Joachim Pueyo, ancien directeur de prisons et maire d'Alençon, s'oppose à l'autorisation des portables en prison. Il prône plutôt un meilleur contrôle des communications et une lutte contre la surpopulation pénale.
Catégorie
📺
TVTranscription
00:00Bonjour Joachim Pueyo, vous êtes ancien directeur des prisons de Fleury-Mérogis et de Frennes en Ile-de-France et aujourd'hui maire d'Alençon.
00:08Votre réaction tout d'abord aux propos de Dominique Simonot, la bataille des portables, c'est son expression, est-elle vraiment perdue ?
00:15Joachim Pueyo qui de toute évidence ne nous entend pas, ça y est il nous entend.
00:29Non je pense que ce n'est pas parce qu'on n'arrive pas à éradiquer une infraction, parce qu'introduire un portable dans une prison c'est une infraction qu'il faut l'autoriser.
00:40Ce n'est pas la première fois d'ailleurs que le contrôle général des privations de lieux de liberté fait ce genre de proposition.
00:47Madame Asseline Adelant avait proposé des portables bridés.
00:51Il y a bien des raisons pour lesquelles on n'autorise pas l'entrée des portables dans les prisons,
00:58parce qu'on sait qu'il y a certains détenus qui utilisent les portables pour commanditer des crimes,
01:04pour organiser encore leurs activités délictuelles et également pour faire des pressions quelques fois malheureusement sur des témoins voire des victimes.
01:16Donc je pense qu'autoriser les portables c'est une erreur.
01:19Oui mais il y a des directeurs de prison qui vont vous dire de toute façon tous les détenus ont un téléphone maintenant.
01:24Oui mais autoriser c'est autre chose.
01:27Vous savez très bien que depuis la loi 2009 les détenus peuvent téléphoner alors qu'on améliore l'accès du téléphone pour les détenus.
01:36Oui je suis d'accord par exemple actuellement dans les prisons neuves on équipe les cellules de téléphones filaires mais avec des numéros contrôlés.
01:47Il faut absolument contrôler, maîtriser la communication des détenus à l'extérieur.
01:53En plus vous avez des détenus qui sont prévenus criminels, vous avez des détenus qui ont des mandats de dépôt,
01:58vous avez des juges d'instruction qui interdisent toute forme de communication avec l'extérieur.
02:03Si on autorise les portables on ne pourra rien maîtriser, on ne pourra rien contrôler.
02:07La contrôleur générale des lieux de privation de liberté explique aussi que ces téléphones portables peuvent être écoutés.
02:13Est-ce que ça peut aussi devenir un outil pour la justice ? Est-ce que c'est légal d'ailleurs de les écouter ces téléphones persos ?
02:20Ça peut être légal si effectivement il y a une décision.
02:23Si la loi permet effectivement des portables dans les prisons ensuite il faudra bien sûr des traits d'application.
02:28Mais je pense qu'on ne pourra pas contrôler tous les portables.
02:31Vous vous rendez compte, moi j'ai dirigé Fleury-Mérogis, il y avait 4000 détenus.
02:34Comment voulez-vous contrôler 4000 portables ? Ce n'est pas facile.
02:39Par contre mettre des portables, des cabines, des téléphones dans les cellules c'est déjà fait, on l'a déjà prévu.
02:48Ce qui permet effectivement aux détenus de maintenir des liens avec leur famille,
02:51de pouvoir téléphoner avec l'autorisation soit du juge d'instruction, soit du parquet,
02:57soit de la direction des services pénitentiaires à des personnes dédiées.
03:01Oui c'est possible actuellement.
03:03Et puis je crois que la priorité ce n'est pas d'autoriser les portables.
03:06La priorité c'est d'empêcher les portables de rentrer en prison avec effectivement davantage de brouilleurs de nouvelle génération,
03:15des portiques nouvelle génération, davantage de contrôles.
03:18Et puis franchement la priorité c'est la surpopulation pénale.
03:22Parce que tant qu'on aura trois détenus dans une cellule, on n'aura que des difficultés.
03:26Si on veut diminuer les tensions, il faut absolument qu'un détenu soit dans une cellule.
03:31Et ça demande effectivement un courage plus important pour construire une nouvelle place.
03:36Et on a bien entendu votre message cet après-midi sur BFM TV.
03:39Merci d'avoir répondu à nos questions.