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Le directeur de l’observatoire de l’immigration et de la démographie, Nicolas Pouvreau-Monti, parle de l’immigration en France : «Aujourd’hui, en France, il y a 650.000 Algériens qui sont bénéficiaires d’un titre de séjour en cours de validité».

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00:00Oui, très clairement. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, le ministère de l'Intérieur estime qu'on a en France une population d'étrangers en situation irrégulière comprise entre 600 000 et 900 000 personnes.
00:09On émet chaque année un peu moins de 150 000 au QTF et on place en rétention administrative quelques milliers de personnes seulement.
00:16Il y a différentes raisons à ça. L'une d'entre elles, c'est le nombre de places très restreint qu'on a dans nos centres de rétention.
00:21C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a 2 000 places. Le ministère ambitionne d'aller jusqu'à 3 000 en 2027 versus une population de 600 000, 900 000 clandestins, 150 000 au QTF.
00:29On comprend évidemment la disproportion. Mais c'est vrai que ce cas est absolument dramatique.
00:34Il reflète toutes les difficultés qui pèsent aujourd'hui sur la chaîne de l'éloignement, de l'expulsion des étrangers en situation irrégulière.
00:40Et ce monsieur, il est assez caractéristique parce que c'est un ressortissant algérien.
00:44Aujourd'hui, les Algériens, à eux seuls, comptent pour un tiers des étrangers qui sont retenus en métropole dans les centres de rétention administrative.
00:51Il a été condamné, on l'a dit. Aujourd'hui, dans les centres de rétention administrative, 90 % des profils sont connus pour des troubles à l'ordre public.
00:58Donc finalement, c'est la quintessence de cette politique et des difficultés auxquelles elle est confrontée.
01:03Autre faille, et vous l'évoquiez de cette gestion migratoire, c'est bien les problèmes relationnels avec l'Algérie,
01:10puisque cet individu, 10 fois, 10 fois l'Algérie l'a refusé. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, c'est ça la réalité ?
01:17C'est absolument ça. Et ça relève de mauvaise foi complète parce que, pour rappeler en quelques mots ce qu'est un laissé-passer consulaire,
01:22c'est simplement un État qui concède qu'une personne est un ressortissant de son pays et donc lui donne ce document
01:29parce qu'il a perdu son passeport, ce qui arrive assez souvent dans ces cas-là, étonnamment,
01:32et l'autorise ainsi à rentrer sur le territoire du pays en le reconnaissant comme l'un de ses ressortissants.
01:37Dans ce cas précis, il n'y a aucun doute, c'est évidemment un ressortissant algérien.
01:41Mais l'Algérie a traîné en longueur. Effectivement, plus de 10 demandes de laissé-passer consulaire laissaient sans réponse.
01:47Aujourd'hui, on a une durée de rétention en France limitée à 90 jours, sachant que le droit européen nous permet d'aller jusqu'à 18 mois en la matière.
01:54C'est aussi l'une des questions qui vont se poser de manière assez immédiate.
01:58Et donc, au bout des 90 jours, effectivement, quand on n'a pas le laissé-passer consulaire, on ne peut pas garder ces personnes en rétention.
02:03Et cette question de l'absence de coopération migratoire de l'Algérie, elle vaut dans ce cas, mais elle vaut évidemment dans nos rapports migratoires globaux avec ce pays.
02:11C'est-à-dire qu'il y a aujourd'hui en France 650 000 Algériens bénéficiaires d'un titre de séjour en cours de validité.
02:16C'est la première nationalité et de loin. L'an dernier, la France a accordé 250 000 visas à des Algériens.
02:22C'est 20 % de plus que l'année précédente.
02:24Il y a évidemment des dispositions favorables dont bénéficient les Algériens.
02:28On aura l'occasion d'en reparler, mais c'est le cœur de la question de l'accord franco-algérien de 1968.
02:32Autant de facilités unilatérales qui ne sont aujourd'hui payées d'aucun retour en termes de coopération.
02:38Justement, Nicolas Pouvremonti, on a entendu Bruno Retaillot dire hier, terminer d'être gentil avec l'Algérie.
02:43Maintenant, il va falloir être ferme.
02:45Mais est-ce qu'on a des leviers très concrets aujourd'hui et que nous pourrions actionner éventuellement du jour au lendemain ?
02:50En disant non, stop, maintenant on arrête de se faire marcher dessus et on va mettre telles mesures très concrètes en place.
02:56On pourrait savoir faire ? On sait faire ?
02:58On a absolument des leviers.
02:59La question qui se pose hélas du côté du ministre de l'Intérieur, c'est que tous ces leviers ne sont pas à Beauvau.
03:04Typiquement, on évoquait la question de l'accord franco-algérien.
03:06C'est un traité international.
03:08Un traité international, quand on le signe, on le respecte, mais on peut aussi le dénoncer de manière libre et souveraine.
03:13C'est un acte du président de la République et en la matière, on ne fera pas sans le chef de l'État.
03:17Sur la question des visas, il y a effectivement une marge de manœuvre du ministère de l'Intérieur,
03:21mais il y a aussi un rôle du ministère des Affaires étrangères.
03:23Et on sait que sur cette question, il y a souvent une différence de doctrine historiquement entre Beauvau,
03:27qui est très porté sur les questions d'ordre public et de sécurité,
03:31et le Quai d'Orsay qui voit la relation diplomatique plus globale avec l'Algérie.
03:35Donc, ce que Bruno Retailleau essaye de faire, c'est avant même d'engager un rapport de force avec l'Algérie,
03:40d'engager un rapport de force au sein même de l'exécutif.
03:42Pour faire avancer les positions qui sont les siennes en la matière.

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