonne toujours quand on dit
38:26le temps ne s'écoule pas à la même vitesse à bord de la station spatiale
38:30Non, pas forcément.
38:33Je l'ai intégré, je suis théoricien.
38:36J'ai un degré d'expertise dans cette théorie,
38:39donc ça me met naturel.
38:42C'est peut-être moins pour le grand public.
38:45Il faut des différences de gravitation
38:48assez importantes pour
38:51voir les effets.
38:54Ou alors un état de vitesse un peu péchu.
38:57Ce n'est pas à 100 km heure qu'on voit quelque chose.
39:00C'est plutôt vers la vitesse de la lunaire.
39:03Je vais vous dire pourquoi je vous pose cette question.
39:06Je voudrais que vous me disiez quelle est votre vision personnelle
39:09de l'espace-temps.
39:12L'espace, on le voit bien.
39:15Ici, c'est un espace, une hauteur, une profondeur, une largeur, etc.
39:18Le temps, je ne dirais pas.
39:21Pas nécessairement on sait ce que c'est, mais on voit bien l'écoulement.
39:24L'espace-temps, c'est un drôle de concept.
39:27Comment vous le décrivez ?
39:30Si on vous dit c'est quoi l'espace-temps, vous répondez quoi ?
39:33C'est votre métier.
39:36C'est mon métier, oui.
39:39Je vois tout sous forme de courbure, d'événements.
39:42C'est-à-dire que nous sommes tous des lignes de l'univers.
39:45Vous allez me dire, qu'est-ce que c'est ?
39:48Nous avons un début et une fin.
39:51Et nous vivons sur une nappe
39:54qui évolue dans un temps coordonné
39:57parce que les planètes bougent
40:00et que les distributions de masse et d'énergie bougent.
40:03Je peux tous vous voir,
40:06si je réponds aux professionnels,
40:09je vous vois tous comme étant des composantes du tenseur énergie-impulsion.
40:12Vous êtes tous de l'énergie et de la matière.
40:15Et je reconstruis cette chose-là.
40:18C'est comme ça que je le vois.
40:21Vous allez me dire, comment le dire simplement ?
40:24Ça veut dire que l'espace n'a pas vraiment de sens,
40:27ni même le temps.
40:30Tout ça, ce sont des coordonnées.
40:33Des coordonnées ?
40:36Voilà, ce sont des coordonnées.
40:39La seule chose qui aurait une véracité,
40:42c'est une horloge que je porterais,
40:45ça, ça serait mon temps propre.
40:48Et vous en avez un.
40:51Et on a tous un différent.
40:54Tout le monde a un temps propre différent.
40:57Alors on peut se mettre d'accord.
41:00À un moment donné, on se dit, on va se mettre d'accord.
41:03On dit tous, au quatrième top, il est à l'heure.
41:06Donc là, on est synchronisés.
41:09Il suffit que quelqu'un se lève et bouge,
41:12parce que l'espace et le temps sont reliés par ça.
41:15Donc la particule la plus sympa de l'univers,
41:18c'est le photon, c'est la lumière.
41:21Lui, il va à la vitesse de la lumière.
41:24Donc il se balade sur le cône de lumière en permanence.
41:27Donc il ne voit pas le temps coordonné s'écouler,
41:30il ne voit pas l'espace s'écouler.
41:33Mais par contre, il est éternel,
41:36d'un point de vue mathématique.
41:39L'éternité est un peu en lumière dans ce cas-là.
41:42Donc il vaut mieux que nous ne soyons que des courbes temporelles,
41:45avec un début et une fin.
41:48Quelquefois, nous nous croisons, les courbes se croisent.
41:51On peut représenter tout l'espace comme ça.
41:54Merci, c'est très clair.
41:57Et on voit bien que vous pouvez perturber les choses
42:00par ce qui va arriver.
42:03Je vais revenir un peu à l'histoire,
42:06l'origine de l'Observatoire de Paris.
42:09Vous savez qu'il a été demandé par Louis XIV,
42:12et parmi les premières missions demandées à l'Observatoire de Paris,
42:15c'était, par le roi,
42:18de fabriquer une carte de France qui soit exacte.
42:21Une bonne carte de France qui montre les limites de la France.
42:24Et donc c'est M. Delahir,
42:27qui était astronome à l'Observatoire,
42:30qui en était chargé.
42:33Et il avait besoin de savoir quelle était la longitude.
