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00:00J'aimerais qu'on reparle avec Georges Sénèque, avec Philippe Guibert, de l'affaire de Grenoble.
00:09Arme de guerre, fusillade, grenade lancée dans un bar.
00:14Grenade c'est la première fois que ça se produit en France.
00:18C'est ce qu'a dit le ministre de l'Intérieur.
00:20Arme de guerre ! Arme de guerre la grenade !
00:22Absolument, c'est une arme de la première catégorie, c'est une arme de guerre.
00:26Et Éric Piolle, malheureusement pas de chance, il avait fait une interview dans Libération
00:29qui dit que la sécurité c'est pas un problème et quand on en est à régler les questions de sécurité,
00:33c'est qu'on a réussi plein de choses.
00:35Ce que dit le maire de la ville, vous vous rendez compte,
00:37il y a des grenades qui sont jetées dans des bars à Grenoble !
00:39Enfin, Georges Sénèque, ancien juge d'instruction, comment c'est possible un truc...
00:43Pardon, moi les bras m'en tombent.
00:45C'est irresponsable et quelque part c'est choquant quand on pense aux victimes,
00:49que leur maire puisse tenir ce discours, que la sécurité c'est pas son souci.
00:53Je m'en fous, dit-il, ce sont les mots d'Éric Piolle.
00:56Mais il y a des fusillades, il y en a partout, ce n'est pas possible.
00:59Et comment peut-on dire ça ?
01:00Non mais comment peut-on dire ça ?
01:02Il est enfermé dans une idéologie, voilà...
01:06Il dit aussi, entendez-vous avec les dealers,
01:09il leur dit aux gens dans les quartiers,
01:11trouver un arrangement en quelque sorte quoi.
01:13Voyez donc, c'est un renoncement total.
01:16J'adore cette phrase.
01:17Quand il ne reste que des attaques sur la sécurité et la propreté,
01:20c'est-à-dire qu'au même niveau la propreté et la sécurité,
01:22ça veut dire qu'on a gagné quelques batailles par ailleurs,
01:24car on peut toujours se dire qu'une ville n'est pas assez propre et pas assez sûre.
01:28Grenoble, maire de Grenoble, à l'intérieur on va être avec nous dans un instant,
01:31c'est l'ancien maire de Grenoble.
01:32Ce qui est fascinant chez Éric Piolle,
01:34c'est qu'il succède à une mairie socialiste qui, elle, avait installé des caméras...
01:39Il dit que ça ne sert à rien.
01:41Oui, oui.
01:41Selon lui, la vidéoprotection ne sert à rien.
01:43Il a démontré tout le plan d'installation qu'avaient prévus ses prédécesseurs socialistes,
01:47je précise, de vidéosurveillance,
01:50qu'il ne les a pas entretenues, qu'il a toujours professé.
01:53Ce qui est étonnant chez Éric Piolle,
01:55et ce qui est vraiment, là on peut le critiquer durement,
01:57c'est que d'autres maires écologistes, de Lyon, de Bordeaux,
02:01ont fait évoluer leur discours sur la sécurité au contact des réalités et de la gestion d'une ville.
02:10Piolle, non.
02:12Piolle, non.
02:13Du coup, on envoie des grenades.
02:14Parce qu'à Bordeaux, ça y est, il a décidé d'armer sa police municipale à Bordeaux, voyez-vous.
02:19Compte tenu de la situation aussi, qui dégénère dans cette ville également.
02:22Mais elle dégénère dans la plupart des grandes villes.
02:24Oui, mais il y a ceux qui assument une responsabilité.
02:27Absolument.
02:28Parce que le maire, et le maire a raison quand il dit que c'est une mission essentiellement régalienne.
02:33Oui, d'État.
02:33La sécurité c'est une mission d'État, la police elle est nationale.
02:37Mais il se trouve qu'à côté de la police nationale, il y a une police municipale, du maire.
02:42Autant l'utiliser à bon escient, puisqu'aujourd'hui on a ce qu'on appelle,
02:45il y a une loi qui a été votée, le continuum de la sécurité.
