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Regardez Edition spéciale - Allocution d'Emmanuel Macron avec Yves Calvi du 05 mars 2025.

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00:00Enfin, le monde continue d'être sans cesse plus brutal et la menace terroriste ne faiblit pas.
00:08Au total, notre prospérité et notre sécurité sont devenues plus incertaines.
00:14Et il faut bien le dire, nous rentrons dans une nouvelle ère.
00:18La guerre en Ukraine dure maintenant depuis plus de trois ans.
00:23Nous avons dès le premier jour décidé de soutenir l'Ukraine et de sanctionner la Russie.
00:28Et nous avons bien fait.
00:30Car c'est non seulement le peuple ukrainien qui lutte avec courage pour sa liberté,
00:34mais c'est aussi notre sécurité qui est menacée.
00:38En effet, si un pays peut envahir impunément son voisin en Europe,
00:41alors personne ne peut plus être sûr de rien.
00:44Et c'est la loi du plus fort qui s'applique.
00:46Et la paix ne peut plus être garantie sur notre continent même.
00:50L'histoire nous l'a enseigné.
00:53Au-delà de l'Ukraine, la menace russe est là et touche les pays d'Europe.
00:58Nous touche.
01:00La Russie a déjà fait du conflit ukrainien un conflit mondial.
01:03Elle a mobilisé sur notre continent des soldats nord-coréens, des équipements iraniens,
01:08tout en aidant ces pays à s'armer davantage.
01:12La Russie du président Poutine viole nos frontières pour assassiner des opposants,
01:17manipule les élections en Roumanie, en Moldavie.
01:20Elle organise des attaques numériques contre nos hôpitaux pour en bloquer le fonctionnement.
01:25La Russie tente de manipuler nos opinions avec des mensonges diffusés sur les réseaux sociaux.
01:30Et au fond, elle teste nos limites.
01:32Elle le fait dans les airs, en mer, dans l'espace et derrière nos écrans.
01:37Cette agressivité ne semble pas connaître de frontières.
01:41Et la Russie, dans le même temps, continue de se réarmer,
01:45dépensant plus de 40% de son budget à cette fin.
01:49D'ici 2030, elle prévoit d'encore accroître son armée,
01:54d'avoir 300 000 soldats supplémentaires, 3 000 chars, 300 avions de chasse de plus.
01:59Qui peut donc croire, dans ce contexte, que la Russie d'aujourd'hui s'arrêtera à l'Ukraine ?
02:06La Russie est devenue, au moment où je vous parle,
02:10et pour les années à venir, une menace pour la France et pour l'Europe.
02:13Je le regrette très profondément.
02:16Et je suis convaincu qu'à long terme, la paix se fera sur notre continent,
02:20avec une Russie redevenue apaisée et pacifique.
02:24Mais la situation que je vous décris est celle-là, et nous devons faire avec.
02:29Alors, face à ce monde de danger, rester spectateur serait une folie.
02:34Il s'agit, sans plus tarder, de prendre des décisions pour l'Ukraine,
02:38pour la sécurité des Français, pour la sécurité des Européens.
02:42Pour l'Ukraine, d'abord.
02:44Toutes les initiatives qui aident à la paix vont dans le bon sens, et je veux ce soir les saluer.
02:49Nous devons continuer d'aider les Ukrainiens à résister,
02:53jusqu'à ce qu'ils puissent négocier avec la Russie une paix solide pour eux-mêmes, et pour nous tous.
02:59C'est pour cela que le chemin qui mène à la paix ne peut pas passer par l'abandon de l'Ukraine.
03:04Bien au contraire.
03:06La paix ne peut pas être conclue à n'importe quel prix, et sous le dictat russe.
03:11La paix ne peut pas être la capitulation de l'Ukraine.
03:14Elle ne peut pas être son effondrement.
03:16Elle ne peut pas davantage se traduire par un cessez-le-feu qui serait trop fragile.
03:20Et pourquoi ? Parce que là aussi, nous avons l'expérience du passé.
03:23Nous ne pouvons pas oublier que la Russie a commencé d'envahir l'Ukraine dès 2014,
03:29et que nous avons alors négocié un cessez-le-feu à Minsk.
03:32Et la même Russie n'a pas respecté ce cessez-le-feu.
03:36Et nous n'avons pas été capables de maintenir les équilibres faute de garanties solides.
03:42Aujourd'hui, on ne peut plus croire la Russie sur parole.
03:45L'Ukraine a droit à la paix et la sécurité pour elle-même.
03:49Et c'est notre intérêt, et c'est l'intérêt de la sécurité du continent européen.
03:53C'est en ce sens que nous travaillons avec nos amis britanniques, allemands et plusieurs autres pays européens.
03:59C'est pourquoi vous m'avez vu ces dernières semaines rassembler plusieurs d'entre eux à Paris,
04:04aller les retrouver il y a quelques jours à Londres pour consolider les engagements qui sont nécessaires à l'Ukraine.
04:10Une fois la paix signée, pour que l'Ukraine ne soit pas à nouveau envahie par la Russie,
04:16il nous faut le préparer.
04:18Cela passera à coup sûr par un soutien à l'armée ukrainienne dans la durée.
04:22Cela passera aussi peut-être par le déploiement de forces européennes.
04:25Celles-ci n'iraient pas se battre aujourd'hui.
04:28Elles n'iraient pas se battre sur la ligne de front.
04:30Mais elles seraient là, au contraire, une fois la paix signée, pour en garantir le plein respect.
04:36Dès la semaine prochaine, nous réunirons à Paris les chefs d'état-major des pays qui souhaitent prendre leurs responsabilités à cet égard.
04:44C'est ainsi un plan pour une paix solide, durable, vérifiable,
04:50que nous avons préparé avec les Ukrainiens et plusieurs autres partenaires européens,
04:56et que j'ai été défendre aux Etats-Unis il y a 15 jours et à travers l'Europe.
05:01Et je veux croire que les Etats-Unis resteront à nos côtés.
05:05Mais il nous faut être prêts si tel n'était pas le cas.
05:10Que la paix en Ukraine soit acquise rapidement ou non,
05:14les États européens doivent, compte tenu de la menace russe que je viens de vous décrire,
05:19être capables de mieux se défendre et de dissuader toute nouvelle agression.
05:24Oui, quoi qu'il advienne, il nous faut nous équiper davantage,
05:29hausser notre position de défense, et cela pour la paix même, pour dissuader.
05:35À ce titre, nous restons attachés à l'OTAN et à notre partenariat avec les États-Unis d'Amérique.
05:41Mais il nous faut faire plus, renforcer notre indépendance en matière de défense et de sécurité.
05:47L'avenir de l'Europe n'a pas à être tranché à Washington ou à Moscou.
05:53Et oui, la menace revient à l'Est.
05:56Et l'innocence, en quelque sorte, des trente dernières années,
05:59depuis la chute du mur de Berlin, est désormais révolue.
06:03À Bruxelles demain, lors du Conseil extraordinaire
06:06qui réunira les 27 chefs d'État et de gouvernement avec la Commission et le Président du Conseil,
06:13nous franchirons des pas décisifs.
06:16Plusieurs décisions seront prises que la France proposait depuis plusieurs années.
06:20Les États membres pourront accroître leurs dépenses militaires
06:23sans que cela soit pris en compte dans leur déficit.
06:26Des financements communs massifs seront décidés pour acheter et produire sur le sol européen
06:32des munitions, des chars, des armes, des équipements parmi les plus innovants.
06:38J'ai demandé au gouvernement d'être mobilisé pour que, d'une part, cela renforce nos armées le plus rapidement possible
06:44et, d'autre part, que cela accélère la réindustrialisation dans toutes nos régions.
06:49Je réunirai avec les ministres compétents les industriels du secteur dans les prochains jours.
06:55L'Europe de la défense, que nous défendons depuis huit ans, devient donc une réalité.
07:02Cela veut dire des pays européens davantage prêts à se défendre et à se protéger,
07:07qui produisent ensemble les équipements dont ils ont besoin sur leur sol,
07:11qui sont prêts à davantage coopérer, à réduire leur dépendance à l'égard du reste du monde.
07:17Et c'est une bonne chose.
07:19L'Allemagne, la Pologne, le Danemark, les États baltes et nombre de nos partenaires ont annoncé
07:26des efforts inédits en matière de dépenses militaires.
07:30Alors, dans ce temps de l'action qui s'ouvre enfin, la France a un statut particulier.
07:36Nous avons l'armée la plus efficace d'Europe.
07:38Et grâce aux choix faits par nos aînés après la Deuxième Guerre mondiale,
07:42nous sommes dotés de capacités de dissuasion nucléaire.
07:46Ceci nous protège beaucoup plus que nombre de nos voisins.
07:49Et de plus, nous n'avons pas attendu l'invasion de l'Ukraine pour faire le constat d'un monde inquiétant.
07:56Et à travers les deux lois de programmation militaire que j'ai décidées
08:00et que les parlements successifs ont votées,
08:02nous aurons doublé le budget de nos armées en presque dix ans.
