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00:00Europe 1 Soir, 19h21, Pierre De Villeneau, camarade de la deuxième rond-pour-nom, Raphaël Stainville,
00:08bonsoir Raphaël, bonsoir Pierre, directeur adjoint de la rédaction du journal du dimanche,
00:12bonsoir Alexandre Malafaille, bonsoir Pierre De Villeneau, fondateur du think-tank Sinopia,
00:16et je reçois, attention parce que du coup c'est une carte de visite à rallonge,
00:21il est député EPR des Yvelines et il est maintenant président de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale
00:26visant à établir les freins à la réindustrialisation de la France, bonsoir Charles Rodwell.
00:31Bonsoir, merci pour votre invitation.
00:33En quoi ça consiste d'être un président d'une commission d'enquête qui vise à établir les freins à la réindustrialisation de la France ?
00:40Alors une commission d'enquête, qu'est-ce que c'est ?
00:42Non mais ça je sais, la suite.
00:44Est-ce que certains de vos auditeurs, est-ce que tous vos auditeurs savent ce qu'est une commission d'enquête ?
00:48Non une commission d'enquête, common, on sait ce que c'est, alors qu'est-ce que c'est les freins à la réindustrialisation ?
00:52Ce sont des pouvoirs qui sont donnés à une commission à l'Assemblée pour pouvoir enquêter sur un sujet de fond en comble
00:57et prendre des décisions politiques et législatives immédiates à la suite de la publication de ses conclusions.
01:02L'objectif de cette commission d'enquête, au vu évidemment des événements récents,
01:07ça va être de mettre cette commission à disposition des industriels
01:10et je tiens à le dire parce que je sais qu'il y a beaucoup de gens du secteur de la défense
01:13qui protègent notre pays, qui protègent nos armées à travers aussi leur implication dans l'industrie
01:17qui nous écoute peut-être, je leur lance un appel parce que cette commission d'enquête va être mise à disposition des industriels,
01:22notamment des industriels de la défense, afin que nous puissions prendre notre part à l'édifice nous aussi,
01:27les parlementaires à l'Assemblée et puis au Sénat, pour accélérer les décisions,
01:32pour permettre à ce pays de se réarmer, notamment en matière d'industrie de défense.
01:36Tout ça c'est suite à l'allocution présidentielle d'hier ?
01:39De toute façon, l'essence même de notre engagement, c'est de défendre des idées et des convictions politiques fortes,
01:45mais c'est aussi de prendre des décisions qui s'inscrivent dans l'actualité.
01:50Le président de la République, je pense à juste titre, a annoncé un réarmement industriel de la France
01:57et plus globalement de l'Europe, je pense qu'on va en parler.
01:59Il est évident que nous parlementaires, à notre petite échelle, une échelle bien plus modeste,
02:04devons contribuer à cet effort et c'est la raison pour laquelle je lance cet appel aux industriels,
02:10notamment aux industriels de la défense qui peuvent nous écouter ce soir.
02:13On est preneur de toutes vos bonnes idées pour vous permettre d'accélérer avec nous ce réarmement industriel de notre pays.
02:19Alors, la défense ou pas la défense, l'industrie c'est grand.
02:22Marc Ferracci, ministre de l'Industrie, a été l'invité dimanche dernier du grand rendez-vous Europe 1C News Les Echos.
02:28Je pense que notre politique industrielle doit désormais se muscler,
02:31se muscler de manière extrêmement volontariste,
02:34parce que nous avons des ambitions climatiques,
02:37nous avons des engagements climatiques et moi je souhaite que nous les atteignons,
02:40mais on ne peut pas les atteindre si on n'a pas une politique industrielle plus offensive,
02:45avec du soutien aux investissements, avec du soutien à la demande,
02:48notamment sur des filières comme le véhicule électrique,
02:52du soutien aussi en matière de protection commerciale,
02:56et on a besoin de protection commerciale, de clauses de sauvegarde,
02:59c'est-à-dire de tarifs élevés dès lors que les exportations chinoises sont trop importantes en Europe.
03:05Qu'est-ce que ça veut dire ?
03:06Ça veut dire qu'on y va, mais on fait quand même attention aux conditions climatiques,
03:09donc on y va mezzo voce ?