02:48Ce qu'on demande à la police municipale, c'est d'être complémentaire,
02:54donc d'avoir des liens très étroits, notamment avec un CSU, un centre de supervision
02:59qui peuvent partager les mêmes images, les mêmes vidéos, échanger des informations,
03:02faire que la police nationale forme la police municipale pour l'usage des armes, voyez-vous.
03:07Alors il y a des maires qui jouent totalement le jeu,
03:09même qui fournissent du matériel à la police nationale, à Nice, à Cannes,
03:13David Lissnard, Christian Estrosi, et il y a ceux qui ne veulent pas l'entendre parler.
03:17C'est pas mon problème, débrouillez-vous l'Etat, débrouillez-vous.
03:20Et au lieu d'avoir une politique aussi au niveau du logement, au niveau de la répartition des populations...
03:24Il faut préciser une chose, tu as raison, je ne vais surtout pas défendre Éric Piolle,
03:29dont je trouve le discours totalement...
03:31Dogmatique et inapproprié.
03:33Oui, et qui est responsable, vraiment irresponsable.
03:36Mais il y a aussi une question, quand on en est à avoir des grenades
03:41qui sont balancées dans des bars par des trafiquants de drogue,
03:44on ne peut pas parler que du maire fut-il complètement irresponsable.
03:48Et donc là, il y a quand même une question pour l'État et pour le ministre de l'Intérieur
03:52qui était en visite aujourd'hui à Grenoble.
03:54Alors Bruno Retailleau est arrivé depuis quelques mois seulement,
03:58mais on a quand même une situation qui est d'abord de la responsabilité de l'État, vous l'avez rappelé,
04:03sur laquelle il va falloir quand même qu'on fasse quelque chose.
04:06On doit demander au maire de s'engager plus,
04:09et M. Paul ne le fait pas, donc là on peut le critiquer,
04:13mais il y a une responsabilité aussi de l'État
04:15d'avoir laissé cette situation des trafics de drogue dégénérer à ce point-là.
04:20Alors il y a des annonces qui ont été faites, hein ?
04:21Oui, il y a des annonces par Bruno Retailleau, exactement.
04:25La création du parquet national anti-criminalité, donc anti-drogue, etc.
04:29Vous y croyez, vous ?
04:30Ah oui, oui, moi j'étais l'un de ceux, je crois, les premiers à avoir demandé
04:33à ce que sur le modèle du parquet national anti-terroriste,
04:36qui a fait l'épreuve, qui a fait ses preuves,
04:38on crée un parquet national anti-drogue, en quelque sorte.
04:41Ce qu'ont fait les Américains, il y a très longtemps.
04:43Par contre, ce que je n'ai pas compris, je vais vous le dire franchement,
04:46c'est que M. Retailleau a annoncé aussi des cours d'assises spéciales
04:51pour ce genre de crime, ça existe déjà.
04:54Les cours spécialement composés, comme pour le terrorisme,
04:57à moins qu'il pense à autre chose, ce sont des magistrats professionnels
05:00qui jugent la grande criminalité, les grands trafics de drogue.
05:04Et les peines sont prévues jusqu'à perpétuité.
05:07S'inspirer du parquet national anti-drogue.
05:09Mais je crois que l'important, c'est qu'il y ait effectivement des présences sur le terrain,
05:12ça il l'a dit, quadriller, quadriller, quadriller les terrains.
05:15Reprendre la section du terrain.
05:16Là, ce qu'il ne peut pas dire, et ça dépend de son collègue et ami Gérald Darmanin,
05:21c'est qu'il faut que la justice, encore une fois, suive le mouvement.
05:24J'ajoute quand même un point...
05:26Avant qu'on parte sur Bruno Retailleau, parce que c'est très intéressant effectivement,
05:30je voudrais qu'on entende Alain Carignan, qui est ancien maire de Grenoble,
05:34conseiller métropolitain de Grenoble-Alpes.
05:37Bonsoir Alain Carignan.
05:39Bonsoir.
05:40Merci d'être avec nous en direct sur Europe 1.