42:36Et pour savoir quelle était la longitude, il avait besoin d'horloges.
42:39Et donc ces observations se font
42:42à partir des éclipses,
42:45des satellites de Jupiter qu'ils observent
42:48et qui permettent justement d'avoir un temps comparable.
42:51Et il fabrique une carte de France,
42:54et je vais vous lire, c'est vous qui le publiez dans votre bulletin,
42:57sur l'histoire du temps.
43:00Les résultats au roi,
43:03et le roi découvre que la France est plus petite que ce qu'elle était.
43:06Ce qui fait dire à Louis XIV,
43:09ces chers messieurs de l'Académie, avec leurs grands travaux,
43:12m'ont coûté une partie de mon royaume,
43:15et m'ont pris plus de territoire que tous mes ennemis réussis.
43:18Ça veut dire qu'en faisant de la science,
43:21de la métrologie, ou en tout cas de la science de précision,
43:24dans l'espace et dans le temps,
43:27on pouvait changer la vision, le regard que nous avons
43:30sur quelque chose que nous pensons être
43:33la réalité sur laquelle on s'entend.
43:36Et ça démarre déjà, avec Louis XIV,
43:39la première mesure d'un espace-temps
43:42qui comptait pour nous, puisque c'est la France.
43:45Ça vous abuse ?
43:48C'est très amusant. On voit bien les motivations du monarque
43:51pour avoir un observatoire.
43:54Il y a des sociétaux qui sont très forts.
43:57C'était vraiment l'objectif d'avoir des cartes
44:00pour pouvoir avoir des armées qui se meuvent correctement.
44:03Au départ, ce n'est pas philanthropique.
44:06Il ne faut pas se leurrer.
44:09Mais ça permet d'avoir des bonnes cartes
44:12et après on peut en faire de la science.
44:15Je rebondis parce que vous venez de recevoir,
44:18comme tous les astronomes, les résultats d'un satellite
44:21qui s'appelle Gaia, un satellite d'astrométrie
44:24qui a suivi Hipparcos, le grand géomètre
44:27qui essayait de savoir où étaient les étoiles,
44:30à quelle distance, quelle position exacte.
44:33Avec Gaia, vous avez reçu une avalanche
44:36de données extraordinaires de ce satellite
44:39qui a mesuré plus d'un milliard d'étoiles
44:42pendant position, vitesse, luminosité,
44:45pendant pratiquement 5 ans.
44:48Et là, tout d'un coup, vous avez un terrain de jeu extraordinaire
44:51pour l'espace et le temps.
44:54C'est très loin d'être fini cette histoire.
44:57Même si le satellite finit ses opérations,
45:00il y a du travail pour des dizaines d'années
45:03pour dépouiller l'ensemble des données
45:06qu'on reçoit de Gaia.
45:09Il y a plusieurs aspects.
45:12Un milliard d'étoiles de la galaxie
45:15qui sont observées dans d'autres laboratoires
45:18pour étudier la physique galactique, la métallicité, etc.
45:21Je ne vais pas en dire trop,
45:24parce que ça dépasse mon champ de compétence.
45:27Je vais rester sur ce qui nous intéresse plus au laboratoire.
45:30Parmi ces étoiles,
45:33il y a des quasars à l'extérieur de la galaxie
45:36qui sont observés.
45:39Un certain nombre, mais en optique.
45:42C'est un satellite qui reçoit de la lumière.
45:45Il a des super yeux, mais c'est de l'optique.
45:48Il est donc capable de positionner
45:51très précisément sur le ciel
45:54un nombre assez important de quasars.
45:57Les mêmes quasars qu'on observe
46:00avec les antennes radio
46:03et qui nous permettent d'avoir la rotation de la Terre.
46:06On peut se dire que si on est en optique,
46:09il n'y a pas de quasars.
46:12Évidemment, le radio centre d'un quasar
46:15n'est pas tout à fait le même que le centre en optique.
46:18Il y a un décalage,
46:21parce qu'il y a la physique des quasars qui arrive dedans.
46:24On peut faire un système de référence en optique,
46:27mais qui ne sera pas tout à fait le même que celui en radio.
46:30Il faut les raccorder.
46:33Typiquement, c'est une mission qu'on traite au laboratoire.
46:36Il faut construire des astéroïdes.
46:39On a énormément d'astéroïdes qui sont observées.
