Vendredi 7 mars 2025, SMART IMPACT reçoit Mercedes Erra (Fondatrice et Présidente, BETC) , Lucile Deschamps (Déléguée générale en charge des programmes Égalité des Chances, Fondation Culture & Diversité) , Christophe Roth (Expert du voyage d’affaires, groupe EPSA) , Corentin Déjean (Fondateur, Ecklo) et Timothée QUELLARD (Co-fondateur, EKODEV)
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00:00Bonjour, bonjour à toutes et à tous. C'est un grand format de Smart Impact que je vous propose aujourd'hui, une heure pour creuser les enjeux de transformation environnementale et sociétale,
00:17avec un grand entretien de 26 minutes face à une personnalité qui compte dans l'économie française, prête pour l'impact.
00:24C'est la question que je poserai tout à l'heure à la présidente et fondatrice de l'agence BETC, Mercedes Heera.
00:31Pour ouvrir notre émission, on parlera de l'accompagnement des lycéens éloignés de la culture pour intégrer les grandes écoles du secteur.
00:37Dans notre débat, cette question, la hausse des taxes solidarité sur les billets d'avion, est-ce une bonne idée ? Quelles conséquences pour le secteur du voyage, du tourisme ?
00:48Et puis dans notre rubrique consacrée aux start-up éco-responsables, je vous présenterai Éclos et son alternative au film plastique, le secteur logistique.
00:57On utilise 310 000 tonnes par an. Voilà pour les titres. C'est parti pour ce Smart Impact en format XXL.
01:11L'invité de Smart Impact, c'est Lucille Deschamps. Bonjour.
01:14Bonjour.
01:15Vous êtes déléguée générale en charge des programmes Égalité des chances à la Fondation Culture et Diversité, fondation d'entreprise de FIMALAC, la holding de Marc Ladré de Lacharrière.
01:23C'est quoi la mission de cette fondation ?
01:25Alors cette fondation, effectivement, elle a été créée en 2006 par Marc Ladré de Lacharrière.
01:29Et elle a pour objectif d'aider des jeunes qui sont issus de milieux modestes à accéder aux arts et à la culture et accéder aussi aux études artistiques et culturelles.
01:38Et donc pour ça, on a deux axes d'action, à la fois la cohésion sociale et puis l'égalité des chances dont je suis plus particulièrement en charge.
01:45Ce n'est pas le boulot de l'éducation nationale ?
01:47Alors l'éducation nationale nous aide puisqu'effectivement on est en partenariat avec le ministère de l'éducation nationale qui va cibler en fait les lycées dans lesquels on intervient pour informer les jeunes de l'existence de ces écoles,
02:01qui sont des écoles qui sont sous l'égide du ministère de la culture.
02:06Et donc on travaille main dans la main avec le ministère de l'éducation nationale et les professeurs qui vont aller cibler les jeunes qui sont particulièrement intéressés par ces études.
02:14Quel bilan on peut faire, ça fait quoi, quasiment deux décennies ?
02:18Alors un bilan plutôt positif effectivement, nous on aide des jeunes donc déjà à s'informer sur ces écoles-là.
02:24Donc il y a environ 36 000 jeunes qui ont été informés et sensibilisés sur l'existence de ces écoles, c'est souvent la première des discriminations.
02:32Savoir que ces écoles existent, peut-être arriver à briser quelques idées reçues sur ces écoles-là et donc 36 000 jeunes ont été informés.
02:42Ensuite la deuxième partie de notre action c'est vraiment la préparation au concours.
02:46Et donc pour ça ils vont passer du temps dans les écoles et donc là on a à peu près 3000, un petit peu plus de 3000 jeunes qui ont passé du temps dans ces écoles pour mieux les comprendre justement.
02:56Avant de passer le concours ?
02:58Exactement.
02:59Ça rentre dans la préparation du concours ?
03:01C'est exactement ça.
03:02Donc en fait on travaille main dans la main avec les écoles, on sélectionne les jeunes qui ont envie de rentrer dans ces écoles et donc ils vont passer un temps d'immersion au sein des écoles.
03:11Que ce soit les écoles d'art et design, les écoles d'architecture, l'école du Louvre, la Fémis.
03:16Et donc ils vont pouvoir en comprendre vraiment en fait la pédagogie, c'est vraiment l'idée de ces temps d'immersion, rencontrer des étudiants.
03:23Donc leur poser des questions aussi, comprendre les attendus du concours.
03:27Et donc ça c'est vraiment important aussi pour justement encore une fois renforcer la confiance en eux, de ces jeunes.
03:34Et donc sur ces un petit peu plus de 3200 jeunes qui ont passé ces temps-là, on a un jeune sur deux qui réussit les concours.
03:43Donc on est au-dessus en fait du taux national de réussite pour les concours.
03:50Si on regarde les statistiques, l'origine des élèves des grandes écoles.
03:55Alors c'est pas seulement les grandes écoles de la culture, c'est 65% d'origines très favorisées et 8% d'origines défavorisées.
04:04Déjà est-ce que c'est vrai aussi pour les écoles de la culture ?
04:07Parce que je me suis dit qu'il y avait peut-être moins d'autocensure sur ces métiers-là.
04:12Je suis peut-être totalement à côté de la plaque en disant ça.
04:14Alors je pense au contraire.
04:15Il y a beaucoup de jeunes qui se disent ce n'est pas pour moi, je n'ai pas le réseau ensuite pour évoluer dans ce secteur-là.
04:21Qu'elles vont être les débouchées aussi.
04:22Je pense que ces jeunes qui sont issus de milieu modeste, les parents s'inquiètent aussi des débouchés.
04:26Donc nous on est là pour arriver à casser un peu les idées reçues.
04:30L'autocensure aussi, le déterminisme social qui existe encore.
04:34Et donc oui, il y a encore de l'autocensure sur ce genre d'école comme d'autres écoles supérieures.
04:43Est-ce que c'est une méconnaissance ?
04:45Je pense par exemple à tout l'univers du dessin animé et du jeu vidéo dans lequel les Français sont parmi les meilleurs au monde.
04:56A la fois en créativité et puis même en capacité de production, en secteur industriel pour simplifier.
05:05Est-ce que c'est connu ça ?
05:07Alors non, c'est effectivement peu connu le fait que les Français soient à la pointe.
05:12L'univers des jeunes en général et des plus âgés aussi.
05:15L'âge moyen d'un joueur aujourd'hui c'est plutôt 45 que 25.
05:18Alors c'est pas toujours connu. Pour tout vous dire, nous on travaille peu avec ces écoles-là parce que c'est des écoles privées.
05:23Nous on travaille surtout avec les écoles publiques effectivement.
05:26Mais développer un partenariat autour du jeu vidéo nous intéresserait aussi.
05:30On travaille avec une école privée qui est l'Institut français de la mode, qui est la plus grande école de mode.
05:35Et donc développer des partenariats autour de certaines écoles privées peut être intéressant.
05:41Et effectivement c'est des secteurs dans lesquels il y a des débouchés.
05:44Alors c'est un secteur qui en ce moment a quelques difficultés, mais en tout cas il y a des débouchés dans les studios.
05:51On espère que c'est temporaire, que l'intelligence artificielle ne va pas raser le secteur.
05:55Sur le bilan encore, parce que vous l'avez évoqué, est-ce que la diversité d'origine finalement,
06:04parce qu'on en revient quand même aussi à ça, vous l'avez vu progresser dans les écoles en question depuis 20 ans ?
06:11Notamment grâce à votre action.
06:13Oui, notamment grâce à notre action.
06:14C'est l'idée aussi de se dire comment les programmes de la Fondation Culture et Diversité viennent faire bouger aussi les écoles de l'intérieur.
06:20Et donc comment on devient aussi plus accueillant peut-être pour des jeunes qui viennent d'horizons différents.
06:26Il peut y avoir une certaine violence symbolique aussi arrivée dans des écoles.
06:31Et donc les écoles bougent aussi vraiment de l'intérieur.
06:36Et donc on voit la diversité augmenter.
06:39Alors évidemment, je pense que c'est un travail toujours à recommencer, puisque les idées reçues se perpétuent d'année en année.
06:47Et donc notre travail est toujours pertinent aujourd'hui.
06:50Un jeune éloigné de la culture, ça peut être un rural.
06:53Ah mais bien sûr.
06:55Non mais juste pour sortir là aussi des clichés et des idées reçues.
06:59Complètement. Nous, on intervient effectivement dans des lycées qui sont assez enclavés.
07:04Et c'est vraiment l'idée que les écoles aillent se déplacer sur les territoires et les territoires ruraux notamment.
07:09Et donc la diversité, on l'entend dans toute son exception, c'est-à-dire une diversité sociale, culturelle, économique, géographique.
07:16Et donc on s'adresse évidemment aussi à des jeunes issus de milieux ruraux.
07:22Alors on va prendre un exemple. C'est le nombre de lycéens sélectionnés cette année. Je crois qu'il y en a 185.
07:28Alors vous les accompagnez pendant combien de temps avant un concours ?
