Interview ou reportage d'une émission cinéma produite par CANAL+ autour d'un film disponible sur CANAL+ ou sortant en salles, un événement ou une actualité du 7ème Art
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00:00Paolo Sorrentino, il y a un effet Parthenop dans votre film.
00:04Tous les hommes, je parle de mon camp, qui voient Parthenop tombent follement amoureux d'elle.
00:09Et je voudrais savoir comment et dans quelles circonstances vous êtes tombé sur cette perle rare, céleste,
00:16qui joue le rôle et qui est une débutante, si je comprends bien.
00:19Je l'ai trouvée pendant le casting, comme on le fait toujours, avec les acteurs et les actrices.
00:26Le film ne parle pas beaucoup du désir, il parle plutôt du passage du temps.
00:34C'est le thème central du film, comment le temps nous change,
00:38comment il nous fait vivre les différents moments de nos vies et la conscience qu'on en a.
00:46Gary Oldman, qui croise la route de Parthenop, lui pose cette question.
00:51Il lui dit, vous vous rendez-vous compte à quel point votre beauté est dérangeante ?
00:56Est-ce que vous pensez que la beauté est toujours disruptive ?
00:59Comme il l'est dit dans le film, je pense que la beauté a un double effet.
01:07Elle fascine, elle conquiert, elle séduit.
01:13Puis elle irrite et agace.
01:18Et donc Parthenop est cette femme mystérieuse, curieuse, très spontanée.
01:23Qu'est-ce qu'il y a de Paolo Sorrentino dans Parthenop ?
01:27Rien. Ou tout ce que j'aurais voulu être et que je ne suis pas.
01:33On dirait que vous le regrettez.
01:36Sincèrement, oui. J'aurais aimé être beau.
01:38Qu'avez-vous découvert sur les femmes que vous ne saviez pas avant de faire ce film ?
01:43Et pour le dire autrement, est-ce qu'une vie suffit à comprendre ce qu'on appelle le mystère féminin ?
01:50Non, je n'ai rien découvert du tout.
01:53Les films sont faits pour créer l'illusion qu'on réussit à découvrir quelque chose.
02:00Mais en réalité, film après film, on retrouve toujours les mêmes questions,
02:04voire quelques questions en plus, laissées sans réponse.
02:09Ce n'est pas seulement Parthenop qui frappe par sa beauté.
02:12C'est tout votre film, j'ai envie de dire tout votre cinéma,
02:15qui joue souvent avec la notion de la frontière entre le bon et le mauvais goût.
02:20Est-ce que c'est une question qui continue à vous travailler toujours autant aujourd'hui ?
02:25En réalité, le mauvais goût aussi peut avoir de la beauté.
02:31La beauté est un concept très vaste.
02:34Ce n'est pas seulement l'idée classique de la beauté.
02:37C'est quelque chose de plus vaste.
02:41Un film organise les choses alors que la réalité n'est pas organisée.
02:45Dans un film, on peut rendre beau ce qui est laid dans la réalité.
02:48Parce que simplement, dans un film, on peut organiser la réalité.
02:52Parthenop, ça parle aussi de l'histoire de cette femme qui passe de la jeunesse à l'âge adulte.
02:57On la retrouve à 73 ans, elle est jouée par Stefania Sandrelli.
03:00A quel moment, vous, avez-vous eu l'impression de passer à l'âge adulte ?
03:05Est-ce que vous me diriez que la réponse est dans la main de Dieu ?
03:10Je pense qu'on devient adulte quand on se regarde dans le miroir
03:14et qu'on arrête de rêver d'être quelqu'un d'autre.
03:18Parce qu'on a compris qu'on est devenu ce qu'on est.
03:21Ça fait 25 ans que vous faites du cinéma,
03:24donc c'est encore un peu tôt pour vous poser la question de regarder dans le rétroviseur.
03:28Mais combien de films pensez-vous avoir encore en vous ?
03:33Ça dépend de l'humeur de la journée.
03:35Parfois, je pense qu'il y en a zéro.
03:37Mais parfois, qu'il y en a vingt.
03:42Et là, quand je vous pose la question ?
03:44Zéro !
03:46La Parthenope, c'est le nom de cette sirène
03:49dont la légende dit qu'elle était amoureuse d'Ulysse
03:52et puis son corps a échoué à cet endroit, au Castel d'El Uovo,
03:55l'endroit précis où vous avez tourné le film.
03:58Naples tire son nom de Parthenope.
04:02Et Naples, c'est une ville où vous avez grandi,
04:04laquelle vous avez rendu un hommage incroyable dans la main de Dieu.
04:08Est-ce que Naples, c'est, c'est reste, votre Madeleine de Proust ?
04:14C'est la ville où j'ai grandi.
04:15Où j'ai passé la plus grande partie de ma vie.
04:20Paradoxalement, c'est aussi une ville que je connais peu.
04:23Je l'ai plus subie que vécue.
04:27Elle m'a toujours fait un peu peur.
04:30Les années où j'y ai vécu sont des années où je l'ai évité.
04:36Parce que je la percevais comme une ville dangereuse.
04:40Et l'âge venant, j'ai eu envie de la connaître mieux.
04:44Paolo, c'est quoi un Napolitain pour vous ?
04:46C'est un homme qui a le sens du tragique, du spectacle, de l'ironie ?
04:50Tout ce qu'on retrouve dans votre cinéma ?
04:54Il y a beaucoup de choses chez les Napolitains.
04:56Mais la plus importante de toutes, c'est l'ironie.
05:02Je pense en avoir hérité, enfin je l'espère.
05:05Je pense avoir hérité du sens de l'ironie des Napolitains, oui.
05:09Je projette d'aller à Naples dans les semaines qui viennent.
05:12Et on m'a parlé du Sorrentino Tour.
05:14Est-ce que vous pouvez me dire en quoi ça consiste ?
05:17Je pense qu'il vous fera voir les endroits où j'ai tourné mes films, ni plus ni moins.
05:21Vous l'avez fait vous-même ?
05:23Oui, je l'ai fait en faisant les repérages.
05:28Merci.