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00:00L'excision c'est un problème qui se retrouve un peu partout dans le monde.
00:03Selon le dernier rapport de l'UNICEF, c'est 230 millions de femmes qui sont excisées dans le monde.
00:08En 2019, en France, on en comptait 125 000.
00:11La photographe Elodie Rattin-Mazafi et la documentariste sonore Karine Loët
00:15racontent dans l'exposition « Réparer les vivantes », leur immersion au sein de l'unité de prise en charge
00:20des femmes victimes de mutilations sexuelles au centre hospitalier intercommunal André Grégoire à Montreuil.
00:25Cette unité, créée en 2017 par la chirurgienne obstétricienne Sarah Abramovitch,
00:29propose aux femmes victimes de mutilations sexuelles une approche multidisciplinaire
00:33à la fois médicale, psychologique, sociale et chirurgicale.
00:36En septembre et octobre 2024, avec Karine Loët, documentariste sonore,
00:42on a passé deux mois en immersion et en effet on a pu suivre le travail de cette unité,
00:47de l'équipe qui est intégralement féminine.
00:51On a pu assister à des consultations, on a pu assister à des groupes de parole,
00:56on a pu interviewer les femmes aussi.
00:59Et ce qu'on nous a beaucoup raconté, notamment quand on est assisté à des consultations de sexologues,
01:03c'est que ça ne suffit pas de remettre un clitoris, ce n'est pas un bouton « on off »
01:07et que ce n'est pas parce qu'on a réparé physiquement un clitoris
01:10que ces femmes d'abord vont avoir du plaisir ou qu'elles vont se sentir mieux dans leur corps,
01:14qu'il y a aussi tout un travail d'accompagnement qui doit aller avec.
01:17L'idée à travers cette exposition, c'était à la fois de montrer le visage de ces femmes
01:21ou les silhouettes quelquefois quand elles ne souhaitaient pas qu'on voit leur visage,
01:26mais aussi de faire entendre des sons, c'est-à-dire qu'on va pouvoir flasher des QR codes
01:29sur certains groupes de photos qui vont nous donner accès à des sons d'ambiance
01:35ou des sons de témoignages et qui vont pouvoir nous faire plonger vraiment
01:39dans ce parcours de réparation à l'unité de Montreuil.
01:42On m'a excusé, j'avais l'âge de 6 ans.
01:45Ils voulaient excuser mes enfants, j'ai refusé.
01:48Il y a des récits qui ne peuvent pas se raconter en images,
01:52notamment des récits de ce que les femmes ont vécu
01:54et du coup ça intervient un peu comme un complément hors champ de ce qu'on voit à l'image.
02:02C'est-à-dire qu'on voit des femmes à l'image qui racontent quelque chose qui n'est pas illustré.
02:05C'est une douleur inexplicable, horrible.
02:09Même après des années, souvent moi j'ai ressenti la douleur.
02:13J'ai compris au collège, quand on a eu le cours sur la reproduction en fait.
02:18C'était un crime.
02:21Il y a plusieurs choses qui m'ont frappée.
02:22D'abord, évidemment, la description du moment de l'excision,
02:28quand elles s'en souvenaient, qui sont des moments d'une violence inouïe.
02:31Mais surtout, ce qui a été très étonnant, c'est aussi l'énorme sororité qui les rassemble,
02:39qu'on entend énormément au moment des groupes de parole.
02:42Et puis surtout, quelquefois, des moments hyper drôles, hyper enlevés,
02:46dans lesquels elles racontent aussi leur découvert de la sexualité après l'opération,
02:50où elles racontent la redécouverte de leur corps.
02:53Donc vraiment des moments hyper enthousiasmants aussi et plein d'espoir en fait.
02:56Ma mentalité a changé.
02:58J'ai plus confiance en moi et franchement, je suis ravie.
03:02Je retiens de toutes ces rencontres avec notamment l'équipe des soignantes, mais aussi les femmes.
03:08Je retiens qu'il y a un long chemin encore à parcourir pour sortir d'un patriarcat endémique
03:17et de sortir de cette volonté de contrôler le corps des femmes.
03:25J'aimerais que le public, déjà, prenne conscience de la gravité de leur situation,
03:31mais ne les voit pas comme uniquement des victimes.
03:35D'ailleurs, c'est un mot qu'on essaye d'éviter d'utiliser.
03:38Elles ont dépassé ce stade de victimes en fait.
03:41Ça y est, elles ont repris et c'est des femmes fortes.
03:44J'espère que ça, ça se ressentira.

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