03:11Non mais il a raison sur les conditions climatiques,
03:13c'est-à-dire que si on ne produit pas sur le territoire français ou sur le territoire européen,
03:16il y a que la grande hypocrisie derrière tout ça,
03:18ça veut dire qu'on va importer des produits qui viennent de pays qui n'ont pas les mêmes exigences en matière climatique,
03:23et donc on importe les méfaits du changement climatique,
03:27tout en détruisant notre industrie au passage.
03:29C'est la raison pour laquelle, depuis maintenant 7 ans,
03:32je sais que cette politique nous est reprochée notamment par les banques sur la gauche,
03:35mais on assume d'avoir mené une politique de l'offre.
03:37Une politique de l'offre c'est quoi ?
03:39C'est de soutenir nos industries, c'est de soutenir la recherche en France
03:42par la baisse massive des impôts, par des réformes qui ont parfois été impopulaires,
03:46mais pour permettre à ces entreprises de recréer de la richesse en France.
03:49Moi je vais vous dire, l'une, si ce n'est la priorité de la commission d'enquête que j'ai l'honneur de présider,
03:54c'est avec le financement de nos industries.
03:56Parce que si on ne finance pas la production en France,
03:59si on ne finance pas par l'achat, comme le mentionnait le ministre,
04:02ou par l'implantation de ces entreprises,
04:04ça ne sert à rien de parler d'industrie sur le territoire français.
04:06Donc on va ouvrir des débats qui fâchent.
04:08Un exemple parmi d'autres, je pense qu'on va tous être d'accord
04:11que l'un des gros sujets du financement de l'industrie en France, c'est le coût du travail.
04:15Je vais proposer de mettre au débat, à travers cette commission d'enquête,
04:19de baisser les cotisations sociales dans notre pays de 20 milliards d'euros.
04:23Et de les compenser par des mesures, par la baisse massive de la dépense publique,
04:27notamment des aides qui sont accordées à certaines entreprises
04:31dans des secteurs prédéfinis,
04:33pour permettre la baisse des cotisations sociales dans notre pays de 20 milliards d'euros.
04:36Secteurs prédéfinis, c'est assez vague.
04:40Est-ce que vous avez déjà une idée, ou il faut faire un diagnostic avant ?
04:43En fait, grosso modo, aujourd'hui, notre modèle est bâti
04:46sur une absence totale de compétitivité pour nos entreprises.
04:49C'est-à-dire que depuis 40 ans, 50 ans,
04:51on a voté quantité, quantité, quantité de lois
04:54qui ont plombé la productivité de notre pays,
04:56qui ont plombé le coût du travail, qui ont plombé nos entreprises et leurs salariés.
04:59Et pour compenser ces lois,
05:02on a voté des milliers de dispositifs pour aider telle entreprise, tel secteur.
05:07Mais vous ne dites pas qui ?
05:09C'est tout l'objet de la commission d'enquête qu'on va déployer.
05:11Je peux vous donner quelques idées.
05:13Aujourd'hui, la Banque Publique d'Investissement,
05:16qui est l'outil exceptionnel qu'on a en France,
05:19on n'a pas tout réussi, mais s'il y a bien une chose qu'on a réussie,
05:21c'est la Banque Publique d'Investissement,
05:23elle a aujourd'hui près de 60 milliards d'euros d'actifs sous gestion.
05:26C'est-à-dire qu'elle gère déjà près de 60 milliards d'euros d'actifs dans des entreprises.
05:30Est-ce qu'on a besoin de continuer d'approvisionner chaque année
05:34cette Banque Publique d'Investissement par des nouveaux financements publics ?
05:37Certains disent que oui, d'autres disent que non.
05:39Je pense qu'il faut le mettre sur la table, ce débat.
05:41Vous dites que non ?
05:43En tout cas, je pense qu'il faut faire ce débat,
05:45et moi je pense qu'il ne faut pas avoir tabou sur la question.
05:47Si vous posez ce débat, ça veut dire que vous êtes plutôt contre.
05:49Mais si on accepte, si on met dans l'idée
05:51que pour toutes nos entreprises,
05:53si on va baisser les cotisations sociales
05:55dans notre pays de 20 milliards d'euros,
05:57il est normal que les entreprises derrière
05:59compensent par la baisse de certaines aides
06:01qui étaient dessinées à compenser la hausse du coût du travail.