08:07Mais compte tenu de l'évolution des menaces, de cette accélération que je viens de décrire,
08:13nous aurons à faire de nouveaux choix budgétaires et des investissements supplémentaires
08:19qui sont désormais devenus indispensables.
08:22J'ai demandé au gouvernement d'y travailler le plus vite possible.
08:25Ce seront de nouveaux investissements qui exigent de mobiliser des financements privés,
08:31mais aussi des financements publics, sans que les impôts ne soient augmentés.
08:36Pour cela, il faudra des réformes, des choix, du courage.
08:41Notre dissuasion nucléaire nous protège.
08:43Elle est complète, souveraine, française de bout en bout.
08:48Elle a, depuis 1964, de manière explicite,
08:52toujours joué un rôle dans la préservation de la paix et de la sécurité en Europe.
08:57Mais répondant à l'appel historique du futur chancelier allemand,
09:02j'ai décidé d'ouvrir le débat stratégique sur la protection par notre dissuasion
09:07de nos alliés du continent européen.
09:11Quoi qu'il arrive, la décision a toujours été
09:14et restera entre les mains du président de la République, chef des armées.
09:19Maîtriser notre destin, devenir plus indépendant,
09:22nous devons y œuvrer au plan militaire, mais aussi au plan économique.
09:28Oui, l'indépendance économique, technologique, industrielle et financière sont des nécessités.
09:33Nous devons aussi nous préparer à ce que les États-Unis
09:37décident de tarifs douaniers sur les marchandises européennes,
09:41comme ils viennent de le confirmer à l'encontre du Canada et du Mexique.
09:45Cette décision incompréhensible, tant pour l'économie américaine que pour la nôtre,
09:50aura des conséquences sur certaines de nos filières.
09:53Elle accroît la difficulté du moment, mais elle ne restera pas sans réponse de notre part.
09:59Alors, tout en préparant la riposte avec nos collègues européens,
10:04nous continuerons, comme je l'ai fait voilà 15 jours,
10:07à tout tenter pour convaincre que cette décision nous ferait du mal à tous.
10:12Et j'espère, oui, convaincre et en dissuader le président des États-Unis d'Amérique.
10:19Au total, le moment exige des décisions sans précédent, depuis bien des décennies.
10:26Sur notre agriculture, notre recherche, notre industrie, sur toutes nos politiques publiques,
10:32nous ne pouvons pas avoir les mêmes débats que Naguère.
10:35C'est pourquoi j'ai demandé au Premier ministre et à son gouvernement,
10:40et j'invite toutes les forces politiques, économiques et syndicales du pays,
10:44à leur côté, à faire des propositions à l'aune de ce nouveau contexte.
10:49Les solutions de demain ne pourront être les habitudes d'hier.
10:55Mes chers compatriotes, face à ces défis et ces changements irréversibles,
11:02il ne faut céder à aucun excès, ni l'excès des vâtes en guerre, ni l'excès des défaitistes.
11:09La France ne suivra qu'un cap, celui de la volonté pour la paix et la liberté,
11:17fidèle en cela à son histoire et à ses principes.
11:21Oui, c'est ce en quoi nous croyons, pour notre sécurité,
11:25mais c'est ce en quoi nous croyons aussi, pour défendre la démocratie,
11:30une certaine idée de la vérité, une certaine idée d'une recherche libre,
11:37du respect dans nos sociétés, une certaine idée de la liberté d'expression
11:43qui n'est pas le retour des discours de haine, au fond une certaine idée de l'humanisme.
11:47C'est cela ce que nous portons et qui se joue.
11:50Notre Europe possède la force économique, la puissance et les talents
11:55pour être à la hauteur de cette époque.
11:57Et que nous nous comparions aux Etats-Unis d'Amérique et a fortiori à la Russie,
12:00nous en avons les moyens.
12:02Nous devons donc agir en étant unis en Européens et déterminés à nous protéger.
12:09C'est pourquoi la patrie a besoin de vous, de votre engagement.
12:13Les décisions politiques, les équipements militaires, les budgets sont une chose,
12:17mais ils ne remplaceront jamais la force d'âme d'une nation.
12:23Notre génération ne touchera plus les dividendes de la paix.
12:27Il ne tient qu'à nous, que nos enfants récoltent demain les dividendes de nos engagements.
12:35Alors nous ferons face, ensemble.
12:39Vive la République, vive la France.
12:43Vous venez donc de suivre en direct sur RTL la prise de parole du Président de la République.
12:48Cette allocution qui a duré très exactement 13 minutes.
12:52Bref, beaucoup d'informations.
12:54La menace revient à l'Est, nous a dit le Président de la République.
12:57Nous rentrons dans une nouvelle ère.
12:59Qui peut croire que la Russie va s'arrêter là ?
13:01L'Europe de la défense devient une réalité.
13:04Nous sommes avec Pierre de Jong, ancien colonel des troupes de marine
13:07et vice-président de l'Institut de formation Temis.
13:10Olivier Bost, chef du service politique d'RTL.
13:12Nicolas Burnan, journaliste au service international de notre chaîne.
13:15Isabelle Saporta, éditorialiste d'RTL.
13:17Martial You, qui est à distance, éditorialiste au service économique de notre radio.
13:21Et nous sommes rejoints par Émilie Zapalski,
13:24communicante politique et fondatrice de l'agence Émilie Conseil,
13:27que j'accueille dans cette émission.
13:29Soyez la bienvenue, Émilie.
13:31Peut-être les uns et les autres, pouvez-vous nous dire ce qui vous semble être
13:34le moment ou la chose la plus importante qu'il faille retenir
13:37de ce discours du Président de la République.
13:39Pierre de Jong.
13:40C'est la fin des dividendes de la paix, tel qu'on l'imagine en 1990.
13:43Et là, on rentre dans le dur.
13:44En même temps, il a un discours plutôt rassembleur,
13:47que je trouve plutôt intéressant.
13:48Émilie Zapalski.
13:49Il y a quand même cette Europe de la défense,
13:51qu'il défend depuis très très longtemps, ça on peut lui dire.
13:54Il a été très volontaire, 2017, premier discours de la Sorbonne.
13:572024, rebelote.
13:59Et là, on a l'impression que c'est un peu l'achèvement de sa pensée,
14:02parce qu'on voit bien que c'est nécessaire.
14:04Après, moi, il y a des choses plus qui m'inquiètent quand même,
14:06quand on dit la patrie a besoin de vous, de votre engagement.
14:09Enfin, on sent que là, il y a une espèce d'envie,
14:11alors qu'il dit qu'il faut être mesuré entre les vatanguers et les défaitistes.
14:15On sent qu'il a envie de dégainer.
14:16C'est vrai que ses habits de chef de guerre, ça lui va bien.
14:18Moi aussi, ça m'a frappé.
14:20Moi, ça m'inquiète un peu, personnellement.
14:22Je me suis demandé s'il allait pas nous emmener en expédition.
14:23Exactement.
14:24J'avais l'impression qu'il allait demander à mon fils d'aller tout de suite s'engager.
14:28Il y a quand même un peu cette envie très volontaire d'y aller.
14:32Encore une fois, c'est quelque chose qui lui va très bien.
14:34On a même vu sa cote de popularité remonter ces derniers temps.
14:37On le sait qu'il y a l'effet drapeau, tous rangés derrière le Président.
14:39Mais attention à aller quand même un peu trop vite.
14:42Isabelle Saporta ?
14:43C'est très intéressant ce qu'a dit Émilie, parce que c'est vrai que le début du discours
14:47était incroyable de raideur et de volontarisme pour au fond faire un peu pchit après.
14:53C'est-à-dire qu'après, on a vu qu'on était dans le même temps comme d'habitude.
14:57C'est-à-dire qu'il a dit que la Russie soutenait moins l'Ukraine.
15:01C'est un euphémisme, ce n'est pas qu'elle la soutient moins,
15:03c'est que les Etats-Unis soutenaient moins l'Ukraine.
15:07Ce n'est pas qu'elle les soutient moins, c'est qu'elle ne les soutient plus du tout.
15:09Il n'a pas vraiment voulu taper sur les Etats-Unis.
15:12Il a dit qu'il allait essayer de convaincre Trump.
15:15Donc là, on voit bien qu'on est en même temps.
15:19Les hommes sur place, il a dit non, ce sera juste en soutien de paix.
15:24Donc, il a tout de suite débranché, alors qu'il avait armé effectivement son fusil,
15:29il l'a tout de suite débranché.
15:31Et par ailleurs, ce que j'ai trouvé intéressant, c'est quand même qu'au fond,
15:34il a sifflé la fin de la récré des dépenses sociales.
15:38C'est ça, ça veut dire que sur l'aune de cette guerre à faire,
15:43de cette réindustrialisation de l'armement,
15:45il a dit au fond, le conclave que vous êtes en train de faire les gars sur la retraite,
15:49vous pouvez toujours vous brosser, pardonnez-moi d'être...
15:53Mais enfin, en tout cas, vous pouvez faire...
