L'invité de Nicolas Crozel, ici Loire Océan
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00:00Dès votre réveil, actus locaux, musique et bonne humeur.
00:04À 7h48, votre invité, Nicolas Creuzel, c'est donc le président délégué de la chambre
00:10des notaires de la Loire-Atlantique.
00:12Merci d'être là Jean-Charles Vérac, en direct dans le studio d'ici matin.
00:15On vient d'entendre deux auditeurs nous expliquer, notamment une professionnelle de l'immobilier
00:20nous dire que oui, ça ferait mieux un petit peu le marché, avec toutefois des difficultés
00:24d'accessibilité aux crédits notamment et des banques.
00:27On va développer tout ça, mais vous êtes d'accord avec ça, ça frémit mais ce n'est
00:33pas encore le retour, tous les feux ne sont pas ouverts.
00:35On a certainement touché le fond de la piscine, si je peux me permettre cette expression.
00:39Vous l'avez touché quand ? Je pense, alors ça dépend des secteurs.
00:43La ville de Nantes a été impactée il y a deux ans et demi par la crise, la côte
00:48de Loire-Atlantique l'a été peut-être neuf mois à un an après.
00:52Il y a toujours des décalages et ce sont les centres urbains, les grandes métropoles
00:56qui en France, ce n'est pas une spécificité de l'Ouest, ont été touchés les premiers
00:59et dont on peut supposer qu'ils sortiront de la crise les premiers.
01:02C'est un peu les signes qu'on a depuis le début de l'année avec une activité qui
01:06semble reprendre dans l'ancien sur la ville de Nantes.
01:09Ça reprend parce que les prix ont baissé ?
01:11Il y a plein de facteurs, je pense que les prix ont baissé mais ils n'ont pas tant
01:16baissé que ça.
01:17On dit 9% en trois ans à Nantes ? Oui, mais les années précédentes ce n'était
01:22même pas l'augmentation annuelle.
01:25C'est-à-dire qu'on a un effondrement surtout des volumes.
01:27Ce qui a vraiment marqué le marché immobilier dans cette crise depuis deux ans, c'est
01:32des volumes qui ont beaucoup baissé.
01:34On a retrouvé un niveau de transaction nationale de 800 000, ce qui est le niveau de 2015,
01:40c'est-à-dire un niveau d'il y a dix ans.
01:42Donc ce sont surtout les volumes qui se sont effondrés et quand on a des volumes qui s'effondrent
01:47si longtemps, pendant deux ans, on pouvait s'attendre à une baisse encore plus importante.
01:51Alors pourquoi ça n'a pas baissé ?
01:53Ça n'a pas baissé parce qu'il y a une demande psychologique.
01:56Les gens sont acheteurs, ils ne peuvent pas acheter parce qu'ils n'ont pas leurs prêts.
01:59Mais l'envie est là.
02:01Donc quand un produit attire le client, attire l'acheteur potentiel, c'est normal que les
02:08prix ne baissent pas tant que ça.
02:09Et est-ce que vous confirmez aussi ce que disait cette auditrice tout à l'heure, Nathalie,
02:13qui nous disait la conscience immobilière ? Les vendeurs freinent aussi sur la baisse
02:17des prix parce qu'ils ne veulent pas brader leurs biens.
02:19Exactement.
02:20Oui, les prix baissent.
02:21Les prix ont bien baissé de l'ordre de 10%.
02:23C'est une bonne nouvelle avec des taux d'intérêt qui ont baissé.
02:27Donc il y a un effet ciseau qui explique certainement le fait qu'il y a un début de reprise qui
02:32reste fragile.
02:33Mais les prix ont baissé parce que c'était des ventes forcées, des gens qui divorçaient,
02:38des gens qui devaient déménager et qui ont été un peu forcés d'accepter une baisse
02:42de prix.
02:43Donc ce n'est pas une baisse de prix qui est si pérenne que ça.
02:45Et on constate que depuis deux mois, cette baisse de prix n'a plus lieu dans le département.
02:50Donc on voit que c'est le signe que ça reprend.
02:52Et que dès que ça va reprendre, les prix vont arrêter de baisser, voire pourront peut-être
02:57augmenter.
02:58Ça veut dire que c'est peut-être l'opportunité d'acheter en plus.
02:59Ça c'est le message que vous passez aujourd'hui.
03:01Jean-Charles Vérac, on parle de l'ancien essentiellement pour regarder le baromètre.