06:03Un exemple parmi d'autres.
06:05Monsieur le député, c'est un magnifique sujet
06:07que vous avez choisi de traiter au travers de cette commission.
06:09Je forme le vœu que vous alliez vraiment...
06:11C'est lui qui touche les 20 milliards pour vous...
06:13Non, mais il se trouve que c'est...
06:15J'aimerais bien, parce que ça va être réciproque.
06:17Les signes tanks sont...
06:19Pour une fois, il n'y a rien qui tacle,
06:21parce que c'est un sujet sur lequel on travaille
06:23avec Sinopia, figurez-vous.
06:25Cette question de souveraineté industrielle et d'enjeu industriel.
06:27Et ce qu'on a commencé à identifier
06:29comme vrai sujet,
06:31par exemple, c'est bien sûr, le diable est dans les détails,
06:33notamment des politiques publiques, nationales et européennes.
06:35Alors, il y a des grandes intentions, il y a des mots magnifiques.
06:37Et régulièrement, vous avez des textes
06:39qui vous entravent et qui font exactement le contraire.
06:41Donc ça, si vous êtes capable de lever
06:43dans tous les secteurs, que ce soit l'énergie,
06:45l'agriculture, parce qu'il faut regarder ce qui se passe en agriculture.
06:47Je vais prendre un exemple. En agriculture,
06:49vous savez, on est le leader en France,
06:51le leader mondial de l'exportation des semences.
06:53J'ai découvert ça au salon de l'agriculture.
06:55On exporte à Neurnet près de 2 milliards d'euros.
06:57Sauf qu'aujourd'hui, on n'a pas les autorisations
06:59pour fabriquer les semences de demain.
07:01Et donc, dans 5 ans, la filière française,
07:03elle est quasiment sur la paille, si je puis dire.
07:05Donc on a comme ça des textes qui sont totalement
07:07contradictoires. On l'a vu, vous parliez de la défense.
07:09Les financements dans le secteur de la défense
07:11ont été complètement entravés ces dernières années, parce que les politiques
07:13publiques ont décidé qu'il fallait effectivement être
07:15vertueux, que ce n'était pas RSE, corporate et compagnie.
07:19Et puis il y a un deuxième sujet essentiel,
07:21au-delà des textes et de leurs incohérences multiples,
07:23et des filières qui sont
07:25toutes concernées, c'est le rôle de l'État.
07:27Alors au niveau national, c'est compliqué,
07:29l'État stratège, ça ne veut plus dire grand-chose, mais c'est surtout
07:31au niveau local que ça se passe. Il faut écouter
07:33ce que disent les préfets, les sous-préfets,
07:35les maires, et la coordination
07:37qui est à l'heure aujourd'hui, parce que quand on parle de difficultés,
07:39vous avez un tel démembrement de l'État.
07:41On a fait la décentralisation, mais il y a un tel démembrement de l'État
07:43qu'en fait, il n'y a plus d'acteurs capables de décider.
07:45Donc ça aussi, c'est un gros sujet de cohérence politique local.
07:47Vous avez...
07:49Je bois votre parole, M. Malafaille.
07:51On va vous laisser.
07:53Avec plaisir.
07:55Avec plaisir.
07:57Combien d'exemples ? J'étais
07:59adjoint-maire d'une commune de 80 000 habitants,
08:01et encore,
08:03on parle d'une commune de 80 000, non pas de 15 000,
08:05de 5 000, de 10 000, comme certains peuvent
08:07en être parmi ceux qui nous écoutent.
08:09C'est problématique, on les connaît tous les jours.
08:11Et c'est la raison pour laquelle je lance cet appel.
08:13Moi, je ne suis pas chef d'entreprise.
08:15Je suis encore moins à la tête d'une entreprise
08:17qui produit et qui est inscrite
08:19dans le domaine de la défense.
08:21C'est la raison pour laquelle on ouvre cette commission
08:23d'enquête à ceux qui nous écoutent
08:25pour qu'ils puissent nous faire leur proposition,
08:27leur contribution. Vous avez pris l'exemple local.
08:29La commande publique.
08:31On ne compte pas le nombre d'entreprises.