15:56On voit bien qu'il a dit, c'est fini.
15:59Donc là, ce qui va se passer, c'est que l'argent, il ne va plus être du tout dans le social,
16:03c'est fini de refaire les fausses réformes,
16:06et en fait, ça va être mis effectivement dans la réindustrialisation,
16:10et notamment l'armement, ça c'est sûr.
16:12Colas Burnan.
16:13Moi, ce que je retiens, contrairement à ce qu'on a pu entendre ce soir autour de cette table,
16:17c'est le fait qu'il conforte sa position Emmanuel Macron.
16:21Il dit, nous avons bien fait de soutenir l'Ukraine et de sanctionner la Russie.
16:25Donc il reste en fait sur cette position-là.
16:28Si on est d'accord avec lui-même, c'est plutôt rassurant.
16:31Absolument, mais avec une forte charge aussi contre la Russie,
16:34il s'adresse quasiment à Vladimir Poutine.
16:36Il rappelle que 40% du budget de l'état russe est fait à des fins de réarmement.
16:41Il dit qu'il peut donc croire que la Russie d'aujourd'hui s'arrêtera à l'Ukraine.
16:45Il affirme que la menace russe est là, nous touche, sans connaître de frontières.
16:49Donc il est extrêmement offensif contre Vladimir Poutine et cette menace.
16:54Et puis, il a rappelé les garanties de sécurité de l'Ukraine.
16:58Donc là aussi, il reste sur cette position-là, avec l'envoi de troupes européennes
17:03pour essayer de garantir un éventuel cessez-le-feu et une décision qui est nouvelle.
17:0922 000 alors qu'il en faudrait 200 000.
17:11Oui, mais il a parlé quand même de forces européennes pour garantir la paix.
17:14On pourra toujours discuter de la forme que ça pourra prendre.
17:17En tout cas, il reste sur cette position-là.
17:19Et ce qui est nouveau, c'est qu'il appelle les états-majors des pays européens
17:23prêts à s'engager dans cette force, à se réunir la semaine prochaine à Paris.
17:27Olivier Bost ?
17:28Alors, pour moi, il y avait effectivement, et ça c'est le plus important,
17:31le fait de caractériser la menace russe.
17:34Les mots étaient très clairs.
17:36La menace russe est là, nous touche et sans connaître de frontières.
17:40La Russie, une menace pour la France.
17:42Voilà, exactement.
17:43Et ça, c'était pour moi le message le plus important.
17:46Mais c'était quelque part un peu l'état des lieux.
17:48Après, sur la réponse, c'est dense.
17:50Ça se situe sur plusieurs temporalités, perspectives.
17:54Il y a l'après d'un accord de paix.
17:57Il y a le fait de renforcer la défense européenne.
18:00Là-dedans, il y a plein de choses.
18:01Moi, ce que je retiens sur ce chapitre-là, c'est-à-dire qu'est-ce qu'il faut faire
18:05et quelle est la réponse, c'est effectivement ce que disait Isabelle,
18:09le fait d'aller chambouler la France avec une nouvelle vague de réformes
18:13pour trouver des financements.
18:16Alors, il y a des pays qui se posent très clairement la question
18:18de repousser l'âge de la retraite, par exemple,
18:20pour trouver le Danemark, exactement, pour trouver de l'argent.
18:23Et il fait une ouverture politique à toutes les forces politiques du pays
18:27pour proposer des idées.
18:29Donc là, derrière tout ce discours-là, il y a de nouvelles réformes qui s'annoncent
18:34et donc une initiative politique de la part d'Emmanuel Macron
18:38qui est extrêmement importante.
18:40Et pour moi, c'est la principale information de la soirée,
18:42au-delà effectivement du constat.
18:43La Russie, une menace pour la France.
18:45Et la Russie, dans le même temps, continue de se réarmer,
18:48dépensant plus de 40% de son budget à cette fin.
18:51D'ici 2030, elle prévoit d'encore accroître son armée,
18:55d'avoir 300 000 soldats supplémentaires, 3 000 chars,
18:58300 avions de chasse de plus.
19:00Qui peut donc croire, dans ce contexte,
19:02que la Russie d'aujourd'hui s'arrêtera à l'Ukraine ?
19:05La Russie est devenue, au moment où je vous parle,
19:07et pour les années à venir, une menace pour la France et pour l'Europe.
19:10Thierry Mariani, bonsoir. Merci de prendre la parole en direct sur RTL.
19:13Vous êtes eurodéputé du Rassemblement National.
19:15En quelques mots, comment réagissez-vous
19:17à la prise de parole du Président de la République,
19:19que l'on vient de suivre sur RTL ?
19:21Écoutez, pour moi, rien n'a changé. Il veut continuer la guerre.
19:23Il nous explique effectivement...
19:25Pardonnez-moi, vous voulez l'arrêter, la guerre ?
19:27Bien sûr, bien sûr.
19:29Comment et avec qui ?
19:31Toutes les initiatives de paix, par exemple,
19:33celles qui sont menées à Washington, sont bonnes à prendre.
19:36Et vouloir à tout prix continuer une guerre,
19:38on ne sait pas jusqu'où cela peut nous mener.
19:40Et nous ne faisons pas partie de ceux
19:43qui rêvent d'envoyer des Français aux frontières de la Russie,
19:46ou qui veulent à tout prix, entre autres,
19:48que notre force nucléaire soit indirectement engagée sur d'autres territoires.
19:53Monsieur Mariani, qui peut croire que la Russie s'arrêtera à l'Ukraine ?
19:56Personne, mais qui peut croire aussi que la Russie continuera ?
20:00Je vous rappelle quand même que depuis trois ans,
20:02on nous explique que la Russie est à terre,
20:05que la Russie est blessée par les sanctions,
20:07que la Russie est au bord de la faillite,
20:09et maintenant on nous explique que c'est une menace existentielle
20:11pour le reste de l'Europe.
20:13Il y a quand même un problème.
20:14En trois ans, la Russie a conquis 20% du territoire ukrainien.
20:18C'est trop.
20:19Mais de là à croire que demain,
20:21les chars russes vont arriver à Paris ou à Lisbonne,
20:23soyons sérieux, personne n'y croit réellement.
20:26Donc vous n'êtes pas d'accord sur le constat
20:28quand il nous dit que la Russie est une menace pour la France,
20:30je vous ai bien compris ?
20:31Absolument.
20:32Quelles sont les solutions, du coup ?
20:34La solution, d'abord, c'est de garder la défense au niveau national.
20:38Je vous rappelle que nous considérons que c'est une compétence
20:42qui ne peut absolument pas être partagée par l'Union européenne.
20:45On n'a pas encore parlé de ce qui s'est décidé cet après-midi à Bruxelles,
20:49mais madame van der Leyen a décidé de mettre en place l'article 122.
20:53Ça veut dire quoi ?
20:54Ça veut dire que sans vote du Parlement français,
20:56sans consultation des parlements nationaux,
20:58sans consultation du Parlement européen,
21:00nous allons engager 800 milliards,
21:03vous avez bien entendu,
21:04800 milliards au niveau européen pour réarmer.
21:07Personne ne sait comment cela sera payé.
21:09Cela sera tranché officiellement demain par les chefs d'État
21:13qui seront à Bruxelles,
21:15mais on continue une course qu'il est temps d'arrêter.
21:18Merci beaucoup d'avoir pris la parole en direct sur RTL.
21:22Thierry Mariani, vous partagez l'analyse de notre député européen,
21:26en tout cas sur les chiffres.
21:27Pierre de Jong.
21:28Il est un petit peu raide dans la solution.
21:31Oui, bien sûr.
21:32Je pense encore une fois que la Russie...
21:33C'est un peu raide.
21:34La Russie, très concrètement, est la langue pour l'interrogation.
21:37Donc c'est difficile de dire aujourd'hui,
21:38et c'est vrai que quand on voulait de l'argent,
21:40quand on voulait vous protéger,
21:41il faut dire que votre ennemi, il est dur, il est solide,
21:43il est énorme.
21:44Donc il n'est pas question de dire que la Russie,
21:45c'est rien du tout.
21:46Premier point.
21:47Deuxième point, j'ai le sentiment
21:48que le Président est en recherche des bonnes volontés des Européens.
21:53Pourquoi ?
21:54Parce qu'il n'y a pas d'armée européenne,
21:55il n'y a pas de système européen de défense.
21:57Donc là, il se pointe en disant,
21:58en plus j'ai le nucléaire,
21:59parce qu'il l'a dit très concrètement,
22:00donc le leadership, je vais l'assurer.
22:02Donc en fait,
22:03constatez-moi le bazar,
22:04et puis moi je vais vous créer quelque chose d'intéressant.
22:06Ah, vous croyez qu'il postule à un nouveau boulot ce soir ?
22:08Non, mais...
22:09Non, mais de protéger l'Europe ?
22:10Oui, parce qu'en fait il se dit,
22:12on part pour une période de 3 ou 4 ans,
22:14vous voyez ce que je veux dire,
22:15ou même 5, 6 ans.