46:42Il faut faire les orbites.
46:45Reconstruire ces orbites d'astéroïdes.
46:48Ce sont des choses qui sont faites au laboratoire.
46:51On en découvre aussi plein.
46:54Toujours se situer, toujours savoir où sont les choses,
46:57toujours positionner précisément.
47:00C'est fondamentalement le travail du laboratoire.
47:03Si je devais le résumer en quelques mots,
47:06vous avez les gens qui font de la mécanique céleste,
47:09l'observation astronomique.
47:12Ils vous disent où sont les astres.
47:15Vous avez les équipes qui construisent la rotation de la Terre
47:18par rapport au quasar lointain.
47:21Ils vous disent où sommes-nous exactement,
47:24où on se situe.
47:27Vous avez les équipes qui font des observations
47:30des horloges atomiques,
47:33mais il n'y a pas qu'eux.
47:36Il y a aussi des gyromètres atomiques, des gravimètres atomiques.
47:39Ils vous disent quelle heure il est exactement
47:42et comment on peut détecter une rotation de votre champ.
47:45Vous avez des théoriciens relativistes
47:48et des mathématiciens
47:51qui vont dire voilà les théories
47:54qui nous permettent de calculer une trajectoire.
47:57Et puis des historiens,
48:00une petite équipe d'histoire,
48:03qui sont spécialisés en histoire des sciences en relation avec l'astronomie.
48:06Si je devais résumer le laboratoire,
48:09il vous dit où vous êtes, quelle heure il est, où vous allez.
48:12C'est le laboratoire.
48:15Comment est-ce que vous comptez concilier
48:18presque une approche naturelle ?
48:21On a souvent reproché à l'histoire du temps en disant
48:24qu'on comptait le temps par la rotation de la Terre.
48:27C'était clair. Le temps universel, on appelait ça.
48:30Tout d'un coup, les physiciens sont arrivés
48:33et la Terre, on l'a oubliée, on a compté les vibrations de l'atome.
48:36Puis on s'est rendu compte que c'était tellement précis
48:39que finalement la Terre ne se suivait pas. Elle était un peu chaotique et bougée.
48:42Donc on a rajouté ou soustrait des secondes, vous le disiez tout à l'heure.
48:45Est-ce que vous n'avez pas l'impression
48:48qu'il faut faire attention
48:51à ce qu'on ne perde pas pied en tant qu'honnête homme du XXIe siècle ?
48:54En quelque sorte, c'est un peu encyclopédiste.
48:57Mais avec les données que vous manipulez aujourd'hui
49:00qui sont effectivement la métrologie,
49:03faire une science exacte, savoir répondre avec une précision démente
49:06où nous sommes, à quelle heure nous sommes, etc.
49:09Et qu'il va vous falloir dans ce laboratoire concilier les deux.
49:12C'est-à-dire à la fois lever le coucher du soleil
49:15et puis en même temps la distance exacte
49:18de l'astéroïde ou de la comète qui arrive.
49:21C'est un challenge, il ne faut pas se le cacher.
49:24Puisque là, on a un pan thématique
49:27qui est quand même assez vaste.
49:30On a des profils de chercheurs qui sont différents.
49:33D'un mathématicien à quelqu'un qui fait de l'instrumentation
49:36en physique atomique, ça peut paraître être le grand écart.
49:39En réalité,
49:42tout ça est lié depuis très longtemps, depuis la nuit des temps.
49:46L'observatoire a été créé pour faire le temps
49:49et regarder du positionnement au sol.
49:54Le bureau des longitudes a été dans la boucle
49:57de ce mouvement depuis sa création.
50:00En fait, les gens se connaissent.
50:03Concrètement, les gens de l'ancien IMCSE
50:06sont dans un bâtiment,
50:09ils sont à trois étages donnés.
50:12Ceux qui font la rotation de la Terre
50:15sont à un étage en plein milieu.
50:18Ceux qui font le temps sont au bâtiment juste à côté
50:21et à 50 mètres entre les deux.
50:24Il y a le point de ralliement qui est la cantine en plein milieu.
50:27Les gens se croisent et se connaissent.
50:33Les disciplines restent quelquefois un peu entre elles.
50:36Là, c'est tout le challenge d'arriver à avoir
50:39une formation scientifique dans le laboratoire
50:42pour que tout le monde se parle et se connaisse.