07:34Vous avez commencé à répondre à la question, mais où ils en sont, ce groupe-là ?
07:39Là, c'est un moment particulier pour eux, parce qu'ils sont en plein vœu Parcoursup.
07:44Donc il y a une tension aussi qui est particulièrement présente.
07:48Ils ont postulé pendant leur premier semestre de terminale.
07:54Ils ont été sélectionnés. Ils ont passé en février, par petits groupes de 30 ou de 15, une semaine en immersion dans les écoles.
08:01Donc c'est l'école du Louvre, l'INA, l'Institut français de la mode, les écoles d'architecture, que ce soit à Rennes, à Lille,
08:08ou les écoles d'art et design, que ce soit à Nîmes ou à Caen.
08:12On tourne chaque année pour vraiment une diversité aussi de représentation du territoire.
08:16Pendant ces semaines, ils ont à la fois compris la pédagogie du concours, rencontré des étudiants, des professionnels, fait des visites.
08:23Ils sont allés visiter la Villa Cavoura, proche de Lille. Ils sont allés visiter le Mont-Saint-Michel, proche de Rennes.
08:30On leur a donné toutes les clés. On les a aussi peut-être fait monter à la fois en compétences, mais aussi en assurance, en confiance en eux,
08:39pour pouvoir se dire que c'est possible.
08:42Et donc là, on va les accompagner justement durant la phase parcoursup.
08:47On les met en relation avec des jeunes qui sont déjà rentrés en école et qui font partie du réseau maintenant,
08:52puisque depuis effectivement 20 ans, il y a pas mal de jeunes qui font partie de ce réseau-là.
08:57L'importance des rôles modèles ?
08:58Exactement.
08:59Ça joue vraiment une role.
09:00C'est très important, puisque pendant les stages, ils ont pu rencontrer des jeunes qui étudient actuellement dans ces écoles
09:06et qui sont passés comme eux par ces programmes Égalité des chances.
09:09Donc là, ils vont passer parcoursup. On les défraie pour aller passer les euros, puisqu'ils doivent se déplacer.
09:15Et puis on paie aussi leurs vœux parcoursup.
09:18Et puis ensuite, l'idée, c'est qu'on va les accompagner pendant toute leur scolarité.
09:22Parce qu'il ne suffit pas d'avoir le concours, il faut pouvoir aussi avoir les moyens.
09:26Donc s'ils réussissent le concours, ça veut dire que vous allez les aider à se loger ?
09:30Exactement. Donc s'ils viennent notamment à Paris, on a un partenariat avec le CRUZ de Paris
09:34qui nous permet d'avoir des logements bloqués pour les jeunes qui réussissent les concours et qui viendraient à Paris.
09:39Est-ce que ça peut être un frein ? Certains ne vont même pas s'inscrire en disant de toute façon je ne pourrai pas me payer un logement à Paris ?
09:45C'est important de leur dire dès le temps de préparation que l'accompagnement de la fondation sera là pour les aider.
09:52On va leur donner des bourses également, des bourses d'aide à l'achat de matériel, des bourses pour se loger,
09:59des bourses de mobilité pour partir en Erasmus.
10:02Est-ce que ça va jusqu'au premier job ? Est-ce que l'accompagnement s'arrête quand même ?
10:06Ça y est, ils ont trouvé un premier boulot.
10:08Non, l'idée c'est vraiment de les accompagner pendant leurs études, mais après pendant leur insertion professionnelle.
10:13Mais pourquoi ?
10:14Tendanciellement, ils vont manquer aussi des réseaux.
10:16Même s'ils se sont créés un réseau à l'école ?
10:20Oui, mais quelquefois ça ne suffit pas complètement.
10:22Et puis voilà, il y a aussi quelquefois un sentiment d'illégitimité qui continue à être là.
10:28Et donc nous on va les accompagner pour briser ce sentiment-là.
10:32Donc on leur propose à la fois des premiers jobs, des premiers stages aussi.
10:36On va les mettre en relation avec des mentors, et ça c'est important.
10:39Des mentors qui sont à la fois issus des jeunes, mais aussi issus de nombreux partenaires d'institutions culturelles,
10:47notamment parisiennes, avec le musée d'Orsay, le Palais de Tokyo, etc.
10:51On a des partenariats.
10:53On va les aider aussi à faire des résidences, c'est important,
10:55notamment pour les artistes plasticiens ou les artistes visuels.
10:58Donc on a des résidences à la fois à la Villa Médicis, à la Villa Noailles.
11:02Et puis on va les aider à se faire du réseau, et puis à diffuser aussi leur création autant que faire se peut.
11:10Et puis ensuite, il y a la dernière étape, c'est la cinquième.
11:13Et là c'est vraiment les plus anciens qui vont s'engager en faveur des plus jeunes,
11:18qui vont revenir dans leur lycée, qui vont accompagner les jeunes pendant Parcoursup, on en parlait,
11:23qui vont proposer des emplois.
11:24Et donc l'idée c'est vraiment un cercle vertueux, on va boucler la boucle,
11:28et donc faire en sorte que les plus anciens puissent redonner ce qu'ils ont reçu.
11:33Merci beaucoup Lucile Deschamps, et à bientôt sur Be Smart For Change.
11:37On passe tout de suite à notre débat, la taxe de solidarité sur les billets d'avion en question.
11:48C'est le débat de Smart Impact.
11:50On parle de taxe de solidarité sur les billets d'avion avec Christophe Roth, bonjour.
11:54Bonjour.
11:55Expert du voyage d'affaires au groupe EPSA, et Timothée Calard, bonjour.
11:59Bonjour.
12:00Co-fondateur d'EcoDev, EPSA, spécialiste européen de la performance financière,
12:04vous présentez chaque année le baromètre du voyage d'affaires.
12:06Question très générale, comment se porte le secteur ?
12:09Il va mieux, il revient de loin, puisqu'effectivement, on l'a tous vu, avec le Covid,
12:13l'industrie du voyage a été fortement impactée, notamment sur le volet affaires,
12:17puisque les entreprises ont arrêté de se déplacer, ont beaucoup réfléchi,
12:21mais il a retrouvé des couleurs, on retrouve plus de stabilité.
12:24Est-ce que quand même, il y a eu effectivement toutes les questions posées par le blocage Covid,
12:31on va dire comme ça, ce coup de frein,
12:33est-ce que les comportements ont un peu changé dans les entreprises ?
12:36On a vu des changements sur les durées de séjour, surtout aussi sur la fréquence des voyages,
12:42on va dire que les collaborateurs et leurs entreprises, surtout,
12:46ont amené à beaucoup plus de réflexion sur la nécessité de se déplacer,
12:49et sur la façon de le faire, le mode de voyage,
12:52pour privilégier davantage le train, pour essayer de combiner différents déplacements,
12:55plutôt que d'en faire trois, on en fait un seul et on combine sur un même déplacement,
12:59essayer de voyager plus intelligemment et de façon un peu plus responsable.
13:03Un peu plus écoresponsable.
13:05Présentation, vous êtes déjà venu plusieurs fois dans cette émission,
13:08Timothée Keller, mais je voudrais bien que vous nous présentiez Ecodev.
13:10Ecodev est un cabinet de conseil qui travaille sur les sujets de l'environnement principalement,
13:15ou de la RSE au sens large.
13:17On mesure et on accompagne les employeurs pour avoir des indicateurs extra-financiers.
13:22On va parler de cette taxe de solidarité sur les billets d'avion,
13:27qui est réelle, concrète, Christophe Roth, qui a été votée.
13:31Vous pensez que c'est une mauvaise idée ?
13:33Elle fait débat en tout cas.
13:36Les compagnies aériennes, dès que ça a été évoqué dans le projet de loi finance avec le gouvernement précédent,
13:42ont fortement réagi à cette annonce-là.
13:45En fait, ce qui pose question, c'est de ponctionner une industrie aérienne
13:49et l'application, en fait, que va devenir cet argent ?
13:55A quoi il va servir ?
13:56Et très clairement, le gouvernement ne s'en cache pas.
13:58Il a besoin de remplir les caisses et donc on va ponctionner l'industrie aérienne.
14:03Et on vient de l'évoquer, le secteur revient de loin.
14:06La croissance est encore très fragile, en tout cas sur certaines compagnies, dont les compagnies françaises.
14:12Effectivement, ça peut venir un peu casser cette reprise-là.
14:16Votre avis, Timothée Kellar ?
14:17A mon avis, il est plutôt sur un angle environnemental.
14:20Si on regarde de manière très macro les enjeux environnementaux et les accords de Paris, par exemple,
14:24on doit réduire tous les ans de 5% environ nos émissions et donc l'aviation devrait suivre cette décroissance.
14:31Ça représente 3% des émissions globales de gaz à effet de serre, grosso modo, l'aviation commerciale.
14:36Oui, c'est suffisant pour faire des calculs.
14:38Mais si je prends un peu de recul aussi sur la situation,
14:43finalement, le voyage, de manière générale, est destiné à une élite à l'échelle du monde.
14:49C'est à peu près 50% des émissions de CO2 pour 5% des voyageurs.