22:16Donc on est dans le long terme.
22:17Donc il se dit, voilà,
22:18on va construire quelque chose,
22:19on va développer quelque chose.
22:20Il fait appel aux bonnes volontés.
22:21Il n'a cité que les Anglais,
22:22et que les Allemands.
22:23Oui.
22:24Je suis étonné,
22:25parce que les Allemands ne sont pas pouchés.
22:26Les Allemands, eux,
22:27ils veulent un parapluie française,
22:28c'est tout.
22:29Ils n'ont pas dit qu'ils allaient envoyer des troupes en Ukraine.
22:30Mais ça c'est intéressant.
22:31Ça c'est intéressant,
22:32parce qu'en fond,
22:33jusqu'à présent,
22:34l'OTAN c'est effectivement aussi ses bases nucléaires,
22:36que ce soit en Allemagne,
22:37que ce soit en Italie,
22:38que ce soit en Belgique.
22:39Et si au fond,
22:40la France est capable demain
22:41de remplacer les bases nucléaires américaines
22:44par une force française,
22:46en gardant le bouton, nous,
22:48et accessoirement britannique,
22:50mais les Britanniques,
22:51comme vous le savez,
22:52ont besoin des Américains.
22:53C'est-à-dire qu'à la fin,
22:54tout le système,
22:55les Five Eyes,
22:56le système au fond de contrôle,
22:57de visibilité,
22:58est américain.
22:59Alors que nous,
23:00on a cette chance d'être autonomes.
23:03Moi j'ai l'impression qu'il prend en effet le lead de ce mouvement,
23:06parce qu'on sait que l'Europe,
23:07pour l'instant,
23:08sans sortir sans les Etats-Unis,
23:10c'est quand même compliqué.
23:11Et moi ce qui m'a paru étrange,
23:12c'est que,
23:13enfin, je comprends l'idée derrière,
23:15mais la plus grosse menace,
23:16c'est que le soutien des Etats-Unis,
23:18comme c'est en train d'être fait,
23:19se retire.
23:20Parce que l'Europe n'a rien,
23:21elle est toute nue sans ça.
23:22Et en effet,
23:23il prend le lead de quelque chose
23:24qui ressemblerait à de la dissuasion subliminale,
23:28parce qu'elle n'existera pas comme ça.
23:30C'est vrai qu'on a la dissuasion nucléaire,
23:32mais ça ne suffira pas,
23:33on n'a pas d'armée suffisante
23:35pour faire quoi que ce soit.
23:36Donc globalement,
23:37notre menace,
23:38c'est que les Etats-Unis décrochent.
23:40On sent aussi...
23:41Le principe de la dissuasion,
23:42c'est de ne pas s'en servir normalement.
23:43Bien sûr.
23:44Jusqu'au moment où il faut coller le nez à quelqu'un.
23:45Après moi,
23:46je ne suis pas tout à fait d'accord
23:47sur les réformes françaises.
23:48Moi, je pense qu'ils comptent sur les emprunts
23:50et sur ce que Thierry Mariani a dit,
23:52c'est-à-dire la décision de Ursula von der Leyen
23:55de faire un grand emprunt de 800 milliards d'euros
23:58pour accentuer un peu,
24:00comme on l'a fait pour la crise Covid,
24:02donc de lâcher un petit peu du lest au niveau fric
24:04et de enlever du déficit
24:07et de toutes les règles déficitaires
24:10les budgets de l'armée,
24:11ce qui est déjà fait.
24:12Il a été très clair.
24:13Il a parlé en plus de nouveaux investissements.
24:16Oui, exactement.
24:17Après, il s'amuse.
24:18Ce qu'il n'a pas dit, c'est que...
24:19Non, il a dit le Premier ministre et le gouvernement.
24:21J'ai convoqué le Premier ministre et le gouvernement
24:22pour faire des propositions à l'aune du nouveau contexte.
24:24Les solutions de demain ne pourront pas être les habitudes d'hier.
24:26Oui, mais ça, il peut dire ce qu'il veut.
24:27De toute façon, au niveau parlementaire,
24:28il n'y a pas de majorité.
24:30Et le Premier ministre, s'il est encore là,
24:31c'est presque un miracle de sa présence.
24:34Après, c'est vrai qu'il s'amusait.
24:36On voyait les infographies défiler,
24:38les schémas des petits chars russes
24:40et puis de notre armée.
24:42Moi, je trouve ça inquiétant de la part de notre président.
24:46C'est comme un espèce de jeu.
24:47Je vous le dis franchement, la façon dont ça s'est présenté,
24:50pour moi, ce n'est pas à la hauteur des enjeux et de ce qui se passe.
24:53Et ce n'est pas dans la finesse de ce qui se passe actuellement.
24:56On sait qu'en Ukraine, il y a aussi des choses qui se décident un peu.
24:59Dans les rapports de force,
25:01on parle de menaces pour la France.
25:04Est-ce qu'on est obligé d'être dans la finesse ?
25:06Ce n'est pas ça.
25:07Vous avez utilisé le terme, c'est intéressant.
25:09Je suis d'accord.
25:10En Ukraine, regardez Zelensky,
25:11qui commence à s'aplatir complètement vis-à-vis des Etats-Unis
25:13et qui bientôt va signer son accord
25:15et probablement aller plus vers la paix que ce qu'on fait.
25:18Mais il n'a pas le choix.
25:19Oui, mais c'est un peu contradictoire.
25:21Après, je ne suis pas dans la défense,
25:23mais d'être va-t'en-guerre comme ça,
25:25alors qu'on devrait pousser à une autre solution.
25:28Concrètement, il n'a pas toutes les mains,
25:30de toute façon, aujourd'hui, le président.
25:31Pourquoi ? Parce qu'en fait, il ne sait pas ce que vont faire les autres.
25:33Il a des idées.
25:34Il voudrait exister dans le système.
25:35Il dit, voilà, la France a une grande armée,
25:36on a du nucléaire, on va exister.
25:38Donc, il veut exister dans le système.
25:39Le problème, là-dedans, il y a un énorme point d'interrogation.
25:42C'est que va faire l'OTAN ?
25:43Et est-ce qu'on va donner une négociation
25:45avec la fin de la guerre en Ukraine ?
25:46On n'en sait strictement rien, à l'heure où je vous parle.
25:48Le président veut exister dans le système.
25:50C'est une des phrases qu'on retiendra ce soir de cette émission
25:53qui se poursuit jusqu'à 21h en direct.
25:55On refait le monde.
25:56Édition spéciale et exceptionnelle sur RTL.
26:06RTL, s'informer ensemble.
26:10Il est 20h30.
26:12RTL, édition spéciale.
26:14Avec Yves Calvi.
26:15Ce qu'il faut retenir tout de suite de l'intervention d'Emmanuel Macron.
26:18Avec vous, Aude Vernouciu.
26:19Face à ce monde de danger, rester spectateur serait une folie.
26:22Les mots d'Emmanuel Macron lors de son allocution
26:24à la veille d'un conseil européen extraordinaire sur l'Ukraine.
26:28Pendant 13 minutes, le chef de l'État a insisté
26:31sur la nécessité d'une Europe de la défense.
26:33Il nous faut nous préparer.
26:35L'avenir de l'Europe n'a pas à être tranché à Washington ou à Moscou,
26:39a martelé le président.
26:40Il annonce ce soir des investissements supplémentaires
26:43dans le domaine de la défense, sans augmenter les impôts.
26:46Pour cela, il faudra des réformes, des choix et du courage.
26:50Ce sont ses mots.
26:51Autre déclaration, cette volonté de rediscuter
26:53le rôle de la France au niveau européen.
26:55La France dotée de la dissuasion nucléaire.
26:58Un débat stratégique sera lancé.
27:00Cette décision reste entre les mains du président de la République,
27:03chef des armées.
27:04Souligne Emmanuel Macron, pour rappel Marine Le Pen du RN,
27:08s'y était vivement opposée à l'Assemblée cette semaine.
27:11Enfin, le président réunira dès la semaine prochaine à Paris
27:14les chefs d'État-major des pays prêts à déployer des troupes européennes
27:18une fois que la paix sera signée en Ukraine.
27:21Ses troupes seraient donc là pour y veiller.
27:24Nous aurons à faire de nouveaux choix budgétaires
27:30et des investissements supplémentaires
27:32qui sont désormais devenus indispensables.
27:34J'ai demandé au gouvernement d'y travailler le plus vite possible.
27:37Ce seront de nouveaux investissements qui exigent
27:39de mobiliser des financements privés mais aussi des financements publics
27:43sans que les impôts ne soient augmentés.
27:45Pour cela, il faudra des réformes, des choix, du courage.
27:48Alors, j'aurais beaucoup de mal à croire qu'il n'y aura pas d'augmentation d'impôts.
27:53Est-ce qu'on est en train, gentiment, même sans le prononcer,
27:56de revenir dans le quoi qu'il en coûte ?
27:58Olivier Bost ?
