La loi anti-fast fashion, qui devait être votée au Sénat, a mystérieusement disparu de l'agenda parlementaire. Malgré un soutien initial, le gouvernement semble avoir abandonné le projet, suscitant colère et incompréhension chez les parlementaires.
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00:00Bonsoir Nelson, on va parler de l'entreprise Xin dans votre enquête ce soir, cette entreprise chinoise d'ultra fast fashion qui était dans le viseur des parlementaires après le vote d'une loi à l'Assemblée Nationale.
00:16Alors cette loi devait être votée au Sénat le mois prochain, mais elle a comme par magie disparu de l'agenda parlementaire.
00:24Oui, elle aurait dû être votée précisément le 26 mars, sauf que regardez l'agenda mis en ligne mercredi par le Sénat, pas de loi anti-fast fashion et pas non plus dans les jours qui suivent.
00:36Le gouvernement qui devait inscrire cette loi, qu'on a surnommé la loi anti-Xin, a décidé donc de ne plus le faire et donc elle est sortie du planning du Sénat.
00:45Comment ça se fait ?
00:46Eh bien j'ai appelé plusieurs cabinets ministériels hier et aujourd'hui, au début on m'a parlé de manque de place, sauf que le 26 mars au matin par exemple, ils n'ont rien de prévu les sénateurs, donc ils auraient pu débattre de cette loi et la voter.
00:58Ensuite on m'a indiqué qu'il y avait des imperfections dans la loi et qu'il fallait l'améliorer, donc il fallait se laisser du temps.
01:05Toujours est-il que la rapporteur de la loi au Sénat n'a pas vraiment compris les raisons.
01:11J'ai pratiquement terminé le tout, mon rapport devait se terminer, j'avais fait mon rétro-planning.
01:17Si on ne veut pas que ce texte sorte, il faut qu'on me dise pourquoi.
01:20Donc pour vous ce n'est pas des questions d'agenda ?
01:22Non, bien sûr que non. Pour moi ce n'est pas ça le problème.
01:26Si le gouvernement le souhaite, il n'y a aucun souci pour que cette loi puisse passer.
01:30C'est vraiment le gouvernement qui a la place et la latitude de pouvoir faire ces choses-là.
01:34Alors elle nous dit qu'elle ne va rien lâcher, Madame la Sénatrice, pour que cette loi arrive au Sénat,
01:39qu'elle va faire pression pour que le texte passe un jour, mais ça ne sera pas avant plusieurs mois.
01:43La loi, elle avait pourtant été votée, c'était l'année dernière par l'Assemblée nationale.
01:48Oui, et à l'unanimité, ce qui est rarissime, et soutenu à l'époque par le gouvernement.
01:53Ce qui serait rarissime aussi, et c'est une éminente constitutionnaliste qui me l'a confiée cette après-midi, Anne Charlène,
01:59c'est que le soutien du gouvernement soit abandonné sur le cadre de cette loi.
02:03Celle qui avait porté cette loi à l'Assemblée nationale, c'est Anne-Cécile Violland.
02:07Elle est, elle aussi, très en colère.
02:10Une grande surprise, puisqu'on avait entendu une date qui devait être annoncée officiellement.
02:16Donc, grande surprise, une déception et une certaine colère.
02:19Tous les voyants étaient au vert.
02:21Donc, très clairement, je ne comprends pas pourquoi, aujourd'hui, on ne peut pas l'avoir inscrite au Sénat.
02:27Vous considérez que c'est un rétropédalage de la part du gouvernement ?
02:29À tout moins, un vrai revers.
02:31Alors, quelle est la morale de l'histoire ? C'est une victoire de Chine ?
02:35Ça les arrange, c'est sûr, c'est évident.
02:37Un exemple, la loi prévoit de limiter le nombre de nouveaux vêtements par jour que les sites peuvent mettre en ligne.
02:44Le porte-parole de Chine était hier soir sur le plateau de Maxime Switek, qui a tenté d'obtenir une réponse.
02:50Combien de modèles vous mettez en ligne tous les jours ?
02:53Parce qu'il y a des fantasmes autour de ce chiffre-là.
02:56Il y a certaines ONG qui disent, Chine, peut-être que c'est des petites quantités,
03:00mais c'est 12 000 modèles différents par jour qui arrivent sur le site.
03:04Le sujet, ce n'est pas le nombre de modèles.
03:07Vous ne voulez pas répondre à la question.
03:09C'est que chacun de ces modèles est produit entre 100 et 200 exemplaires.
03:13Mais pourquoi vous ne voulez pas donner cette information-là,
03:15de savoir combien de modèles nouveaux vous mettez en ligne tous les jours ?
03:18J'essaie de vous expliquer que la question n'est pas le nombre de références, mais la manière dont on les produit.
03:24Il n'a rien lâché, Maxime Switek.
03:25Vous l'avez entendu, les ONG parlent de 12 000 références différentes par jour.
03:29La loi prévoyait un malus pour les entreprises qui dépassent seulement les 1 000 références par jour.
03:34Est-ce que vous nous expliquez aussi ce soir, Nelson,
03:36que cette disparition de l'agenda parlementaire intervient à un moment
03:40où le lobbying de Chine est particulièrement offensif, intense ?
03:45Bernard Spitz, l'ancien patron de la Fédération des Assurances,
03:47a été recruté par Chine au mois de décembre dernier.
03:50Il a rencontré Yael Broun-Pivet, la présidente de l'Assemblée nationale, au mois de janvier.
03:54C'est nos confrères du Média Glitz qui nous l'apprennent,
03:57pour lui parler de l'entreprise chinoise, Chine, pour laquelle il travaille.
04:01Et puis, évidemment, on en a beaucoup parlé.
04:03Christophe Montaner a été recruté, l'ancien ministre de l'Intérieur sous Emmanuel Macron,
04:07a été recruté au même moment, au mois de décembre aussi.
04:10Anne-Cécile Violand connaît bien le lobbying de l'entreprise chinoise.
04:14Je ne suis pas naïve.
04:15Je pense que Chine a effectivement exercé un lobbying important.
04:18En revanche, je ne crois pas que ce soit la seule raison qui fait qu'aujourd'hui,
04:22le gouvernement ait changé d'avis.
04:24Je pense qu'il y a d'autres raisons, que je ne m'explique pas aujourd'hui,
04:27mais il y a d'autres raisons certainement.
04:29Je rappelle que Christophe Castaner conteste faire du lobbying pour Chine.
04:32Il dit qu'il est consultant environnement de l'entreprise.
04:35Ce qui est sûr, c'est que Chine et les autres entreprises de l'ultra-fast fashion
04:38vont pouvoir continuer à vendre des milliards de vêtements fabriqués à l'étranger.