14:54Donc, en fait, on pourrait très bien se dire que taxer, c'est bien.
14:57Cela dit, Christophe l'a signalé, pour quelle fin et quel objectif ?
15:01Donc, effectivement, mon avis sur cette taxe, si je dois donner un avis,
15:06c'est que sous couvert d'enjeux environnementaux et de surcoûts,
15:11on cache finalement un autre problème qui est un problème économique.
15:14Et donc, du coup, il y a un mélange et une confusion dans les genres
15:17qui, du coup, n'est pas extrêmement constructif, ni pour le sujet croissance économique ou même enjeux environnementaux.
15:25Mais si je ne me trompe, il n'y a pas de taxe sur le kérosène.
15:28C'est le seul moyen de transport dont le carburant n'est pas taxé.
15:32Il y a là une absurdité, quand même.
15:34Ni le kérosène, ni la TVA.
15:36Donc, effectivement, c'est un secteur où la fiscalité est assez particulière.
15:40Mais c'est quelque chose qui s'applique à l'ensemble des compagnies dans le monde.
15:44C'est une volonté, effectivement, de développement économique,
15:46puisque l'avion est un vecteur de développement économique.
15:49Maintenant, effectivement, encore une fois, je pense que le sujet, ce n'est pas tellement la taxe ou même son montant.
15:54Elle a triplé, voire quintuplé dans certains cas.
15:57Mais on reste sur des montants qui restent quand même assez raisonnables pour la plupart des développements.
16:00Est-ce que ça pose une question concurrentielle ?
16:02C'est-à-dire, est-ce que ça met en difficulté des compagnies françaises, des aéroports français par rapport à la concurrence ?
16:09Alors, ils sont plus impactés, puisque la taxe, elle s'applique pour tous les vols au départ de la France.
16:13Après, quel que soit le pavillon, ça, c'est sûr.
16:16Les compagnies comme Air France sont beaucoup plus exposées qu'American Airlines, par exemple.
16:20Donc oui, ça peut effectivement avoir un impact sur de la demande.
16:23L'avion a beaucoup augmenté. On rajoute des taxes.
16:27Ça peut freiner une demande générale, qu'elle soit au voyage d'affaires ou de loisirs.
16:31Ça peut avoir cet impact-là.
16:33Et puis, on a vu quelques compagnies qui n'ont pas forcément mis en pratique leurs menaces,
16:39mais qui étaient de se retirer, notamment Ryanair, de se retirer du marché français s'il y avait trop de taxes qui étaient impliquées.
16:45Ça pose la question du levier du prix, mais c'est quand même un levier efficace.
16:49Oui, oui. Effectivement.
16:51Si on veut inciter les voyageurs à un peu moins prendre l'avion et à privilégier d'autres modes de transport...
16:59Même les voyagistes, ou certains comme Jean-François Rial, de Voyages du Monde,
17:03précisent effectivement qu'il faudrait mettre des taxes sur les kérosènes ou mettre des taxes aux aéroports.
17:09Après, ça pose la problématique de la gouvernance.
17:11C'est-à-dire que si on veut freiner les émissions carbone ou travailler sur les enjeux environnementaux,
17:15il faut travailler à une échelle à minima européenne,
17:17ce que préconise la Convention citoyenne pour le climat, par exemple, ou des travaux associés,
17:22ou au niveau même mondial.
17:24Et effectivement, là, aujourd'hui, on est sur des protocoles ou en tout cas des réglementations liées au traité de Chicago
17:30qui sont internationaux, avec une spécificité de taxation, en tout cas de fiscalité,
17:34dont je ne suis pas expert, mais j'ai bien compris qu'elle était très particulière.
17:37Donc, ça remet en cause pour moi ce sujet.
17:40Et là, en l'occurrence, il faut revenir à l'origine, la taxe dite Chirac aussi
17:45était pour lutter contre les problématiques de solidarité et, entre autres, contre le sida.
17:50Il y a plus de 20 ans, aujourd'hui, quand on regarde où va cet argent,
17:53effectivement, c'est plutôt pour renfler les caisses de l'État.
17:55Oui, enfin, pour réduire le déficit.
17:58Mais réduire le déficit, il faut bien que tous les secteurs prennent leur part.
18:02Ça m'amuse parce que quand, en l'occurrence, c'était Michel Barnier qui est arrivé à annoncer 60 milliards d'économies,
18:09évidemment, on n'a pas réussi à les faire.
18:11Tous les secteurs ont dit « Ok, c'est super, mais pas moi ».
18:14Donc, on ne peut pas entendre ce discours-là.
18:16Votre avis ? Je vous reposerai la question après, Thibaut Eckeler.
18:18Mais je pense que le fonds, encore une fois, ce n'est pas tellement le montant ou l'application d'une taxe.
18:22Alors oui, les compagnies aériennes ne sont pas très contentes.
18:24Moi, je vais plutôt me mettre sur le volet des entreprises.
18:27Ce qu'elles attendent, ces entreprises qui font voyager des collaborateurs,
18:30c'est que les compagnies aériennes soient plus vertes.
18:33C'est-à-dire qu'à un moment donné, je peux faire ce que je veux, réduire mes voyages, prendre le train.
18:37Mais si j'ai besoin d'aller à New York parce que je dois rencontrer un…
18:40Oui, le business fait qu'il faut y aller.
18:41Exactement. Elles cherchent à le faire de façon plus responsable.
18:44Et ça, c'est des investissements massifs pour les compagnies aériennes.
18:47Le développement de biocarburants, le renouvellement des flottes d'avions pour avoir des moteurs plus propres.
18:53Il y a beaucoup d'initiatives qui doivent être développées, qui coûtent très cher.
18:56Et cette taxe serait la bienvenue pour financer, effectivement, cette évolution.
19:02Mon avis sur la taxe, et pourquoi pas taxer plus pour réduire des usages.
19:07Après, il faudrait avoir une égalité ou une équité dans cette taxation.
19:12Si on regarde dans l'aviation, vous avez à peu près un bon tiers qui est lié au voyage d'affaires.
19:15Elle est à peu près 20% qui est vraiment, quelque part, obligatoire parce que c'est des familles qui vont se retrouver
19:21avec des problématiques d'immigration, ce genre de choses.
19:24Et à peu près la moitié est liée au voyage loisir, vacances.
19:28Et là, on peut toucher plus sévèrement un certain nombre de profils.
19:32Parce que vous avez, encore une fois, je reprends certains chiffres,
19:34mais vous avez à l'échelle du monde à peu près 1% de la population mondiale
19:38qui va peser pratiquement 50% de tout l'impact environnemental de ces trajets.
19:42Et qui peut sans doute payer un peu plus cher son billet d'avion.
19:45Et donc là, effectivement, vu de ce prisme, vu de cet angle,
19:48moi, je n'ai aucun souci à augmenter des taxes sur ces populations.
19:52Et peut-être minimiser sur d'autres usages qui seraient économiquement ou socialement beaucoup plus vertueux.
19:58Mais la taxe n'est pas nouvelle puisqu'elle existe depuis 2006, la taxe Chirac.
20:03Par contre, ce qui est nouveau, c'est qu'elle ne s'appliquait pas à l'aviation d'affaires,
20:07pas au voyage d'affaires, à l'aviation d'affaires, c'est les jets privés
20:10qui aujourd'hui, effectivement, sont des contributeurs aussi de cette taxe.
20:14Ça, ça a changé.
20:15Il y a une autre question qui est plus générale.
20:18La France est à la fois un leader mondial de l'aéronautique et du tourisme.
20:23Est-ce qu'on ne se tire pas une balle dans le pied, Timothée Kellar, en voltant une taxe comme celle-là ?
20:28C'est sûr qu'on peut avoir cet effet de freiner un certain nombre de trafics
20:33ou de volonté de faire venir du monde chez nous.
20:36Après, quel type de voyage on cherche ? Quel type de tourisme on cherche ?
20:39Et est-ce que c'est, encore une fois, compatible avec, par exemple,
20:43les engagements que l'État français a signés sur les accords de Paris ?
20:46Si on regarde de manière beaucoup plus simple le sujet,
20:49est-ce que c'est finalement une bonne voie de vouloir continuer à avoir du tourisme
20:53avec beaucoup de vols pour des durées très courtes sur notre territoire ?
20:59Toutes les extrapolations, tous les chiffres et tous les travaux qu'on peut regarder
21:03démontrent que ce n'est pas compatible.
21:04Donc, à un moment donné, il faut bien se dire la réalité.
21:07Ce n'est pas compatible.
21:08Donc, moi, j'opterais plutôt pour des voyages, effectivement, longs trajets,
21:12peut-être plus taxés, mais sur des durées plus longues,
21:14avec aussi d'autres types de moyens de transport.
21:16Enfin, on pourrait repenser un peu le tourisme.
21:18Et si on continue à aller dans cette direction, on sait que, de toute manière,
21:21et malheureusement, si je finis même, l'argent qui est ponctionné aujourd'hui
21:26ne va pas servir à aider cette transition.