27:59Sur le plan européen, on est de nouveau dans un quoi qu'il en coûte.
28:02C'est très clair.
28:03Emmanuel Macron a retrouvé son chéquier et l'argent magique.
28:08Sur le plan national, c'est plus compliqué.
28:10Il y aura une marge avec l'idée de ne plus inscrire dans nos déficits
28:14tout ce qui est investissement militaire.
28:16Cela donne de la marge pour refaire de l'endettement.
28:18Mais on voit bien que ce n'est pas la seule solution
28:21quant à retenir Emmanuel Macron.
28:23Parallèlement, il annonce des réformes.
28:25Après, je veux voir comment tout cela va percuter notre petit monde politique
28:31sans majorité aujourd'hui.
28:33Quelle est la réelle marge que retrouve Emmanuel Macron avec cette initiative ?
28:38Je n'en vois pas spontanément.
28:40Pour faire des réformes, sauf si l'opinion adhère à l'ensemble
28:46et que cela s'impose finalement au monde politique.
28:49Aujourd'hui, il n'y a pas une assemblée qui est capable de suivre Emmanuel Macron
28:52sur une idée de réforme comme par exemple l'idée de travailler plus.
28:56Les socialistes ne vont pas s'allier à cela ?
28:58Vous nous annoncez une crise politique potentielle ?
29:00C'est compliqué de trouver une majorité.
29:04Si l'une des marges de manœuvre, par exemple, c'est que les gens doivent travailler plus,
29:08ce n'est pas avec les socialistes aujourd'hui que vous allez la trouver.
29:11Cela va être compliqué de la part des socialistes.
29:14Au fond, de dire envers et contre tout, on veut maintenir ce qu'on clave sur les retraites,
29:20on veut maintenir plus de dépenses sociales, sachant qu'ils veulent en même temps,
29:24et Raphaël Glucksmann a été un des plus grands défenseurs de l'Ukraine,
29:27défendre l'Ukraine.
29:29En même temps, le socialisme va être compliqué à tenir.
29:31Ils seront confrontés eux aussi à leurs propres contradictions.
29:35C'est évident.
29:37Par ailleurs, j'ai quand même très fortement entendu de la part d'Emmanuel Macron
29:41cette volonté de reprendre en main la question de la modélisation de la France
29:46avec sans doute moins de dépenses sociales.
29:48Là où vous avez tout à fait raison, Émilie, c'est que cela va être très compliqué
29:51dans un contexte où ils n'ont absolument pas la majorité.
29:54Maintenant, de quoi on aura l'air, si je puis me permettre,
29:57si l'Allemagne est capable de mettre 500 milliards sur la table,
30:00si les Danois prennent leur traite à 70 ans parce qu'ils considèrent que c'est nécessaire
30:06pour mettre de l'argent dans l'armée,
30:09et que nous, on est le seul pays où on aura Olivier Faure
30:13qui va nous parler de comment il reste premier secrétaire
30:16et comment le conclave.
30:18Vous voyez, on va avoir vraiment l'air de Nabot.
30:21C'est vrai que cette crise a aplati tous les sujets qui paraissent annexes
30:27par rapport à ce qu'on vit là.
30:29Maintenant, moi, je suis plus sur l'hypothèse d'un nouveau quoi qu'il en coûte défense
30:35qui sortirait du chapeau et qui, aidé par l'Europe,
30:38parce que l'Europe aide à ouvrir ce chapeau-là,
30:41et arroserait toutes nos dépenses et ces petits chars qu'il présente là sur les infographies.
30:46Moi, j'ai vraiment ressenti plus ça.
30:48Lui, ça lui est très favorable parce qu'on sait que cette dernière partie de quinquennat
30:52elle est très difficile.
30:54Depuis la dissolution, avec ce gouvernement qui est tout le temps en sursis,
30:57lui, il n'arrive pas à...
30:58On ne peut pas lui en faire le procès, mais il surgit une opportunité politique
31:02pour le président de la République.
31:04Il n'arrive pas à trouver sa place.
31:06De plusieurs semaines, on le voit, il nous parle quelquefois
31:09presque comme un VRP des fauteuils pour les handicapés qui vont être gratuits.
31:13Il y a une difficulté à se positionner.
31:15Là, c'est quelque chose, encore une fois, qui lui va bien,
31:18qui est nécessaire par rapport au moment,
31:20et il a cet outil magique du quoi qu'il en coûte
31:22qui risque de nous mettre dans un marasme terrible sur le plan financier.
31:27Mais lui, je n'ai pas l'impression qu'il s'en soucie tellement.
31:30Si le président se souciait vraiment de l'équilibre financier de la France,
31:35ça se saurait depuis un certain nombre d'années.
31:37De toute façon, toute l'histoire politique, pas si vieille que ça, d'Emmanuel Macron,
31:41c'est des rebonds sur des crises.
31:43Donc là, c'est le nouveau rebond d'Emmanuel Macron.
31:47Systématiquement, il n'a fait que surfer sur les crises.
31:50Alors, c'est son vrai talent aussi.
31:52C'est-à-dire que c'est le moment où il est bon et où il se révèle
31:55et où il arrive vraiment à jouer son rôle et à prendre des décisions.
31:59Là, effectivement, dans un contexte politique qui est à chaque fois plus compliqué,
32:03finalement, là, c'est effectivement le dernier rebond avant la fin de mandat.
32:08Il l'a saisi.
32:09Il y a aussi une question d'opportunité.
32:11Il y a une question d'opportunité politique et une question d'opportunité économique.
32:16Puisque si, pour la France telle qu'elle est placée aujourd'hui en Europe,
32:21elle peut jouer quelques cartes, notamment, on en parlait il y a quelques temps,
32:26mais sur l'industrie militaire.
32:28Il y a des cartes à jouer.
32:29Emmanuel Macron joue les cartes qu'il peut jouer.
32:31Après, moi, je trouve que sur le reste, c'est relativement imprécis.
32:35C'est-à-dire qu'on voit bien la situation dans laquelle il est,
32:37où il y a plein de si dans son discours.
32:39C'est s'il y a un accord de paix en Ukraine,
32:42si les États-Unis lâchent l'Europe, etc.
32:49Je trouve qu'il y a beaucoup de conditions.
32:51Et sur les taxes douanières annoncées par Trump,
32:54c'est traité de deux phrases.
32:55Il n'y a aucune réponse convaincante.
32:57C'est-à-dire qu'on ne sait pas du tout...
32:59Il a dit qu'il voulait grandir.
33:01Autrement dit, il n'a aucune carte.
33:03Pierre de Jong, et ensuite nous donnerons la parole à l'eurodéputé Renaud, Pascal Canfart.
33:08On a vraiment le sentiment, à un moment donné, que c'est en fait de la sculpture dans les nuages.
33:11Pourquoi ? Parce qu'en fait, les contingences ne lui appartiennent pas.
33:15Il prend des décisions pour la France, bien évidemment.
33:17Le problème, c'est que les Russes vont dire quoi ?
33:18Ils disent qu'ils vont envoyer des troupes européennes en Ukraine.
33:21Mais pour l'instant que je sache, les Russes n'ont jamais accepté que...
33:24Ils n'ont jamais dit qu'ils acceptaient que des forces européennes s'installent en Ukraine, que je sache.
33:27Donc il y a plein d'éléments qui lui échappent.
33:30Donc il manque une stratégie qui est plutôt présentable, on va dire ça comme ça.
33:33Mais n'empêche que le résultat final, c'est que ni les Américains, ni les Russes n'ont donné leur feu vert.
33:37Bonsoir Pascal Canfart, vous êtes eurodéputé Renaud.
33:40Merci beaucoup de prendre la parole en direct sur RTL ce soir.
33:44Le président vous a convaincu ?
33:46Vous avez compris où il veut nous emmener ?
33:48Surtout, je suis assez surpris du débat que je viens d'entendre.
33:52Vous dites qu'il y a beaucoup de si comme si ça pouvait lui être reproché.
33:57Parce que quelqu'un autour de la table est capable de dire si Poutine va accepter des négociations de paix ?
34:05Si Trump va réellement mettre à exécution ses menaces de droite douane ?
34:09Est-ce que quelqu'un autour de la table est capable de lever ses si ce soir ?
34:12Vous avez raison, mais c'est Emmanuel Macron qui choisit de parler ce soir.
34:15Oui, et c'est lui qui est président de la République.
34:17Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il faut évidemment parler aux Français des différentes options qui sont devant nous.
34:24Et l'histoire n'est pas écrite. L'histoire est en train de s'écrire.
34:27C'est donc absolument normal qu'il y ait des incertitudes.
34:31Et si le président de la République ne s'exprimait pas devant les Français
34:35avant que toutes les incertitudes sur tous les sujets que vous venez d'évoquer ne soient levées,
34:40vous seriez les premiers à dire, mais où est Macron ?
34:44S'il vous plaît, sincèrement, le moment est suffisamment grave
34:49pour qu'on ne tombe pas dans des polémiques absolument inutiles et stériles.
