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Une réunion-discussion sur la fin de vie est organisée ce jeudi 20 février à la Maison du Peuple de Belfort. L'ADMD s'implique pour une évolution vers une aide active à mourir.

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00:00Il est 8h16, vous avez forcément d'avis sur la question « faut-il autoriser l'aide active à mourir en France ? »
00:06Vous êtes déjà nombreux à commenter le sujet sur la page Facebook d'ici Belfort-Montbéliard.
00:11On attend vos témoignages dès maintenant au 0384 22 82 82 et on en parle ce matin avec votre invité Alexandre.
00:17Bonjour Yoann Brossard.
00:19Bonjour.
00:20Vous êtes le secrétaire général de l'ADMD, l'association pour le droit à mourir dans la dignité.
00:24Vous animez une réunion sur le sujet dès 13h30 à la maison du peuple de Belfort.
00:29Pourquoi faut-il une évolution de l'accompagnement autour de la fin de vie en France selon vous ?
00:34Pour de multiples raisons.
00:36Il le faut parce que nous mourons mal en France.
00:40Il y a énormément de personnes, de témoignages qui arrivent et qui nous le disent.
00:46Et puis parce qu'aujourd'hui la loi française est tellement mal faite
00:51qu'il y a des Françaises et des Français qui sont obligés soit d'attendre l'agonie de leur maladie pour partir,
00:58soit de fuir à l'étranger.
01:00Car l'aide active à mourir est pour l'instant interdite en France.
01:03Une évolution est possible avec un projet de loi sur la fin de vie présenté le 12 mai prochain à l'Assemblée nationale.
01:08Est-ce que la situation peut vraiment changer selon vous ?
01:12Mais elle doit changer.
01:13Elle doit changer.
01:15Ça fait des décennies que le débat est ouvert.
01:18Déjà dans les années 80, on parlait de ce sujet.
01:22Elle doit parce qu'on le doit aux personnes malades puisqu'on parle bien de personnes malades
01:26qui peuvent bénéficier d'une aide à mourir.
01:29Et on leur doit parce qu'ils le réclament.
01:32Alors évidemment, on nous annonce à nouveau un calendrier le 12 mai,
01:38mais nous ne sommes pas à l'abri à nouveau d'une dilatation du calendrier.
01:42On sent quand même une prudence sur le sujet du côté politique.
01:44Le projet de loi à venir sera divisé en deux parties.
01:47Une loi d'un côté consacrée aux soins palliatifs, une autre dédiée à l'aide mourir.
01:52Vous pensez que la situation peut rester figée avec cette séparation
01:57et qu'on n'évolue pas vers une aide active à mourir ?
02:01Non, c'est une aberration.
02:02C'est une aberration parce que les exemples dans le monde entier
02:06nous prouvent qu'il ne faut pas séparer les deux sujets, qu'ils sont complémentaires.
02:10Vous savez, en Belgique, c'est une euthanasie sur deux
02:12qui est pratiquée en lien avec les soins palliatifs.
02:15Au Canada, c'est huit aides médicales à mourir sur dix
02:19qui sont en lien avec les soins palliatifs, les soins d'accompagnement.
02:23Donc, ce n'est absolument pas des sujets qu'il faut dissocier.
02:26Non, c'est une manœuvre.
02:28Je pense que notre Premier ministre, il est entre deux problématiques.
02:35C'est-à-dire la première, c'est l'opinion des Français, largement majoritaire.
02:38Le Président de la République s'est engagé.
02:40Une majorité de parlementaires aujourd'hui à l'Assemblée nationale
02:44qui sont prêts à voter une évolution législative dans ce sens.
02:47Et puis, ses convictions personnelles et religieuses.
02:50Il y a quand même la peur de l'euthanasie pour beaucoup.
02:53D'ailleurs, le mot n'est pas utilisé dans le projet de loi
02:55et les questions d'aides actives à mourir.
02:57Est-ce que vous n'avez pas peur qu'on aille vers cette notion d'euthanasie ?
03:01Ce n'est pas une peur, c'est une demande.
03:04C'est une demande des Français.
03:06Ils le réclament, ils réclament cette aide à mourir.
03:08Alors, vous lui donnez, c'est de la sémantique,
03:10on peut lui donner le nom que l'on souhaite.
03:12L'euthanasie, le suicide assisté, ce sont deux actes complémentaires,
03:16qui ne sont pas les mêmes, qui sont bien évidemment...
03:19On pourrait passer notre temps à les définir, mais ce n'est pas le sujet.
03:22En tout état de cause, l'aide à mourir peut regrouper toutes ces sémantiques-là.
03:26Donc, il n'y a pas de problème avec la sémantique.
03:27Et les dérives et les problématiques, elles ont lieu quand il n'y a pas de loi.
03:31C'est-à-dire aujourd'hui.