08:33Un exemple parmi d'autres.
08:35Pendant la crise sanitaire, le nombre d'entreprises
08:37dans lesquelles on a investi des dizaines de millions d'euros
08:39de financement public pour reconvertir
08:41leur chaîne de production
08:43en chaîne de production de masques.
08:45Et ensuite, derrière, quand elles postulent
08:47à des centrales d'achat du ministère de la Santé
08:49ou même, d'ailleurs, du ministère des Armées,
08:51elles perdent des contrats à un centime près
08:53par masque au profit
08:55d'industries chinoises.
08:57Et donc, voilà des capitaux publics qui ont été
08:59perdus et des entreprises qui ont été mis
09:01dans la panade à cause de règles, mais honnêtement,
09:03totalement déliantes.
09:05Voilà typiquement le genre de sujet
09:07où si nos parlementaires, on n'échange pas
09:09des industriels qui viennent nous rencontrer
09:11et qui viennent nous rencontrer dans le cadre
09:13de ces commissions d'enquête, on ne peut pas faire bouger
09:15les choses. En revanche, s'ils viennent nous voir,
09:17s'ils viennent avec leurs difficultés et leurs propositions,
09:19je m'engage vraiment, sincèrement
09:21et je pense que je m'engage vraiment
09:23au profit, avec la voix
09:25de tous les membres de cette commission d'enquête pour faire bouger
09:27les choses au plus vite.
09:29Raphaël Stainville. D'abord, une petite précision
09:31parce que cette commission,
09:33elle est à l'initiative de parlementaires
09:35du Rassemblement National.
09:37Pourquoi je dis ça ? Parce que je mets l'accent sur
09:39la coloration politique de cette assemblée
09:41et justement, peut-être que les principaux
09:43freins à cette réindustrialisation
09:45de la France, ils sont
09:47d'abord politiques. Au sein de cette commission,
09:49cohabitent
09:51différentes sensibilités.
09:53Est-ce que
09:55justement,
09:57vos confrères
09:59notamment de LFI,
10:01écologistes,
10:03sont sur la même
10:05ligne que vous ?
10:07Vous évoquiez cette urgence à traduire
10:09vos préconisations.
10:11Est-ce qu'il n'y aura pas déjà, ici,
10:13un premier blocage ?
10:15Ce qui est sûr, c'est que vous aurez,
10:17comme toujours, des parlementaires à qui on sera
10:19en désaccord et qui tenteront de bloquer ces mesures.
10:21Mais ça, j'ai envie de vous dire, c'est la part de notre boulot.
10:23Mais une commission d'enquête, ça permet
10:25d'affronter, si vous voulez, des combats
10:27fondamentaux sans tabou. Je vous ai parlé de la question
10:29des cotisations C du coup du travail. Je vous prends un autre
10:31exemple qui va susciter un débat extrêmement
10:33virulent vis-à-vis des annonces du président
10:35de la République hier. Le financement
10:37de notre industrie de défense à l'échelle de
10:39l'Europe. Voilà un sujet, honnêtement,
10:41et je respecte tous les avis.
10:43Je respecte surtout, évidemment, mais si je ne le partage pas,
10:45l'avis de ceux qui sont en désaccord.
10:47Mais simplement, quand on lance
10:49l'initiative de
10:51financer l'industrie de défense
10:53à l'échelle européenne pour concrétiser
10:55l'Europe de la défense et pour permettre à l'ensemble
10:57des pays européens de réarmer
10:59dans le contexte dans lequel on vit,
11:01il va falloir, évidemment,
11:03qu'on consacre une grande part de nos financements
11:05à l'échelle européenne pour financer cette industrie
11:07de défense. Voilà un sujet qu'il va falloir
11:09qu'on affronte. Le Rassemblement
11:11National est en désaccord et je le respecte
11:13mais ça va être le sujet de
11:15cette commission d'enquête d'affronter ces sujets
11:17un par un pour accélérer le réarmement
11:19industriel et notamment de la part de nos
11:21industriels dans le domaine de la défense. Il n'y a pas que le Rassemblement National
11:23qui est d'imitatif là-dessus. Il y avait
11:25également Manon Aubry ce matin
11:27chez Sonia Mambrouk sur CNews et Europe 1.