05:42D'abord, cette affaire de grenades, on le soulignait avec Georges Fenech, avec Philippe Guibert,
05:47c'est quand même la première fois qu'une grenade est découpée,
05:49une arme de guerre de ce type, dans un bar.
05:52D'abord, quand vous avez appris cette information, découvert cette information,
05:57comment avez-vous réagi Alain Carignan ?
06:00C'était un degré supplémentaire dans la violence grenobloise
06:04qu'on connaît, que les grenoblois vivent,
06:07et supportent de plus en plus mal, évidemment, parce que...
06:10Mais le maire s'en fout, ce sont ses mots.
06:12Éric Piolle a dit « je m'en fous ».
06:13Non, mais lui, il a une doctrine.
06:16Sa doctrine, c'est de rien faire sur ces questions de sécurité.
06:19Donc, il n'a jamais varié.
06:21Mais qu'est-ce qui justifie ça Alain Carignan ?
06:23Comment peut-il dire que ses administrés vivent dans la peur ?
06:25Pardon, quand il y a des grenades qui sont découpées, moi j'habiterai à Grenoble, j'aurai peur.
06:29Je vous le dis, je pense aux grenoblois.
06:31Comment peut-il s'en foutre ? Ce sont ses mots, « je m'en fous ».
06:34C'est ce qu'il a écrit.
06:35C'est le dogmatisme.
06:36C'est-à-dire que, vous savez, c'est une frange de l'extrême-gauche.
06:40On dit les verts, mais enfin, c'est une frange de l'extrême-gauche
06:43pour lesquelles le réel doit être, comment dire, dominé.
06:48Le réel n'existe pas, il faut qu'il corresponde à sa doctrine, à son idéologie.
06:54Et donc, en réalité, au fond de lui-même, le jeteur de grenades, c'est une victime.
06:59Une victime, c'est-à-dire ?
07:02Il ne le dit pas, mais si vous voulez...
07:04Oui, oui, je vois ce que vous voulez dire.
07:05Il faut bien se dire que dans leur esprit, la répression, c'est-à-dire la bataille
07:13pour qu'on puisse aller venir en liberté, c'est une bataille qu'ils ne veulent pas livrer.
07:19Retailleau était à Grenoble aujourd'hui, je crois que vous avez échangé avec lui.
07:23Que vous a-t-il dit, le ministre de l'Intérieur ?
07:26Non, il a annoncé des mesures pour sa salle de visite dans Grenoble.
07:32Oui, ça, on le sait Alain Carignan, on le sait qu'il a annoncé des mesures,
07:34ce n'est pas la question que je vous pose.
07:36Je vous demande Alain Carignan, ce que vous vous êtes dit.
07:38J'étais à la réunion avec lui, dont je sors maintenant,
07:41et il a redit ce qu'il avait dit toute la journée, les mesures qu'il prenait,
07:46le dialogue qui avait été très difficile avec le maire de Grenoble ce matin,
07:50évidemment, il avait expliqué qu'il fallait développer les caméras,
07:57augmenter le nombre de policiers municipaux qui était extrêmement faible,
08:01qu'il fallait également armer la police municipale.
08:04Encore de 16 policiers nationaux, c'est ce qu'a annoncé Bruno Retailleau.
08:08Oui, mais en même temps, on perd des policiers municipaux qui ne restent pas,
08:14il y en a encore 4 ou 5 qui veulent partir,
08:17il en reste une trentaine d'effectifs, de vrais effectifs,
08:21qui peut être sur le terrain, c'est-à-dire, c'est ridicule.
08:23Oui, on comprend bien. Je vois Georges Sénèque, Alain Carignan, qui trépigne.
08:28Oui, bonsoir cher Alain Carignan.
08:31Bonsoir.
08:32Moi, ce qui m'étonne, la question que je me pose, je pense que tous nos auditeurs doivent se la poser,
08:38comment se fait-il que M. Piolle ait été élu, réélu,
08:44que fait l'opposition quand vous êtes le chef de file ?
08:47Comment se fait-il qu'il y ait ce choix ?