03:32Je rappelle quand même que nous allons être essolés en Europe,
03:38puisque l'Espagne, le Portugal, la Suisse depuis très longtemps,
03:41la Belgique également, les Pays-Bas, l'Angleterre.
03:44Là, la Toscane il y a quelques jours, en Italie, l'Autriche.
03:48Enfin, nous allons finir par être les seuls en Europe à ne pas avoir permis ce nouveau droit.
03:55Ici Belfort Montbéliard, il est 8h20.
03:57Faut-il une évolution dans l'accompagnement à mourir ?
03:59En France, on continue de se poser la question.
04:01Avec votre invité Alexandre, vous réagissez sur la page Facebook.
04:04Ici Belfort Montbéliard, et puis au standard également, au 0388 282 82 82.
04:08Des avis globalement positifs en faveur d'une évolution sur l'accompagnement pour mourir dans la dignité.
04:13Bonjour Anne-Marie de Belfort.
04:15Bonjour.
04:16Êtes-vous en faveur, vous, d'une aide active à mourir ?
04:19Absolument.
04:19Et pourquoi ?
04:21Pourquoi ? Parce que ça s'est déjà pratiqué dans ma famille,
04:27déjà en 1965, pour ma grand-mère, donc c'est vieux.
04:35Le médecin n'a rien dit, mais elle avait fait un violent AVC.
04:40Elle n'avait plus aucune sorte de réaction.
04:43Il n'y avait plus de traitement, Anne-Marie ?
04:46Il n'y avait pas eu l'accompagnement du traitement, c'est ça ?
04:49Non. Elle a fait ce qu'on appelait avant une attaque.
04:54Elle avait de grosses difficultés à respirer,
05:00et le médecin lui a tout simplement, sans nous en parler auparavant,
05:04fait une injection, une demi-heure après, elle était partie.
05:08Donc, pour vous, voilà.
05:09Il avait agi pour l'humanité, pour la grand-mère et pour la famille.
05:15Devoir d'humanité pour vous, Anne-Marie.
05:17Je vous remercie pour votre témoignage.
05:18Il y a quand même des avis contradictoires,
05:20et je vous propose d'écouter ce matin aussi l'avis de Dominique Rognon-Hergotte,
05:24l'une des animatrices de l'association Jalmav, dans le territoire de Belfort.
05:27Elle est opposée à cette évolution de la loi.
05:29J'ai eu la chance de discuter avec Badinter,
05:31et puis avec un économiste de la santé.
05:33Je vais aller demander ce qu'il en pensait d'une loi sur l'euthanalie.
05:36Est-ce que ça pouvait avoir une influence sur l'économie ?
05:39Il a dit ça, c'est sûr et certain.
05:41Quand on devient à bout, comme avec la sécurité sociale,
05:45et qu'on a une masse de personnes âgées qui ne sont pas rentables,
05:49qui coûtent cher, on va réagir comment ?
05:51Johan Brossard, secrétaire général de l'ADMD, a invité ici matin.
05:54Pour vous, il peut y avoir un détournement avec ce que vous entendez.
05:58C'est ce qui est évoqué, notamment, dans cet avis.
06:00Non, c'est justement l'inverse, en fait.
06:02C'est quand il n'y a pas de loi qu'on peut avoir un détournement.
06:04Et puis, je rappelle qu'une loi qui encadre,
06:06c'est aussi une loi qui protège.
06:08Qui protège les plus vulnérables,
06:09parce que ça veut dire qu'il y aura des critères d'accès.
06:11Et qu'on ne pourra pas faire n'importe quoi.
06:14Et c'est bien ça, le sujet aujourd'hui,
06:15quand on a des euthanasies clandestines,
06:17c'est qui fait quoi, dans quelles conditions.
06:19C'est une loi qui ne s'imposera pas aux citoyens,
06:21c'est-à-dire que c'est comme l'IVG,
06:23c'est pas parce que vous avez un nouveau droit que vous devez en user.
06:25Et c'est surtout un droit qui protégera ceux qui font l'acte.
06:30Le personnel médical a besoin d'être protégé.
06:33Parce que quand il veut accompagner jusqu'au bout...
06:36On ne va pas pousser des gens à mourir, simplement, Yohann Brossard.
06:39Mais bien sûr que non.
06:41On ouvre juste un droit supplémentaire
06:42qui ne s'impose à personne
06:43et qui protégera à la fois le personnel médical
06:46et à la fois les personnes vulnérables.
06:48Je vous remercie en tout cas d'avoir participé au débat, Yohann Brossard.
06:51Vous êtes le secrétaire général de la DMD,
06:53Association pour le droit à mourir dans la dignité,
06:55avant cette réunion publique que vous animez cet après-midi,
06:5813h30, à la Maison du Peuple de Belfort.
07:00Bonne journée.
07:01Bonne journée à vous.
07:02Et merci Stéphane à tous les auditeurs qui ont contacté le numéro,
07:05notamment à Joël que nous n'avons malheureusement pas pu entendre ce matin dans cette discussion.

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