11:29Ce que je retiens de l'intervention
11:31d'Emmanuel Macron hier,
11:33c'est qu'il a surtout préparé les esprits
11:35à une économie de guerre.
11:37Il a dit sur un ton extrêmement
11:39grave qu'il faudra faire des sacrifices,
11:41qu'il faudra faire des réformes
11:43structurelles pour financer la guerre.
11:45Donc moi, je pose la question ce matin.
11:47S'il refuse d'augmenter les impôts
11:49des plus riches pour financer la guerre,
11:51alors quels vont être les sacrifices
11:53sociaux qui vont en découler ?
11:55Est-ce qu'on va demander aux Françaises et aux Français
11:57qui ont travaillé jusqu'à 70 ans comme le veut
11:59le président du MEDEF, est-ce qu'on va prendre de l'argent
12:01dans nos hôpitaux, dans nos écoles,
12:03dans notre système de protection sociale ?
12:05Qu'est-ce que vous lui répondez, Charles Roduelle ?
12:07Moi, je lui réponds que dans ce moment de
12:09grande tension, dans toute
12:11l'histoire de notre pays, il y a toujours eu une cinquième colonne
12:13qu'il faut combattre. Et moi, je considère
12:15que la cinquième colonne aujourd'hui dans notre pays,
12:17c'est la France insoumise.
12:19Ils n'en sont pas à leur ballon d'essai. Moi, je constate
12:21très simplement que les positions
12:23que la France insoumise a pu prendre sur
12:25d'autres conflits géopolitiques
12:27qui ont pu toucher notre pays de près ou de loin.
12:29Je pense bien sûr aux
12:31attentats terroristes, à l'antisémitisme,
12:33à la guerre que le Hamas
12:35mène contre Israël et contre
12:37une part de notre civilisation. On a entendu LFI
12:39à bien des mains de reprise, qui est un sujet différent
12:41de celui-ci. Ce que le président de la République a
12:43dit hier, c'est qu'évidemment,
12:45si on passe notre budget de la défense
12:47de 30 milliards à 55 milliards
12:49d'euros aujourd'hui, puis à 90
12:51milliards d'euros dans quelques années,
12:53il va falloir faire des économies ailleurs.
12:55Il va surtout falloir transformer
12:57une partie de notre modèle social. Je vous prends un exemple
12:59parmi d'autres, la retraite par capitalisation.
13:01Moi, j'assume, et c'est une position
13:03qui n'est pas partagée par tous, que
13:05la retraite par capitalisation, c'est le
13:07meilleur moyen de protéger la retraite
13:09des Français, parce que la retraite
13:11par répartition nous envoie dans le mur.
13:13C'est un système de Ponzi
13:15parce que, du fait de l'état démographique de notre
13:17pays, la retraite par capitalisation
13:19nous permet non seulement de protéger
13:21la retraite des Français, mais de créer des fonds.
13:23Tout à fait d'accord avec vous,
13:25mais il n'est jamais trop tard.
13:27Ce n'est pas le modèle social français.
13:29Excusez-moi, je vais vous couper.
13:31Si vous voulez rester encore quelques minutes, vous pouvez.
13:33Mais on va d'abord
13:35passer une pub,
13:37comme on dit, et annoncer que
13:39Cyril Hanouna vous donne rendez-vous tous les jours sur
13:41Europe 1 de 16h à 18h pour On marche sur la tête
13:43et que vous pouvez l'appeler au 0180
13:4529 21 à suivre
13:47le rappel des titres de l'actualité.
13:49Et Charles Rodwell a encore beaucoup de choses à nous dire.
13:51A tout de suite sur Europe 1.
13:55Normalement, on ne dévoile pas les coulisses,
13:57mais il y a eu quand même un espèce de LOL
13:59MDR énorme
14:01au moment où Mahel Hassani
14:03disait qu'il y avait une
14:05discussion courtoise,
14:07chaleureuse, avec la...
14:09Qui vous a fait rire ?
14:11On imagine un appel chaleureux avec Donald Trump
14:13compte tenu de la manière dont il
14:15traite les gens. La chaleur ne fait pas partie
14:17de sa façon de faire. Vous ne vous souvenez pas
14:19de Rocketman ? Oui, c'est vrai.