34:54D'ailleurs, les présidents de la République s'expriment comme le chancelier allemand s'exprime,
34:59comme le premier ministre britannique s'exprime.
35:02Tous les responsables politiques en Europe aujourd'hui rendent des comptes
35:06sur les premières décisions qui vont être formellement adoptées dès demain à Bruxelles.
35:13Le président de la République les a rappelées.
35:15Il y en a principalement deux, à savoir un emprunt européen de 150 milliards d'euros en commun
35:23pour acheter des armes, des munitions, faire tourner notre industrie de défense de manière accélérée,
35:31ensemble, pour la première fois, face à la menace qui a été rappelée.
35:36Deuxièmement, la possibilité pour les États membres d'augmenter,
35:41sans que cela soit pris en compte dans les règles budgétaires européennes,
35:45leurs dépenses de défense jusqu'à un certain seuil.
35:50De façon à, là aussi, chacun avec ses responsabilités,
35:55l'Allemagne vient d'annoncer plus de 100 milliards d'euros hier,
35:59chacun va faire le bout du chemin de façon à ce que l'on se réarme,
36:04parce que nous n'avons pas le choix.
36:06Parce que nous n'avons pas le choix à la fois face à la menace de Poutine et face au désengagement américain.
36:10Donc c'est ce que voulait dire sa formule quand il nous dit la menace russe nous touche.
36:13Je vous ai bien compris ?
36:15Écoutez, elle nous touche, c'est une évidence.
36:17Elle touche d'abord les Ukrainiens.
36:18Un million de morts, Monsieur Calvi.
36:20Un million de morts.
36:22Vous appelez ça comment ?
36:23Donc bien sûr, ça nous touche.
36:25Je le sais très bien, parce que tous les services de renseignement européens ont les mêmes informations.
36:29Si l'Ukraine tombe aux conditions russes, c'est-à-dire si l'Ukraine capitule,
36:36si l'Ukraine perd une partie significative de son territoire,
36:40le Kremlin a déjà des plans pour d'autres pays.
36:44Et donc il faut être conscient de cette réalité.
36:46Et s'il vous plaît, ne tombons pas dans des polémiques politiciennes stupides.
36:51Vous venez de décrire les initiatives européennes qui seront prises,
36:54notamment demain avec ce sommet exceptionnel.
36:57Sur le plan national, Emmanuel Macron a aussi annoncé des choses.
37:00Il a dit qu'il y aurait de nouveaux investissements sans augmentation d'impôts,
37:04mais ce qui supposait des réformes.
37:06Est-ce que vous avez des pistes de réformes ?
37:09Et quelle est l'idée générale ?
37:11À ce stade, je ne peux pas vous en dire plus.
37:14Non pas parce que je ne veux pas vous en dire plus, mais parce que je ne le sais pas.
37:17Par ailleurs, si nous modifions les règles budgétaires européennes,
37:21et cela va être acté demain par les chefs d'État et de gouvernement,
37:25ça a été proposé il y a trois jours par la présidente de la Commission européenne.
37:29Si nous les modifions, c'est précisément pour avoir des marges de manœuvre supplémentaires,
37:34en disant que ces dépenses-là, et uniquement ces dépenses-là,
37:38on ne va pas les compter dans les règles budgétaires que nous nous sommes fixés.
37:42Cela veut dire qu'il faudra donc bien trouver de l'argent et avec des réformes.
37:47Il n'y a donc pas d'argent magique.
37:49Néanmoins, vous le savez, et je rappelle ce chiffre,
37:52le taux d'endettement moyen dans la zone euro,
37:55le taux d'endettement public moyen de tous les États de la zone euro,
37:59en moyenne, c'est 88 % de notre PIB.
38:02Les États-Unis, c'est 125 %.
38:05On ne peut pas dire, nous, que face à cette menace potentiellement existentielle,
38:11nous n'aurions pas les moyens collectivement,
38:13encore une fois, collectivement, tous ensemble,
38:16d'investir davantage, et donc de nous endetter davantage,
38:20pour mobiliser l'épargne des Européens pour cet effort collectif.
38:24Je crois que c'est absolument nécessaire,
38:26et c'est tout à fait raisonnable d'un point de vue économique,
38:28d'autant que cet argent va servir à financer des industries, des emplois, des investissements.
38:35Vous donnez la moyenne européenne, mais il faut donner le chiffre français quand même,
38:37du niveau d'endettement qui est plus proche de celui des États-Unis.
38:40Absolument, vous avez raison.
38:42Vous avez tout à fait raison.
38:45C'est d'ailleurs pour ça que nos marges de manœuvre sont peut-être plus limitées que d'autres,
38:49et c'est d'autant plus important que ceux qui ont les moyens de le faire le fassent,
38:52je commence par l'Allemagne, 100 milliards d'euros annoncés hier,
38:55100 milliards, et que nous le fassions ensemble à l'échelle européenne,
38:59parce qu'à ce moment-là, c'est de la dette européenne,
39:01ce n'est pas de la dette française uniquement remboursée par le contribuable français.
39:04D'où les annonces, 150 milliards d'euros de dette européenne supplémentaire en commun,
39:09de façon à éviter la situation, que je ne conteste absolument pas, que vous venez de rappeler.
39:14Donc c'est ça les perspectives, les décisions qui vont être prises dès demain.
39:19Un dernier mot avant de nous séparer, Pascal Canfin, en peu de temps.
39:23L'idée que vous retenez ce soir, et que vous souhaitez que les Français aient à l'esprit
39:28après l'intervention du Président de la République, quelle est-elle ?
39:31Si il y a un mot, c'est l'Europe se réarme.
39:35L'Europe se réarme parce que nous voulons construire une Europe puissante.
39:39Cela fait des années, en l'occurrence pour le Président de la République,
39:42depuis sa prise de fonction, le fameux discours de la Sorbonne sur l'Europe dès 2017,
39:46qu'il a dit, nous devons construire une Europe puissante,
39:49une puissance économique, une puissance industrielle et une puissance militaire,
39:54de façon à être face aux nouveaux enjeux.
39:56Nous ne le souhaitons pas, ce n'est pas notre plan initial.
40:00Nous préférerions mettre l'argent ailleurs, mais la réalité nous oblige à faire cela.
40:04Et donc, on doit être au rendez-vous de notre histoire.
40:07L'Europe se réarme.
40:08Merci beaucoup d'avoir pris la parole sur notre entête, Pascal Canfin.
40:11Nous continuons notre débat jusqu'à 21h sur RTL.
40:23Notre dissuasion nucléaire nous protège.
40:25Elle est complète, souveraine, française de bout en bout,
40:29mais répondante à l'appel historique du futur chancelier allemand.
40:33J'ai décidé d'ouvrir le débat stratégique
40:35sur la protection par notre dissuasion de nos alliés du continent européen.
40:39Quoi qu'il arrive, la décision a toujours été
40:42et restera entre les mains du Président de la République,
40:45chef des armées.
40:46C'est important ces propos, parce qu'il parle de lui, de son rôle.
40:51J'ai décidé.
40:52Voilà, j'ai décidé.
40:53C'est ça qu'il faut retenir.
40:54Il a 27, effectivement, il a 26, le gouvernement, à convaincre de ses décisions.
40:59Tout le monde est d'accord, parce que tout ça s'est préparé,
41:02il signe les papiers, les diplomates ont fait tout ce qu'il fallait
41:04pour que c'est calé maintenant.
41:06On sait vers quoi il va.
41:07C'est la couverture des discussions sur la dissuasion nucléaire.
41:09Il n'y aura pas, je pense, demain, un document.
41:12En plus, la dissuasion, en général, il faut garder une partie discrète.
41:16La commission fait ce qu'il faut, les papiers sont prêts, tout ça.
41:19Et les 26 autres n'ont pas la dissuasion nucléaire à disposition.
41:22Oui, mais...
41:23C'est quand même pas neutre.
41:25Comme les Allemands l'ont demandé déjà, comme Merz l'a demandé,
41:27on peut supposer que c'est quasiment une formalité.
41:29En fait, ce qui est intéressant, c'est que le Président,
41:32très concrètement, il a rassuré, il a cherché à rassurer,
41:34il dit tout ce qu'il faut pour rassurer.
41:36Et le deuxième point, en fait, c'est qu'il a fait ma leadership.
41:38Quand il a dit je, je fais, je fais, on va avancer.
41:40En fait, il a le nucléaire, c'est lui le patron de l'Europe.
41:44Vous savez, dans une meute, il y a toujours un chef.
41:47Et grâce à l'armement nucléaire, il peut être connu comme ça.
41:51C'est pas la Pologne, 1400 chars, ça ne suffit pas pour être le chef de meute.
41:54C'est bien, ce qu'on a entendu avec Pascal Canfin,
41:56que ce serait comme d'habitude.
41:57C'est-à-dire, effectivement, le nucléaire français et le chéquier allemand.
42:01Et donc, c'était formidable d'écouter Pascal Canfin tout à l'heure.
42:04Il était là, oui, c'est les Allemands qui ont l'argent,
42:06donc ils vont donner, comme si c'était...