03:05Le neuf par contre, la construction, c'est une catastrophe aujourd'hui encore.
03:09Les promoteurs, beaucoup sont dans de grandes difficultés.
03:13Comment ça s'explique ?
03:14Le neuf traverse une difficulté vraiment importante de volume avec un effondrement
03:20Vous savez, le neuf, il y a un temps d'inertie.
03:22On ne produit pas un logement neuf en six mois.
03:25On produit un logement neuf suite à tout un processus de permis, de construire, etc.
03:29Et donc il y a une inertie de 2-3 ans.
03:31Ça veut dire que le neuf va très mal en ce moment, mais qu'avant qu'il y ait un rebond,
03:35ça va prendre un certain temps.
03:36Ça prendra plus de temps.
03:37Parce qu'il y a eu aussi l'histoire des matières premières, la guerre en Ukraine, on a entendu
03:40tout ça aussi, pour le coût des chantiers, les miniobres, les métaux et autres.
03:44C'est cumulatif.
03:45Bref, je pense que la France manque d'une vraie politique du logement, de l'État, depuis
03:51une dizaine d'années.
03:52Le logement est toujours perçu un peu, vous savez, par l'État comme une rente, comme
03:58un moyen de fiscalité supplémentaire, de réglementation supplémentaire.
04:03Produire un logement neuf, ça devient extrêmement compliqué.
04:07Contrairement à ce que les gens pensent, la rentabilité pour les professionnels n'est
04:11pas importante du tout, face à l'augmentation des tarifs des matériaux, de la norme et
04:16de la fiscalité.
04:17Je pense que le moment est venu que l'État se penche sur l'immobilier de manière plus
04:21sérieuse et engage une vraie politique du logement, parce que les conséquences ne sont
04:26pas qu'économiques, elles sont sociétales.
04:28Les gens ne trouvent pas de logement, ne trouvent pas de logement assez grand, ça a des effets
04:33sur la natalité, ça a des effets sur la mobilité professionnelle.
04:37Et donc ce problème du logement est un problème.
04:39Ça paralyse un peu tout un fonctionnement de la société.
04:41Exactement.
04:42En quelques secondes, parce que malheureusement, le temps nous presse, Jean-Charles Vérac,
04:44il y a peut-être quelque chose qui pourrait freiner ce léger frémissement que vous venez
04:49de nous décrire, c'est cette décision du gouvernement d'autoriser les départements
04:53à augmenter.
04:54Alors je sais que vous n'avez pas du tout le terme, on appelle ça les frais de notaire.
04:56Vous n'aimez pas parce que ce n'est pas pour vous, ce n'est pas dans votre poche qu'atterrissent
04:59les...
05:00Ça s'appelle les droits de mutation et ça atterrit dans les poches des départements.
05:04Le conseil départemental de l'Eure Atlantique va pouvoir les augmenter de 0,5% à décider
05:09de le faire.
05:10Il en a besoin de cet argent pour financer le RSA, les collèges, les routes, etc.
05:13Mais est-ce que vous pensez que 0,5% d'euros des frais de notaire, ça peut freiner les
05:17ventes ?
05:18Ce que je pense, c'est que ce n'est pas la responsabilité du département qui doit trouver
05:21les moyens budgétaires face à une situation budgétaire très difficile.
05:25Donc que les départements et que le département de l'Eure Atlantique aient pris cette décision,
05:28c'est normal.
05:29Si l'État est proposé cette solution-là au département, ça, je pense que l'idée
05:35n'est pas forcément lumineuse.
05:36À un moment où le marché frémit, augmenter les frais de notaire n'est pas forcément
05:42la bonne solution.
05:43Après, on est sur une très petite augmentation.
05:45Vous allez vous dire, ça fait quoi 0,5% en gros ?
05:48C'est 1 000 euros ou 500 euros sur une transaction de frais de notaire supplémentaires, donc
05:54d'impôts.
05:55Voilà.
05:56Donc l'idée n'est peut-être pas lumineuse, mais je crois que les départements n'avaient
05:57pas le choix.
05:59Et je ne pense pas que ce soit de nature à freiner la reprise.
06:01Merci beaucoup pour votre éclairage Jean-Charles Vérac.
06:03Je rappelle que vous êtes le président délégué de la Chambre des notaires en Loire-Atlantique.
06:07Bonne journée à vous et à bientôt.