14:21Rocketman un jour, et le lendemain
14:23c'est son meilleur ami du monde. Il lui envoie des lettres
14:25d'amour. Je l'aime, etc.
14:27Kim Jong-un. On s'en souvient.
14:29C'est ce qu'il a fait avec Zelensky il y a peu de temps.
14:31Après l'avoir traité de dictateur,
14:33il disait que c'était le meilleur président
14:35que l'Ukraine ait connu avant de se
14:37retourner quelques jours plus tard. Avant de lui dire qu'il n'avait pas les cartes
14:39et qu'il n'avait pas le jeu.
14:41Il avait dit que Kim Jong-un,
14:43la seule personne que Kim Jong-un devait assassiner
14:45c'était son coiffeur.
14:47Ce qui n'est pas faux.
14:49Alors,
14:51où est-ce qu'on en était
14:53dans nos échanges ? C'est Alexandre Malafaille qui posait
14:55une question à Charles Rodwell
14:57sur justement
14:59la retraite par capitalisation.
15:01On a été resté un peu au milieu du gars là-dessus.
15:03D'ailleurs, Charles Rodwell,
15:05j'aimerais avoir votre opinion là-dessus, en tant que
15:07parlementaire. Comment
15:09se fait-il qu'on soit
15:11au moins trois ?
15:13Je ne sais pas quelle est la position de Raphaël Staville
15:15là-dessus. Ultra favorable
15:17à cette retraite par capitalisation
15:19qui, si on fait un sondage,
15:21on devrait d'ailleurs demander à CSA de nous faire un sondage
15:23JDD, CNews, Europe 1,
15:25et je regarde Raphaël là-dessus.
15:27Qu'est-ce que vous pensez de la retraite ?
15:29Je pense qu'il y aurait un tollé. C'est-à-dire qu'on est
15:31tellement ancré dans un modèle social
15:33presque figé en France
15:35de la retraite par répartition,
15:37qu'aujourd'hui ça ferait un flop. Pourquoi
15:39une telle dichotomie, Charles Rodwell, à votre avis ?
15:41En tout cas, à l'Assemblée nationale,
15:43je pense que la dichotomie
15:45vient du fait que, bien souvent, on ne débat pas
15:47sur la réalité, la vérité
15:49des données, des chiffres
15:51qui nous sont transmis en la matière.
15:53Pourquoi ? Parce qu'on ne veut pas voir les chiffres ?
15:55On dit de toute façon que ces chiffres sont bidons ?
15:57Moi, je vais vous dire, je respecte
15:59l'avis de ceux qui disent qu'il faut maintenir
16:01le régime par répartition
16:03et qu'il va falloir le compenser en augmentant
16:05la dépense publique ou en augmentant les impôts.
16:07C'est-à-dire que, en fait, le problème
16:09fondamental de notre
16:11régime de retraite aujourd'hui,
16:13c'est qu'on a moins de personnes qui travaillent
16:15et plus de personnes qui sont
16:17à la retraite. Et comme
16:19chacun d'entre nous avons moins d'enfants
16:21qu'avant, eh bien, à terme,
16:23notre régime de
16:25retraite, et même déjà aujourd'hui, mais ça va
16:27aller en s'aggravant, est
16:29structurellement déficitaire. C'est-à-dire qu'il ne
16:31ne pourra pas sortir de son
16:33déficit. Oui, mais il est structurellement
16:35déficitaire parce que, précisément,
16:37des choix
16:39ont été faits des années
16:41de privilégier, ou plutôt
16:43d'abandonner, de sacrifier
16:45les politiques familiales qui
16:47auraient pu permettre à ce système
16:49de rester équilibré.
16:51Depuis, alors,
16:53il y avait déjà des déficits auparavant,
16:55mais c'est vrai que ce virage
16:57pris, notamment sous François Hollande,
16:59a eu des conséquences
17:01qui se font durer.