42:08Il est très généreux avec l'argent des autres.
42:10C'était extraordinaire, parce qu'Olivier Poste lui a rappelé
42:12qu'on était quand même largement surendettés.
42:15Donc, il l'a fait avec beaucoup de tact.
42:17Enfin, il lui a quand même rappelé.
42:18Les Allemands ont l'argent, en oubliant que les Allemands
42:21ont quand même l'AFD plus haut que jamais.
42:23C'est la deuxième partie d'Allemagne aujourd'hui.
42:25Une partie d'extrême droite, je le rappelle.
42:26Une partie d'extrême droite, qui est très pro-russe,
42:29qui est très anti-Ukraine.
42:30De toute façon, tous les partis d'extrême droite sont pro-russes.
42:32Donc, si vous voulez, moi j'entends qu'ils sont très généreux
42:37avec l'argent des Allemands.
42:38Voyons si les Allemands arrivent déjà à faire leur coalition.
42:41Et pourtant, sur le nucléaire, on pourrait dealer.
42:43Si on était aussi transactionnel que le président américain,
42:46on pourrait faire payer un petit peu.
42:48Parce que si on partage, ça pourrait être discuté.
42:51Et là, pour le coup, c'est quelque chose qui serait bien.
42:55Vous pensez qu'on va à une unanimité
42:57ou qu'on peut avoir un clash demain quand même à la réunion européenne ?
42:59Il n'y aura pas d'unanimité.
43:00Ce n'est pas possible sur un sujet comme ça.
43:02Il y aura un noyau dur.
43:03Par contre, il faut un noyau dur, c'est ce que vous rappeliez tout à l'heure.
43:05Oui, mais dans ce cas-là, c'est une étape importante de la vie de l'Europe.
43:08Ah bien sûr.
43:11Pour résumer l'enjeu de demain,
43:14c'est que la Hongrie ne vienne pas mettre son grain de sel
43:17et son opposition a effectivement un accord.
43:19C'est tout ça l'enjeu.
43:20C'est pour ça qu'Emmanuel Macron reçoit d'ailleurs le dior.
43:23Opération charme, Victor Orban.
43:25Exactement.
43:26L'enjeu, il est là.
43:28Parce que la Hongrie reste très, très, très, très pro-russe et pro-Trump.
43:38Et donc, il faut les détacher
43:40et que demain, ils ne viennent pas empêcher
43:43que ce sommet extraordinaire soit conclusif.
43:46Excusez-moi, Émilie.
43:47Juste une remarque.
43:48Dimanche dernier, il n'y avait pas que les Européens au sommet.
43:50C'était un petit peu plus large.
43:51Enfin, il n'y avait pas que l'Union Européenne.
43:52C'était un peu plus large.
43:53Donc, il cherche en effet un noyau
43:55qui puisse montrer ses muscles par rapport à la Russie.
43:58Moi, l'inquiétude que j'ai, c'est que...
44:00Ou en tout cas, la difficulté,
44:02c'est de mener en parallèle deux questions fondamentales.
44:05Il y a la défense aujourd'hui,
44:06mais il y a aussi le commercial.
44:08Il y a une véritable guerre commerciale qui s'annonce.
44:10Trump a fait son discours devant le Congrès cette nuit.
44:13On sait qu'il est déjà passé à l'acte pour le Canada.
44:19Et il va continuer à nous massacrer sur le plan commercial.
44:23Et ça, ça va nous demander une exigence
44:25parce qu'on veut être plus indépendant vis-à-vis de la Chine.
44:28Et en fait, ce mouvement des États-Unis
44:30risque de nous reconduire dans les bras de la Chine
44:32sur plein de produits.
44:34Et j'ai l'impression que cette question
44:36de la sécurité et de la défense va effacer cette guerre
44:38qui est immédiate, qui est tout de suite.
44:40Et moi, je trouve qu'on a un président
44:42qui souvent est un peu obsessionnel,
44:44parfois opportuniste, même souvent, même tout le temps.
44:48Et qui a du mal à penser plus long terme
44:51et plus en parallèle à différentes difficultés.
44:54Et moi, je pense que cette question des tarifs douaniers
44:56et du nouveau positionnement du président américain
44:59va nous tomber dessus très très rapidement.
45:01Alors, jusqu'ici, Victor Orban a toujours menacé
45:04de perturber l'unité européenne.
45:06Est-ce qu'il est acquis qu'il le fera demain ?
45:08Enfin, quelle est la perception que vous en avez ?
45:11Je pose la question.
45:13Voilà, c'est quand même le grand débat de demain.
45:15Le grand débat de demain, c'est ce qu'on va avoir
45:17ou non cette unanimité ?
45:18Parce que ça change absolument tout, non ?
45:20C'est le grand suspense.
45:22Je pense qu'on aura des indications ce soir
45:25de ce que ça a donné à l'Elysée
45:27dans la rencontre avec Emmanuel Macron.
45:29Et après, il y a quand même aujourd'hui
45:31une situation où c'est un peu plus compliqué
45:33de jouer une carte vraiment très très solo
45:36pour un pays européen.
45:38Mais l'Europe, c'est compliqué pour le fonctionnement.
45:42Et en plus, Ursula von der Leyen
45:44avec la façon dont elle a pris le dossier en main,
45:48vouloir s'accaparer finalement en caricaturant
45:51une compétence qui n'était pas une compétence européenne
45:53et surtout pas de la Commission, à savoir la défense,
45:55et de prendre pour le coup le leadership
45:57sur cette question-là,
45:58ce n'était pas forcément, d'un point de vue diplomatique,
46:01la meilleure façon d'agir.
46:02Demain, on verra le résultat.
46:04Récoutons ce que disait le président de la République
46:06sur l'Europe de la défense.
46:07L'Europe de la défense, que nous défendons
46:09depuis huit ans, devient donc une réalité.
46:12Cela veut dire des pays européens
46:14davantage prêts à se défendre et à se protéger,
46:17qui produisent ensemble les équipements
46:19dont ils ont besoin sur leur sol,
46:21qui sont prêts à davantage coopérer,
46:23à réduire leur dépendance à l'égard du reste du monde.
46:26Et c'est une bonne chose.
46:27L'Allemagne, la Pologne, le Danemark,
46:30les Etats-Baltes et nombre de nos partenaires
46:32ont annoncé des efforts inédits
46:34en matière de dépenses militaires.
46:37Tout cela sous protection nucléaire française,
46:39il faut le rappeler, non Nicolas Burnham ?
46:41Tout ce qu'on est en train de décrire.
46:43Le parapluie nucléaire français ?
46:45Oui, bien sûr.
46:46Évidemment, c'est le point stratégique
46:48et une des questions centrales de l'allocution
46:50d'Emmanuel Macron aujourd'hui.
46:52Alors attention, ce parapluie-là,
46:55il n'est pas question, parce que j'ai entendu tout à l'heure,
46:57de mettre des ogives nucléaires dans d'autres pays européens
47:00pour remplacer les ogives américaines.
47:02Il s'agit bien qu'Emmanuel Macron,
47:05en tout cas tant qu'il sera président,
47:07gardera le doigt sur le bouton
47:09au cas où il faudrait l'utiliser
47:11pour défendre un autre pays européen.
47:13Il ne s'agit pas d'aller mettre des ogives
47:15dans d'autres pays européens.
47:17Mais il va être obligé, parce qu'on a deux composantes.
47:19Une composante sous-marine, là, pas de problème,
47:21portée de 10 000 km.
47:22On a une composante aérienne qui est portée de 500 km.
47:24Donc si on veut être efficace,
47:26si on veut protéger les États, il faut s'avancer.
47:28Donc on va être obligé de faire des stocks
47:30avec des scalpes nucléaires, etc.,
47:32au plus près en Pologne.
47:33En Allemagne, en Pologne ?
47:34Oui, il va être obligé.
47:36Parce que c'est l'avion qui va le porter.
47:38C'est l'avion nucléaire française
47:40chez les Allemands ou chez les Polonais ?
47:42Ça me fait bizarre, moi.
47:44Sinon, ces avions resteront en France.
47:46Mais la logique, c'est la logique américaine.
47:48C'est quelque part d'avoir au plus près
47:50pour pouvoir répondre au plus près à une demande.
47:52Le problème, c'est qu'en Europe et en France,
47:54on n'a pas l'armement nucléaire tactique.
47:56On n'est que stratégique.
47:58Donc en fait, la SMP, l'armée de l'air,
48:00elle, avec ses avions,
48:02elle portait le feu nucléaire en complément
48:04d'un feu nucléaire sous-marin.
48:06C'est le point final.
48:08Là, si on offre la totalité de la protection,
48:10il faut bien que les avions, ils n'aient pas deux heures de vol
48:12pour arriver à l'emplacement où on va se battre.
48:14On va éviter de tirer des missiles nucléaires
48:16sur la Pologne et sur l'Allemagne.
48:18On va essayer de les tirer au minimum en Russie.
48:20Ou en tout cas, si c'est la Russie.