21:28Parce que si l'argent qui a été récupéré aujourd'hui
21:31aidait un tout petit peu à financer cette alternative,
21:34ou même en parler, ça serait déjà un bon signal.
21:38Là, aujourd'hui, c'est vraiment clairement dit,
21:40on a besoin de ce qu'on récupère par n'importe quel canot,
21:43celui-ci en est un parmi d'autres.
21:45Moi, ça ne me pose pas plus de problèmes que ça.
21:47Mais si on essaie d'avoir quand même une vision objective,
21:52ça mélange vraiment trop les choux et les carottes.
21:55Même question, Christophe Otte,
21:57est-ce que c'est à la France de prendre la tête de ce qu'on va,
21:59alors qu'on est des champions de l'aéronautique et du tourisme ?
22:02Alors, je ne m'exprimerai pas sur le côté loisir,
22:05parce qu'effectivement, ma responsabilité est davantage sur le côté entreprise.
22:09Mais je pense qu'effectivement, la France est souvent l'initiative de beaucoup de sujets.
22:13Il faudrait que cette taxe soit plus généralisée, plus globalisée.
22:18Pourquoi ? Effectivement, que la France,
22:20la contribution, le réchauffement climatique,
22:23c'est un enjeu global, ça n'aura échappé à personne.
22:25Il faudrait que ce soit quelque chose qui soit peut-être mené par la France,
22:28avec d'autres pays, comme l'a été la taxe Chirac,
22:30puisqu'on parle de taxe Chirac, mais en fait,
22:32il n'y avait pas que Jacques Chirac,
22:34il y avait aussi eu le président Lula, le Royaume-Uni,
22:36quelques pays phares qui ont été impliqués dans la création de la taxe à l'origine.
22:39Il faudrait qu'elle ait une portée plus mondiale,
22:41et encore une fois, qu'elle serve à décarboner cette industrie.
22:44Mais on est bien d'accord que l'équation de la hausse du trafic aérien
22:49et des objectifs de décarbonation, elle est intenable.
22:53On est d'accord.
22:54Et c'est là où, effectivement, il faut qu'on réfléchisse davantage à mieux se déplacer.
22:59C'est ça qui est important.
23:00Et l'avion non polluant, aujourd'hui, on n'a pas trouvé la solution.
23:04Et les biocarburants, on peut en mettre jusqu'à 50% dans les avions d'aujourd'hui,
23:08sauf qu'on n'est pas capable de produire.
23:10Il n'y a pas la filière, ça coûte beaucoup plus cher.
23:12Il y a des enjeux.
23:14S'il fallait développer cette filière,
23:16c'est au détriment de terres qui servent à produire des aliments.
23:19C'est pour moins produire des animaux pour les hommes et les humains.
23:23C'est sûr que le levier de la demande doit être activé,
23:26et c'est l'impact principal.
23:28La réduction des voyages en avion est inéluctable,
23:31si on veut avoir un impact sur le réchauffement.
23:34– Mais, dernière question, Thibaut Tecala,
23:37les pays émergents, ils voient dans l'avion
23:41à la fois un symbole et un levier de croissance et de développement.
23:45Donc, ce n'est pas à nous d'essayer de les priver de ce levier.
23:48– L'idée, ce n'est pas de les priver, c'est peut-être de réguler un peu mieux.
23:51Encore une fois, si on regarde les chiffres,
23:52vous avez beaucoup de trajets réalisés par peu de personnes.
23:55Dans le monde, le voyage touche à peu près 10% de la population mondiale
24:00au niveau économique.
24:01Donc, 90% ne sont pas touchés par ce modèle économique.
24:04Donc, il faut relativiser un petit peu.
24:07Et l'idée, ce n'est pas d'interdire les pays du Sud,
24:09c'est peut-être de mieux contrôler ceux qui, aujourd'hui, en abusent,
24:13parce que finalement, on peut avoir ce type de vocabulaire,
24:15avec des usages qui sont extrêmement importants.
24:18Et après, il y a une question d'objectif.
24:22Est-ce que vraiment, pour certaines populations,
24:24prendre l'avion, très souvent sur des voyages d'affaires,
24:27accumulés à titre personnel, par exemple des miles,
24:29pour pouvoir avoir d'autres voyages au lasier,
24:31est-ce que tout ça, effectivement, est réellement équitable
24:33au regard de ces populations ?
24:35Donc, on pourrait repenser, encore une fois, j'insiste,
24:38la Convention citoyenne pour le climat a travaillé sur ce sujet.
24:41Ce sont des citoyens qui n'avaient pas du tout de connaissances.
24:44On travaillait sur ce sujet et on prenait quatre recommandations,
24:47justement, avec un sujet de fiscalité, un sujet de régulation
24:50et un sujet de consensus sur l'équité des vols,
24:53qui, quand on le regarde, n'est pas si incohérent que ça
24:56et qui pourrait permettre, déjà, de travailler sur ces trajectoires
24:58de manière plus cohérente.
24:59Merci beaucoup. Merci à tous les deux et à bientôt sur BeSmart for Change.
25:03On passe à notre rubrique Prêt pour l'impact.
25:12Prêt pour l'impact, c'est la question que je pose chaque semaine
25:14à une personnalité qui compte dans l'économie française.
25:17Je reçois aujourd'hui Mercelle Serra.
25:19Bonjour.
25:20Bonjour.
25:21Ravie de vous accueillir ici.
25:22Vous êtes la cofondatrice, la présidente de l'agence BETC
25:25qui fête ses 30 ans.
25:27Depuis quand les questions de RSE ?
25:29On va évidemment beaucoup parler de ça ici.
25:30L'émission s'appelle Smart Impact.
25:32Depuis quand c'est stratégique ?
25:34Je crois que c'était stratégique avant qu'on parle de RSE.
25:37Sans utiliser ces mots-là.
25:39Oui, bien sûr.
25:40Parce que BETC, en fait, on est nés, on était dans les équipes de Havas
25:47et on est sortis pour aller rejoindre le dixième,
25:51pour habiter Passage du Désir,
25:54qui est quand même un nom assez génial pour une agence,
25:57mais dans le dixième, il n'y avait personne.
25:59Je me souviens, tout le monde nous disait
26:00« qu'est-ce que vous allez faire là-bas ? »
26:02Et là, c'est très, très, on va dire, c'est devenu très mode,
26:07mais ça ne l'était pas du tout à l'époque.
26:09Donc c'était déjà une démarche RSE d'une certaine façon ?
26:12Oui, notre obsession, c'était d'aller, d'abord de créer un lieu,
26:15de créer un lieu quelque part où ça pouvait être utile,
26:19de créer un lieu intéressant pour nos équipes.
26:22On était très sensibles à leur donner du beau, à rénover.
26:27On parlait de rénovation à l'époque.
26:29Tout le monde parlait de tours, création de lieux et tout.
26:33Nous, on a rénové.
26:34On a rénové dans le dixième un lieu qui était le premier grand magasin parisien.
26:42Quand on a gratté les murs, il y avait marqué « haut classe laborieuse ».
26:46On s'est dit « c'est vraiment pour nous ».
26:48On est arrivé dans ce dixième.
26:51Les voisins nous ont mis « merci BETC » parce qu'il n'y avait personne qui s'installait là.
26:56D'ailleurs, les grands magasins, c'est devenu un lieu culturel, de coopération.
27:00Il y a plein d'événements.
27:02Dans le dixième, on a déjà créé ce qu'on appelait le passage du désir,
27:07qui était un lieu de culture ouvert à tous.
27:10L'idée, c'était d'investir dedans et pas de faire de l'argent.
27:14Nos démarches pro bono, nos démarches d'engagement, elles ont commencé à ce moment-là.
27:19Mais ça, c'est d'un point de vue extérieur.
27:22Notre vision de la com, c'était déjà une vision très RSE.
27:27Nous, on pensait que la com, c'était là pour faire bouger les entreprises.
27:31Souvent, les entrepreneurs, les patrons nous disaient « mais on n'est pas prêts à parler », etc.
27:38On a toujours expliqué que le langage, il était fondamental.
27:41Il fallait d'abord dire où on allait.
27:43Même si on n'était pas prêts, ça donnait un chemin.
27:46On a toujours dit de nos communications, que ce soit sur Air France, sur Danone,
27:52où j'ai recommandé la santé, bien avant que ce soit à la mode,
27:57qu'on était concerné par le fond des entreprises.
28:01Mais je crois qu'on a la publicité pour Air France,
28:03qui est une des plus belles que j'ai vu depuis que je suis en âge de comprendre ce qu'est une publicité.
28:10On va en voir les images de cette pub pour Air France.
28:13Elle est sublime et en même temps, elle ne répond pas à la question,
28:18qui n'est sans doute pas ce que vous avez demandé,
28:21mais qu'est-ce qu'on fait de l'aviation ?
28:23Est-ce qu'on continue de prendre l'avion ?
28:24Est-ce que l'aviation pollue trop la planète ?
28:26Est-ce que cette pub-là, aujourd'hui, vous la feriez de la même façon ?
28:29Oui.
28:30Oui ?