17:03Et comme il n'y a pas eu, par ailleurs,
17:05de rétablissement ou de
17:07contre-proposition pour relancer
17:09cette politique familiale
17:11et faire en sorte que
17:13l'équilibre soit
17:15rétabli, on en est condamné à
17:17imaginer, effectivement, une retraite
17:19par capitalisation, ou
17:21des prélèvements
17:23qui doivent augmenter, ou un âge
17:25de la retraite qui doit être reculé. Mais d'ailleurs, aujourd'hui,
17:27le système par répartition que nous avons aujourd'hui a été
17:29mis en place dans les années 40, et dès l'époque,
17:31il était annoncé qu'il aurait fallu
17:33changer de modèle
17:35et de régime de retraite dès les années 60 ou
17:3770, parce que
17:39sa pérennité était remise en cause. On est aujourd'hui
17:41en 2025, c'est le régime
17:43que nous avons toujours, qui était prévu pour durer
17:45jusqu'aux années 60 ou 70.
17:47Et donc, on a deux choix,
17:49c'est exactement ce que vous venez de dire. Soit on garde le même,
17:51mais dans ce cas-là, on accepte
17:53d'y consacrer toujours plus d'impôts, toujours plus de dépenses,
17:55toujours plus de déficits pour combler un trou
17:57qui va aller quand ça grandissant, soit on
17:59change de modèle. Et mon avis est
18:01aujourd'hui très minoritaire à l'Assemblée, j'en ai conscience,
18:03mais je considère que nous
18:05n'avons pas d'autre choix, et ce serait même
18:07une chance de changer
18:09de modèle, un, pour garantir
18:11la protection de la retraite
18:13des Français, notamment des retraites les plus
18:15modestes, et puis de deux,
18:17de nous permettre de créer des fonds, des fonds de pension,
18:19des fonds d'investissement français, pour
18:21investir et pour financer l'industrie
18:23française. Il n'y a pas d'autre moyen.
18:25Parce qu'aujourd'hui, je vois, il y a polémique
18:27sur polémique, lorsque une entreprise
18:29française est rachetée par une entreprise américaine.
18:31On a ces exemples-là tous les mois.
18:33Et je suis le premier à le déplorer.
18:35Mais si cette entreprise française
18:37ne trouve pas d'autres financements
18:39que des financements étrangers,
18:41parce que nous n'avons pas suffisamment d'investissements
18:43possibles, à cause notamment
18:45de notre régime de pension, on ne peut pas venir
18:47pleurer. Et donc moi, je considère que
18:49le débat de la retraite par
18:51capitalisation est l'un des débats
18:53absolument structurants
18:55des années qui viennent, pour protéger la retraite
18:57et pour financer notre économie.
18:59Oui, dont la fonction publique.
19:01Notamment la fonction publique.
19:03Et l'encadrement en général
19:05en bénéficie également.
19:07Mais le frein, à mon avis,
19:09il est très idéologique.
19:11On a quelque part diabolisé
19:13l'idée des fonds de pension,
19:15la retraite par capitalisation,
19:17parce que c'était le recours au marché privé.
19:19Or, ce qu'on peut observer
19:21depuis 30 ou 40 ans, c'est qu'il n'y a pas mieux que le secteur
19:23privé pour faire fructifier le capital.
19:25Il suffit de voir les indices boursiers des années 90
19:27et ceux d'aujourd'hui pour comprendre
19:29pourquoi les fonds de pension américains sont si puissants.
19:31BlackRock aujourd'hui,
19:33Vanguard, ce sont des boîtes qui gèrent
19:35en dizaines de milliers de milliards de dollars.
19:37Donc on parle de sommes absolument
19:39délirantes.
19:41C'est plus gros que le PIB de la France.
19:43C'est 4 fois ou 5 fois le PIB de la France à l'échelle d'un seul fonds d'investissement.
19:45Donc on croit qu'on a raté le coche.
19:47Alors, il n'est jamais trop tard pour bien faire.
19:49Et vous avez raison de pousser le débat.
19:51Mais le frein est idéologique parce que derrière tout ça,
19:53toute une série de gens, et qui sont sans doute très convaincus,
19:55doivent penser que, en fait,
19:57confier au secteur privé, c'est dangereux.
19:59Sauf qu'ils ont juste oublié que les banques
20:01sont toutes privées pratiquement aujourd'hui.
20:03Ou alors elles sont coopératives ou mutualistes.
20:05Et de fait, elles gardent notre argent
20:07et elles le sécurisent. Donc on peut parfaitement encadrer les choses.
20:09Il faut juste faire lever le frein idéologique.