48:22Donc il y a un problème de technique.
48:24Il n'est pas impensable que dans les milliards
48:26qu'ils vont dépenser, il y aura
48:28de nouveaux vecteurs qui vont apparaître,
48:30les vecteurs terrestres qu'on n'a pas du tout et qu'on va mettre en place.
48:32Il peut y avoir un consensus politique en France
48:34sur ce qu'on est en train de décrire, Olivier Bost ?
48:36Je n'y crois pas une seconde.
48:38Alors, vous savez que là, je ne sais pas.
48:40C'est très bien, mais oui, il faut le dire quand on ne sait pas.
48:42Parce que je ne sais pas, vu qu'en matière
48:44de stratégie militaire,
48:46il n'y a pas grand-chose qui passe par l'Assemblée.
48:48Et en l'occurrence, sur des choix
48:50stratégiques comme ceux-là...
48:52Là, on parle nucléaire.
48:54C'est la compétence du Président de la République, pour le coup.
48:56C'est vraiment lui
48:58qui peut décider d'utiliser cette arme.
49:00Je n'ai pas souvenir qu'on ait beaucoup débattu nucléaire, en effet,
49:02à l'Assemblée nationale.
49:04C'est pour ça que je vous dis que je ne sais pas
49:06s'il y a besoin, pour changer une telle
49:08stratégie... On peut toujours faire un débat
49:10à l'Assemblée nationale, mais du vote...
49:12Est-ce qu'il y a besoin de législatif ? J'en doute beaucoup.
49:14Mais j'espère pas dire de bêtises.
49:16Parce que là, je ne sais pas du tout.
49:18On n'en a pas discuté.
49:20Et après, je rappelle quand même
49:22un principe de base avec la diffusion nucléaire.
49:24C'est qu'en général, moins on en parle,
49:26plus c'est dissuasif.
49:28Là, on a un Président de la République qui en parle beaucoup
49:30depuis longtemps.
49:32Là, il y a quand même un aspect très intéressant.
49:34Parce qu'effectivement, partager
49:36et étendre, finalement, ce qui est
49:38aujourd'hui notre doctrine en matière de dissuasion nucléaire
49:40est un aspect extrêmement intéressant.
49:42Mais, encore une fois, je ne sais pas...
49:44C'est un débat.
49:46Ça peut être un débat.
49:48Après, à mon avis, il n'a pas
49:50de portée politique
49:52au sens législatif, notamment.
49:54À propos de débat, excusez-moi de nous ramener en France,
49:56mais est-ce que François Bayrou, après ce qui vient de se passer,
49:58est-ce qu'il va être Premier ministre ?
50:00Pourquoi vous dites ça ?
50:02Je ne sais pas. On pourrait imaginer que ce soit une occasion...
50:04Ça vient de me traverser l'esprit.
50:06Est-ce que François Bayrou, dans pareilles circonstances,
50:08doit-il être reconfirmé avec un nouveau gouvernement ?
50:10Je ne suis pas en train de le virer de Matignon,
50:12mais je pense que c'est une question qui peut se poser.
50:14Ils ont porté le même discours.
50:16François Bayrou a porté exactement le même discours.
50:18On l'avait entendu tout à l'heure.
50:20Il n'y a pas de problème d'alignement.
50:22Ça pourrait être intéressant.
50:24Vous avez raison, parce qu'effectivement,
50:26vu qu'Emmanuel Macron parle d'ouvrir une nouvelle ère
50:28et de passer à une nouvelle époque...
50:30Ça ne va pas échapper en tant que telle.
50:32Vous avez raison, c'est une question qui pourrait se poser.
50:34Là, la situation politique française
50:36est déjà tellement fragile
50:38que rajouter de la certitude aux doutes,
50:40c'est peut-être pas la meilleure idée.
50:42Isabelle Saporta ?
50:44Je pense qu'il y a une opportunité.
50:46D'ailleurs, il est très fort,
50:48effectivement,
50:50le président de la République là-dessus.
50:52Olivier Poste l'a rappelé tout à l'heure.
50:54C'est vrai qu'à chaque crise, au fond,
50:56il se retransforme.
50:58Et là, il y a une opportunité
51:00tout à fait intéressante, effectivement,
51:02de faire en sorte que l'armée française,
51:04qui, malgré tout, est la meilleure armée
51:06qui est sur le continent européen,
51:08puisque les Anglais nous ont quittés,
51:10au fond, donne le la,
51:12et que le nucléaire français
51:14soit, au fond,
51:16une monnaie d'échange
51:18vis-à-vis des autres pays.
51:20C'est vrai que, jusqu'à présent,
51:22nous payons entièrement notre nucléaire,
51:24que ce soit, effectivement, notre électricité nucléaire
51:26ou que ce soit, au fond, la dissuasion nucléaire,
51:28c'est nous qui en avons la charge
51:30et nous, les Français.
51:32Et donc ça, l'idée, au fond,
51:34de rendre ça un peu plus communautaire
51:36et de faire comme l'OTAN,
51:38parce que l'OTAN, si les Etats-Unis
51:40ne veulent pas, il n'y a rien qui pète non plus,
51:42pardonnez-moi, donc c'est pareil,
51:44on peut faire comme les Etats-Unis,
51:46l'OTAN explosera si les Français ne gardent pas le bouton.
51:48Et ça, c'est important qu'ils le disent vis-à-vis de Marine Le Pen
51:50puisque, effectivement, on avait vu qu'elle avait
51:52une propension à ne pas
51:54vouloir être va-t'en-guerre
51:56en disant on ne partage pas le bouton nucléaire.
51:58Je trouve qu'Emmanuel Macron, là-dessus, il a été
52:00tout à fait clair.
52:02Il faut remettre ça, pardonnez-moi, dans une perspective,
52:04c'est qu'a décrit très bien Emmanuel Macron
52:06et il considère que la Russie
52:08nous menace aujourd'hui ou
52:10après-demain directement,
52:12qu'elle menace le sol européen.
52:14Donc la réponse, c'est l'arme nucléaire
52:16française qui peut
52:18défendre le territoire européen.
52:20C'est bien ça l'idée.
52:22J'ai deux craintes, c'est qu'on ne connait pas
52:24l'objectif, en fait,
52:26de cette guerre qu'on mènerait.
52:28On ne connait pas l'objectif.
52:30On connait la volonté de la Russie
52:32mais on ne sait pas ce que c'est
52:34de...
52:36Une souveraineté jusqu'où ?
52:38Est-ce que c'est la Crimée ? On n'a pas de détails
52:40là-dessus, c'est encore très vague.
52:42La deuxième peur que j'ai,
52:44c'est qu'on reste un peu sur le carreau des discussions
52:46qui pourraient y avoir, parce qu'on sent bien
52:48qu'au niveau des Etats-Unis, vous savez,
52:50ce deal sur les minerais
52:52en terres ukrainiennes, je ne suis pas sûr
52:54qu'il soit complètement
52:56terminé et au contraire,
52:58il y a eu a priori un courrier, même un tweet,
53:00et qu'on reste un petit peu
53:02l'Europe qui se prépare
53:04et qui assiste un petit peu, justement, c'est exactement
53:06les termes qu'il dit, on ne peut pas rester spectateur.
53:08J'ai peur qu'on reste un petit peu spectateur,
53:10on vient de se préparer, mais il faut faire attention
53:12à ce que la paix ne soit pas faite sans nous
53:14et à mon avis, il faudra
53:16y participer. Et j'ai l'impression
53:18qu'en étant si va-t-en-guerre,
53:20on risque de louper cet étage-là.
53:22À l'expert militaire, je vais sans doute poser
53:24ce qui sera la dernière question
53:26de cette émission.
53:28Qu'est-ce qui change ce soir dans notre
53:30perception, nous,
53:32Français, du nucléaire ?
53:34Est-ce que c'est une réaffirmation ?
53:36Et est-ce que ça veut dire que nous restons les seuls
53:38leaders européens, et que c'est une compétence
53:40et à la fois une charge extrêmement importante
53:42de Père de Jong ? En fait, le Président est totalement cohérent
53:44avec ce qu'il a dit au discours
53:46de la Sorbonne, je ne sais pas s'il l'a rappelé au mois de mai,
53:48c'est la première fois où il a avancé à la possibilité
53:50qu'on partage, entre guillemets,
53:52le parapluie nucléaire.
53:54Là, il confirme ce qu'il a dit.
53:56Il est cohérent et en même temps, ce n'est pas impensable,
53:58mais ça va créer un vrai débat. Parce que c'est un sujet
54:00où on touche
54:02l'arche d'alliance.
54:04C'est très compliqué.
54:06C'est un débat qui va s'engager
54:08et il va y avoir des alliances bizarres entre
54:10les filles, le racisme national,
54:12etc. Il va se passer des choses.
54:14Vous venez d'ouvrir des perspectives qui seront
54:16passionnantes à suivre. Merci infiniment
54:18les uns et les autres d'avoir participé à cette émission.
54:20RTL, il est 21h.

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