08:52Cet engouement pour Éric Piolle, on a du mal à le comprendre, lui d'ici.
08:55On sait qu'il ne se représentera pas, mais on peut craindre que ces émules prennent le relais,
09:01c'est la question que je vous pose.
09:02Pardon, mais quel administré veut vivre dans ces conditions-là ?
09:05Il n'en parle pas de politique.
09:06Il est électoral, il est Piolle, il est un électoral.
09:08Alain Carignan, on vous écoute.
09:10D'abord, il a été réélu, c'est le plus mal élu, avec 65% d'abstention.
09:15Bon, mais il a été réélu.
09:17Il n'y a jamais de maire qui a été aussi mal élu.
09:20Parce qu'il y avait une situation particulière.
09:22Oui, mais il est quand même là, Alain Carignan.
09:24Il est là.
09:25Il est légitime.
09:27Mais il y a d'abord une sociologie, puis il y a deux villes.
09:31Il y a une métropole qui est au top niveau mondial,
09:36avec la technologie, avec l'université, avec la recherche,
09:40qui gagne extrêmement bien sa vie, qui marche très bien.
09:43Cette métropole-là, elle ne vit pas tout à fait à Grenoble.
09:46Le peu qui vit à Grenoble vit dans des secteurs
09:50et avec des modes de vie qui lui épargnent la vie quotidienne difficile des Grenoblois.
09:54Et puis il y a l'autre métropole, celle qui est paupérisée, ghettoisée,
09:58qui est abandonnée, qui vit dans des conditions de plus en plus difficiles.
10:02Il y a énormément d'étrangers qui veulent partir des quartiers ghettoisés.
10:08C'est-à-dire que c'est tellement cotierremondisé
10:13qu'eux-mêmes ne peuvent plus y vivre.
10:15Donc il y a vraiment une métropole à deux vitesses.
10:18Et ce qui est passionnant, si j'ose dire, du point de vue de l'observation,
10:21c'est que l'extrême-gauche n'aura jamais créé autant d'inégalités
10:25en gérant une ville durablement.
10:28Non, mais c'est incroyable.
10:29Philippe Guybert, réagissez.
10:31C'est une question très rapide, Alain Carignan.
10:33Alors on va en choisir qu'une, Philippe Guybert.
10:35D'une part, qu'a fait l'État aussi dans cette ville ?
10:38Parce que parler du maire, comme je le disais tout à l'heure, c'est très légitime.
10:41Mais enfin quand même, c'est aussi une responsabilité de l'État.
10:45Et puis qu'attend la droite grenoblase et l'EPS grenoblois pour s'allier,
10:49pour battre M. Piolle ou ses successeurs ?
10:53Alors, sur la dernière question, moi j'appelle effectivement une entente républicaine
10:57et un front républicain pour mettre fin à cette situation
11:01et pour faire barrage à cette extrême-gauche.
11:03Mais sur le premier point, l'État, disons, a dû faire à Grenoble comme ailleurs.
11:09Et Grenoble est la première ville de France pour la délinquance pour 1000 habitants.
11:16C'est-à-dire qu'un grenoblois est plus agressé qu'à Marseille ou qu'à Saint-Denis.
11:22Donc M. Gilbert, je vais vous dire, il n'y a aucune raison que Grenoble soit dans cette situation.
11:28Je veux dire, l'État, vous le mettez en cause, on peut toujours le mettre en cause évidemment,
11:32mais donc d'autres villes n'ont pas atteint cette dégradation.
11:36Ça veut bien dire que cette dégradation est due à la politique municipale.
11:41C'est elle la responsable.
11:43Sinon, on serait dans la moyenne des villes.
11:45Là, on est les reformats nationaux.
11:48Donc c'est bien le fait que dans le trépied police-justice-ville,
11:54il manque un pied, le pied municipal, qui fait que nous sommes devenus les premiers.
11:59Merci beaucoup Alain Carignan, ancien maire de Grenoble et conseiller métropolitain de Grenoble-Ade,
12:03d'avoir été en direct avec nous sur Europe 1.
12:05Il est 20h44.

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