28:31Oui, parce qu'il y a deux choses dans l'entreprise.
28:34C'est d'ailleurs les consommateurs, le public.
28:36Moi, j'ai beaucoup de respect pour le public parce qu'il est beaucoup plus brillant que nous tous.
28:40Lui, ce qu'il pense dans les entreprises, c'est que la première chose, c'est de bien faire son métier.
28:45Il n'a pas aimé les entreprises qui ont inventé une RSE avant même de mettre la RSE dans leur propre métier.
28:53Je vous donne un exemple.
28:54Moi, je fais de la publicité.
28:55La première chose que je dois faire, c'est vous expliquer pourquoi la publicité, c'est formidable.
28:59Si je pense que la publicité, ce n'est pas bien, il ne faut pas que je fasse ça.
29:03L'aviation, d'abord, ça a un rôle.
29:06Il y avait un enjeu très important, faire du ciel le plus bel endroit de la Terre.
29:11Je vous rappelle qu'aujourd'hui, on pourrait, si on était toujours l'agence d'Air France,
29:16faire du ciel le plus bel endroit de la Terre en donnant des éléments de RSE, d'environnement, etc.
29:23Mais là, l'enjeu, c'était de positionner Air France et de faire que tout le public d'Air France,
29:29c'est-à-dire les gens qui travaillent dans Air France, soient fiers de travailler dans Air France.
29:34Et ça, c'est aussi de la RSE.
29:36Créer de la fierté française au jour d'aujourd'hui, c'est encore plus important que jamais.
29:42Je dirais créer de la fierté européenne face à ce qui arrive dans le monde, c'est quand même une chose importante.
29:48Évidemment.
29:49BETC qui est devenue l'an dernier l'agence la plus créative au monde.
29:53C'était une première pour une agence française ?
29:56C'est extrêmement dur, vous imaginez.
29:58Vous savez comment ça se passe.
29:59En fait, c'est tous les prix du monde, tous ceux qu'on a reçus, qui sont cumulés.
30:04La vérité, c'est que la France, c'est petit et que les Américains, c'est gros.
30:09Donc, en général, ils se donnent des prix à eux-mêmes parce qu'ils aiment bien.
30:13Donc, pour qu'une agence française franchisse ce nationalisme qui existe
30:19et cumule les prix au point d'être nommée la meilleure agence créative du monde, oui, on est fiers.
30:25On est fiers et c'est important que la France et l'Europe réagissent en se disant qu'on est formidables en Europe.
30:34On arrête de dire des choses négatives sur la France et l'Europe.
30:37On construit de la force.
30:39Il n'y a que ça qui va nous défendre dans nos démocraties.
30:42L'importance de l'imaginaire.
30:45On va y consacrer de longues minutes dans cette interview.
30:48Ça me semble essentiel par rapport à ces enjeux de transformation environnementale et sociétale dont on parle.
30:54C'est justement le sens de la question de celui qui était à votre place la semaine dernière.
30:58Cyril Pouet, le DG de SPI Facilities.
31:01On écoute tout de suite Cyril Pouet.
31:03Dans mon métier, le RSE est présent partout.
31:07Les clients nous attendent sur des engagements RSE.
31:11Si jamais ce n'est pas le cas, on fait des propositions de manière instinctive sur ces données-là.
31:17Dans votre monde de la publicité, je suis intéressé de savoir
31:22si c'est quelque chose qui est systématiquement en demande de vos clients
31:26ou si même vous, systématiquement, vous en faites un sujet pour eux, pour les alerter sur ces sujets-là.
31:33Je pense que dans le monde de la publicité, ça peut effectivement avoir changé les choses.
31:37Voilà, merci.
31:39C'est une grande question parce qu'en fait, il y a beaucoup de niveaux dans cette question.
31:43Il y a le niveau de...
31:45Nous, on est souvent montré du doigt comme si on était responsable de tout.
31:50C'est facile de nous montrer du doigt parce qu'en gros, il n'y a personne qui vient nous défendre.
31:54Quand vous embêtez des journalistes, on peut avoir une bonne réaction.
31:58Embêter des publicitaires, ce n'est pas un problème.
32:00Pas de publicité, merci, dit mon associé avec son livre.
32:05Donc, c'est facile.
32:07La vérité, c'est que...
32:09Et c'est ce que j'ai essayé d'expliquer.
32:12Il y a plusieurs niveaux, le RSE.
32:14Il y a le niveau qui est...
32:16Est-ce que BETC est RSE ?
32:18C'est pire que la RSE, c'est une ONG.
32:20Je rentre dans ce...
32:22De temps en temps, je leur dis mais calmez-vous, quoi.
32:24Il va falloir qu'on fasse aussi notre métier.
32:28Après, il y a la filière de la communication.
32:32Elle est très engagée au niveau de la RSE.
32:34Donc, globalement, on est très engagé.
32:36On a pris des engagements.
32:38On surveille la logique de qu'est-ce qu'on peut faire en impact climat.
32:42Ça veut dire qu'on tourne un peu moins de publicité à l'autre bout de la Terre quand on peut les tourner près de chez nous ?
32:47Ça veut dire qu'on évalue.
32:49On évalue une campagne.
32:51Non seulement la production mais les médias.
32:53Parce que les médias, c'est beaucoup plus lourd que la production.
32:56Donc, on évalue l'impact des campagnes.
32:58On a mis au point des calculateurs.
33:02Des choses très précises pour rendre compte de ça.
33:05Franchement, on est peanuts dans l'histoire de l'environnement.
33:09Mais ce peanuts nous intéresse.
33:11Il n'empêche que vous agissez.
33:14Après, il y a une problématique hyper simple.
33:18Quand on fait de la production, si c'est plus cher de produire en France, c'est rarement une solution qu'adorent nos clients.
33:28Donc, il faut être raisonnable.
33:31Il faut dire la vérité.
33:32On a toujours des propositions RSE.
33:35Elles ne sont pas toujours acceptées.
33:37Et moi, je pense qu'il faut réfléchir autrement la communication.
33:41La vraie réflexion sur la communication, et qui m'importe, c'est de dire que ça suffit d'agresser des gens avec des pubs imbéciles qui sont trop présentes, trop nombreuses.
33:56Ça ne sert à rien.
33:58Il faut leur parler correctement à des moments clés.
34:01Donc, moi, je crois à une communication qui serait moins fatigante, à une communication moins présente, mais plus qualitative.
34:11Et ça, ça ne va pas exactement dans le sens du monde d'aujourd'hui.
34:14Mais je crois que, par exemple, des campagnes peuvent durer très longtemps.
34:18Donc, la question de la production, produisons très bien.
34:22Mais moi, je pourrais sortir des campagnes Air France, des vieilles, maintenant.
34:27J'ai déjà sorti des vieilles campagnes Evian, qui avaient 8 ans d'âge.
34:31Et vous croyez qu'elles n'ont pas fait vendre ? Elles ont fait vendre.
34:34Tout se laissant trop vite.
34:37Alors que la tête des gens, ça ne marche pas comme ça, la tête des gens.
34:41Les gens, ils aiment les choses pour longtemps.
34:43Ils ne se lassent pas.
34:45Donc, je pense qu'il y a vraiment des enjeux de communication différents à planter pour que la RSE devienne chaque jour plus importante.
34:54On revoit justement l'une des campagnes Evian.
34:57C'est celle-là que j'ai remise à l'antenne.
35:00Ça s'est très bien passé.
35:02Parce que vous croyez que ça, ça a changé ?
35:04Que le fait qu'on ne vieillit pas, nous, on n'est pas vieux.
35:08On a juste un bébé dans nous qui dit qu'on n'est pas vieux.
35:12Qu'est-ce qu'on nous raconte ?
35:14Donc, c'est des campagnes qui font du bien, que les gens aiment.
35:17Vous pouvez les ressortir.
35:19Il y a tous ces leviers que vous avez détaillés.
35:23Et il y en a un qui est intégré à tout ça.
35:26Mais c'est le rôle de la publicité pour rendre la transformation environnementale et sociétale acceptable.
35:34Parce que c'est ça l'enjeu d'aujourd'hui.
35:35Qu'est-ce qu'on voit ?
35:36On a vu un certain nombre d'élections, que ce soit en Europe, que ce soit aux États-Unis, ou même en France d'ailleurs,
35:42où les candidats ou les candidates qui disent il faut appuyer sur le frein, sur la transformation environnementale,
35:48il y en a marre, il y a trop de contraintes, etc., ils remportent des voix.
35:52Est-ce que ce n'est pas parce que nous, médias, mais peut-être aussi publicitaires, on marque,
35:57on n'a pas su donner envie de cette transformation ?
36:00Moi, je pense qu'il n'y a pas de problème.
36:01Moi, je pense que si vous écoutez les Français, les consos, ils sont beaucoup plus impliqués qu'on ne dit.
36:07Je pense qu'on leur dit trop de choses désagréables, qui ne sont pas bêtes.
36:11Eux, ils ont une vision de la consommation très précise.
36:14Par exemple, ça les énerve quand vous leur dites on consomme trop, etc.