50:45On a fait ça depuis un an et demi.
50:48Le laboratoire a démarré au 1er janvier,
50:51mais ça fait un an et demi qu'on y travaille.
50:54On marie avec des séminaires communs,
50:57avec ce genre de choses.
51:00On joue sur les doctorants et sur les jeunes
51:03en les mélangeant pour que les choses passent ensemble.
51:06Ça prend du temps.
51:09Ça prend un peu d'énergie, mais ça se fait.
51:12Après, tout est lié. Réellement, tout est lié.
51:15Quand vous réalisez un temps légal,
51:18c'est relié à la rotation de la Terre,
51:21parce qu'il va falloir mettre un saut de seconde.
51:24Tous ces gens-là se parlent.
51:27Il faut juste le mettre en cohérence.
51:30C'est ce qu'on essaie de faire.
51:34C'est quelque chose d'assez unique au monde.
51:37Si vous regardez nos collègues américains,
51:40vous avez 3 entités différentes
51:43qui vont faire à peu près tout ce qu'on fait au laboratoire.
51:46Vous allez avoir les éphémérides
51:49du Jet Propulsion Laboratory à la NASA.
51:52C'est eux qui font les éphémérides planétaires et de satellites.
51:55Ça, c'est Côte Ouest.
51:58Ceux qui font de l'astrométrie,
52:01l'art de positionner un astre sur le ciel,
52:04et qui font le temps GPS,
52:07c'est l'Observatoire Naval de Washington.
52:10Côte Est.
52:13Et ceux qui font le temps légal américain,
52:16ils sont à Boulder, dans le Colorado, en plein milieu.
52:19Ça, c'est le NIST.
52:22Nous, on a tout au même endroit.
52:25Les gens se parlent et on peut faire tout de façon coordonnée.
52:28C'est quand même fantastique.
52:31On n'est pas en guerre, Greenwich.
52:34On restera sur le Méridien de Paris.
52:37L'Observatoire de Paris a sans doute
52:40la plus grande bibliothèque astronomique du monde.
52:43Des documents exceptionnels, des livres, etc.
52:46Vous avez une équipe qui travaille sur l'histoire de l'astronomie
52:49du Moyen-Âge jusqu'au XXe siècle.
52:52Quelle est l'histoire de l'astronomie ?
52:55Quel est l'esprit de la recherche ?
52:58Pourquoi pour vous c'est important ?
53:01C'est une petite équipe qui a toujours été au laboratoire.
53:04Donc anciennement le CIRT.
53:07Elle était au CIRT.
53:10Elle fait effectivement de la recherche en astronomie.
53:13Ce sont des gens qui sont historiens, professionnels.
53:16Sciences humaines et sociales.
53:19Du Moyen-Âge à l'époque moderne.
53:22Ce sont des choses qui sont en lien
53:25avec certaines activités du laboratoire.
53:28Par exemple, on a eu des gens qui sont experts
53:31en relativité générale dans cette équipe.
53:34Ils ont décortiqué comment
53:37la gravitation relativiste est née.
53:40Ils parlent tout de suite
53:43aux théoriciens relativistes du laboratoire.
53:46C'est là où je vous dis qu'ils se parlent entre eux.
53:49Et puis les gens qui font du Moyen-Âge.
53:52Qu'est-ce que ça veut dire le Moyen-Âge ?
53:55Ce sont les tables astronomiques.
53:58En particulier les tables Alfonsines.
54:01Comment on faisait de l'astronomie
54:04avant Kepler, avant Newton.
54:07L'observation astronomique consignée dans des tables
54:10pour avoir les différents calendriers,
54:13saisons, etc.
54:16que maintenant on fait de façon moderne.
54:19Leur spécialité, effectivement,
54:22c'est d'analyser ces sciences-là.
54:25De temps en temps, on arrive à avoir des projets communs
54:28avec les autres équipes du laboratoire.
54:31On a fait des instruments.
54:34L'atelier de mécanique a recréé des vieux instruments
54:37avec les historiens.
54:40C'est quelque chose d'assez rigolo.
54:43Et puis, évidemment, il y a une bibliothèque à l'Observatoire
54:46comme on l'avait dit.
54:49Et nos historiens travaillent avec eux.
54:52Vous avez évoqué l'Aïr. Ils ont fait des choses sur l'Aïr.
54:55Parce que le fond de l'Observatoire est assez gigantesque.
