L'éclairage économique d'Éric de Riedmatten sur un sujet d'actualité.
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00:00Le rapport de la Cour des comptes a joué la transparence sur les chiffres des
00:03déficits de notre système de retraite. On sait que de toute façon le régime
00:06général sera en déficit dans les vingt prochaines années, Éric Dorey-Tematel.
00:10On se pose tous la question, à quoi faut-il s'attendre ?
00:12Écoutez, on n'a pas le choix, il faudra vraiment trancher dans le vif.
00:15Comme on dit, les chiffres sont vraiment assez dramatiques et incontestables
00:18surtout. Donc on va peut-être aller piocher dans toutes les pistes qui ont
00:21été lancées par la Cour des comptes en sachant que ce sera dur. Vous avez quand
00:25même 15 milliards de déficits garantis par an dès 2035 et le double, 30 milliards
00:31dix ans plus tard. Donc honnêtement, je serai comptable à Bercy ou comptable du
00:35Trésor, comme on dit, j'agirai sans hésiter.
00:38C'est-à-dire quitte à mettre tout le monde dans la rue ?
00:40On n'aura pas le choix, de toute façon, vous savez, la balle maintenant est dans le
00:43camp des syndicats puisqu'à partir du 27 février, ils vont devoir négocier avec
00:46le patronat. Alors il y a quatre pistes, je vous les
00:49donne finalement rapidement. Est-ce qu'on veut augmenter les cotisations par
00:52exemple ? Un point, les syndicats n'étaient pas contre cette idée mais ça va
00:57alourdir le coût du travail. Et puis surtout, le salaire net baisserait
01:01pour le salarié. Mais si on mettait un point de plus sur les cotisations, ça
01:05serait tout de suite 7,6 milliards qui rentreraient dans les caisses.
01:08Donc vous voyez, c'est déjà une piste. Ensuite, ne plus indexer peut-être les
01:11retraites sur l'inflation. Un petit point de moins que l'inflation, là, ça serait
01:16pas mal, ça serait 3 milliards d'économies sur la base des pensions, bien
01:19sûr vers 2024. Ensuite, il y a deux autres méthodes.
01:21Alors là, vraiment très dur, c'est-à-dire en fait, on dit aux actifs
01:24vous allez travailler un an de plus. On a 64, on sera à 64, on va passer à 65. 65 ans, là, ça
01:31risque de coincer. Mais ce serait 8,4 milliards tout de suite dans les caisses
01:35de retraite. Après tout, l'Allemagne est bien à 67 ans, donc ça serait pas non plus
01:39dramatique. Et puis il y a peut-être aussi augmenter les années de cotisation, pourquoi
01:42pas ? Enfin en tout cas, si vous voulez, on peut pas nacher dans toutes ces mesures et
01:46on peut y arriver. Tout retour en arrière est impensable ?
01:50Non, c'est impensable. Là, je pense que revenir à 63, voire 60 ans, comme le
01:54demande la CGT, c'est un rêve irréalisable. Et puis, vous savez,
01:58finalement, ce luxe n'est plus permis. Il faut penser aussi aux générations
02:02futures, les jeunes aujourd'hui et qui s'inquiètent quand même pour l'évolution
02:05de la retraite. Si rien n'est fait, ce sont eux qui devront payer et porter ce
02:09fardeau impossible. Ils vont devoir peut-être même cotiser 44 ans au lieu de
02:1343 dans la nouvelle réforme. Ça va rapporter ça de l'argent, mais ce sont
02:18eux, finalement, qui seront les sacrifiés. En tout cas, si on laisse traîner les
02:22choses, Romain, ça va être un fardeau de dettes. Parce qu'évidemment, on peut
02:25toujours accumuler les dettes et avoir des intérêts de la dette de plus en plus
02:28lourds. Moi, si j'étais jeune, déjà, je souhaiterais tout de suite une
02:32retraite par capitalisation. C'est-à-dire que je mettrais tous les mois un petit peu
02:35d'argent de mon salaire, de me bâtir un capital comme ça. Mais en tout cas, moi,
02:39je dis une chose, on peut vraiment pas faire confiance à la gestion publique
02:43parce qu'en termes de finances, là, ils sont pas forts.
02:48Sous-titrage Société Radio-Canada