36:20Celui qui va chez Leclerc et qui le 14 du mois n'achète plus de viande, plus de légumes,
36:26vos histoires de riches, là, ça les énerve.
36:29Quand vous faites le pétrole, il y en a marre, etc., les gilets jaunes se disent de quoi ils nous parlent ces gens-là.
36:36Moi, je ne peux pas faire autre chose.
36:38Donc, je pense qu'il faut être raisonnable.
36:41Eux sont beaucoup plus raisonnables.
36:43En revanche, quand vous leur dites est-ce que vous pensez que les entreprises doivent faire un effort
36:48d'un point de vue environnemental, ça leur paraît évident, doivent le communiquer, oui.
36:53Quand vous leur dites est-ce que vous, vous faites des efforts, oui.
36:57Quand vous leur demandez en quoi la notion de durabilité, c'est important,
37:02le fait de réutiliser des produits, des vieux produits, c'est important.
37:07Mais si vous regardez maintenant ce qu'ils font, alors, parfois, c'est un peu contradictoire.
37:13Il y a plein de gens qui achètent de la fashion pas cher.
37:16Il faut toujours, c'est normal, c'est logique.
37:22Mais en revanche, si vous regardez que les galeries Lafayette, le printemps,
37:27ils ont aujourd'hui des étages consacrés à des produits de seconde main.
37:32Quand j'appelle mon grand garçon qui, lui, alors là, me dit mais pourquoi tu grognes ?
37:37Moi, je n'ai jamais acheté un vêtement neuf à ma fille.
37:40C'est moi qui achète les vêtements neufs.
37:43Lui, il habille de vêtements vieux.
37:46Et bien, ça ne le gêne pas du tout. Il adore sa fille.
37:49Donc, je pense qu'il faudrait être plus respectueux sur ce que font les gens
37:54parce qu'ils font déjà beaucoup.
37:56Et après, prendre les grandes décisions comportementales de façon lourde au niveau politique.
38:02Est-ce que quand vous discutez, évidemment, avec des très grandes marques,
38:06est-ce que cette question-là, la question de comment on parle de ce qu'on fait bien,
38:13c'est vous qui le mettez sur la table des discussions ?
38:19Parce que moi, j'ai vu beaucoup d'entreprises venir ici
38:21et nous dire on n'ose pas trop communiquer sur ce qu'on fait bien
38:24parce qu'on va venir nous chercher sur ce qu'on fait moins bien.
38:26Oui, je passe du temps à ça.
38:28Je passe du temps à expliquer que les gens demandent des comptes.
38:32Donc, ils sont clairs. Ils demandent d'abord des comptes sur le métier.
38:36Mais ensuite, ça les intéresse.
38:38Qu'est-ce qui les intéresse ?
38:40De comprendre comment une entreprise fait des efforts
38:43pour aller sur des problèmes environnementaux importants.
38:47Ils ne lui demandent pas de tout régler.
38:49Et aussi des efforts d'un point de vue sociétal.
38:52Parce que si vous gagnez beaucoup d'argent, peut-être que vous devez rendre un peu à la société.
38:57C'est ce que nous, on fait chez BETC.
38:59C'est ce qu'ils doivent tous faire.
39:01Et dans ce cas-là, ils leur demandent de parler.
39:03Parce que sinon, comment ils le savent ?
39:05Et le silence n'est pas d'or aujourd'hui.
39:07Le silence est soupçonné.
39:09Donc, ce n'est pas du caritatif.
39:11Vous poussez à une forme de transparence.
39:13Sans que ce soit la dictature de la transparence, mais vous poussez à une forme de transparence.
39:15Mais, je voudrais vous dire une chose sur un client difficile qui est le mien.
39:19Pour qui je travaille un peu.
39:21Qui est Total. Je ne l'ai pas assez.
39:23Total, ce n'est pas sérieux ce qu'on leur dit.
39:27Ce n'est pas courageux.
39:29Ils font du pétrole.
39:30Mais aujourd'hui, c'est la seule entreprise pétrolière qui a investi lourdement sur le soleil, sur l'électricité.
39:40Mais lourdement.
39:42Et on dit non, mais plus de pétrole.
39:44Oui, mais ça représente encore 95 ou 96% du chiffre d'affaires de Total, le fossile.
39:50Non, non, l'investissement, il est à 50%.
39:52Ah oui, je parle du chiffre d'affaires.
39:54Et moi, je vous parle de l'investissement.
39:56Et je vous parle du fait que je pense que Pouyanné ne va pas craquer sous le diktat.
40:02BP a craqué, a dit c'est fini.
40:04C'est fini, on va faire que du pétrole.
40:06Vous inquiétez pas, etc.
40:08Ce n'est pas du tout le cas.
40:10Mais si vous l'écoutez aussi, comment est-ce qu'on fait aujourd'hui ?
40:12C'est-à-dire qu'on arrête un Total sur le pétrole en France.
40:16Et on va racheter le pétrole ailleurs.
40:18Il faut être un peu intelligent.
40:20C'est quoi l'intransition ?
40:22C'est quoi la réflexion autour de la transition ?
40:24Après, je voudrais parler de la France, de nos dictates.
40:28Il faut quand même qu'on fasse attention.
40:30C'est pas nous qui détériorerons tous la planète.
40:34La France, c'est pas mal.
40:36D'un point de vue écologique, la France, c'est pas mal.
40:38Oui, on voit d'ailleurs, si on regarde les baisses d'émissions de gaz à effet de serre depuis quelques années...
40:42Il faut qu'on ait un équilibre qui nous permette d'avoir une économie solide.
40:46Là, c'est moins bien. La France, c'est moins bien sur l'économie solide.
40:50Et pourquoi l'économie solide, elle est importante ?
40:52Parce que pour les gens, le chômage, c'est important.
40:54Pour les gens, ce qu'ils gagnent, c'est important.
40:56Et pour le monde, dans l'écologie...
40:58Moi, j'aime beaucoup l'écologie.
41:00Mais la défense de la démocratie, j'adore ça.
41:02Donc là, il nous faut aussi être solide en France, être solide en Europe pour défendre notre démocratie.
41:08Sur la défense de la démocratie, l'une des publicités pro bono dont on peut parler...
41:12Alors, pro bono, ça veut dire évidemment que vous n'êtes pas payé pour les faire.
41:16C'est pour reporter à son frontière.
41:18On va la voir. Je ne sais pas de quand elle date, cette campagne, puisque c'est un Vladimir Poutine très jeune.
41:22Il n'a pas encore été botoxé.
41:26Sans liberté de l'information, pas de contre-pouvoir.
41:30Et on voit un Poutine qui nous fait un très joli droit d'honneur.
41:34Pourquoi ?
41:36Vous nous avez proposé un certain nombre de pubs pro bono comme celle-là.
41:40Voilà, il y a eu le discours de...
41:42On enregistre cette émission quelques heures après le discours de Donald Trump devant le Congrès,
41:47où il part en guerre contre le wokisme.
41:49C'est un combat pour des valeurs qu'on est en train de mener, là ?
41:53Bien sûr. Pour le droit, un truc incroyable.
41:57Il n'y a plus d'État de droit bientôt.
41:59On a l'Inde, les grands pays, la Chine, l'Inde, la Russie,
42:05et maintenant les États-Unis qui font comme si le droit n'existait pas.
42:09Ça ne nous intéresse pas.
42:11Donc c'est ce combat-là.
42:13Nous, il y a longtemps qu'on le mène, dans les pro bono qu'on mène,
42:17on choisit nos combats.
42:19Les femmes, vous le savez, un combat important,
42:23mais les droits humains, un combat essentiel,
42:25qui d'ailleurs rejoint le droit des femmes.
42:27Et dans le droit des humains, pour nous,
42:29le combat pour la liberté des journalistes,
42:33pour le droit à une parole de vérité,
42:37elle est importante, d'où Reporters sans frontières.
42:39Sur les droits des femmes,
42:41on a déjà reçu plusieurs fois Sista ici,
42:43donc on va vraiment voir cette pub que vous faites pour Sista.
42:47Pour lever des fonds, faut-il devenir un homme ?
42:49Et on voit une jeune femme, qui s'appelle Tatiana Jama,
42:51qui est entrepreneure,
42:53que vous avez transformée en garçon.
42:55Ça marche, vous voyez.
42:57Elle reçoit beaucoup de fonds.
42:59Et elle va lever plus facilement des fonds.
43:01Pas plus facilement, 95 %.
43:03Voilà, c'est hallucinant.
43:05Alors ça a un petit peu changé.
43:07Non, non, non, ça n'a presque pas changé.
43:09Un tout petit peu, mais bon.
43:11Elle est à quoi ? 80 ?
43:13Voilà, oui, c'est sûr qu'on n'est pas à 50.
43:15Ça, on est bien d'accord.
43:17Il y a quand même eu un certain nombre de...
43:19Donc ce que c'est, on accompagne.
43:21Oui, bien sûr.
43:23Et il y a eu un certain nombre de leviers réglementaires
43:25qui ont été activés,
43:27notamment sur la place des femmes dirigeantes.