54:58Donc ils travaillent avec eux.
55:01Et dans votre mission de service public,
55:04vous êtes confronté aussi, je dirais,
55:07aux différentes façons de voir le monde.
55:10Je vous recule des dates du mois de Ramadan, par exemple,
55:13en expliquant que l'IMCCE a 4 critères de visibilité
55:16qui laissent penser que
55:19la Lune pourrait être visible à l'oeil nu
55:22le 28 février,
55:25mais vraisemblablement
55:28plutôt le 1er mars.
55:31Que le début du mois de Ramadan sera donc
55:34le soir du 28 février ou le soir du 1er mars.
55:37C'est exactement ça.
55:40Et vous soulignez, finalement, c'est l'autorité religieuse
55:43qui décide les dates de début et de fin des mois
55:46en s'appuyant sur les prédictions de visibilité
55:49ou la visibilité effective du croissant.
55:52Donc il y a la science d'un côté et en même temps,
55:55il y a la religion, l'usage, la pratique de l'autre.
55:58Pour nous, la religion reste à la porte de l'Observatoire.
56:01On vous interroge sur le Ramadan.
56:04On fait les calculs.
56:07La Lune est comme ci, elle est comme ça.
56:10Après, les autorités religieuses, musulmanes ou d'autres,
56:13pourraient faire le même calcul sur d'autres religions.
56:16Après, ils nous demandent.
56:19C'est leur affaire après de décider.
56:22On leur dit, vous avez des critères, quels sont vos critères ?
56:25On vous fait le calcul.
56:28On répond évidemment à la demande.
56:31Il y a une importance de la prévision des événements dans le ciel
56:34puisque le lien entre le pouvoir politique et religieux
56:37a toujours été une évolution.
56:40C'est une évolution.
56:43L'étable Alphonsine s'appelle Alphonsine.
56:46Ce n'est pas par hasard.
56:49C'est Alphonse au niveau du Portugal et de l'Espagne.
56:52Ça a toujours cette connotation-là.
56:55Dans tous les grands pays à travers l'histoire,
56:58Louis XIV avait des fonctions bien précises.
57:01Louis XIV avait ses astronomes pour une fonction bien précise.
57:04Évidemment que c'est lié.
57:07Après, la société a évolué.
57:10Nous, on a une mission qui est de faire les éphémérides.
57:13Et les calendriers, on les publie.
57:16On peut le faire en calendrier républicain si vous voulez.
57:19Nous sommes en l'an de grâce 233 en calendrier républicain.
57:22Pourquoi êtes-vous devenu astronome ?
57:25C'est une grave question.
57:28Pourquoi ?
57:31Je ne suis pas un astronome amateur.
57:34Je suis un physicien.
57:37J'ai fait des études de physique et de mathématiques.
57:40Après, j'ai écouté mes professeurs
57:43qui, au fur et à mesure, m'ont guidé.
57:46Un jour, j'ai eu quelqu'un
57:49qui s'appelait Jean-Paul Zanne.
57:52Il m'a dit que je devais faire ça.
57:55C'est comme ça que je suis arrivé à l'Observatoire.
57:58J'ai fait une thèse.
58:01Après, je suis devenu astronome parce que ça m'a plu.
58:04C'est un cheminement en écoutant les maîtres.
58:07Un spécialiste du soleil ?
58:10Oui, météoricien.
58:13Vous, aujourd'hui, êtes un chef d'entreprise
58:16ou toujours un scientifique quand on dirige une équipe de 160 personnes
58:19dans l'espace-temps ?
58:22Il est très dense, l'espace-temps.
58:25Je suis proche d'un trou noir.
58:28J'ai été directeur adjoint pendant 10 ans
58:31d'un des deux laboratoires.
58:34J'ai un peu d'expérience.
58:37Mais le laboratoire est beaucoup plus gros.
58:40Chef d'entreprise, non.
58:43Chef d'orchestre.
58:47Je serais satisfait.
58:50Et de temps en temps, faire un peu de science.
58:53Vous restez amoureux du temps ?
58:56Oui.
58:59Le temps dont on dit qu'il passe,
59:02écrivait Jacques Prévert,
59:05alors qu'il s'assoit et le reste là à vous regarder passer.
59:08Merci beaucoup.
59:11Merci à vous de nous avoir suivis.
59:14Sous-titrage Société Radio-Canada

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