43:29Et on voit que la France est plutôt bien placée, là aussi.
43:31Vous disiez, il faut qu'on arrête de battre sa coupe en permanence.
43:35Donc la loi, l'aiguillon réglementaire,
43:37il peut faire bouger les lignes ?
43:39Evidemment.
43:41En fait, on n'a pas l'égalité parce qu'on ne la veut pas.
43:43Si on la voulait,
43:45on peut faire beaucoup de choses.
43:47Donc il faut des quotas.
43:49La France n'a pas imposé des quotas.
43:51Nous avons tout fait pour qu'il y ait des quotas,
43:53et il y a des quotas.
43:55Les quotas du Conseil d'administration,
43:57avant ces quotas, il n'y avait pas de femmes
43:59quasiment au Conseil d'administration.
44:01Ce n'est pas admissible.
44:03Et cette histoire de l'égalité femmes-hommes,
44:05ce n'est pas un petit sujet.
44:07Ce n'est pas un petit ministère
44:09qui change trop souvent de femmes.
44:11C'est un grand sujet.
44:13Parce que je pense que le jour où on arrivera à l'égalité,
44:15on sera beaucoup mieux
44:17sur la logique des droits humains.
44:19Et je pense que l'équilibre femmes-hommes,
44:21les hommes vont changer,
44:23les femmes vont changer pour un monde meilleur.
44:25Je pense que c'est fondamental.
44:27Il y a une citation extrait d'une interview
44:29que vous aviez donnée au mois de novembre dernier
44:31à France Info.
44:33Vous demandez des yaourts, vous n'allez pas faire un discours féministe.
44:35Vous prenez les femmes telles qu'elles sont aujourd'hui.
44:37En revanche, on peut utiliser la pub pour changer le monde.
44:39Ça rejoint tout ce qu'on est en train de nous dire.
44:41Je pense que l'État doit réfléchir à ça.
44:43C'est ça qui m'intéresse.
44:45Est-ce que vous avez été contactée
44:47par un ministère, les services de l'Élysée,
44:49que sais-je, Matignon,
44:51pour une grande campagne sur les droits des femmes ?
44:53On fait des choses.
44:55On fait des choses avec le SIG.
44:57On a fait avancer des choses, etc.
44:59sur le droit des femmes.
45:01Je pense que le sujet doit être pris très sérieusement.
45:03Il doit être pris dans l'école.
45:05Vous connaissez le problème des femmes
45:07et de la science.
45:09Les gamines n'ont aucun problème culturel.
45:11Elles sont très douées.
45:13On peut leur faire des sciences.
45:15J'avais rencontré
45:17le proviseur de Louis-le-Grand
45:19qui m'avait dit
45:21qui est responsable de tout ça.
45:23J'ai dit non, je ne sais pas.
45:25Les parents et les professeurs.
45:27C'est-à-dire la vision que les parents,
45:29ce n'est pas qu'ils n'aiment pas leurs filles,
45:31c'est qu'on a des kilos de stéréotypes.
45:33Le monde vient à peine de changer
45:35pour les femmes.
45:37Il faut lutter autour de ça.
45:39Si on veut, si l'éducation veut,
45:41elle se met dans l'idée
45:43qu'elle va arriver à une égalité
45:45de la présence des filles et des garçons
45:47dans les sciences.
45:49C'est fondamental parce que la science
45:51a besoin des femmes.
45:53Ce n'est pas qu'une histoire de...
45:55Non, on est plus fort
45:57quand les femmes scientifiques sont là.
45:59On est plus fort.
46:01Cette campagne n'existe pas encore ?
46:03Elle pourrait exister ?
46:05On a fait des campagnes dans ce sens.
46:07Par exemple, il y a un travail de L'Oréal
46:09sur Women and Science
46:11qui est très intéressant.
46:13Ce n'est pas suffisant.
46:15D'abord, il faut avoir une politique
46:17à long terme.
46:19Vous avez vu le nombre de ministres à l'éducation.
46:21À long terme, ça n'existe pas
46:23de changer sans arrêt
46:25des actes.
46:27Si les entreprises faisaient ça,
46:29elles iraient très mal.
46:31Donc, c'est des plans à long terme.
46:33Si on veut l'égalité,
46:35il faut le prévoir et voir.
46:37Comment enlève-t-on les stéréotypes ?
46:39Le manque de confiance des filles ?
46:41Rendez compte qu'à l'agence,
46:43c'est moi la patronne avec Rémi,
46:45donc on fait ce qu'on veut.
46:47On est arrivés à établir une égalité.
46:49Mais quand je regarde
46:51l'état des jeunes femmes
46:53et l'état des jeunes hommes,
46:55il y a 10% de plus de stress pour les femmes.
46:57Quand vous les analysez,
46:59elles font tout.
47:01Quand vous tenez la maison quasiment seule,
47:03que les garçons...
47:05Ça ne change pas quand même.
47:07Non, non, non.
47:09Prenez des chiffres.
47:11Voyons dans les statistiques.
47:13C'est une catastrophe.
47:15On va se féliciter.
47:17Oui, ça a changé.
47:19Avant, ils avaient honte de pousser un landau.
47:21Maintenant, ils sont fiers.
47:23Nous avons évolué.
47:25Ils accompagnent parfois les enfants à l'école.
47:27Ils vont faire des courses avec des lisses, des mamans.
47:29Mais qui s'occupe des enfants malades ?
47:31Qui s'occupe de la réalité ?
47:33Comment on change ça ?
47:35C'est ancré dans nos cortexs profonds
47:37depuis des générations.
47:39On ne prend que des mesures égalitaires.
47:41C'est quoi une mesure égalitaire ?
47:43Le congé paternité.
47:45Il faut que les papas,
47:47qui sont merveilleux,
47:49et vous allez voir, ça va très bien se passer.
47:51Ils ne vont pas tout d'un coup
47:53ne pas y arriver.
47:55Et là, il y a des règles.
47:57Si vous les mettez en même temps que les femmes,
47:59c'est les femmes qui font tout.
48:01Mais si vous les mettez successivement,
48:03le monde bouge, il va bouger.
48:05Les garçons ne sont pas non plus responsables
48:07de ce qui arrive complètement.
48:09Le monde va bouger.
48:11Il nous reste les 3 minutes.
48:13C'est passé beaucoup trop vite.
48:15Je voudrais qu'on les consacre à un autre thème.
48:17C'est l'histoire de l'immigration.
48:19Pourquoi ?
48:21Je ne suis plus présidente.
48:23J'ai atteint ma limite d'âge.
48:25Allons bon.
48:27Je continue à faire
48:29toute la communication.
48:31Les titres ne sont pas la chose
48:33la plus importante de ma vie.
48:35Effectivement, on est bien d'accord.
48:37La question que je me posais,
48:39ça rejoint ce qu'on disait tout à l'heure
48:41sur les élections.
48:43Pourquoi la voix de celles et ceux
48:45qui disent que l'immigration,
48:47c'est une chance pour la France ?
48:49On a dit n'importe quoi.
48:51On a joué le jeu du Front National.
48:53Je suis désolée.
48:55Je pense qu'il vaut mieux dire la vérité.
48:57Ça fait 14 ans que je travaille
48:59pour ce musée.
49:01C'est Jacques Toubon qui m'a appelée.
49:03Il a été un défenseur des droits incroyables.
49:05On a pu raconter
49:07un peu de l'histoire
49:09de la vérité
49:11de ce qu'a fait la France.
49:13La France, c'est un des grands pays
49:15de l'immigration.
49:17Dès le XVIIIe siècle, on a eu besoin des autres.
49:19C'est un pays intéressant
49:21parce que ça a créé un vivre-ensemble.
49:23Ce vivre-ensemble, il est un peu cassé.
49:25C'est ça qu'il faut se poser en question.
49:27Après, il ne faut pas raconter
49:29qu'ils envahissent la France.
49:31Il n'y a plus personne qui a envahi la France.
49:33On a menti sur les chiffres,
49:35sur les données. On n'a pas mis en perspective.
49:37Ça finit par créer...
49:39C'est tellement facile
49:41d'inventer qu'il y a quelqu'un qui est responsable
49:43et que ça va tout changer.
49:45Je vous promets que ça ne changera pas grand-chose.
49:47C'est déjà une technique politique d'inventer un bouc émissaire.
49:49En tout cas, ce n'est pas ça qui va changer grand-chose.
49:51L'industrie, ça va changer
49:53quelque chose. Changer l'école,
49:55parce que l'école, aujourd'hui,
49:57elle n'est pas bonne pour les immigrés, mais elle n'est pas bonne pour les Français non plus.
49:59On a des problèmes sur l'éducation.
50:01On a des problèmes sur l'intégration.
50:03Et, il faut être honnête,
50:05on a aussi des problèmes
50:07qui sont liés
50:09à l'islam
50:11et à cette culture
50:13qui ne veut pas non plus inventer un vivre-ensemble.
50:15Mais avant, c'était les catholiques
50:17qui avaient fait ça.
50:19Donc, on doit pouvoir y arriver.
50:21On doit pouvoir expliquer
50:23qu'on peut penser une religion,
50:25mais considérer qu'au centre de la France,
50:27il y a une laïcité qui est possible.
50:29Et le rôle de la publicité là-dedans ?
50:31On va terminer là-dessus.
50:33Sur l'image, la diversité qu'on expose,
50:35il y a eu des progrès, quand même ?
50:37Il y a eu énormément de progrès.
50:39Il y a un retour en arrière là,
50:41parce qu'aux Etats-Unis, ça hurle tout d'un coup à l'envers.
50:43Je pense qu'il faut être calme.
50:45Il y a un moment donné
50:47où c'était presque excessif.
50:49C'est un peu ça
50:51qu'on a appelé...
50:53Non, à chaque fois,
50:55je pense qu'on ne peut pas résumer les gens
50:57par des noirs, des jaunes, des blancs.
50:59Et donc, à chaque fois que vous faites une pub,
51:01un noir, un jaune, un blanc, un truc,
51:03c'est un systématisme.
51:05Donc, on ne pouvait pas traduire, quand on était un blanc,
51:07un livre fait par un noir.
51:09Non, mais attendez,
51:11ce n'est pas possible.
51:13Mais la diversité, c'est une immense richesse.
51:15Donc, comment est-ce qu'on lui donne
51:17son vrai rôle d'immense richesse
51:19et qu'on continue,
51:21malgré tout ce qu'on entend,
51:23et ce retour tout d'un coup ?
51:25Et beaucoup d'entreprises ont été courageuses.
51:27Elles ont dit qu'elles ne retourneraient pas en arrière,
51:29que la diversité était intéressante.
51:31Vive l'Europe !
51:33Merci beaucoup, Mercedes-Hera.
51:35C'est une belle dernière phrase.
51:37A bientôt sur BeSmart4Change.
51:39On passe tout de suite à notre rubrique Startup.
51:45Smart Ideas,
51:47notre rubrique Startup et Innovation
51:49avec Corentin Desjean. Bonjour.
51:51Bienvenue. Vous êtes le cofondateur
51:53d'ECLO, créé en 2022
51:55avec votre frère Florian et Robin Bruno.
51:57Pourquoi vous l'avez créé ?
51:59C'était quoi l'idée de départ ?
52:01On a une alternative durable et pratique
52:03aux films plastiques pour l'emballage de palettes.
52:05L'idée, c'est de remplacer le film qui est utilisé
52:07depuis maintenant plusieurs dizaines d'années.
52:09Aujourd'hui, on a une housse qui est réutilisable
52:11à partir de matières recyclées
52:13et qu'on peut recycler encore en fin de vie.
52:15Le gros sujet qu'on a,
52:17c'est la réutilisabilité
52:19et la performance opérationnelle.
52:21Pour ça, on a un produit qui est adaptable.
52:23Une seule référence pour toutes les palettes
52:25de 80 cm à 1,80 m.
52:27Un produit qui est compact, ça pèse 2 kg.
52:29Une fois que c'est plié, on peut en mettre une centaine
52:31sur une palette de 1,50 m.
52:33Enfin, c'est facile à mettre en place.
52:35Un opérateur va pouvoir le mettre en place
52:37aussi rapidement qu'il emballerait une palette seule.
52:39Il n'y a pas de changement drastique
52:41dans les entrepôts.
52:43Avec un enjeu important,
52:45310 000 tonnes de films plastiques
52:47par an en France
52:49autour de ces palettes,
52:51ça représente 1,5 million de tonnes de CO2.
52:53C'est quoi ?
52:55C'est simplement une bonne idée
52:57On a demandé un peu de recherche et de développement
52:59de mise au point pour avoir cette housse réutilisable.
53:01Ça paraissait être une bonne idée initialement.
53:03Mais là, c'est compliqué.
53:05Ça s'est compliqué drastiquement.
53:07On a eu l'idée
53:09il y a maintenant
53:112018
53:13Il y a quelques années maintenant, plus de 7 ans.
53:15Ça a mis 3 ans
53:17à germer.
53:19Ensuite, la première version
53:21aujourd'hui, on ne pourrait pas du tout protéger une marchandise.
53:23Il a quand même fallu 2 ans de R&D
53:25pour avoir un produit plus avancé.
53:27C'est quoi les défis à relever ?
53:29Des défis techniques.
53:31Il faut un produit qui soit relativement low-tech
53:33qui soit relativement
53:35peu technique
53:37parce qu'on doit le démultiplier.
53:39Il y aura plusieurs centaines de milliers de palettes
53:41qui seront équipées de ce produit-là.
53:43Il faut un produit peu technique mais très résistant.
53:45On va emballer des marchandises jusqu'à 800-900 kg.
53:47Ce qui ne permet pas les films plastiques
53:49beaucoup plus légers qu'on a aujourd'hui.
53:51C'est cet arbitrage-là
53:53une différence technique,
53:55une résistance
53:57et un impact environnemental très faible.
53:59On n'a pas le loisir de mettre du multimatériau
54:01ou de mettre des produits trop techniques.
54:03Vous souhaitez que cette housse
54:05soit recyclable
54:07en fin de vie.
54:09Elle est en quoi ?
54:11En polyester, mais on est sur du monomatériau.
54:13On a quelques éléments qui ne sont pas en polyester
54:15mais on peut les dissocier très facilement.
54:17C'est un gros sujet
54:19parce que c'est notre mission.
54:21C'est une mission vertueuse
54:23de pouvoir avoir la main sur notre gisement
54:25de matières premières à terme.
54:27Mais c'est aussi une nécessité légale
54:29puisqu'un produit pour qu'il soit
54:31considéré comme réutilisable
54:33dans les différentes obligations de taux de réemploi,
54:35il faut qu'il soit recyclable.
54:37C'est un gros enjeu.
54:39Est-ce que c'est une demande du secteur de la logistique ?
54:41Est-ce que vous l'avez devancé ?
54:43Comment vous arrivez avec votre housse ?
54:45Aujourd'hui, c'est une demande du secteur.
54:47Aujourd'hui, on a de la chance.
54:49On a une équipe de 7
54:51et on a 5 ingénieurs.
54:53On est vraiment focus sur la technique.
54:55On a peu d'équipes pour aller sur le terrain
54:57pour aller chercher des clients
54:59et pourtant, on a beaucoup de contacts dans les grands groupes.
55:01On a une cinquantaine qui nous ont contactés à date.
55:03Aujourd'hui, c'est une demande du secteur
55:05qui a été poussée par la législation.
55:07Par la législation à la fois française et européenne.
55:09Il y a 7 ans, ce n'était pas une demande du secteur.
55:11Il y a 7 ans, c'était
55:13plutôt un beau projet
55:15et on n'était pas forcément aussi bien accueillis dans les entrepôts.
55:17Et quand vous dites
55:19que la réglementation a changé,
55:21quelle obligation légale pour ce secteur
55:23aujourd'hui ?
55:25Au niveau français, ça découle
55:27de la loi AJEC. C'est le décret 3R
55:29qui concrètement oblige les entreprises
55:31à avoir un certain taux de réemploi dans leurs opérations.
55:33L'intérêt de travailler sur
55:35les emballages tertiaires, donc les emballages de transport,
55:37c'est qu'en réalité, ils investissent un certain montant
55:39dans des emballages. Ils savent exactement quel taux de réemploi
55:41ils auront à la fin de l'année.
55:43Travailler sur la consigne, investir dans la consigne,
55:45dans des colis réutilisables, etc.
55:47Ils sont dépendants du client
55:49et du fait que le client va vraiment l'intégrer à ses habitudes.
55:51L'avantage d'une solution comme la nôtre,
55:53c'est qu'on investit, on sait quel taux de réemploi
55:55on a à la fin de l'année. Et au niveau européen,
55:57ça c'est un deuxième sujet qui est
55:59en train d'être validé, c'est le PPWR.
56:01Donc c'est
56:03à peu près la même chose, un peu plus
56:05précis sur les emballages, qui
56:07met des objectifs de réemploi spécifiques
56:09à chaque type d'emballage. Et aujourd'hui,
56:11c'est vraiment un gros sujet, ça a été voté l'an dernier,
56:13en cours de finalisation, et les objectifs
56:15seront, les premières échéances
56:17seront à 2030, avec des objectifs encore
56:19plus compliqués
56:21et complexes que le décret
56:233R, puisque là on va spécifier vraiment
56:25des flux, notamment par exemple entre deux usines
56:27d'une même entreprise, on aura
56:29l'obligation d'utiliser des emballages réutilisables. Vraiment, ça ira
56:31dans le bon sens, mais ce sera d'ici 2030.
56:33Et ça va potentiellement
56:35booster, éclos. Merci beaucoup
56:37Quentin Desjardins, et bon vent à votre
56:39entreprise. Je vous remercie rapidement.
56:41Alexis Mathieu, Juliette Miliérina
56:43à la programmation et à la
56:45production, et les deux Alexis
56:47Sanchez, le réalisateur, Ousta Basilis
56:49l'ingénieur du son. Salut.